Test MotoGP 19 : enfin un épisode qui rugit par tous les cylindres ?
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Avec des améliorations graphiques notables, une IA revue et corrigée et un contenu en hausse, MotoGP19 semble bien parti pour s’imposer comme l’un des meilleurs opus de la série. Clairement mieux finie que l’opus 2018, cette nouvelle mouture devrait réconcilier les fans de vitesse avec la série de Milestone, et même faire de l’œil aux joueurs novices, le titre étant relativement simple à prendre en mains lorsqu’on active les très nombreuses aides au pilotage. Avec les licences remises à jour, l’incorporation du nouveau moteur pour le Moto2 (un trois cylindres 750cc Triumph à la place du quatre cylindres 600cc Honda), et l’arrivée des défis historiques, les développeurs transalpins semblent avoir repris le bon chemin. On regrette néanmoins l’aspect gestion vraiment minimaliste, et les inconsistances de l’IA qui est capable du meilleur comme du pire.
- L'aspect visuel en net progrès
- La gestion des pneus hyper exigeante
- La physique largement améliorée
- Le contenu pléthorique
- Les serveurs dédiés en multi
- L'IA ANNA...
- ...Quand elle déconne pas
- Pas de gestion des cartographies moteur
- La piste qui reste uniformément mouillée après une pluie
- On retrouve globalement toujours les mêmes pilotes sur le podium lorsqu'on ne gagne pas (surtout en Moto2)
Après un épisode 2018 en demi-teinte qui n’avait pas vraiment séduit les aficionados de grand prix moto, Milestone revient cette année avec un MotoGP 19 affûté comme jamais. Propulsé par un Unreal Engine 4 mieux maîtrisé, ce nouvel opus offre une plastique plus séduisante, un contenu en hausse, mais également de jolies évolutions au niveau de la physique, de l’IA et des conditions de pilotage. En effet, les températures influent sur le comportement des pneus, et il va falloir déployer des réflexes dignes d’un Jedi pour maintenir un proto de 280cv en équilibre sur ses roues quand la piste est détrempée. Bien que le millésime 2019 de MotoGP ait bien progressé sur divers points, il reste quelque petits défauts qui pourraient rebuter ceux qui ne sont pas initialement amateurs de vitesse sur deux roues.
Après huit épisodes de MotoGP, le studio italien Milestone commence à toucher sa bille lorsqu’il s’agit de reproduire le plus fidèlement la discipline reine de la moto. Pour ce neuvième opus, les développeurs disposent toujours de droits acquis auprès de la DORNA, ce qui signifie que le contenu est intégralement sous licence, et qui chaque sticker qui orne votre bécane est strictement identique à celui qui décore le flanc de la meule de votre pilote préféré. En 2019, cocorico, deux pilotes français ont intégré la catégorie reine, avec Johann Zarco qui a refusé l’offre de chez Honda pour aller chez KTM (il doit s’en mordre les doigts à l’heure actuelle), tandis que le niçois Fabio Quartararo est arrivé au sein de l’équipe Petronas SRT (un team satellite de chez Yamaha). On retrouve donc ces deux pilotes dans le jeu, mais également bien d’autres, puisque le jeu inclus également le championnat Moto2, celui de Moto3, et même celui de MotoE qu’on pourra donc disputer avant son lancement officiel. Prévu initialement pour débuter en avril, la compétition électrique a été repoussée après qu’un incendie ait ravagé le paddock en mars dernier, faisant partir en fumée toutes les motos et l’équipement, et obligeant les organisateurs à repousser la première course au mois de juillet.
I.A. QUELQU’UN ?
La première grosse innovation de cet opus concerne donc l’IA qui a été largement retravaillée par le studio. MotoGP dispose désormais d’une « IA Neuronale » développée en collaboration avec Orobix et baptisée Anna (Artificial Neuronal Network Agent), oui, comme le GPS dans Forza. Derrière cet acronyme travaillé, se trouve en fait une sorte d’IA deep learning qui va apprendre de ses erreurs, et ne plus se contenter d’un comportement préétabli. Désormais, les concurrents qui partagent la piste avec vous font des erreurs, et modifient leurs trajectoires, ou même leur niveau d’agressivité, en fonction de l’environnement. Le but étant de gagner la course, les IA vont être par exemple plus précautionneuses en début de course alors que le peloton est encore dense, avant d’attaquer plus librement une fois la piste dégagée. Comme un vrai pilote, les bots vont donc se concentrer et rentrer - ou pas – dans leur course, ce qui pourra amener à des vitesses de passage en courbe bien plus élevées. Les développeurs nous ont ainsi annoncé qu’une IA en confiance, et face à une piste dégagée, peut prendre un virage avec 15 à 20Km/h de mieux que dans des conditions adverses. Dans les faits, cela se traduit par une opposition bien plus tenace, et dont le niveau donnera du fil à retordre même aux tout meilleurs pilotes du monde.
