Test Sackboy A Big Adventure (PS5) : l'aventure n'est pas si grandiose que ça... sur PS4
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- Une ambiance réellement chaleureuse, ça fait du bien
- L'esprit LittleBigPlanet parfaitement respecté
- Une OST vraiment chouette et charmante
- Un gameplay et un level design qui misent sur l'efficacité
- Un véritable manque d'originalité dans l'ensemble, et c'est ce qui l'empêche de percer
- Une histoire et un humour trop simplets
Parmi les franchises fortes de Sony, on peut citer sans mal LittleBigPlanet : initiée en 2008 par MediaMolecule, formidable studio ayant accouché récemment de l’impressionnant Dreams, la saga a toujours fait preuve d’une imagination et d’une bonne humeur débordantes. Pour autant, voilà maintenant six ans que la marque n’a pas donné de rejeton… et l’éditeur nippon n’est pas du jeu à abandonner ses talents. Nous voici donc en 2020 et, à l’occasion de la sortie de la fameuse PlayStation 5, c’est à SUMO Digital que revient désormais l’héritage des précédents volets : pour ce faire, la firme britannique a abandonné la 2.D pour aller flirter avec le pur jeu de plateforme en 3D, avec l’inimitable Sackboy en figure de proue. Sony tient-il enfin son véritable Crash Bandicoot-Killer ?
Lors de son annonce, prononcée pendant le showcase PS5 cet été, Sackboy A Big Adventure s’est fait discret mais a néanmoins su taper dans l’œil des fans attentifs. Et si PlayStation tenait un véritable concurrent aux concurrents d’Activision ou de Nintendo, à savoir Crash et Mario ? Les mots peuvent paraître forts mais, pourtant, à la vue des premières séquences de gameplay, la comparaison semblait plausible. Dans des niveaux en 3D à la vue surélevée, notre chère poupée de chiffon s’en allait sauter sur des ennemis, récupérer des bulles dans des recoins, esquiver des pièges mortels et bondir de plateformes en plateformes pour parvenir à ses fins, scoring à l’appui. Et puis, il faut dire que l’univers coloré de LittleBigPlanet, dans lequel le soft se déroule bel et bien, se prête particulièrement bien à l’exercice. Notons que si MediaMolecule n’est plus aux manettes, SUMO Digital avait déjà repris le flambeau puisqu’à l’origine de LittleBigPlanet 3 il y a six ans, opus qui signait justement, pour la première fois, des séquences en 3D. Avec Sackoy A Big Adventure, les développeurs ont donc pu concrétiser totalement leurs projets… et autant dire que nous étions particulièrement curieux à l’idée de les découvrir.
PETITE GRANDE AVENTURE
Histoire de donner un peu plus de matière à cette véritable aventure, SUMO Digital s’est donc attelée à l’écriture d’une trame un peu plus développée qu’à l’accoutumée. On incarne donc Sackboy, habitant tranquille et maladroit d’un village de sakripants au sein de Patchwork Monde (anciennement l’imagisphère pour les connaisseurs). Tout allait bien jusqu’à ce que Vex, un méchant très méchant, se nourrisse des cauchemars des gens pour établir le bordel général : son but étant d’installer le chaos partout, c’est à Sackboy qu’il reviendra de l’arrêter. Pour ce faire, il s’en ira à travers six mondes récupérer des bulles de rêves - un peu l’équivalent des étoiles du plombier moustachu - à travers de multiples niveaux, côtoyant quelques alliés et affrontant même plusieurs boss. Néanmoins, comme l’on pouvait s’y attendre, ce fil conducteur est pauvrement narré et sert plus de prétexte qu’autre chose : avec un ton résolument enfantin et des cinématiques encore timides, l’histoire de Sackboy A Big Adventure s’avère minimale, voire assez anecdotique. Difficile de dire si l’on espérait plus - probablement pas - mais tenez-le-vous pour dit, d’autant plus que l’humour général est, lui aussi, assez simplet. D’emblée, on sent un périple s’adressant à un jeune public mais toutefois plein de chaleur, de sympathie et de jovialité : il n’est donc pas sans âme, et c’est toujours ça de pris.
