Test Need For Speed Hot Pursuit Remastered : la vitesse ne meurt jamais ! sur PS4
16 20
- Un jeu qui a graphiquement très bien vieilli
- Des sensations de jeu intactes et toujours aussi géniales
- Un contenu conséquent, d'autant plus que les DLC sont là
- Un jeu qui se prête vraiment bien au multijoueur
- Un gameplay d'une efficacité et d'une précision géniales
- Une structure de jeu assez pauvre
- C'est sacrément répétitif tout de même
- Encore des problèmes d'IA et des bugs techniques
Remettons-nous dans le contexte : nous sommes en 2010 et, depuis le passage à la nouvelle génération, la série Need For Speed peine à convaincre. Avec des titans comme Underground 1, Underground 2, Most Wanted ou même Carbon derrière elle, la franchise accouche pourtant du critiqué ProStreet et du raté Undercover, sans oublier un Shift dont l’identité appartenait clairement au monde de la simulation. Pas de doute : il fallait pour Electronic Arts redorer le blason de cette marque juteuse, toujours adulée mais dont la communauté commençait alors à douter de ses futures expériences. Pour ce faire, le géant américain est allé chercher l’un de ses partenaires les plus fidèles, les Britanniques de chez Criterion Games, auteurs de la fantastique saga Burnout et ressortant de l’incroyable Paradise. Autant dire qu’avoir de tels développeurs pour reprendre le flambeau sur Need For Speed était fort enthousiasmant : d’ailleurs, lors de sa sortie en novembre 2010, le résultant fut plus que convaincant et la presse l’accueilla très favorablement - on parle d’un gros 87 sur Metacritic - tout comme le public, plus de quatre millions de ventes s’étant écoulées un mois plus tard. Pour cette remasterisation, Criterion Games s’est de nouveau associé avec Stellar Entertainment, la société ayant œuvré sur la restauration de Burnout Paradise sur consoles actuelles. On ne change pas une équipe qui gagne, c’est ce que l’on dit, non ?
POURSUITES CHAUDES DANS TA RÉGION
Alors, a-t-il vieilli, ce bougre de Besoin de Vitesse ? Après de longues, très longues heures de jeu passées sur PlayStation 4 Pro, nous pouvons vous le confirmer : pas tellement. En vrai, il s’est même offert une petite cure de jouvence - après tout, c’est le but d’une version Remastered - grâce aux bons soins des concepteurs. En l’occurrence, les décors se sont vus rajoutés une foule d’éléments destructibles, le système climatique a amélioré ses effets ou transitions tandis que le jeu dispose d’un mode performance à soixante images par seconde… mais en 1080p. Pour bénéficier de la 4K, il faudra se limiter au 30FPS et c’est un point forcément fâcheux pour un titre sorti il y a une décennie. Réellement. Pour un jeu du genre, on aura alors tendance à s’orienter vers la fluidité plutôt que la définition d’image : en résulte toutefois une expérience à l’aspect graphique honnête pour son âge, dont les environnements et effets accusent un peu du poids des années mais, dans l’ensemble, toujours convaincants. Certes, Need For Speed Heat le met totalement à l’amende, mais les sensations sont toujours préservées et c’est bien là l’essentiel.
