Date de péremption : Août 2007
Comme le veut la coutume, les effectifs n’ont pas été totalement remis à jour, et c’est sans surprise que l’on retrouvera Lassana Diarra sur le banc de Chelsea - ou London FC plutôt -, Carlos Bueno et Christian Rodriguez au PSG, ou une équipe de France dépourvu des jeunes Nasri et Benzema. On notera malgré tout un nombre d’aberrations moindre que par le passé et, globalement, le temps passé dans le mode Modifier - qui fait son apparition sur cette version haute définition - sera moins long par rapport aux saisons précédentes. Konami nous prouve une nouvelle fois qu’à Tôkyô, la lecture de L’Equipe ne fait pas totalement partie des habitudes quotidiennes. En ce qui concerne les statistiques, pas de surprise, les développeurs ont bien raté un wagon. C’est avec perplexité que les supporters de l’OM découvriront, par exemple, le jeune Ayew au poste de milieu défensif ! Les joueurs de Ligue 1 souffrent par ailleurs de cet éternel manque de reconnaissance ; et sans verser dans le chauvinisme, on peut être sûr que dès l’an prochain, les joueurs ayant mis les voiles cet été disposeront d’un physique gonflé aux stéroïdes et à la nandrolone, tandis que leur technique se sera affinée par la magie des millions d’euros touchés à l’étranger. La belle illustration est d’ailleurs Yoann Gourcuff, qui a considérablement progressé malgré son cirage de banc intensif. Bref, une fois de plus, Pro Evolution Soccer nous offre ses lacunes habituelles, et il serait grand temps de proposer des mises à jour à récupérer via les plateformes de téléchargement.
Avant d’attaquer le concret avec le gameplay, il est toujours bon de faire un petit détour par les modes de jeu. Cette version next-gen, qui souffrait de quelques ablations douloureuses, voit l’ordre se rétablir partiellement dans cette cuvée avec le retour tant attendu du mode Modifier. Les plus fanatiques ont de quoi se réjouir, modifier le look d’un joueur défiguré par les polygones et autres textures ratées est enfin possible sur un plasma de 107 cm. Les autres modes font logiquement leur retour, avec une Ligue des Masters enfin conforme à la version old gen’, et qui s’est ici peaufinée par l’apparition de côtes, aussi bien pour les joueurs que pour les clubs. Difficile donc de transférer un joueur de classe A, issu d’une équipe de catégorie B, lorsque nos poulains croisent encore le fer de leurs crampons avec du menu fretin classé C. Les négociations s’annoncent désormais plus serrées qu’à l’accoutumée, ce qui n’était pas vraiment une nécessité. On notera d’ailleurs quelques différences dans ce mode par rapport à la version PS2, qui est beaucoup plus laxiste au moment de la création d’une équipe. Piocher salement dans les effectifs du Milan et du Real Madrid est impossible sur PlayStation 3 et Xbox 360. De même, les salaires à pourvoir sont plus élevés en haute définition. Etrange. Le jeu en ligne, Ligues et autres Coupes habituelles font leur retour ici, avec une nouvelle amputation par rapport à la version PS2. La plus grosse et la plus dommageable concerne la Coupe Européenne. Euro 2008 oblige, KCET s’est permis d’ajouter un mode équivalent au Nippon Challenge de Winning Eleven 9, où il fallait composer sa sélection à chaque match de qualification. Quelle différence avec l’International Challenge ? Tout d’abord, ce dernier à disparu, ensuite ce nouveau mode accessible par le biais de la Coupe Européenne permet de passer de vraies qualifications pour le tournoi final. Préparez-vous donc à affronter les terribles Chypriotes et autres Islandais qui ne sont malheureusement pas jouables. Pas forcément original, ce mode a été amputé des Unes de journaux qui suivaient les performances de l’équipe du Soleil Levant dans Winning Eleven 9. Dommage. Toujours au rayon des suppressions, les nouveautés PS2 que sont le Tour Mondial et le mode Communauté n’ont pas franchi le pas, tout comme les Matches de Sélection.
"Jean-Mimi, cette équipe se voit trop belle !"
