Test Persona 5 : est-ce vraiment le meilleur J-RPG de sa génération ?
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Difficile de ne pas placer Persona 5 parmi les meilleurs J-RPG de sa génération. Abordant des thèmes graves mais d’actualité, le jeu arrive à entraîner le joueur dans son aventure dès les premières minutes. Tokyo est particulièrement bien retranscrit, à tel point que l’on pourrait passer son temps à arpenter les rues à la recherche du moindre détail. Fidèle à la saga, Persona 5 mise encore sur son aspect social puisque vous devrez nouer des relations avec de nombreux personnages pour augmenter votre groupe et votre puissance. Les nostalgiques de l’école seront ravis de remettre les pieds au lycée où vous attend une véritable vie d’étudiant. Outre le fait d’être un élève studieux, vous devrez accomplir tout ce que réalise un lycéen au cours de sa journée et c’est bien là la force de ce Persona 5. Rien n’a été laissé au hasard et on sent qu’Atlus a mis le paquet pour proposer un jeu complexe qui arrive à nous marquer dès les premières minutes. Les combats ont eux aussi évolué pour arriver à une formule beaucoup plus légère et qui redonne du peps aux mécaniques de gameplay du J-RPG. Entre les divers Personas à capturer et le côté infiltration du jeu, les joueurs auront fort à faire avant d’arriver au bout des 80 heures requises pour terminer le jeu. Graphiquementen revanche, Persona 5 ne casse pas trois pattes à un canard mais profite d’une direction artistique splendide où séquences animées et phases in-game se mêlent parfaitement. Seul bémol du jeu : sa traduction uniquement en anglais qui rebutera les joueurs les moins à l’aise avec la langue de Shakespeare. Certaines phrases utilisent de l’argot et il n’est pas rare de devoir relire plusieurs fois un texte avant d’en comprendre le sens. De plus, cela peut vite porter à confusion lors de Hold-Up où il est difficile de savoir exactement quoi dire pour gagner la négociation. Mis à part cette absence de localisation, Persona 5 parvient à se distinguer et surtout redonner les lettres de noblesse au J-RPG, un genre qui s'était bien encrassé ces dernières années.
- Un Tokyo retranscrit fidèlement
- Un coté simulateur de vie très bien pensé
- De nombreuses activités "lycéen" à effectuer
- Une narration efficace qui prend aux tripes
- Une direction artistique de haute volée
- Des combats dynamiques pour le genre
- Un interface aussi belle qu'agréable à parcourir
- Des personnages plein de charisme
- Près de 80h pour terminer le jeu
- Une centaine de Personas à collectionner
- Graphiquement en retrait
- Pas de traduction française
- Des textes parfois à rallonge
- L'argot, pas toujours facile en anglais
- Un peu de redondance avec les fusions
- Les Hold-Up, pas toujours faciles à comprendre
Déjà disponible depuis le 15 septembre 2016 au Japon, Persona 5 quitte les frontières de son pays d’origine pour enfin atterir en Europe. Un vrai bonheur pour les fans qui vont pour la première fois pouvoir goûter à un jeu Persona sur console de dernière génération. Avec toujours Katsura Hashino à la baguette (Persona 3 & 4), le jeu d’Atlus débarque avec la ferme intention de redonner vie au J-RPG, un peu en berne ces derniers temps. On prépare donc son cartable pour retourner le temps d’une partie au lycée, à la différence que le soir, on troque ses devoirs pour enfiler sa tenue de voleur et partir à la chasse aux démons, qui ne sont autres que la matérialisation des pensées sordides d’adultes. Vous l’aurez compris, Persona 5 fait partie de ces jeux au concept si particulier qu’il en deviendrait presque incontournable pour les amateurs de RPG. Acclamé dans son pays par la presse et le public, Persona 5 arrivera-t-il à élargir son public au delà des fans qui, sans surprise, sont totalement acquis à la cause ?
