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Sans non plus crier au génie, Pokkén Tournament s’avère être une agréable surprise alors que l’on avait déjà craché sur sa tombe. Déroutant au départ, le jeu se laisse apprivoiser progressivement et offre des bases solides susceptibles d’intéresser à la fois les fans de la baston et les profanes. La marge de progression n’est pas énorme, c'est vrai, mais certains combos nécessitent quand même de l’entraînement avant d’être parfaitement maîtrisés. En fait, c’est surtout la réalisation datée du jeu qui fait tâche. Et même sans ça, le caractère répétitif de la campagne solo, le nombre restreint de personnages ou encore le lag en ligne rappellent, eux aussi, que Pokkén Tournament est avant tout un coup d’essai.
- La prise en main immédiate
- Le gameplay efficace
- Des personnages bien singuliers
- L’alternance entre les phases de terrain et les phases de duel
- Ce n’est pas bien beau
- La campagne solo répétitive
- L’histoire bidon
- Shadow Mewtwo complètement fumé
- Du lag en ligne
On savait déjà que Katsuhiro Harada, le producteur de Tekken, était un taré ; mais de là à se lancer dans le développement d’un jeu de baston autour des Pokémon, il y a un pas qu’il a franchi sans l’ombre d’une hésitation, quitte à ce que son acolyte Yoshinori Ono – le producteur de Street Fighter – se moque de lui. OK, il y a les 20 ans de Pikachu et sa clique à célébrer, mais quand même. Sur le papier, Pokkén Tournament a tout du projet casse-gueule, et le fait que le jeu soit une exclusivité Wii U n’arrange pas vraiment les choses. Mais la vie nous a souvent appris qu’il ne fallait jamais l’ouvrir avant d’avoir pris un jeu en main. Autrement dit, si l’on était convaincu que Pokkén Tournament n'allait pas voler bien haut, il faut bien admettre que Bandai Namco Entertainment a rondement mené son affaire.
Autant parler tout de suite de ce qui nous a fait halluciner – dans le sens négatif du terme – quand nous avons découvert le roster de Pokkén Tournament : le nombre restreint de combattants. Seulement 14 Pokémon répondent présent – 16 si l’on rajoute Mewtwo et sa variante Shadow – ce qui est scandaleux quand on connaît le nombre de créatures – plus de 700 – que compte la série. Après, l’avantage de miser sur aussi peu de personnages, c’est d’éviter les doublons en ne proposant que des Pokémon bien singuliers. Sur ce point, Pokkén fait le job. Mais avant toute chose, il est important de s’attarder quelques minutes sur le système de jeu qui, reconnaissons-le, a de quoi perturber au départ. En fait, les combats s’appuient sur les phases de terrain qui, grosso modo, reprennent la recette de Naruto ; et les phases de duel avec une approche plus traditionnelle de la baston. Naturellement, en fonction de la phase dans laquelle on se trouve, la palette de coups varie, sachant qu’il faudra exécuter des attaques bien précises pour basculer dans l’une ou l’autre phase. Croyez-nous, lorsque l’on fait l’effort d’apprendre les mouvements qui permettent de changer de dimension, il y a moyen de faire de belles choses contrairement à ce que l’on pourrait croire. Cela dit, c’est vrai qu’en phase de terrain, on aurait aimé que les développeurs réduisent la prépondérance du spam. Voir des projectiles s’entrecroiser donne un aspect bourrin à Pokkén Tournament qui se montre plus convaincant dans les phases de duel. Héritage Tekken oblige, il faudra retenir les combinaisons de touches pour faire mal à l’adversaire. En s’acharnant comme un malade sur le mode "Entraînement", dans lequel plusieurs leçons bien claires sont à disposition, on finit par être capable de claquer des enchaînements d’une quinzaine de hits, sourire en coin.
Confiant comme les vieux briscards du genre, Pokkén Tournament s’essaie même au cancel ainsi qu’à d’autres subtilités – attaques brise-garde, air control, contres, stun, chip damage, PV récupérables par exemple – qui fonctionnent plutôt bien.
