Test Riders Republic : la tête dans les nuages ou dans la poudreuse ? sur Xbox One
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Riders Republic c'est un peu Forza Horizon à vélo, à ski, en wingsuit… et en moins réussi, on ne va pas se mentir ! Le jeu est loin d'être mauvais, mais ses dialogues "cringe", les sempiternelles micro-transactions ubisoftiennes, et sa physique parfois surprenante l'empêchent d'atteindre réellement des sommets. Heureusement, le contenu en termes de disciplines et d'épreuves est suffisamment conséquent et varié pour que tout le monde puisse tout de même trouver chaussure à son pied. Les bonnes sensations de vitesse, le monde ouvert plutôt agréable à l’œil et la bande-son entraînante sont également à porter au crédit d'une production imparfaite mais globalement méritante.
- Un gameplay arcade qui laisse les novices s'amuser
- La présence de tricks pour permettre aux "pros" de briller
- Des disciplines et des moyens de locomotion variés
- La possibilité de passer d'un sport à l'autre en un clin d’œil
- Un monde ouvert vaste, varié, et qui abrite de nombreuses épreuves
- Une bande-son constituée de plus de 80 morceaux
- L'ambiance "jeune et fluo" totalement forcée
- Une scénarisation pas particulièrement motivante
- Des micro-transactions dont on se serait bien passé
- Des contrôles qui ont un peu le séant entre deux chaises
- Une gestion de la physique parfois incohérente
Avec un monde ouvert fictif regroupant plusieurs parcs nationaux réels, trois grands types d'activités destinées à élargir le spectre du vénérable Steep sorti en 2016, un aspect massivement multijoueurs capable de placer jusqu'à 64 joueurs dans une même course, et carrément sept studios Ubisoft différents à l’œuvre sur le projet (Annecy, Belgrade, Berlin, Kiev, Montpellier, Pune et Odessa), l'éditeur français a vraiment mis les petits plats dans les grands pour ce Riders Republic. Le résultat est incontestablement plaisant, mais l'aventure souffre quand même de quelques défauts bien réels malgré tous les efforts déployés.
Ubisoft et les mondes ouverts, voilà une histoire d'amour qui dure depuis de nombreuses années et qui n'est pas prête de s'arrêter. L'open world de Riders Republic a la particularité de n'être fictif que partiellement, car inspiré de lieux réels. La carte a la bonne idée de reprendre la topologie de différents parcs nationaux américain (Mammoth, Yosemite, Grand Teton, Zion, Sequoia, Bryce et Canyonlands) et d'assembler ces différents éléments en un terrain de jeu aussi vaste que varié. Cette méthode permet de proposer des biomes très différents et donc de passer très rapidement d'une montagne enneigée à une plaine verdoyante parcourue de ruisselants cours d'eau, ou encore d'un aride canyon désertique à une forêt relativement dense. Autant dire que se balader dans ce mégaparc s'avère plutôt plaisant. Si le moteur graphique ne propose rien d'exceptionnel, il remplit tout de même correctement son office, notamment grâce de jolis effets de lumière, une vue subjective optionnelle qui décuple l'effet de vitesse, et de sympathiques et réalistes traces laissées dans la neige. Loin d'avoir un intérêt uniquement esthétique, la variété des paysages est surtout là pour permettre aux différentes disciplines du jeu de s'exprimer pleinement. Trois grandes catégories de sports, que l'on peut grosso modo divisées en six sous-catégories, s'offrent ainsi au joueur : le vélo (courses et tricks), les skis et snowboards (course et tricks), et l'aérien (wingsuit et rocket wing). Il est possible de passer à tout moment d'un équipement à un autre, et même de se simplifier la vie lors des déplacements d'épreuve en épreuve grâce à des moyens de locomotion supplémentaires bien plus rapides (motoneige, rocket bike, rocket skis, paramoteur…).