Dès le début, Persona 5 vous plonge directement dans l’ambiance en démarrant par un casse un peu tendu où notre héros se retrouve pris au piège par la Police. En quelques secondes, le jeu nous transporte dans son univers et en profite pour expliquer rapidement les mécaniques de base du gameplay. Après vous être fait intercepté par les forces de l’ordre, vous vous retrouvez en salle d’interrogatoire à subir moults châtiments, qui permettra petit à petit d'en savoir plus sur l'histoire de notre héros. En effet, avant de devenir un voleur célèbre qui nécessite l’intervention de toute la Police de Tokyo, voire du Japon, vous n’êtes qu’un simple étudiant, qui après avoir été accusé à tort d’agression sur un homme politique, se voit transférer dans un nouveau lycée à Tokyo. Si le postulat de départ est somme toute classique, il pose néanmoins les bases de votre aventure, puisqu’il faudra rapidement vous acclimater à votre nouvel environnement, en se comportant en citoyen modèle mais aussi en sympathisant avec les autres lycéens. Vous l’aurez compris, votre vie sociale aura un impact direct sur le jeu et en plus d’être un RPG, Persona 5 adopte un côté simulation de vie vraiment bien fichu qui demandera énormément de temps aux joueurs. Et très vite, vos relations vont vous amener à rentrer dans le vif du sujet, à savoir les combats et l’exploration de Palaces.
LYCÉEN SOUS PROBATION
A peine arrivé au lycée, notre héros se retrouve pris dans une histoire sordide avec un professeur aux méthodes qui sont loin d’être orthodoxes. Après avoir rencontré un autre élève qui vous fait part du comportement déplacé de ce professeur, vous vous retrouvez propulsé au sein d’un Palace, qui n’est autre que la matérialisation des pensées les plus sombres des adultes. Ces Palaces font office de donjons et c’est ici que se déroulera toute l’action de Persona 5. Si dans les RPG plus traditionnels, les donjons sont organisés autour de rencontres aléatoires auxquelles il difficile d’échapper, ici, la discrétion sera de rigueur et vous devrez vous faufiler tel Arsène Lupin, sans vous faire repérer par les gardes, voleurs oblige. Bien sûr, vous pouvez aller régulièrement à la confrontation mais il vous faudra faire attention à ne pas tomber dans le piège de la gourmandise. Vos potions et autres trousses de soin sont relativement limités et les différents points de sauvegarde peuvent être assez distants les uns des autres. Très vite, vous comprendrez qu’avancer discrètement sera la clé de la réussite, à moins que vous n’aimiez recommencer inlassablement les mêmes scènes.
Si le jeu ne se veut pas être un Metal Gear Solid en puissance, il offre tout de même un véritable sentiment d’infiltration et on se prend très vite au jeu. Les changements de cachette s’opèrent de manière très stylisée et il n’y a rien de plus jouissif que d’avancer rapidement de planque en planqe pour surprendre vos adversaire. En effet, pour vous motiver à utiliser une approche plus discrète, Persona 5 permet de prendre à revers les ennemis pour être avantagé au début du combat. De plus, les gardes qui se trouvent au sein du Palace déclenchent une jauge d’alerte lorsqu’ils vous repèrent. Tant que la jauge n’est pas à 100%, tout va bien, mais une fois le maximum atteint vous serez automatiquement expulsés du donjon. Vous l’aurez compris, l’infiltration sera reine et sans elle, vous allez avoir un mal terrible à venir à bout de ces Palaces. Et pour appuyer sur cet aspect, sachez que pour arriver au bout d’un donjon, vous ne devrez pas terrasser la personne responsable de son apparition, mais vous devrez voler son cœur afin que les pensées impies de la personne disparaissent. En terme de level design, les Palaces ne sont pas ce qu’il se fait de mieux mais l’ambiance est tellement glauque qu’on ne peut s’empêcher de regarder à droite et à gauche pour découvrir toute l’horreur qui anime ces donjons. Bien sûr, vous ne pourrez pas toujours être dans l’ombre et régulièrement, vous devrez combattre les gardiens à l’aide de vos Personas.