Effectivement, une fois en piste, on constate des trajectoires plus propres, et un comportement bien plus réaliste. Les pilotes ne se télescopent plus en cas de ralentissement, et modifient leur trajectoire pour éviter d’être impliqué dans une chute ou pour se tenir à distance d’autres concurrents en plein duel. Globalement les pilotes ne refont pas la même erreur 2 fois, et certains peuvent même s’énerver lorsqu’on effectue des dépassements pas très réglos. Néanmoins, à certains moments il semble que les concurrents adverses nous ignorent totalement, ce qui peut mener à des situations délicates. Heureusement, l’IA est réglable via un potard qui va de 0 à 120%, ce qui permettra à chacun de trouver une opposition à sa mesure. Il faut savoir qu’à leur difficulté maximum, les IA sont capables d’enquiller des tours 2 à 3 secondes plus rapides que les vrais pilotes de MotoGP. À titre de comparaison, le système offre un résultat comparable au Drivatar de Forza, même si la méthode utilisée n’a strictement rien à voir. Globalement les adversaires ont donc un comportement nettement amélioré, même si le tout est loin d’être parfait. On retient surtout un grand manque de constance dans les réactions, avec certaines courses ou les adversaires font preuve d’un comportement très réaliste, et d’autres où le résultat est plus que mitigé.
C’est bien sûr au niveau visuel que les progrès sont les plus sensibles avec des pistes bien plus finement modélisées, des environnements plus jolis, et de nouveaux effets.
La physique a également été améliorée avec une attention toute particulière portée aux pneumatiques et à leur température. En chargeant trop l’avant ou l’arrière on fera chauffer les enveloppes, mais attention, car la surchauffe peut mener à des pertes d’adhérences encore plus imprévisibles. Inversement, à froid, impossible d’avoir de la motricité, et il faudra faire bien attention sur les premiers tours au risque de glisser autant que sous la pluie. Sur ce sujet, sachez que plusieurs réglages sont disponibles pour la météo, ce qui nous permet de prédéterminer le temps qu’il fera lors de notre course, ou d’opter pour des conditions aléatoires. C’est bien sûr au niveau visuel que les progrès sont les plus sensibles avec des pistes bien plus finement modélisées, des environnements plus jolis, et de nouveaux effets. On peut ainsi remarquer que l’air brûlant craché par les échappements des motos sur la grille de départ offre une image trouble, respectant ainsi l’effet optique du gradient de température. On peut aussi noter que la piste ramasse de la gomme au fur et à mesure des tours, alors que les pneus se dégradent (avec l’apparition des fameuses bouloches sur les bords de la bande de roulement). D’ailleurs, le jeu offre toujours de multiples vues pour piloter dont la célèbre vue casque (qui demande un cœur bien accroché) puisque la caméra suit les mouvements de tête du pilote. En ce qui concerne l’affichage, Milestone promet du 30 fps pour les consoles normales, espère du 60 fps sur PS4 Pro et Xbox One X, tandis qu’on n’a vu aucune limite sur notre version de test PC.
VIEUX MOTARD QUE JAMAIS
Ceux qui ne jurent que par le multijoueurs seront ravis d’apprendre que MotoGP 19 abandonne enfin le système de connexion peer-to-peer, au profit de serveurs dédiés (fournis par Amazon Web Services), ce qui garantira un jeu équivalent pour tous, et avec une latence minimale. Cependant, si vous êtes plutôt du genre asocial, ne vous inquiétez pas, MotoGP19 a de quoi vous garder scotché à l’écran, notamment grâce à l’arrivée des challenges historiques. Ce nouveau mode de jeu vous permet de revivre les grands moments de la catégorie reine, qu’il s’agisse de batailles au guidon de 1000cc 4-temps de l’époque MotoGP ou des 500cc 2-temps de grand prix. On précise au passage que le pilotage de ces machines n’a rien à voir, qu’il s’agisse de la réponse moteur ou du poids de la moto. On revivra ainsi les passages marquants de la carrière de Rossi ou encore le dernier tour de piste de Mike Doohan. Bien sûr, pour pouvoir profiter des différences il faudra opter pour la physique pro et désactiver les aides au pilotage, sous peine d’avoir un comportement neutre plus adapté aux joueurs novices. Les anciennes montures n’ont également pas autant d’électronique, et en fonction de la bécane, il ne sera pas toujours possible de régler le contrôle de traction ou l’anti-wheeling à la volée. Sur la catégorie MotoGP, les mécanos pourront tout de même s’en donner à cœur joie, avec un maximum de réglages dans les stands, des suspensions au frein moteur.
MotoGP19 voit aussi son mode carrière s’enrichir diablement avec l’arrivée des essais hivernaux (avec les livrées carbone), et le choix entre carrière normale et pro. On note aussi l’arrivée d’un nouveau système de gestion avec des points R&D à investir dans divers aspects afin d’améliorer les performances de votre machine, ou sa fiabilité. L’idée est de permettre de compenser les faiblesses de certaines écuries, sachant qu’on pourra modifier à loisir l’attribution des points en cas de changement de crèmerie. Par contre, à la fin de chaque saison, le solde sera remis à zéro, ce qui nous oblige à bien prendre part aux mini-jeux proposés lors des séances d’essais. Ces derniers sont toujours les mêmes, avec une épreuve où l’on doit suivre la trajectoire idéale de près, une simulation de course et enfin une simulation de qualification. Par contre, le mode écran splitté est toujours aux abonnés absents, les développeurs préférant se focaliser sur le multi en ligne et ainsi promouvoir le championnat eSport autour du jeu. Si vous en avez marre de piloter, sachez qu’il sera aussi possible de jouer en tant que directeur de course, et ainsi distribuer drapeaux bleus et pénalité en fonction des faits de course. Dans les faits, cette fonction n’était pas souvent activée sur les divers serveurs qu’on a pu fréquenter.