Test également disponible sur : PC - PS4

Test No Man's Sky : et si c'était une déception ?

Test No Man's Sky sur PS4 : c'est la déception !
La Note
note No Man's Sky 13 20
C'est donc confirmé : No Man's Sky est une déception. Par rapport à ce qu'il promettait, par rapport à ce qu'on avait pu imaginer mais également par rapport à ce qu'il était possible d'en faire. Comme beaucoup de titres qui essaient de toucher à tout, la dernière production Hello Games s'éparpille mais ne réussit rien. On aurait pu passer l'éponge sur des affrontements un peu nazes, sur un manque de dynamisme dans la conduite du vaisseau ou même sur cet inventaire mal fichu, pour peu que le volet exploration eût été grandiose, immersif, assez exceptionnel pour nous faire oublier le reste. Au lieu de cela, il devient une routine de plus dans un titre qui voulait proposer exactement l'inverse.

Les plus
  • Une liberté, une immensité grisantes
  • Des mondes exotiques dépaysants
  • On se sent pionier, isolé, seul
  • Une personnalisation détaillée et intéressante
  • Tout l'aspect mystique du soft, qui seul nous mène en avant
  • Le procédural, capable de faire des choses chouettes sur les planètes
  • La bande-son planante de 65daysofstatic
Les moins
  • Ce clipping atroce...
  • Répétitif au possible au bout d'une dizaine d'heures
  • Pas grand-chose pour nous inciter à avancer
  • Du crafting à outrance
  • Menus et inventaire mal fichus
  • Les combats ratés, au sol comme dans l'espace
  • Des planètes vides, des bâtiments génériques...
  • L'absence de maps sur les planètes
  • Impossible de revenir en arrière !
  • Des animaux dégueus et franchement inutiles


Le Test
Et si finalement, No Man's Sky était une déception ? Ce doute, beaucoup de joueurs l'ont senti naître ces derniers mois au fond de leurs petits cœurs. Les multiples reports de la date de sortie leur ont peut-être mis la puce à l'oreille, tout comme la rareté des séquences de gameplay. De notre côté, il faut avouer que le premier contact avec le jeu, à l'occasion d'une preview organisée en début d'année, ne s'est pas exactement déroulé comme on l'espérait. Oui, il faut bien l'admettre : on anticipe le coup fourré depuis quelques temps avec No Man's Sky - comme avec nombre de ces jeux propulsés par la hype, de ces titres sur-ambitieux qui promettent tout et n'importe quoi à un public en manque de nouveaux concepts. Il a fallu quelques heures pour découvrir que nos doutes étaient malheureusement fondés.

No Man s SkyCes quelques heures ont été celles de la découverte et même, disons-le franchement, de l'émerveillement. Ces quelques heures, c'est en réalité le temps que peut tenir le concept de No Man's Sky. Largué sur une planète random, nous voilà contraint de récolter – déjà - différents minerais et oxydes pour réparer notre vaisseau et partir à l'aventure. Le but ? Ce serait plutôt d'atteindre le centre de la galaxie, mais rien ne vous y oblige. Vous pouvez tout aussi bien flâner entre les systèmes, découvrir de nouvelles planètes, des espèces d'animaux et de végétaux encore inconnues, des races extraterrestres ou apprendre leurs langues. C'est là que réside la force de No Man's Sky, tout du moins durant ces premières heures. Dans cette liberté grisante, dans cette idée d'avoir ces millions de planètes différentes à portée de vol (ou presque), dans ce sentiment d'être un pionnier sur chaque nouveau sol foulé, à la manière d'un Xenoblade Chronicles X par exemple. On joue à l'explorateur, et c'est cool. No Man's Sky joue à fond cette carte maîtresse en vous proposant par exemple de nommer chacune de vos découvertes (système, planète, lieu-dit, espèce végétale ou animale). L'algorithme qui génère procéduralement chaque planète est capable de créer des mondes à la fois dépaysants et d'une cohérence visuelle assez étonnante, en mélangeant les couleurs, en variant la topograhie, les conditions météo et la végétation. Certains panoramas sont bluffants et on aimerait parfois pouvoir construire une petite bicoque pour profiter simplement de la vie dans sa petite vallée sur Tartoflan-197. Malgré un clipping d'une violence rare, un framerate à 30 fps et des textures qui font souvent la gueule, les premières heures de jeu sur No Man's Sky sont envoûtantes.

 

L'ODEUR DU CRAFT


No Man s SkyEt puis, le titre de Hello Games subit un premier coup d'arrêt, celui du crafting. Sortir du tout premier système solaire nécessite une technologie spécifique, qu'il s'agit d'abord d'obtenir, de créer puis d'alimenter. Le joueur lève alors le voile sur le cœur du jeu, déconcertant : un grinding de tous les diables. En effet, votre progression, que vous suiviez l'itinéraire du centre de la galaxie ou non, va être rythmée par la récolte incessante de ressources.  D'abord pour alimenter les systèmes de survie de votre combinaison ou encore les moteurs de votre vaisseau. Mais aussi pour marchander et finalement créer de nouvelles technologies qui faciliteront votre voyage. Miner pour pouvoir augmenter la portée de son scanner, récupérer plus de ressources à miner et ainsi améliorer une autre partie de son équipement. Et ainsi de suite. Passé l'étonnement face à l'importance que revêt cet aspect particulier du gameplay, on redémarre et la recette devient presque addictive. Sur chaque planète, les différents avant-postes aliens deviennent des paquets cadeaux, abritant de nouvelles technologies, des coordonnées vers des destinations inconnues ou des épaves de vaisseaux. De la même façon, difficile de ne pas ressentir une certaine satisfaction lorsqu'on finit par comprendre la phrase d'un xéno, après avoir glané des mots de son langage sur les totems éparpillés un peu partout. On sent alors la marge de progressions qu'on est en train de grignoter et le sentiment est plaisant.

