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Défoulant à souhait et muni d'un gameplay plus intéressant que la moyenne du genre, Ruiner est un très bon jeu d'action, doté en sus de graphismes séduisants et d'une bande-son électro d'enfer. Sans être extraordinaire le scénario se laisse suivre agréablement, et il faut une huitaine d'heures pour boucler l'aventure pour peu qu'on choisisse le mode de difficulté normal ou difficile (comptez deux fois moins en mode facile). Finalement, Ruiner ne souffre que de son manque d'envergure et d'ambition. Le système de quêtes et la présence d'une ville hub laissent espérer bien plus que ce que le jeu offre au final, tandis que l'absence de tout mode permettant de prolonger la campagne nous rend perplexes. Mais à moins de vingt euros, il n'y pas de quoi se plaindre. Car à ce prix-là, vous ne risquez pas de vous... ruiner.
- Gameplay sans faille
- Direction artistique plaisante
- Très bonnes musiques électro
- Ennemis variés
- Petit prix
- Hub et quêtes sous-exploités
- Dialogues non doublés
- Pas de coop
- Pas de mode arène
- Pas de New Game+
Les jeux d'action en vue de dessus, également appelés top-down brawler, top-down shooters ou twin-stick shooters chez les anglosaxons, semblent avoir la côté ces derniers temps. Ainsi, après le fort sympathique Redeemer sorti fin juillet, c'est au tour de Ruiner de rentrer dans l'arène. Développé par un studio polonais encore inconnu (Reikon) mais édité par les mauvais garçons de Devolver Digital, il arrive auréolé d'une réputation de "Hotline Miami Cyberpunk". Nous allons voir qu'il y a un peu de ça, mais pas que !
Pour commencer, Hotline Miami se complaisait dans un style sale et pixellisé alors que Ruiner affiche une 3D propre et stylisée. Avec ses couleurs vives mais jamais criardes et son univers cyberpunk désenchanté, la direction artistique semble issue des meilleurs comics et autres anime. Ce futur sombre, violent et urbain rappelle à la fois Akira, Ghost in the Shell et Blade Runner. Ou encore Deus Ex pour ceux qui ne jurent que par le jeu vidéo. Autant dire qu'on se sent plutôt bien dans ce contexte dystopique où les méga-corporations et autres milices privées règnent en maîtres sur une population asservie. Surtout que le héros anonyme muni d'un casque à LED pète la classe ! Des messages cryptiques s'affichent sans cesse sur sa visière, notamment depuis qu'il s'est fait hacker le cerveau et que quelqu'un l'a envoyé tuer le boss du conglomérat Heaven. Heureusement, une hacker blanche arrive à le "débrancher" et l'informe que les dirigeants de Heaven détiennent son frère prisonnier. Il n'en faut pas plus pour que notre homme parte dans une quête vengeresse, qui l'amènera à décimer des centaines d'hommes de main, quelques sous-boss et trois boss principaux. Pour cela, il peut compter sur quelques armes de corps à corps (essentiellement des tuyaux et des sabres) et une multitude de flingues aux effets variés. Mitrailleuses, fusils à pompe, rayons électriques, tirs plasma, lance-grenades, lance-flammes, il y en a pour tous les goûts. En dehors du tuyau et du pistolet de base, tous les équipements ont une durée de vie limitée, et il faut donc les gérer finement si l'on souhaite voir le bout de l'aventure. Certains ennemis sont plus sensibles à certaines armes que d'autres, et il est nécessaire de s'adapter en permanence, d'économiser les munitions, de poser certains fusils au sol afin de les reprendre plus tard, etc. Rester perpétuellement en mouvement est également conseillé, car le moindre moment de répit peut être fatal. Le niveau de difficulté est assez relevé, et les développeurs considèrent même que leur bébé a été pensé avant tout pour être joué en mode difficile.
CYBERPUNK IS NOT DEAD
Du coup, le jeu se montre bien plus riche et tactique qu'un shooter de base. Il faut notamment utiliser à fond le système de compétences, qui donne accès à de multiples capacités. A force de monter en niveau et de récolter des crédits au fil des combats, on peut débloquer treize pouvoirs différents, chacun d'entre eux étant améliorables de deux à cinq fois. Ainsi, vous pourrez profiter d'une attaque chargée, d'un bouclier énergétique, d'une fonction de piratage des ennemis pour les faire combattre à vos côtés, d'un drone de ravitaillement, d'une onde de choc, d'un amplificateur de réflexes qui ralentit le temps, d'un convertisseur matriciel qui permet de transformer l'énergie en santé et réciproquement, ou encore d'une hyper-accélération quasiment indispensable à la survie. Ce mouvement de dash participe en effet beaucoup au dynamisme du héros, et donc à sa capacité à échapper aux coups ennemis. Notons qu'il est possible de redistribuer les points de compétence à volonté et à tout moment, afin de pouvoir tester librement toutes les capacités et, surtout, d'adapter notre vengeur masqué aux forces en présence. Car on ne combat pas de la même manière une unité robotique fixe qui lance un unique tir enflammé gigantesque que des ninjas qui se téléportent sans cesse.
D'ailleurs, le jeu présente une grande variété d'ennemis et évite de les recycler à l'infini comme c'est trop souvent le cas dans les titres de ce genre. Un très bon point, qui a failli être accompagné d'autres encore plus formidables. Assez rapidement dans l'aventure, on se retrouve en effet dans la ville de Rengkok, qui semble servir de hub. On y discute tranquillement avec quelques PNJ, et certains nous donnent même des petites quêtes. Le joueur aguerri se frotte alors les mains mais la déception prend rapidement le dessus. On ne retournera quasiment jamais dans la ville, et les quêtes se comptent finalement sur les doigts d'une main de lépreux. De même, lorsqu'on nous présente une fonction de piratage, on s'imagine tenir là une mécanique de jeu enthousiasmante. Au final, il s'agit juste d'un mini-jeu qui permet d'ouvrir certaines caisses d'armes en tapant dans le bon ordre les directions haut, bas, gauche, droite. De même, le jeu nous demande régulièrement de faire avancer les dialogues en choisissant parmi deux réponses possibles. Mais la plupart du temps, il s'agit de choisir entre dire "ok" ou "…", "ok" ou "hausser les épaules", "ok" ou "faire craquer ses doigts", sans que cela ne change en rien la suite des événements ou le discours de notre interlocuteur. Hormis l'ultime choix proposé en bout d'aventure, qui donne accès à deux fins très légèrement différentes.
À L'ÉPREUVE DES BALLES
Que ce soit par manque de temps ou d'argent, on sent bien les développeurs ne sont pas allés au bout de toutes leurs idées. Il est également très étonnant de constater l'absence de coop, de mode New Game+ ou même d'un simple mode Arène, qui permettrait de prolonger facilement le plaisir une fois l'aventure bouclée. De manière nettement plus anecdotique on peut également regretter que les dialogues ne soient pas doublés, ce qui distille quelques moments de flottements lorsque la musique se fait plus calme. En revanche, la bande-son absolument fabuleuse alterne efficacement morceaux mélancoliques façon The XX et pistes électro survoltées qui soutiennent parfaitement les combats. Le bilan final est donc extrêmement positif et malgré ses quelques lacunes, Ruiner vaut clairement le détour.