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Reposant sur la structure habituelle de la série, Professeur Layton et le Destin Perdu reste très timide et ne change en rien sa formule. Un gage de solidité et de tranquillité qui tourne malgré tout un peu en rond. Des bases bien vissées qui laissent heureusement sortir de nombreuses preuves d'une envie profonde de bien faire les choses, à l'image d'un choix d'énigmes aux différences bien marquées, d'un système de notes largement plus agréable ou encore d'une narration mieux maîtrisée. Un ensemble de qualités qui font du jeu de Level-5 un titre très respectable, attachant mais jamais vraiment surprenant. Ce qui n'empêche aucunement de se faire une nouvelle fois piéger par ce bon vieil Hershel.
- Une histoire bien menée et émouvante
- Des énigmes plus variées
- Une ambiance accrocheuse
- Le système de notes revu
- Des thèmes musicaux agréables
- Une localisation de très bonne qualité...
- … malgré quelques voix bancales
- Une impression de redite globale
- Encore des énoncés flous
- L'orgie de pièces SOS
- Une difficulté assez basse
Situé dans la continuité scénaristique de la série, Professeur Layton et le Destin Perdu se passe donc quelques temps après les événements de Professeur Layton et la Boîte de Pandore. Une stabilité narrative qui équivaut celle du gameplay, avec la poursuite du concept de résolution d'énigmes. Une tâche habituelle pour Luke et, surtout, le Professeur Layton qui revient en forme et en haut-de-forme. Mais cette régularité très anglaise ne commencerait-elle pas à devenir un peu paresseuse ? Comme partout, le temps fait son œuvre.
La menace Don Paolo du second épisode écartée et libérés de toute obligation, Layton et Luke se sont mis à plancher sur une nouvelle énigme, à savoir quoi faire de leur temps libre. Un questionnement qui a néanmoins vite trouvé une réponse avec une lettre envoyée par un certain Luke Triton, mais bizarrement datée de dix ans dans le futur. Une missive étrange qui évoque un danger à venir, et que seul le Professeur serait capable d'éviter. Une situation suffisamment intrigante pour pousser le duo à mener sa propre enquête, quitte à traverser les portes du temps. C'est donc dans un Londres tour à tour actuel et "futuriste" que l'histoire va se dérouler, apportant dans chaque époque de nouveaux éléments nécessaires à la découverte de ce qui se cache sous les sombres plans du Clan. Sorte de mafia régnant sur le Londres alternatif, Le Clan est dirigé par un personnage machiavélique, dont l'intelligence n'a aucun égal. Un baron du crime de mèche avec les plus grands gangsters de la cité, et qui a placé ses hommes dans la moindre allée de la ville anglaise. Une atmosphère assez angoissante donc, qui reste malgré tout dans les limites bon enfant imposées par la licence. Après l'ouverture du deuxième opus, cette troisième aventure revient donc aux célèbres enchevêtrements de ruelles, mais dans une ambiance renouvelée qui permet à l'univers d'évoluer sur le fond, s'il ne le fait pas sur la forme.
Ô Layton, suspend ton vol
Centré sur le Professeur et plus directement sur son passé, Professeur Layton et le Destin Perdu est plus intimiste que les deux épisodes précédents. Un choix narratif qui impacte directement sur l'atmosphère très nostalgique du jeu, secondée par une réflexion sur les conséquences des actes qui ne va pas très loin, mais suffit à donner une vraie densité à l'histoire. Le scénario est d'ailleurs très agréable, misant sur l'émotion et l'aspect attachant des personnages pour capter le joueur et le conduire jusqu'à la conclusion, sans grosses baisses de régime. Seul l'aspect très verbeux du jeu, encore plus prononcé que dans les deux premiers opus, dessert son rythme. Surtout dans les phases non scénarisées où les dialogues ne sont pas doublés. En effet, les voix apportent une vie qui permet de faire passer plus aisément des échanges conséquents. Conservant le staff vocal de Professeur Layton et la Boîte de Pandore, tout du moins dans le rôle des personnages récurrents, le jeu de Level-5 s'avère une nouvelle fois convaincant à ce niveau, malgré certains intervenants souffrant de doubleurs peu inspirés, comme Claire ou encore le docteur Stahngun. Un travail sur l'ambiance et l'environnement qui se ressent également dans un choix d'énigmes bien plus cohérent, ces dernières étant le plus souvent en rapport direct avec le déroulement des événements ; mystères secondaires mis à part bien évidemment. De fait, Professeur Layton et le Destin Perdu offre une aventure un peu moins décousue, et qui laisse apparaître davantage l'aspect histoire mâtiné d'épreuves que le côté enchaînement d'énigmes. Mais si ce virage narratif marque une évolution timide dans le style du jeu, ce dernier ne lâche pas ses acquis et se repose sur un épais matelas d'habitudes, certes confortable, mais qui commence à s'affaisser.