RAPIDE ET FURIEUX
Bien que l’esprit tuning et film de série B aient porté la série pendant des années, Criterion Games avait, à l’époque, une autre vision pour elle : la vitesse, pure et dure. Dans Hot Pursuit, il n’y a aucune histoire, juste un contexte : une région tranquille et ses routes sont la proie des mordus de grosses cylindrées, eux-mêmes constamment pourchassés par une brigade policière d’élite. Basta. Aucune cinématique ne viendra rythmer votre séjour si ce ne sont ces petites cutscenes lors du déverrouillage de nouveaux items ou véhicule. D’ailleurs, c’est aussi là tout l’intérêt du titre : après des années à incarner les hors-la-loi, on vous demande aussi de passer du côté des flics, qui disposeront de leurs propres types de missions. On alterne alors constamment entre le camp du chat et celui de la souris, chacun évoluant à son rythme grâce à un système de niveaux de popularité. Plus le joueur montera en niveau, plus il débloquera des voitures performantes. Car oui, aucun système de monnaie n’est présent, autant qu’il n’existe pas de mécaniques de customisation (hormis le simple changement de peinture) ou d’améliorations de performances. Sur le papier, le game design d’Hot Pursuit est donc assez maigre, misant tout sur un gameplay nerveux et efficace. Tenez-le-vous donc pour dit : la répétitivité se faire vite sentir et, qui plus est, sur une durée de vie particulièrement conséquente. Bénéficiant en plus des packs de DLC déjà sortis, rajoutant une trentaine d’épreuves, Need For Speed Hot Pursuit Remastered se termine à 100% en une jolie trentaine d’heures… mais il faudra néanmoins s’accrocher, ou en tout cas distancer ses parties, pour ne pas souffrir d’une certaine lassitude. Cela vaut aussi bien pour les objectifs que la direction artistique - répétant la forêt, la montagne et le désert de façon infatigable, et il n’y a pas d’open world - ou ce manque total de narration.
DÉRAPAGES CONTRÔLÉS
Heureusement, et c’est bien là son principal atout, Need for Speed Hot Pursuit se veut délicieux grâce à un gameplay de premier ordre qui, pour le coup, n’a pas vieilli d’un pouce. À vrai dire, il n’a même pas besoin d’une quelconque optimisation : basée essentiellement sur la vitesse, la nitro et le drift, la conduite demande un certain temps d’assimilation dû à l’inertie du véhicule, réellement présente, mais qui se laisse rapidement dompter avec une précision étonnante. Les tracés regorgent d’ailleurs de raccourcis qu’il faudra apprendre à connaître et à maîtriser pour gagner du temps, tandis que les épreuves de nuit demanderont une attention de tous les instants. Si le tout manque peut-être un poil de visibilité, la jouabilité débouche sur une satisfaction conséquente et, il n’y a pas à dire, Criterion Games est un studio qui sait y faire pour procurer des sensations fortes. D’ailleurs, tous les effets de vitesse et de particule génèrent, toujours aujourd’hui, une adrénaline assez géniale qui ne prend réellement aucun ride. C’est franchement bon, d’autant plus que les ennemis ne se laissent jamais faire et reviennent la plupart du temps à votre niveau pour entretenir le rythme… ce qui n’est pas tellement logique quand vous conduisez à 370 km/h en Bugatti Veyron. Qu’importe, cette décharge d’énergie ébouriffante est l’artère principale de ce NFS tonitruant, épaulée de quelques autres mécaniques bien pensées.
Toutes ces mécaniques défensives et offensives fonctionnent franchement bien et viennent alors densifier des épreuves qui ne manquaient pourtant pas de piment.
Hormis les courses traditionnelles et les contre-la-montre, le jeu mettra l’accent sur les poursuites entre chauffeurs et policiers. Que ce soit d’un côté ou de l’autre, tous disposeront d’outils pour semer les opposants : un IEM qui se déclenchera sur une cible verrouillée, une herse pour crever les pneus des coureurs tandis que les flics disposeront d’un hélicoptère ou d’un barrage alors que les hors-la-loi, eux, pourront activer un brouilleur et un boost ultime (dont l’effet est aussi décoiffant que savoureux). Ces mécaniques défensives et offensives fonctionnent franchement bien et viennent alors densifier des épreuves qui ne manquaient pourtant pas de piment. Les poursuites s’avèrent alors acharnées et, surtout, promettent de très belles parties multijoueurs, toujours d’actualité dans ce remaster : d’ailleurs, notons que le jeu est désormais cross-play et que l’autolog, ce système communautaire online, est toujours aussi bien fichu avec un aspect scoring généralisé sur toutes les missions solos. Au final, Need For Speed Hot Pursuit rattrape sa platitude de game design et sa répétitivité insolente par un feeling nerveux inexorable, soit à peu près ce pourquoi on l’acclamait à l’époque (et c'est aussi ce que l’on lui reprochait).