Test également disponible sur : Xbox One

Test Quantum Break : un jeu figé dans le temps ?

Test Quantum Break sur Xbox One et PC
La Note
note Quantum Break 16 20

Ca nous fend le cœur de l’écrire, mais Quantum Break n’est malheureusement pas le chef d’œuvre auquel on s’était pourtant préparé depuis plusieurs années. Si le jeu affiche une réalisation béton et canon (la modélisation des acteurs et leurs expressions faciales sont criantes de vérité), le titre développé par Remedy Entertainment déçoit sur plusieurs aspects. Le gameplay pour commencer, bien trop classique et souvent frustrant pour nous épater. Il faut dire qu’en optant pour une approche unique, celle du bourrinage obligatoire et systématique, le jeu manque singulièrement de variété dans ses phases d’approche. Pas de combats au corps-à-corps (alors que les ennemis sont parfaitement autorisés à nous mettre des coups de crosse), il faut se contenter de séquences contextuelles, rendues possible seulement lorsqu’on débloque le Time Rush. De même, proposer un semblant d’infiltration aurait été la bienvenue, ne serait-ce que pour varier les plaisirs. Bref, des choix de game design contestables que les pouvoirs ne peuvent pas totalement combler, bien que ces derniers apportent de la nervosité et de très jolis effets lumineux. Ce manque de variété, on le ressent aussi dans les décors, souvent identiques et de fait répétitifs, liés à un scénario qui joue avec le voyage dans le temps. L’histoire en revanche, c’est la grande force de Quantum Break, qui non seulement nous tient en haleine pendant la dizaine d’heures (mini-série y compris) nécessaires pour venir à bout du jeu, mais réussit également le tour de force de mélanger habilement les médias en proposant ce complément scénaristique à la fois réussi et de qualité, développant de manière significative les personnages secondaires. Quant aux choix offerts au joueur, ils ont un véritable impact sur la structure narrative, en modifiant – légèrement – quelques séquences de jeu, mais surtout changeant complètement les cinématiques ! En revanche, la fin restera la même peu importe les choix que vous ferez. Si Quantum Break n’est pas un jeu qui marquera son époque comme le fut Alan Wake, il reste cependant une belle expérience.


Les plus
  • Scénario qui tient en haleine tout du long
  • La réalisation béton
  • La modélisation des acteurs est juste incroyable !
  • Leurs expressions faciales aussi
  • Des choix qui ont de vraies conséquences sur le scénario
  • Une mini-série réussie et de qualité
  • Plus aucune transition entre cinématiques et gameplay
  • Le clin d'oeil à Alan Wake
  • Les pouvoirs sont vraiment canons…
Les moins
  • …mais ils ne servent pas beaucoup en dehors des combats
  • Gameplay beaucoup trop classique, voire frustrant
  • Pas de combat au corps-à-corps
  • Ni d’infiltration
  • Bref, que du bourrinage
  • Ça manque vraiment de variété dans les décors
  • Level design pas très inspiré
  • Pas de bouton pour se mettre à couvert, c’est automatique mais pas systématique
  • Des temps de chargement pénibles


Le Test

Avec Rise of the Tomb Raider, Quantum Break est l’autre carte-maîtresse qui est censée faire basculer les joueurs du côté de Microsoft et de sa Xbox One. Développé par le talentueux studio Remedy Entertainment (Max Payne 1 et 2, Alan Wake), le titre a toute les cartes en mains pour devenir la nouvelle référence en matière de jeu d’action nouvelle génération. Quantum Break va même plus loin en proposant une expérience cross-média où le jeu est complété par une mini-série tournée en live action avec les mêmes acteurs qui ont été au préalable passés à la moulinette performance capture. Cette prise de risque sera-t-elle payante ? Notre verdict en quelques 16 000 signes.


Quantum BreakAuteur d’œuvres majeures telles que les deux premiers épisodes de Max Payne et de l’excellent Alan Wake, Remedy Entertainment est un studio qui a fait sa renommée sur un certain savoir-faire, celui de nous raconter de belles histoires au service d’un gameplay maîtrisé et qui a toujours aimé les actions au ralenti. Du bullet time à toutes les sauces et Quantum Break n’y échappe pas non plus, puisqu’il est ici question de fracture temporelle et de voyages dans le temps. Le joueur se retrouve en effet dans la peau de Jack Joyce, incarné à l’écran par l’acteur américain Shaw Ashmore, que l’on connaît surtout pour son rôle d’Iceman dans la première trilogie X-Men. Sa présence au casting est d’ailleurs assez récente puisque ce n’est que récemment qu’il a hérité du rôle principal, poussant Remedy Entertainment à changer complètement ses plans. Un peu trop jeune à notre goût, pas forcément grand comédien, son choix nous paraissait un peu bancal et sans doute imposé par une production qui souhaitait insuffler une envergure plus grand public au jeu. Au final, Ashmore s’en sort plutôt pas mal, même s’il n’apparaît pas plus de 5 minutes dans la série télé qui met clairement en avant Paul Serene, le grand méchant (incarné par Aiden Gillen, le fameux Petyr Baelish dans Game of Thrones), et d’autres personnages secondaires. Mais on y reviendra.

