11 20
Nous sommes en plein cauchemar. Paradise ne correspond pas à nos attentes pour des raisons techniques. Pour une fois qu’il était possible d’obtenir un peu de poésie dans un jeu vidéo, c’est désespérant.
- Un univers toujours aussi intéressant
- Des personnages attachants
- Des graphismes toujours aussi mignons
- La réalisation générale, pleine de bugs
- Ecran limité au mode 800x600
- L’impossibilité d’augmenter la luminosité
Après L’Amerzone et les Syberia, le joueur serait tenté d’acheter un titre de Benoit Sokal les yeux fermés. Malheureusement, Paradise est d’une autre cuvée.
Alors qu’elle survole la Mauranie, un lointain pays d’Afrique, Ann Smith est victime d’un accident d’avion. Recueillie dans le palais d’un prince, elle s’aperçoit bien vite qu’elle a perdu
Sokal : un univers à forte amplitude thermique
Après l’inspecteur Canardo, Kate de Syberia, voici donc le nouvel univers de Sokal. Après les - 60° des aventures de Kate, on peut craindre le chaud et froid à cause de la moiteur terrible de la jungle mauranienne. Le point de départ des jeux de Benoit Sokal semble toujours à peu près similaire, une héroïne se retrouve plongé dans une aventure par hasard (Kate commençait son aventure en ayant pour mission de racheter une fabrique de jouets avant de se retrouver l’actrice principale d’une histoire qui la mènera dans un pays imaginaire). Le déroulement également. Pour chaque chapitre de n’importe lequel de ses jeux d’aventure, le joueur comprend vite la tâche principale qu’il faudra accomplir mais pour y parvenir, il faut exécuter de nombreuses actions. Les graphismes demeurent toujours agréables à l’œil et de l’écran émane l’ambiance du jeu. Quand Kate parcourait des écrans glacés pour finalement entrer dans une demeure, le joueur était content de la savoir en sécurité, au chaud. Cerise sur le gâteau, c’est la première fois que de la poésie transparaissait d’un jeu vidéo. On découvrait l’histoire de ce fabriquant d’automate dans sa fin de vie n’ayant comme seul but que de renouer avec son enfance, dans un monde peuplé de mammouths avec comme complication le cynisme des hommes d’un monde post-communiste. Finalement, à part le climat, l’univers de Paradise n’est pas très éloigné. La quête principale implique la traversée d’un pays aux nombreux problèmes politiques. Malheureusement, la comparaison s’arrête là. La poésie, qui apparaissait par les séquences cinématiques dans les Sybéria, semble avoir disparu. Les vidéos, toujours aussi belles, donnent maintenant quelques précieux indices pour la résolution des énigmes ou servent d’ellipse mais on a quand même l’impression d’avoir perdu au change. Et il faut bien l’admettre, ce n’est pas vraiment cela le plus grave. Que s’est-il donc passé ?
Un peu d’enfer quand même
On retrouve les mêmes problèmes que dans Syberia. Les changements radicaux d’angle de caméra en passant d’un écran à un autre obligent le joueur à avoir une vision 3D très poussée pour comprendre l’agencement des lieux. Comme dans Syberia, au bout de quelques allers et retours dans une zone géographique, les choses deviennent plus simples. Mais lorsque le joueur dirige la panthère, il y a de quoi devenir fou. Ah oui, certaines phases de jeu vous permettent d’incarner
Avec la panthère, le clic enregistré n’est pas le même. Le joueur sélectionne l’endroit où la bête doit aller mais le programme sauvegarde l’endroit de l’écran ou le clic a été effectué et non pas la destination finale. A cause des changements d’orientation de la caméra consécutifs à un passage d’écran, la panthère fait parfois complètement demi tour pour revenir à l’écran initial. Un délire absolu. Ajoutez à cela des bugs tous plus originaux les uns que les autres et vous comprendrez qu’à l’instar du Canada Dry, Paradise ressemble à Syberia, ça a le goût de Syberia mais ce n’est pas Syberia. Prenons par exemple celui-ci assez cocasse. A la sortie du palais, Ann se retrouve dans une grande rue déserte. Elle doit se déplacer au bout pour lever une sorte de rideau qui lui permettra d’apercevoir le camion dans lequel elle est arrivée. Cette action a pour conséquence de déclencher une cinématique. Mais la première fois que j’ai soulevé le voile, j’ai vu le camion et il ne s’est rien passé. Au bout de deux heures de stagnation absolue, j’ai repris une ancienne sauvegarde et ça a marché. J’ai arrêté à peu près à ce moment là, la lutte contre les bugs s’avérant plus difficile que la progression dans le jeu elle-même… Dommage que le génie de Sokal soit accompagné d’une réalisation étonnamment médiocre. Un patch pourrait-il corriger la totalité des problèmes ? L’entreprise semble énorme…