Un choix narratif qui impacte directement sur l'atmosphère très nostalgique du jeu, secondée par une réflexion sur les conséquences des actes qui ne va pas très loin, mais suffit à donner une vraie densité à l'histoire."
Reprenant un fonctionnement désormais inamovible, Professeur Layton et le Destin Perdu présente au joueur différents PNJ tout au long de l'aventure, qui ponctuent souvent leurs interventions d'une énigme pour des raisons plus ou moins valables. Suivant le nombre de vos tentatives pour obtenir une réponse correcte, vous empocherez à chaque fois plus ou moins de picarats. Ces points, inutiles durant l'aventure, s'utilisent à la fin du jeu pour débloquer certains bonus. En revanche, les Pièces SOS, qu'il faut découvrir en pointant le stylet sur les endroits intrigants du décor, sont elles indispensables pour les moins férus d'énigmes. En effet, si vous ne parvenez pas à résoudre un casse-tête, il vous est possible d'obtenir un indice monnayant une de ces fameuses pièces. Limitées à trois par le passé, ces aides, loin d'être substantielles, bénéficient désormais d'un ultime palier nommé indice + et coûtant deux pièces. Ce dernier révèle quasiment la solution de l'énigme, et semble avoir été ajouté afin de faciliter l'approche des joueurs découvrant la série avec cet épisode. Une volonté de "simplification" qui se ressent également au niveau des énigmes qui perdent un peu de leur superbe, avec des challenges moins relevés. Les amateurs de prises de tête mathématiques ou logiques auront tout de même de quoi se faire du mal une fois le titre terminé, avec quelques mystères bien corsés accessibles uniquement à partir de ce moment précis. La progression se fait donc avec une relative tranquillité, notamment grâce au nouveau système de notes qui permet d'éviter une certaine confusion dans l'écriture d'indices.
A la recherche du temps perdu
Comprenant désormais la possibilité d'utiliser différentes couleurs, le principe des notes aide vraiment le joueur dans certains types d'énigmes, surtout celles qui ont trait aux labyrinthes ou qui obligent à dessiner des formes précises qui se recoupent. Si la difficulté a donc été revue à la baisse, les énigmes bénéficient enfin d'un peu de renouveau dans leur style. Les déclinaisons d'un même concept se font nettement plus rares, et le nombre de mystères repris des anciens épisodes est également moins systématique. Malgré le peu de risque pris sur la construction même du jeu, Level-5 apporte un peu d'air sous un haut-de-forme qui commençait à sentir le renfermé. Et ce, même si quelques énoncés jouent encore trop sur les mots. Comme à chaque itération, trois minis-jeux sont présents dans la fameuse mallette, à savoir ici la Minimobile, le Livre d'Images et le Perroquet. Le premier demande de définir le tracé d'un modèle réduit de voiture dans des tableaux aux nombreux obstacles, afin de récupérer des petits drapeaux. Assez amusante et bien conçue, cette occupation s'avère un peu plus complexe que le Perroquet qui propose, quant à lui, de faire parcourir à cet oiseau pataud de longues distances, à l'aide de cordes l'aidant à définir sa route et à se propulser. Enfin, le Livre d'Images est en réalité composé de plusieurs histoires qu'il est nécessaire de compléter, en collant des stickers au bon endroit. Ces derniers remplacent en effet les trous laissés dans chacun des petits scénarios. Bien entendu, ces autocollants sont obtenus lors de la résolution d'énigmes. Des à-côtés qui n'apportent pas grand chose au final, mais qui font office de bons moments de détente entre deux énigmes un peu longuettes.
Comprenant désormais la possibilité d'utiliser différentes couleurs, le principe des notes aide vraiment le joueur dans certains types d'énigmes, surtout celles qui ont trait aux labyrinthes ou qui obligent à dessiner des formes précises qui se recoupent."
Récemment mis en rapport avec la série Ace Attorney dans un cross-over souvent qualifié d'improbable, la saga Professeur Layton n'est pas si éloignée que ça des aventures du juriste aux épis légendaires. Les deux subissent en effet une évolution très similaire. A l'image des derniers volets de la licence de Capcom, Professeur Layton et le Destin Perdu apporte quelques changements heureux et visibles sans changer en aucune manière de recette. Une série "réflexe" qui tente des évolutions par les côtés. Car ici, il faut davantage chercher la spécificité dans le traitement de l'histoire et la cohérence des énigmes par rapport au scénario, que dans la construction. Malgré tout, avec sa propension à la répétition très amoindrie et son thème des voyages temporels plutôt bien exploité, le jeu de Level-5 fait ce qu'il faut pour se montrer solide et convaincant. Un constat qui fonctionne encore pour cet épisode, mais qui ne tiendra pas sans un vrai tournant. Afin d'éviter aux prochains épisodes d'être simplement des structures jolies mais similaires, accueillant une nouvelle histoire. Il y a un temps pour tout.