LE POTE GENTIL
Pour le cœur de son intérêt, à savoir le level design et le gameplay, Sakcboy A Big Adventure fait les choses plutôt bien… à défaut d’avoir beaucoup d’ambition. Ici, on est en terrain connu : on frappe ou on saute sur les ennemis pour s’en débarrasser, on peut flotter un petit laps de temps les airs (une sorte de double-saut, tout simplement), s’accrocher à des éléments pour se laisser transporter ou à d’autres pour les tirer vers soi… Quelques items occasionnels sont à également à utiliser de façon scriptée comme un boomerang, un jet-pack ou un grappin, et d’autres éléments seront mis à disposition comme une glu permettant de marcher sur les murs ou une autre donnant la possibilité de se téléporter. L’ensemble ne s’avère pas très compliqué - la difficulté est croissante au fil des levels - les ennemis se répètent d’ailleurs souvent et, globalement, on comprend très vite comment la jouabilité s’articule. À n’en pas douter, SUMO Digitial propose ici une expérience qui s’approche facilement, à la simple prise en main et à l’atmosphère séduisante, jouant aussi avec les perspectives de caméra pour varier un peu l’architecture de ses niveaux : en termes de challenge pur, en revanche, les puristes devraient avoir du mal à y trouver leur compte. À moins, peut-être, de terminer chaque niveau à 100% et de bien s’attarder aux autres types de défi, comme des contre-la-montre assez précis ou des loteries qui viennent aérer le contenu. On notera également le dernier monde bonus, accessible après avoir obtenu les crédits de fin, qui impose un peu plus de dextérité mais qui ne sera pleinement jouable qu’après avoir obtenu une majorité de billes de rêve dans l’ensemble du jeu, ce qui ne sera clairement pas le cas de tout le monde.
GET IT TOGETHER
Sackboy A Big Adventure n’est donc pas un jeu qui mise beaucoup sur son originalité, sa profondeur ou sa difficulté : l’ensemble se voit franchement malléable et les habitués des platformers en ressortiront tout juste satisfaits, après les dix ou quinze heures nécessaire pour le terminer. Et, pourtant, il dispose réellement de ce capital sympathie qui en fait un titre rafraîchissant. Tout d’abord, l’univers de LittleBigPlanet est tout particulièrement respecté : on y retrouve le système de bulles, le photomaton en fin de niveau, l’intégralité du sound-design si propre aux précédents jeux mais aussi cette direction artistique si particulière qui fait toujours aussi mouche, débouchant sur une nostalgie instantanée. La bande-son, également, est variée comme prenante avec une tonne de compositions originales sympathiques aux échos Hip-Hop mais aussi et surtout des musiques de licence surprenantes qui interagiront en rythme avec le décor. Autant dire que l’on ne s’attendait pas à retrouver Uptown Funk de Bruno Mars ou Toxic de Britney Spears, entre deux morceaux de classique ou de David Bowie ! Ces petites touches musicales viennent définitivement apporter du charisme à une aventure reposant sur des bases résolument simples et déjà vues, ce qui le sauve aussi, d’une certaine manière, du classicisme néfaste. D’un autre côté, à défaut de pouvoir créer ses niveaux comme dans les LittleBigPlanet, on retrouve un tout petit aspect de personnalisation avec des tenues, entière ou pièce par pièce, à acheter dans le magasin ou à trouver dans les levels. Notons également que Sackboy A Big Adventure est une aventure qui se consomme aussi à plusieurs, jusqu’à quatre en ligne ou en local. Pour avoir passé plusieurs heures en coopération à deux joueurs, nous pouvons vous confirmer que l’expérience se prête bien à l’exercice et qu’elle en ressort encore plus fun et sympathique. Et ça, c’est réellement chouette. Graphiquement, le jeu est loin d’offrir un rendu nouvelle génération : c’est propre et très fluide mais, très clairement, il s’agit là d’un jeu PS4 porté sur PS5. Malgré cette coquille regrettable, Sackboy A Big Adventure n’en demeure pas moins un titre plaisant qui se laisse parcourir avec légèreté : tant qu’il n’est pas barbant, c’est bien là le principal.