 

ET C’EST LE TEMPS QUI COURT
 

Quantum BreakComme toujours avec les Finlandais de Remedy, l’histoire a une part très importante dans leur conception du jeu vidéo, prenant parfois le pas sur le gameplay. Quantum Break n’échappe pas à cette furieuse envie de nous déballer un scénario béton, un truc passionnant où il est question de déplacement dans le temps que l’être humain cherche à maîtriser depuis qu’il joue avec la science. Histoire de remettre un peu les choses dans leur contexte, sachez que les événements sont racontés depuis le point de vue de Jack Joyce, le héros, qui se retrouve dans une salle interrogé par une jeune femme brune qui cherche à comprendre comment il a su arrêter la fracture temporelle. On apprend alors qu’à la base, Jack Joyce et Paul Serene sont deux amis d’enfance qui vont devenir les pires ennemis suite à une succession d’événements qui ont mal tourné, notamment la mort en direct de William Joyce, le frère de Jack (interprété par Dominic Monaghan), tué par un Paul Serene venu du futur. Bien évidemment, Jack va donc tout faire pour retourner dans le passé pour non seulement tenté de sauver son frère d’une mort qui l’attend, mais aussi empêcher son ami Paul de sombrer dans le côté obscur de la Force. Mais si l’on s’en tient à la phrase clef du jeu : le passé est quelque chose qu’on ne peut modifier. Nous n’irons pas plus loin dans les révélations, mais une chose est sûre, Sam Lake et les développeurs de Remedy Entertainment savent y faire pour tenir le joueur / spectateur en haleine.

PREVIOUSLY ON

Quantum BreakC’est d’autant plus vrai que cette fois-ci, le studio laisse au joueur le choix d’être maître dans sa destinée, avec de véritables embranchements scénaristiques établis au moment où le joueur prend le contrôle de Paul Serene, le bad guy on vous le rappelle. C’est l’autre effet Kiss Kool de Quantum Break, qui prend le temps de développer les autres protagonistes, laissant de côté Jack Joyce et le regrd bleu azur de Shawn Ashmore. Le jeu est d’ailleurs découpé de manière minutieuse, en plusieurs actes qui comportent chacun trois chapitres. C’est d’ailleurs au terme de chaque acte que vient se greffer la mini-série, joué par les mêmes acteurs qui ont participé à la performance capture pour se retrouver modéliser parfaitement dans le jeu. Dans l’absolu, la série télé est découpée en 4 morceaux de 22 minutes chacune, mais le choix effectué par le joueur ayant des conséquences véritables dans la suite du scénario qu’il est nécessaire de multiplier par deux leur nombre. Ce qui explique d’ailleurs que pour télécharger l’intégralité de la série, il faille au moins 75 Go d’espace libre sur son disque dur. Auquel cas, la série est directement streamé depuis les serveurs de Microsoft, provoquant d’ailleurs des bugs assez gênants, comme l’apparition des sous-titres avec au moins 7 secondes d’avance (!!) par rapport à ce qui se passe à l’écran. Mais passons.

Et vous allez voir que laisser en vie ou pas certains personnages secondaires change considérablement le déroulé de l'histoire, mais aussi la vision des choses.


Quantum BreakVous allez donc vous retrouver dans la peau de Paul Serene à devoir choisir entre deux voies distinctes, avec des choix souvent cornéliens qui aboutissent à des conséquences qui nous sont néanmoins dévoilées dans les grandes lignes. C’est d’ailleurs une très bonne idée de pouvoir nous donner un aperçu de la suite des événements, ce qui nous laisse le temps de prendre la décision qui nous caractérise le mieux. A titre d’exemple, dès la fin du premier acte, il nous est demandé soit d’abattre une jeune fille d’une balle dans la tête, soit de la laisser en vie afin de l’utiliser et de la manipuler contre Jack Joyce plus tard. Et vous allez voir que laisser en vie ou pas certains personnages secondaires change considérablement le déroulé de l'histoire, mais aussi la vision des choses. Seul regret : la fin du jeu aboutira nécessairement à la même conclusion, avec ces mêmes questions qui restent en suspens. A ce propos, restez jusqu’à la fin du générique, il y a, à l’instar des productions Marvel, une séquence inédite qui vous attend.

