Test Resident Evil 4 Remake : plus beau, plus sombre, plus jouissif ! sur PC
18 20
- Visuellement, ça tabasse
- Ambiance plus sombre, plus horrifique qu’en 2005
- Rythme mieux maîtrisé
- Le couteau, plus cool que jamais
- La stance John Wick dans les zones étriquées
- Durée de vie très convenable
- Gameplay affiné...
- ...mais Leon garde quand même une certaine rigidité
- Ashley est toujours un boulet
- La campagne d’Ada Wong absente
Mondialement connu pour être un spécialiste du recyclage, Capcom s’est vu attribuer ces dernières années le statut de meilleur remakeur. En atteste les deux épisodes de Resident Evil 2 et 3 revus et corrigés, sortis respectivement en 2019 et 2020, et devenus aussitôt des succès critiques et commerciaux. Dans l’industrie, Capcom est devenu l’exemple à suivre, au point même d’avoir insufflé l’idée à Konami de faire la même chose avec la saga Silent Hill, qui sera de retour dans quelques années. Du côté des fans, l’espoir de voir débarquer une version entièrement restaurée du cultissime Resident Evil 4 a rapidement cristallisé leurs attentes. Ça tombe bien, ils n’auront pas eu besoin d’attendre si longtemps pour que le chef d’œuvre du GameCube soit remis au goût du jour.
Si Resident Evil 4 a aujourd’hui les faveurs du public, sa prime sortie en 2005 a toutefois été accompagnée de nombreuses critiques. Il faut dire que c’est l’épisode qui a longtemps divisé les fans de la série Resident Evil, jusqu’alors considérée comme un véritable survival horror, avec son ambiance, ses codes et son gameplay atypique. Mais Capcom avait d’autres ambitions, comme celle de toucher un plus large public, quitte à dénaturer quelque peu le concept même de sa grande saga. La suite, on la connaît : une atmosphère moins sombre, plus sépia en termes de colorimétrie, des zombies changés en infectés espagnols et surtout une approche plus action, avec davantage d’armes, des munitions en quantité, mais aussi plus de possibilités pour certains mouvements. Mais en réalité, l’innovation majeure, et qui aura un impact irréversible dans l’industrie du jeu vidéo, c’est le génie d’avoir placé la caméra près du personnage, au niveau de son épaule, afin d’offrir une autre perspective au joueur, comme s’il était à côté de son avatar. Une révolution dans le monde du Third Person Shooter (TPS), si bien que d’autres studios reprendront l’idée dans la foulée. Gears of War, Tomb Raider, Uncharted, Ghost Recon, Mass Effect, Dead Space, tous sont des enfants de Resident Evil 4. Bien sûr, en 20 ans, le TPS a su évoluer et d’autres titres sont venus chambouler la formule, le dernier en date étant The Callisto Protocol avec son système de combat melee d’un nouveau genre et qu’on espère revoir plus souvent.
ROOTS BLOODY ROOTS
En revenant sous la forme d’un remake, le défi pour Capcom était double : revigorer son jeu pour s’adapter aux canons d’aujourd’hui, mais aussi garder ce qui faisait son charme d’antan pour respecter l’œuvre originale. Sur le plan visuel, Capcom a justement réussi l’alliance de ces deux objectifs en retravaillant les graphismes from scratch, comme on dit. C’est simple, ce n’est plus du tout le même jeu, puisque tout a été refait, qu’il s’agisse des environnements qui sont désormais plus riches, plus détaillés, plus lugubres, mais aussi les modèles 3D avec des personnages retapés de la tête aux pieds. Leon S. Kennedy n’a jamais autant pué la classe qu’en 2023, avec ce regard ténébreux et cette coupe de cheveux style K-Pop qui fera chavirer le cœur des filles et des garçons sensibles. De même, son blouson iconique n’a jamais été beau à regarder, avec des détails dans tous les sens qui font plaisir à voir. Plissures sur le cuir, rayures au niveau des manches et col usé, Capcom n’a pas lésiné sur ces éléments qui renforcent l’immersion et la qualité visuelle. Si d’autres personnages ont également été retravaillés avec soin, on constate que certains ennemis n’ont malheureusement pas bénéficié du même degré de détail. C’est le cas des personnages féminins en robe ou bien les moines avec leur coule (vous ne connaissiez pas ce mot), puisque le bas de ces vêtements manque de souplesse dans leurs mouvements. D’aucuns diront qu’on chipote, mais comme chacun sait, c’est dans le détail que le diable se cache, chose que certains studios comme Rockstar Games ou Naughty Dog ont compris il y a bien longtemps, ce qui explique pourquoi ils sont devenus les milestones en la matière. Mais ne crachons pas non plus sur les graphismes de ce Resident Evil 4 Remake, car le RE Engine parvient à faire de jolis miracles, notamment dans les décors intérieurs et les lieux lugubres.
NOIR, C’EST NOIR
D’ailleurs, on constate que Capcom a renoué avec l’ambiance plus horrifique des premiers Resident Evil, en apportant plus de noirceur dans ses décors, en multipliant les passages dans la pénombre où Leon S. Kenndey devra allumer sa lampe-torche bien plus souvent que dans le jeu original. D’ailleurs, si jamais vous êtes équipés d’un téléviseur OLED, alors l'expérience sera transcendée, puisque le titre de Capcom brillera de mille feux dans ses noirs les plus profonds. On trouvera aussi davantage de cadavres ici et là, souvent en putréfaction, mais aussi des traces de sang, des seaux remplis de viscères, ou bien encore des têtes accrochées à des pics afin de renforcer l’horreur. Cela dit, rien d’effroyable au point de vous forcer à poser votre manette, puisque le jeu ne joue jamais sur les jump-scares ou les musiques inquiétantes, mais davantage sur le stress que peut générer une situation incontrôlée. Des ennemis en surnombre, un mid-boss qui nous fonce dessus ou le manque de kit de soin, tout cela peut en effet nous placer dans des situations d’angoisse légères, mais rien de traumatisant. A moins d’être atteint de fragilité extrême, ce qui est peut-être votre cas.