STEEP BY STEEP
Tous les équipements, qu'ils soient dédiés à la compétition ou à l'exploration, bénéficient d'un gameplay typé arcade, et donc d'une prise en main immédiate. Certains joueurs pointilleux et adeptes de simulation pourront en être chagrinés, mais force est de reconnaître que cette accessibilité renforce le plaisir de jeu initial. Et entre les différents niveaux de difficulté, la nécessité de placer des tricks agrémentés de grabs pour maquer un maximum de points, et la possibilité de supprimer l’atterrissage automatique, il y a tout de même de quoi faire pour les amateurs de défi et de "skill". Réaliser de bons scores permet d'ailleurs de remporter plus d'étoiles (une pour chaque course terminée et une pour chaque challenge optionnel accompli), et donc de faire avancer plus rapidement la carrière de notre avatar, ce qui permet notamment de débloquer un équipement toujours meilleur et des épreuves supplémentaires sur la carte. Sachant que le palier d'expérience le plus élevé est atteint à 7000 étoiles, une forte durée de vie est garantie.
Les multiples épreuves de base et événements spéciaux sont par ailleurs jouables au choix en solo contre des fantômes d'autres joueurs, ou directement en multi. Les courses les plus massives réunissent jusqu'à 64 joueurs, ce qui est toujours bon à prendre même si l'action sur la ligne de départ s'avère alors assez chaotique et illisible. Selon le type d'épreuve, le jeu conseille d'activer plutôt la configuration de manette Pilote (pour les courses donc) ou Trickster (pour les cascades). La première oblige à utiliser les boutons pour exécuter les tricks mais donne le contrôle de la caméra grâce aux sticks, tandis que la seconde permet de sortir les tricks de manière plus naturelle grâce aux sticks mais interdit tout contrôle de la caméra. Ces deux propositions, assorties de la possibilité de basculer de l'une à l'autre dès qu'on le souhaite, sont clairement issues d'une volonté de bien faire et de s'adapter à la fois aux différentes épreuves et aux différents goûts des joueurs. Mais cette dualité indique également que les développeurs n'ont pas réussi à trouver de configuration "magique" qui conviendrait instantanément à toutes les situations.
VIVE LA REPUBLIC ?
Ce petit bémol n'est hélas pas le seul, le jeu échouant à atteindre la perfection d'un Forza Horizon (dont il s'inspire clairement). Ainsi, si une fonction de rembobinage est bien présente, elle ne s'applique pas aux autres concurrents virtuels en solo, et nous fait donc finalement perdre du temps. La gestion de la physique est quant à elle assez déroutante. Parfois certains obstacles nous laissent passer alors qu'on s'attendait à se les manger en pleine face, et d'autres fois un simple caillou nous stoppe en plein élan de manière assez inattendue. Par ailleurs, la scénarisation de la carrière rate le coche en ce qui concerne l'ambiance. Les dialogues notamment respirent le jeunisme maladroit, et multiplient les sorties à la limite du ridicule ("on s'dépasse en gardant la classe" et on débloque "du matos coolos"). L'accent exagérément mis sur le fun et les couleurs fluo, ainsi que les tenues délirantes et les emotes de danse clownesques provoquent plus souvent le malaise que le divertissement. Histoire de rester dans le jeunisme, disons que c'est assez souvent cringe et malaisant. Les défis des Shackdaddy Bandits, des épreuves un peu plus délirantes que les autres (course en noir et blanc sur des skis en bois, livraison de pizzas…) sortent tout de même positivement du lot. Ce qui n'est pas le cas de la boutique, dont certains items cosmétiques ne sont accessibles qu'en déboursant de l'argent réel. La malédiction des micro-transactions a encore frappé. Terminons tout de même sur une note positive : les différentes radios nous proposent plus de 80 morceaux différents, dont certains sont interprétés par de grands noms (Aphex Twin, Awolnation, Ice-T, Green Day, Petit Biscuit, The Offspring, Vitalic, Wiz Khalifa…).