 

RETOUR VERS LE PASSÉ

 

Quantum BreakVous l’aurez compris, à l’image des deux premiers Max Payne et d’Alan Wake, Quantum Break a fait l’objet d’un soin tout particulier au niveau de son histoire, avec des personnages secondaires travaillés et mis au même niveau que les deux protagonistes principaux. C’est d’autant plus vrai que le jeu regorge d’éléments complémentaires à récupérer (notes, emails, journal de bord, cassettes audio) forçant le joueur à explorer les niveaux et lui permettant de mieux comprendre ce qui est train de se tramer au sein de Monarch Solutions, l’entreprise de Paul Serene qui a réussi à manipuler le temps. Là où les choses deviennent plus compliquées, c’est du côté du gameplay, qui se révèle être archi classique pour ne pas dire frustrant à certains moments. Dans la tradition des productions Remedy, Quantum Break est donc un Third Person Shooter où l’utilisation des armes à feu est importante. Comme d’habitude, on commence avec un petit calibre au début du jeu pour terminer avec des pétoires un peu plus lourdes, même si à aucun moment on se retrouvera avec un lance-roquettes, Joyce n’étant pas non plus John Rambo. Toujours est-il qu’il faut un petit temps d’adaptation et de calibrage pour s’adapter à la prise en main du jeu, les armes nécessitant un léger recul, un brin déstabilisant au départ. Une fois qu’on s’est habitué aux armes, on s’amuse alors à repérer les interactions dont dispose notre héros. Alleluia, Jack Joyce peut se mettre à couvert ! Une première pour un jeu Remedy qui s’était toujours dispensé du duck & cover pourtant indissociable de n’importe quel bon jeu d’action moderne. Même Alan Wake, pourtant sorti en 2010, ne disposait pas d’un système de couverture. Mais passons. Cela dit, si Jack Joyce peut s’adosser à n’importe quel élément du décor, il ne le fait pas vraiment au bon vouloir du joueur. Pas de bouton à appuyer pour qu’il se mette à couvert, il le faut automatiquement dès lors qu’on est proche d’un objet quelconque. Dans les faits, pourquoi pas, mais il s’avère que l’action ne se déclenche pas systématiquement, notamment dans les phases de shoot un peu plus nerveux où l’on s’amuse souvent à se déplacer d’une planque à une autre. A vrai dire, on cherche encore à trouver une justification à ce choix de game design de la part de Remedy, qui aurait mieux fait de faire comme tout le monde pour que l’ensemble soit plus fluide et surtout mieux maîtrisé.

Faire usage des armes à feu ne lui pose aucun souci, mais mettre une mandale à un ennemi un peu trop collant, non ce n’est visiblement pas possible. 


Quantum BreakMais les aberrations de gameplay ne s’arrêtent pas là. Très vite, on constate que Jack Joyce n’est pas du genre à combattre à mains nus. Faire usage des armes à feu ne lui pose aucun souci, mais mettre une mandale à un ennemi un peu trop collant, non ce n’est visiblement pas possible. A l’heure où des jeux comme Uncharted 4 repousse encore plus loin les possibilités de combat et d’interaction avec les environnements, Quantum Break interdit tout contact avec l’ennemi, qu’il faut nécessairement abattre avec une arme à feu. C’est d’autant plus rageant que ces derniers peuvent à l’inverse nous filer des coups de crosse sans que cela ne gêne personne. Il y a bien ce fameux coup de poing puissant qu’il est possible de balancer, mais celui-ci ne se débloque par le biais d’un pouvoir temporel et qui ne survient qu’à la moitié du jeu. Autant vous dire qu’on a failli ne jamais l’attendre. De même, on aurait aimé aussi que les développeurs nous laissent un champ d’action plus large dans la façon d’appréhender une situation. On pense notamment à la possibilité de la jouer plus fine avec des phases d’infiltration. Que chi ! Quantum Break, c’est toujours les mêmes mécaniques de gameplay qui se répètent inlassablement, oscillant entre phases de plateformes scriptées ultra dirigistes et zones de fusillage qu’il faut nettoyer pour passer au secteur suivant. 2016 bon sang, les gars ! 2016 !
 

