Test Project Warlock : un Doom-like à l'ancienne comme on n'en fait plus ! sur PS4
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- Un concept connu mais très bien maîtrisé
- L'aspect RPG qui apporte un peu de fraîcheur
- Une OST solide
- Des codes old-school respectés
- Une technique qui mêle bien l'ancienne et la nouvelle génération
- De nombreux paramètres pour personnaliser l'expérience, même sur consoles
- Quelques niveaux un peu trop ternes
- Certaines sensations peut-être un peu lisses, pas assez brutales
- Un level design qui manque encore un peu de profondeur
À vrai dire, la ressemblance de Project Warlock avec son fameux modèle est plus qu’évidente : elle est complètement assumée. Et par dessus tout, il s’agit littéralement d’un rêve de gosse ! Pour cela, il ne faut pas remonter à bien loin, quelques années seulement, lorsque le jeune Polonais Jakub Cislo s’est mis en tête de créer son propre jeu vidéo. De fil en aiguille, après un premier financement participatif et un travail d’acharné, l’étudiant âgé de seulement 18 ans a pu constituer sa propre petite équipe et compter alors sur l’aide d’un éditeur, Gaming Compagny : le jeu sortira finalement en 2018 sur PC… et seulement maintenant sur consoles de salon. Project Warlock n’est pas tout à fait nouveau, donc, mais son arrivée sur PS4, Xbox One et Switch lui permet de gagner énormément en visibilité. À vrai dire, c’est plutôt mérité quand on connait son parcours du combattant.
HELLBOY
Le concept de Project Warlock est on ne peut plus simple : il s’agit de traverser des niveaux tout en explosant la moindre créature se dressant sur votre chemin. On incarne alors un warlock (un “démoniste” en français) dénué de nom ou de personnalité, si ce n’est qu’il voue une haine profonde aux forces de l’Enfer et qu’il aime particulièrement ôter la vie. Pour le reste de l’écriture, on repassera : la seule narration présente s’articule autour de petits comptes rendus écrits, disponibles après chaque boss abattu. C’est totalement succin mais là n’est pas le but, l'intérêt du soft étant clairement basé sur le skill avec une exigence terriblement old-shool. Ici, pas de quick save et si l’on perd l’intégralité de ses vies (on peut en trouver cachées dans les levels), c’est direction la case départ. Heureusement, un mode plus laxiste est également disponible, vous obligeant “seulement” à recommencer le dernier niveau en cas de défaite. Autant dire que la durée de vie dépend entièrement de vos performances et peut alors s’étaler d’une poignée d’heures, trois ou quatre seulement, à huit ou neuf pour un premier run.
C’ÉTAIT MIEUX AVANT
Notre cher chasseur de diables est donc une personne solitaire mais, heureusement, plutôt à l’aise dans la discipline du combat. Au total, 9 armes sont disponibles - un pistolet, un fusil à canon scié, une arbalète, un fusil à pompe, une gatling, un lance-flamme ou même une sorte de BFG 9000 - qu’il faudra récupérer progressivement… et améliorer. Car là où Project Warlock se différencie quelque peu de DOOM, c’est dans son petit côté RPG qu’il se plaît à mettre en avant : on grimpe en niveau au fur et à mesure de nos kills et des trésors récupérés un peu partout, on récupère des points d’amélioration et on passe alors dans l’antre du démoniste, qui sert ici de petit hub entre chaque monde, pour améliorer son personnage. La progression de Project Warlock est honnêtement bien maîtrisée : chaque pétoire dispose de deux évolutions changeant radicalement son utilisation, des capacités passives peuvent être débloquées et d’autres éléments classiques - la jauge de vie, de force, de mana ou la capacité de munitions - peuvent s’étoffer. Cerise sur le gâteau, il est même possible d’acheter des sorts magiques pour consolider un gameplay déjà solide : ceux-ci peuvent avoir des effets très différents les uns des autres, comme une boule d’électricité ou la création de munitions, et alors apporter une certaine tactique lors des combats éprouvants. Il n’y a pas à dire, ces mécaniques sont complètes en plus d’être facilement compréhensibles : il est là question d’efficacité, pas nécessairement d’originalité.
UN CERVEAU ET BEAUCOUP DE MUSCLES
La grande force des jeux old-school résidait indéniablement dans l’architecture de leurs niveaux : très clairement, il fallait se creuser la tête pour aller d’un point A à un point B, découvrir et assimiler chaque recoin tout en étant suffisamment rigoureux pour rester en vie. Project Warlock reprend ces mêmes rouages avec cinq mondes, composés chacun de cinq sections et d’un boss, qu’il faudra dompter judicieusement. Comme la règle l’exige, la trouvaille de clé rouge, jaune ou bleue pour ouvrir les portes correspondantes est toujours d’actualité, tout comme les zones secrètes abritant de précieuses ressources. Pour autant, et même s’il est loin de la linéarité que l’on reproche à beaucoup de jeux ces dernières années, le level design s’avère peut-être moins travaillé, moins sadique que ne pouvaient l’être ceux des grands classiques du genre. Ce n’est pas nécessairement un mal pour autant, surtout que le tout reste labyrinthique, et les amateurs de sombres couloirs étroits devraient être ravis.
Pour le coup, et même si la volonté de la petite équipe polonaise de Buckshot Software est de proposer une expérience “à l’ancienne”, toute l’aventure est ici construite sur Unity. Un moteur 3D récent, connu pour sa souplesse et sa capacité d’adaptation, dont le rendu in-game s’avère tout à fait satisfaisant : il faut dire la maîtrise de sprites, d’animations et autres textures façon 90 se fait plutôt bien et peut alors jouir d’autres d’effets plus modernes, comme une gestion de la lumière honnête ou des particules en grand nombre, tout en gardant une parfaite fluidité d’action. L’impression de jouer à un DOOM boosté aux mods est réelle et l’incorporation de ces petits détails techniques d’aujourd’hui porte ses fruits. Pour le coup, c’est plutôt la direction artistique qui s’avère assez classique : bien que les mondes abordent tous des thèmes différents - le médiéval, la neige, les laboratoires, la ville ou l’enfer - il n’y a rien de très original à l’horizon et les couleurs sont, globalement, assez ternes, voire carrément tristes. En revanche, le travail audio est une jolie surprise avec une OST plutôt complète et de nombreuses musiques, apportant une personnalité à bien des niveaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Project Warlock est dans son ensemble une expérience réussie, certainement pas originale mais qui tire sur les bonnes ficelles et qui sait parfaitement où elle va. Un DOOM-like performant et sans doute une sympathique bouffée d’air frais au milieu d’une année aux AAA multiples et chronophages.