"EVERYBODY BE COOL, THIS IS A ROBERY !"
J-RPG oblige, Persona 5 s’appuie sur un système de tour par tour relativement classique mais fait preuve d’idées assez originales, qui donnent du peps à ce genre quelque peu vieillissant. Ainsi, vos personnages pourront faire appel à des Personas, qui pourront vous prêter main forte lors du combat. Grâce à eux, vous pourrez utiliser des attaques élémentaires ainsi que des sorts d’altération (réduction de défense, sommeil). Si les personnages secondaires ne possèdent qu’un seul Persona, votre héros est en revanche capable d’en utiliser plusieurs, ce qui permet de varier régulièrement les approches et vous caler sur le point faible de votre adversaire. A l’image des Shin Megami Tensei, Persona 5 utilise un système de forces et faiblesses qui permet d’effectuer plus ou moins de dégâts. Pour couronner le tout, si vous attaquez la faiblesse d’un adversaire, ce dernier se retrouve sonné et vous permet de gagner un tour supplémentaire. Mais surtout, lorsqu’un ennemi fini dans les vapes, vous pouvez passer en mode Hold-Up, ce qui vous permet d’entamer des négociations avec le monstre en question. Vous pouvez alors négocier avec lui afin de récupérer des objets ou de l’argent. Si cela peut vitre être pratique pour mieux vous équiper, le Hold-Up servira surtout à enrôler un Persona dans votre équipe. S’entame alors une âpre négociation où vous devrez choisir habilement vos réponses pour convaincre l’ennemi de s’allier à vous. Si dans l’ensemble cette feature s’avère très sympathique, il est souvent difficile d’évaluer la portée d’une réponse, et il n’est pas rare que l’ennemi prenne la mouche et continue à vous combattre. Si cela ne posera pas de problèmes aux habitués de la série, les néophytes risquent vite de se lasser de ce système souvent frustrant. Néanmoins, il faudra quand même s’habituer à capturer des Personas puisque vos passages dans la Velvet Room dépenderont directement de votre capture d’esprits.
En effet, régulièrement, vous serez amené à faire un tour au sein de la Velvet Room, une pièce située dans un univers parallèle où le maître Igor pourra s’adresser à vous mais aussi vous donner la possibilité de fusionner vos Persona ! Vous l’aurez compris, la chasse aux esprits va occuper une place importante dans le jeu et va vous permettre d’obtenir des esprits bien plus puissants. Très bien pensé, le système de fusion laisse très peu de place au hasard puisque vous pourrez transférer les pouvoirs d’un démon vers le nouveau. Pour éviter tout excès et vous empêcher d’être beaucoup trop fort, il est impossible d’obtenir une fusion d’un niveau supérieur à votre héros. Assez complexe, sans pour autant demander un Bac+5, le système de fusion s’avère très agréable à prendre en main et vous sera toujours très utile. Si certains Personas ne seront débloquables qu’avec les fusions, les autres pourront être capturés grâce aux Hold-Up, ce qui vous permet de ne pas passer trop de temps sur cet aspect. Mais malgré la présence de ces esprits pour vous aider dans les combats, vous ne pourrez pas uniquement sur eux, et il sera important d’augmenter les capacités de vos héros en allant vous sociabiliser auprès des autres lycéens.