DEUX TEMPS, TROIS MOUVEMENTS
 

Quantum BreakPour compenser l’absence de melee combat, Jack Joyce dispose de nombreux pouvoirs qu’il va acquérir au fil du temps, et c’est le cas de le dire. Suite à la fracture temporelle (qui amène à la fin du temps, on le rappelle), notre héros dispose d’une palette de compétences qui lui permettent d’avoir le dessus sur n’importe quel soldat armé. Il y a pour commencer le Time Stop, une sorte de bulle temporelle dans laquelle Jack peut enfermer un ennemi qui se retrouve alors figé pendant quelques secondes. En arrosant cette bulle de balles, Joyce décuple alors sa force de frappe dès lors que le temps reprend son cours. L’effet est non seulement efficace, mais le rendu visuel est de loin le plus réussi, avec ses petits fragments d’images qui se brisent. Il existe aussi le Time Shied, un bouclier temporel qui dispose d’une autre fonction bien utile, celle de se régénérer plus rapidement. Un champ protecteur que vous allez utiliser très souvent, notamment contre les ennemis en combinaison temporelle, leur permettant d’être actif lors d’une fracture temporelle. Un peu plus tard dans le jeu, Jack débloque le pouvoir dit du Time Dodge, qui lui permet de concentrer son énergie sur une zone distincte et créer alors un souffle temporel capable de balayer n’importe quel ennemi et donc de le tuer d’un coup d’un seul. Plus la charge est longue et plus les dégâts sont importants. Reste alors un dernier pouvoir, le fameux Time Rush qui permet de se déplacer à la vitesse de la lumière, mais aussi d’administrer un coup de poing sur un ennemi en appuyant sur le bouton B dès qu’on s’en approche. Le rendu visuel est lui aussi très sympa, d’autant que la version light du Time Rush permet de se déplacement comme l’éclair tel un Flash sans costume. Ce qu’il faut savoir, c’est que chacun de ces pouvoirs est régit par un système de cooldown qui est là pour empêcher d’en abuser. Au joueur du coup de jongler entre chaque pouvoir et son cycle de rechargement, auquel on associe du coup les gunfights.

 

Classique dans son approche diront certains, vieillot clameront d’autres, le gameplay de Quantum Break manque effectivement de folie et de jeunesse. Certes, il reste assez maîtrisé et les pouvoirs sont vraiment canons, mais on aurait aimé que Remedy fasse preuve d’un peu plus d’inventivité pour se mettre au niveau des productions actuelles.

 

Quantum BreakClassique dans son approche diront certains, vieillot clameront d’autres, le gameplay de Quantum Break manque effectivement de folie et de jeunesse. Certes, il reste assez maîtrisé et les pouvoirs sont vraiment canons, mais on aurait aimé que Remedy fasse preuve d’un peu plus d’inventivité pour se mettre au niveau des productions actuelles. On n’a pas envie d’abattre la carte du combat de titans, mais dans un peu plus d’un mois, Uncharted 4 arrive, avec cette volonté de proposer un gameplay plus ouvert et plus moderne. Et puis, comment ne pas en vouloir à Sam Lake et à ses équipes quand on sait que ces pouvoirs sont sous-exploités sortis des moments de fusillade ? Pourtant, il y a bien des séquences de plateforme où l’on s’amuse à freezer les objets pour passer certains obstacles, rembobiner le temps pour faire apparaître des éléments disparus, mais toutes ces énigmes manquent véritablement de consistance pour avoir le sentiment de jouer à quelque chose de nouveau. De même, on aurait aimé que le level design soit un peu plus inventif, que les décors soient plus variés. Ça manque clairement de folie, d’autant que tout a déjà été dit et jouer dans Quantum Break, si bien qu’on a comme un sentiment de frustration une fois le générique de fin terminé. Heureusement, le jeu a avec lui un autre argument de vente ravageur, qui n’est autre que sa plastique. OSEF de la polémique du 720p upscalé ! À l’image, on ne voit pas la différence puisque le jeu affiche des graphismes de haute tenue. C’est surtout au niveau de la modélisation des personnages que le jeu force le respect. Rarement les expressions faciales dans un jeu vidéo n’auront été aussi proches de la réalité. Les textures sont propres, les décors réussis (à défaut d’être variés) et l’ensemble est agrémenté d’effets de distorsion temporelle qui nous pousse souvent à la contemplation. Bref, un résultat graphique spectaculaire digne du talent des développeurs de Remedy. La prochaine fois, on croise les doigts pour que le gameplay soit aussi novateur.


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