Parmi les autres changements notables de ce remake 2023 de Resident Evil 4, on note aussi un level design repensé, avec des passages qui ont été rallongés, d’autres raccourcis, certains placés ailleurs (le combat face au troll intervient bien plus tard), ou carrément supprimés pour les besoins du rythme global (le rocher qu’on doit esquiver au début du jeu par exemple), mais aussi pour mieux surprendre le joueur qui connaît l’aventure de 2005 sur le bout des ongles. Et pour peu que vous n’ayez pas rejoué au jeu depuis sa sortie il y a 18 ans, il y a des chances que ce Resident Evil 4 Remake paraisse comme un titre flambant neuf. Il est vrai que certaines énigmes ne sont plus tout à fait les mêmes, que certains trésors ne sont plus à leur place d'orifine, aussi parce que des séquences ont été entièrement retravaillées. Ce remake 2023 pousse d’ailleurs à l’exploration, avec une excellente gestion des passages auprès du marchand, ce dernier étant souvent placé à des endroits stratégiques de l’aventure, et offre des moments de répit avant de repartir dézinguer du Plagas. On peut acheter, vendre, modifier, améliorer et même relever quelques défis proposés par cet homme toujours aussi mystérieux. La gestion de l’inventaire fait d’ailleurs partie des éléments assez plaisants du jeu, avec cette mallette qu’il faut gérer efficacement pour ne pas se retrouver à court de place dans certaines situations. Comme d’habitude, l’argent reste le seul moyen de nager dans l’abondance et ainsi acheter tout ce que l’on souhaite, mais revendre des bijoux (que l’on peut d’ailleurs combiner) est aussi un moyen pour faire grimper le montant de sa bourse. D’ailleurs, conseil d’ami, mieux vaut améliorer ses armes de base au maximum avant de se lancer dans des achats compulsifs, c’est nettement plus efficace.
LE COUTEAU LE PLUS AIGUISÉ DU TIROIR
En parlant d’armes, ce Resident Evil 4 Remake se permet d’introduire une feature inédite du jeu d’origine par le biais des couteaux qui sont désormais destructibles. Si ce choix de game design risque d’en énerver plus d’un (notamment ceux qui ont été traumatisés par Zelda Breath of the Wild), la logique de rendre les lames désormais cassables suit une réflexion plus qu’intéressante. Dans ce remake, Capcom a rendu l’utilisation du couteau bien plus performante et surtout primordiale dans certains moments. Leon est en effet capable de contrer les attaques des ennemis avec sa lame selon un timing précis. C’est non seulement très efficace pour rendre les combats au corps-à-corps plus intéressants, mais cela permet aussi d'éviter de devoir fuir systématiquement, même face aux ennemis puissants. D’ailleurs, Capcom est allé jusqu’au bout de son délire en permettant à Leon de bloquer les coups de tronçonneuse avec ce même couteau. Pour le réalisme, on passera c'est sûr, mais en termes de plaisir ludique, c’est assez ultime. Du coup, pas étonnant que le couteau s’abîme au fil de son utilisation, jusqu’à même casser au bout d'un moment. Mais soyez rassuré, car il est possible de réparer son arme auprès du marchand (moyennant finance), mais aussi de récupérer des couteaux de cuisine qu’on peut trouver un peu partout dans les environnements. Autre utilité donnée à notre instrument contondant, décidément indispensable, c’est la possibilité d’exécuter l’ennemi d’un seul coup fatal. Cela fonctionne lorsqu’il est étourdi, à terre, ou mieux, en le prenant furtivement par derrière. Parce que oui, ce Resident Evil 4 Remake instaure désormais des phases en infiltration, assez basiques il est vrai, mais loin d'être désagréables.
RIS, MEC
Pour le reste du gameplay, ce remake 2023 a gagné en souplesse, c’est indéniable, avec plus de mouvements et de possibilités qui empêchent Leon d’être aussi figé qu’en 2005. Depuis, notre boyscout a appris à tirer tout en marchant (c’était déjà une hérésie en 2005, on vous rassure), mais le titre de Capcom conserve tout de même cette rigidité globale de l’époque. On est loin de ce que les TPS d’aujourd’hui autorisent en matière d’esquive, de combat- melee viscéral et de saut (oui, Leon ne sait toujours pas sauter, ni nager d’ailleurs), mais le chantier pour Capcom aurait été bien trop important pour aborder de tels changements dans le game design, et par prolongement le level design également. En revanche, les QTE (symbole d’un gameplay appartenant à une certaine époque) sont nettement moins nombreux qu’en 2005, mais reste tout de même présents. Capcom nous avait avertis que l’affrontement de Krauser avait été revu entièrement, avec des Quick Time Events entièrement retirés. Ce n’est pas tout à fait vrai, puisque certaines séquences du combat nécessitent encore de tapoter sur le bon bouton au bon moment. Encore une fois, difficile d’en vouloir à Capcom de ne pas avoir révolutionné le jeu autant qu’il l’avait fait avec les remakes de Resident Evil 2 et 3, mais il faut garder en tête que ce Resident Evil 4 était celui qui avait déjà chamboulé la formule il y a 18 ans. D’ailleurs, que l’on soit un initié du jeu d’origine, ou un nouveau joueur, l’expérience restera sublime du début à la fin.