CERCLE VICIEUX


No Man s SkyPuis tout s'enraye à nouveau et de manière beaucoup plus significative. Le joli vernis s'écaille un peu partout. Certains problèmes gênants font leur apparition. C'est le cas par exemple de la gestion des inventaires, divisés en cases destinées à accueillir un item/une ressource ou une amélioration technologique. L'idée de base était probablement d'obliger le joueur à faire un choix entre la capacité de transport et le niveau technologique. Mais le mauvais équilibrage de la progression (prix des cases supplémentaires, prix des nouveaux vaisseaux en rapport aux quantités de ressources exigées pour progresser) ainsi que la nécessité constante d'alimenter sa combinaison et son vaisseau obligent le joueur à passer sa vie dans des menus mal fichus, à jongler entre le vaisseau et la combinaison pour trouver de la place ou à courir après les points de vente pour évacuer le trop-plein d'objets. Des parties de Tetris fastidieuses et surtout carrément inévitables vu la place accordée au grinding dans No Man's Sky. Même ce dernier commence à tirer la langue au bout de quelques heures de jeu, une fois que la perspective de progression se fait de plus en plus lointaine, quand neuf technologies sur dix que vous trouvez vous appartient déjà.  On réalise alors que ce petit manège – récolte, amélioration pour récolter plus et encore améliorer et récolter encore plus – peut durer des lustres sans avoir quoi que ce soit d'intéressant à se mettre sous la dent. Car de structure narrative, il n'est pas vraiment question dans No Man's Sky. Il y a bien un ersatz d'intrigue dans la découverte des ruines mystiques, des messages qu'elles portent concernant chacune des races xenos et de la mystérieuse divinité qui semble avoir tracé un chemin pour vous à travers l'espace. Voilà qui est toutefois bien léger comme motivation pour vous inciter à faire des millions d'années-lumières, à grinder comme un cochon pendant des heures et à multiplier les allers-retours sur des planètes qui perdent de leur attrait.

UNE BELLE FACADE ?


No Man s SkyEn effet, la répétitivité du soft réussit même à révéler des failles dans ce qui était un point fort du jeu à la base, l'exploration. Nous vous disions un peu plus tôt que l'algorithme du jeu était capable de produire des planètes cohérentes et dépaysantes ? Faut-il encore tomber dessus et pas sur les innombrables cailloux secs et sans intérêt qui peuplent les systèmes par dizaines (des cailloux souvent toxiques ou radioactifs, histoire de bien faire les choses).  Et quand bien même on tomberait sur la perle rare, il faut se rendre à l'évidence : chaque planète n'offre que l'illusion de la vie et de la variété sur quelques kilomètres carrés. Ce sont en réalité des décors vides sur lesquels ont été collés des mélanges précis de textures et de végétations. A l'infini. Ainsi, pas la peine d'essayer de découvrir des régions différentes sur chacune des sphères, elles n'ont qu'un seul et même revêtement, peu importe où vous atterrissez. Il en va de même pour les bâtiments, clonés d'un bout à l'autre de la galaxie intérieurs et extérieurs compris, et les PNJ, toujours immobiles et aussi nombreux que les doigts sur une main de Tortue Ninja. Voilà qui ne pousse pas vraiment à la découverte. Et la faune et la flore alors ? Oui, l'idée de l'encyclopédie était chouette. Mais toutes les espèces se comportent de la même façon, apparaissent de la même façon. Aucune n'a d'habitat ou d'habitudes particuliers. Aucune ne vit en sous-sol par exemple. On est loin du safari xénomorphe qu'on nous promettait, surtout quand on voit les atrocités dont est capable l'algorithme du jeu quand il s'agit de créer des espèces animales.

Il faudra accepter que No Man's Sky n'est définitivement pas ce titre d'exploration ultime, pas plus qu'il n'est un formidable space-opera

No Man s SkyAlors bien sûr, tout n'est pas à jeter, loin de là, et on peut très bien se laisser aspirer par un certain aspect de No Man's Sky. Découvrir toujours plus de nouvelles planètes étranges, même pour quelques minutes, avant de repartir toujours plus loin, bercé par la géniale musique atmosphérique de 65daysofstatic. Tenter de profiter d'un système économique laxiste (il y a  de l'or partout et chaque découverte, même infime, vous rapporte des crédits) pour s'acheter un vaisseau toujours plus gros et enfin mettre de côté les soucis d'inventaire. Réussir à comprendre une majorité des différents langages du jeu, défricher son background et s'enfoncer dans le mystique. Mais il faudra accepter que No Man's Sky n'est définitivement pas ce titre d'exploration ultime, pas plus qu'il n'est un formidable space-opera. Il faudra accepter de ne pas pouvoir retourner sur les systèmes déjà visités, à cause d'une carte stellaire illisible et encombrée de milliers de systèmes affichés. Accepter de ne pas pouvoir voyager rapidement d'une planète déjà découverte à l'autre, de ne pas pouvoir prendre de notes sur les spécificités de l'un ou l'autre des astres (sur les ressources qu'elle abrite par exemple). Il faudra faire avec des combats ratés, mous, qu'on s'empresse d'esquiver quand c'est possible. En bref, il faut avant tout s'attendre à une expérience contemplative, dont la tentative de gameplay fait long feu au bout d'une dizaine d'heures (et même moins pour les plus impatients).


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