LA FRIENDZONE POUR LES NULS
Comme évoqué au début du test, Persona 5 est aussi bien un RPG qu’un simulateur de vie. Dès lors, il vous sera nécessaire d’aller parler aux autres élèves afin d’acquérir de nouveaux amis qui pourront rejoindre votre équipe, mais il faudra aussi être studieux en cours et se trouver un boulot, ce qui va vous permettre d’améliorer les caractéristiques de votre personnage. Ainsi, l’intelligence augmentera lorsque vous répondez correctement à une réponse, tandis que vous gagnerez en charme lorsque vous parlez avec une fille ou en vous démarquant en cours. La ville de Tokyo regorge de choses à faire et il sera difficile de tout effectuer en une journée. C’est pourquoi le jeu se déroule sur une année scolaire entière. Ainsi, vous devrez sélectionner avec soin vos activités puisque certains objectifs devront être réalisés dans un temps imparti. Et si vous ratez une échéance, ce sera le "Game Over" direct. A vous donc de vous organiser au mieux pour ne pas être dépassé par les événements. Dans l’ensemble, la partie sociale de Persona 5 s’avère extrêmement profonde et l’impression d’être un véritable lycéen japonais se fait vraiment ressentir. Les personnages font tous preuve d’un charisme exemplaire et l’on s’attache très vite aux personnalités des uns et des autres. Seul bémol, la traduction du jeu n’étant qu’en anglais, les personnes ayant un peu de mal avec la langue de Shakespeare risquent d’être quelque peu découragées par la masse de dialogues. D’autant plus que la traduction s’autorise quelques abréviations et autres mots d’argot qui demanderont bien souvent de lire avec beaucoup d’attention. C’est un peu dommage mais cela permet d’éviter d’avoir une traduction française trop approximative qui dénaturerait les propos du jeu.
LA FACE CACHÉE DU JAPON CONTEMPORAIN
A ce sujet d’ailleurs, Persona 5 se révèle bien plus sombre que son aîné. Les thèmes abordés sont souvent raccord avec ce qu’il se passe dans l’actualité et certains événements nous poussent réellement à réfléchir sur notre société et les dérives qui l’accompagnent. Que ce soit le harcèlement scolaire ou même le viol, tous les thèmes sont abordés avec sérieux et poussent le joueur à vraiment prendre parti. Cela se ressent d’ailleurs dans nos choix de réponse qui sont finalement souvent guidés par nos émotions. De plus, vous devrez souvent aller glaner des informations auprès de personnes lambdas afin d’en apprendre plus sur la situation. Sans même s’en rendre compte, on se retrouve très vite à jouer les détectives et les divers témoignages que l’on récolte au cours de l’aventure permettent de vraiment s’imprégner de l’histoire. Si certains dialogues peuvent être à rallonge, d’autres s’avèrent très prenant et arrivent à nous faire rire ou à nous émouvoir très rapidement. Pour ceux qui seraient submergés par le blabla de ces adolescents en pleine pousse, rassurez-vous, il est également possible de faire une avance rapide afin de ne pas passer des heures et des heures sur les dialogues.
Côté technique, Persona 5 ne fait clairement pas partie de ces jeux qui nous en mettent plein les mirettes. On se rapproche de ce qu’on pouvait trouver sur PS3 et certaines textures font vraiment tâche. Néanmoins, le jeu se rattrape sur bien des aspects à commencer par une direction artistique magistrale. C’est simple, les quartiers de Tokyo sont tellement bien retranscrits qu’on se retrouve directement happé dans l’univers du jeu. On prend un malin plaisir à arpenter les rues de la capitale, tout en profitant des divers commerces qui se trouvent sur notre route. Très honnêtement, Persona 5 peut rebuter au premier abord à cause des phases narratives particulièrement présentes mais le fait de se balader dans un Tokyo aussi vrai que nature permet de s’émanciper des ces a priori pour se laisser porter par l’histoire du jeu, ce qui est assez rare pour être souligné. L’interface utilisateur est également magnifique grâce à ce mélange rouge et de noir du plus bel effet. Si d’habitude les RPG se contentent de menus plutôt austères et très complexes, c’est tout le contraire de Persona 5 qui est au contraire intuitif et très facile à prendre en main. Pour couronner le tout, le jeu n’a pratiquement aucun temps de chargement et les différentes transitions entre les zones sont du plus bel effet. Le côté animé du jeu est splendide et les personnages possèdent un véritable charisme, qui donne envie de s’attacher à eux. Enfin, comment ne pas parler de la bande-son, de toute beauté, qui revisite aussi bien le rock que le jazz en étant toujours raccord avec ce qu’il se passe à l’écran. Très franchement, si vous êtes fans de RPG, Persona 5 fera parti des achats obligatoires pour cette année 2017.