Si le bounce system – précieux pour rallonger les combos dans Tekken - n’a pas fait le voyage, on sera quand même heureux de voir qu’il est possible de martyriser son opposant contre le mur. Confiant comme les vieux briscards du genre, Pokkén Tournament s’essaie même au cancel ainsi qu’à d’autres subtilités – attaques brise-garde, air control, contres, stun, chip damage, PV récupérables par exemple – qui fonctionnent plutôt bien. On a failli oublier deux éléments capitaux : la jauge de synergie et les Pokémon de soutien. Une fois la jauge de synergie pleine, il y a moyen de déclencher l’éclat synergique, une sorte d’état de transe dans lequel la puissance du personnage est décuplée ; et c’est également à ce moment-là qu’il est possible de claquer une furie en pressant L et R. En ce qui concerne les Pokémon de soutien, c’est plus exactement un binôme que l’on doit choisir avant d’entrer dans l’arène, avec des caractéstiques propres à chacun d’eux. Encore une fois, le choix dépendra de notre style de jeu et de la stratégie que l’on souhaite mettre en place. Jouer la carte de l’éclat synergique ou doper les combos avec des coups perçants ? Harceler l’adversaire avec des projectiles ou privilégier la défense ? Les options sont multiples et l’intervention des Pokémon de soutien peut également avoir un impact positif ou négatif sur les stats du personnage. Bref, mises bout à bout, toutes ces finesses laissent transparaître le savoir-faire de Harada-san et ses équipes qui n’ont voulu laisser personne sur le bas-côté. Et comme souvent dans pareille situation, d’aucuns reprocheront à Pokkén Tournament de ne pas aller au bout de ses idées, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. En effet, les néophytes regretteront que le jeu ne soit pas suffisamment avenant, alors que les puristes pointeront du doigt la marge de progression minime.
VIENS PRENDRE TA KARACLÉE
Du côté des persos, on a droit à une répartition classique entre les Pokémon puissants, équilibrés et rapides. Pour les besoins du test, on a surtout dormi sur Braségali qui offre toutes les garanties pour bien figurer dans l’arène sans le moindre sacrifice. Ceux qui désirent briser des côtes devraient certainement craquer pour Mackogneur, le Zangief de service dont les chopes sont dévastatrices. Dracaufeu peut se montrer redoutable lui aussi, tandis que Dimoret agace assez vite avec ses coups de griffes vicieux. Comme chaque jeu de baston qui se respecte, et même si Pokkén Tournament est disponible depuis un petit moment maintenant dans les salles d’arcade japonaises, il faudra encore un peu de temps avant de voir apparaître une première tier list crédible. Ce que tout le monde s’accorde à dire en tout cas, c’est que Shadow Mewtwo a l’air complètement cracké, comme on peut le voir dans ce qui ressemble à un mode "Histoire". En fait, le joueur doit se coltiner les matchs de la Ligue Ferrum pour démontrer qu’il est le meilleur dresseur de la région, avec pas moins de quatre ligues au programme (Verte, Bleue, Rouge, Chroma). Dans chacune d’elles, il faudra réussir à intégrer le cercle fermé des huit meilleurs dresseurs pour accéder à un tournoi VIP. Une fois ce dernier remporté, il sera indispensable de participer à une épreuve qualificative afin de gagner le droit de passer à la ligue suivante. Rébarbatif au possible. Heureusement, Shadow Mewtwo et sa princesse planquée sous une capuche ont la bonne idée de faire irruption de temps en temps, histoire de nous rappeler qui sont les patrons. Des défaites inéluctables de toute façon, sauf lors de l’ultime rencontre où l’on comprend qu’il va vraiment falloir se retrousser les manches. On s’en remet alors à des techniques de fourbe pour s’assurer la victoire, tellement c’est déséquilibré. En clair, c’est un combat en deux manches gagnantes – sauf pour Shadow Mewtwo qui est déclaré vainqueur s’il remporte le premier round – avec un nombre de PV pour le boss qui fait au moins le double du nôtre. Bon courage.
En fait, c’est surtout sa réalisation datée qui fait tâche. Et même sans ça, le caractère répétitif de la campagne solo, le nombre restreint de personnages ou encore le lag en ligne rappellent, eux aussi, que Pokkén Tournament est d'abord tout un coup d’essai.
Sur le plan graphique, on ne peut pas dire de Pokkén Tournament qu’il soit une œuvre d’art. Les décors sont désespérément vides, l’anti-aliasing est resté au lit, les effets sont insipides et les Pokémon mal modélisés. Quant aux furies, on sent que ce n’est clairement pas dans les habitudes de la maison de faire jaillir des rayons colorés dans tous les sens, en dépit des efforts évidents. En revanche, la fluidité des combats (60fps) est appréciable, sauf lorsque l’on joue à deux (un joueur tient le GamePad tandis que l'autre suit l'action sur le téléviseur) ; le framerate chute alors immédiatement à 30fps. Du coup, les collectionneurs se rabattront sans doute sur la tonne d’items que l’on peut acheter à la boutique du coin, les articles en question n’ayant qu’un impact cosmétique. Pour gonfler les compétences de son personnage, on devra accumuler les points d’expérience et monter dans les niveaux (notre Braségali pointe au rang 55), ce qui peut faciliter les choses en ligne notamment. D'ailleurs, puisque l'on en parle, Pokkén Tournament fait dans le classique en proposant des matchs avec un ami ou classés. Il y a aussi des classements qui permettent de se situer par rapport au reste du monde, mais on a vite déchanté en raison du lag qui plombe les combats. De quoi vous décourager, vraiment.