Après avoir parlé du contenu de Pro Evolution Soccer 2008, attaquons désormais le cœur du problème de cette version, le gameplay. Réputé pour être lourdaud, pataud et très franchement mou du genou, Pro Evolution Soccer 6 n’avait pas tourné très longtemps dans les Xbox 360. Qu’à cela ne tienne, Konami semble avoir pris conscience du problème, et dès les premières foulées la vitesse de jeu surprend agréablement. Quelques minutes suffiront pourtant à démasquer la supercherie, et c’est en fait toute l’animation qui a bénéficié d’une cure de rajeunissement bienfaitrice. Les premiers changements de direction, les premiers contrôles orientés laissent transparaître les tares de la version précédente. Les joueurs semblent trop enfoncés dans le gazon, si bien que le temps de démarrer leur course, un défenseur sera déjà au pressing. De plus, les démarrages sont bien trop lents, et l’accélération du joueur quasi nulle. Il n’y a qu’à voir les champions du 100 m que sont Eto’o ou Henry se déchirer pour traverser le terrain, pour que la tromperie éclate au grand jour. Le joueur censé s’essaiera donc au jeu collectif pour contourner ces problèmes, mais ici, rien à faire. Les transmissions de balle sont une fois de plus trop molles, et souvent pas bien précises. L’I.A est à la rue, et même en sollicitant le une-deux d’école, notre partenaire a du mal s’engouffrer dans les espaces. Quand il le fait, c’est pour s’arrêter faute de jeu en première intention, ou pour s’enfoncer dans une meule de jambes prête à briser le premier tibia venu. Pas bien malin le copain… Du coup, le match tourne aux actions stéréotypées, et très vite on remarquera que le jeu par les ailes fonctionne comme au premier jour. L’arme fatale que sont les centres à ras terre sont moins efficaces que par le passé, les défenseurs étant mieux positionnés et plus prompts à couper les trajectoires. En contrepartie, c’est le jeu de tête qui sera ici à l’honneur. Le marquage est trop laxiste, et les sorties aériennes du gardien bien trop hasardeuses. Que ce soit dans une phase de jeu ou sur un coup de pied arrêté, le dernier rempart offrira bien souvent la première faille. Plutôt que de faire jouer leur envergure, les gardiens de but se risqueront à des détentes en diagonale, souvent synonyme de raté qui conduit au but. Ajoutez à cela leurs gants enduits d’une substance huileuse, et on obtient une proportion de buts gag plus élevée qu’à l’accoutumée. Les défenseurs ont d’ailleurs eu la bonne idée de s’y mettre : placés maladroitement près de leur ligne de but, il ne sera pas rare de voir un malheureux pousser le ballon au fond de ses propres filets. Les situations ne manqueront pas pour garnir un nouveau volet du Foot en Folie. Heureusement, le tableau n’est pas si sombre, les réflexes PES et les sensations étant de la partie. Le jeu semble même bénéficier d’une difficulté accrue, et il ne sera pas rare de voir le CPU faire tourner efficacement le cuir. A propos de ce dernier, oublier le ballon de plomb de l’an dernier. La physique a entièrement été revue, pour un résultat beaucoup plus réaliste, même si les frappes semblent un peu trop efficaces à l’approche de la zone de vérité.
"Tout à fait Thierry ! Pourtant elle ne devrait pas…"
Finalement, cette seconde mouture next-gen peine une nouvelle fois à nous convaincre. Les améliorations sont incontestables certes, mais bien trop insuffisantes pour mériter le label de qualité PES. Les efforts dans l’habillage frôlent parfois le mauvais goût, et la grande quantité de menus et de sous-menus aura de quoi décontenancer le néophyte. L’arrivée de Paganelli aux commentaires était synonyme d’espoir pour nous changer de la médiocrité des commentaires. Malheureusement, le trublion de Canal+ n’use pas de son humour habituel, et se contente de rentrer dans le moule indigeste de Christian Jeanpierre. Les possibilités linguistiques ont, de plus, diminué. Les joueurs, qui comptaient sur l’anglais ou l’espagnol pour contourner la niaiserie de nos consultants, devront désormais se contenter de l’allemand. Moins sexy n’est-ce pas ? La musique étant également indigne, le choix le plus logique consistera à couper le son. De plus, Konami n’a pas fait varier l’aspect technique depuis l’an dernier. Pas assez détaillées, les modélisations semblent venir d’un autre temps même si certains faciès pas forcément connus jouissent d’une qualité étonnante (Nasri, Taiwo ou Oruma entre autres). L’animation de son côté côtoie sans gêne le ridicule avec des sprints bien raides. Konami a également eu la mauvaise idée de modéliser le public lors des phases de replay, ce qui engendrera un très grand nombre de maux de tête devant la chute de framerate abusive qu’elles occasionnent. Quoi qu’il en soit, ce millésime 2008 reste agréable, mais pas indispensable. A tester avant de passer en caisse.