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Difficile de ne pas craquer pour Metro 2033, tant son ambiance prend aux tripes. Tous ses petits défauts bien réels, tels que la faible durée de vie ou le manque d'optimisation technique, ne sont rien face au plaisir qu'on ressent à parcourir ces environnements aussi forts que marquants. Sur PC, on sait déjà qu'on y rejouera à chaque fois qu'on changera de machine, afin de pouvoir redécouvrir le jeu sous son plus beau jour. Sur console, on ne peut qu'apprécier l'arrivée d'un univers réellement sombre, mature, et nettement plus fouillé que celui du Gears of War ou autre Call of Duty de base. Ceux qui ne jurent que par le gameplay, le multijoueur ou le rapport quantité/prix pourront se permettre de passer à côté de Metro 2033. En revanche, les autres ne doivent en aucun cas louper cette aventure inoubliable, située à mi-chemin entre S.T.A.L.K.E.R. et F.E.A.R. et pourtant dotée d'une très forte personnalité.
- Ambiance et univers à couper le souffle
- Musique superbe
- Arsenal varié
- Un soupçon d'infiltration
- Très beau "tout à fond"
- Très gourmand
- Assez court
- Fin un peu décevante
- Mise en scène parfois maladroite
- Linéaire
Tout nouveau, tout beau, le studio ukrainien 4A Games a été fondé par des développeurs ayant préalablement œuvré sur l'excellent S.T.A.L.K.E.R. Sans surprise, leur première production se déroule également dans un univers post-apocalyptique, les alentours de Moscou venant remplacer ceux de Tchernobyl. Mais cette fois, il n'est plus question de parcourir de vastes étendues arides. L'action se déroule essentiellement sous terre, dans des couloirs de métro encore plus angoissants que ceux de Paris. C'est dire !
Un cendrier sur lequel repose une cigarette encore fumante, une vieille machine à écrire munie de touches en cyrillique, le livre Metro 2033 dont est tiré le jeu, le plan du métro moscovite en guise d'interface de chargement et deux hommes en armure gardant la porte permettant de quitter le jeu : l'écran principal impose d'emblée sa marque et nous plonge directement dans un univers post-apocalyptique rude et crasseux. L'aventure se déroule dans un Moscou encore dévasté par la catastrophe atomique de 2013. Les rares survivants ont trouvé refuge dans les couloirs du métro, se condamnant ainsi à vivre sous terre en raison de l'hiver nucléaire qui rend la surface impraticable. Vingt ans plus tard, les enfants et adolescents qui occupent les différentes stations n'ont jamais vu la couleur du ciel, tandis que les adultes collectionnent avec nostalgie les cartes postales représentant des villes ensoleillées et se tiennent toujours prêt à l'affrontement avec les créatures mutantes alentours. Ce contexte ne nous est pas présenté par un laborieux texte d'introduction, ni même par le truchement d'une quelconque scène cinématique. Il s'impose de lui-même, en douceur, grâce à un souci du détail extrême de la part des développeurs et à un talent certain pour installer une ambiance captivante. Une fois passé le didacticiel en forme de prologue, la première balade que l'on effectue dans l'une des stations souterraines frappe un grand coup. Qu'il s'agisse des petites scènes de vie qui nous sont présentées, des différents lieux et éléments de décor croisés, des personnages principaux comme secondaires, et des dialogues qu'ils prononcent, tout suinte la désolation et raconte le nécessaire instinct de survie, qui tient tout autant de l'espoir que du désespoir. L'ambiance triste et oppressante ne tient pas seulement au fait de croiser des orphelins, des estropiés et des réfugiés à tous les coins de rue, elle est également distillée par la somptueuse musique, d'une mélancolie typiquement slave. Aisément identifiable dès les deux premières notes (c'est d'ailleurs un signe incontestable de sa qualité), le thème principal file instantanément le bourdon et donne le la d'une bande-son toujours magistrale.
Bonnes Nouvelles
Que les amateurs d'action et de frissons se rassurent, Metro 2033 n'est pas uniquement contemplatif. Il s'agit avant tout d'un FPS, qui alternent sans cesse les passages calmes et les combats bruyants. Afin de ne jamais briser l'immersion, l'interface sait se faire extrêmement discrète, allant même jusqu'à disparaître complètement de l'écran dès lors que son affichage n'est plus nécessaire. Certains outils sont même habilement intégrés au jeu. On pense notamment au résumé des objectifs, qui s'affiche sur un bloc-notes que le héros doit tenir dans une main et éclairer éventuellement à l'aide d'un briquet de l'autre. De même, lors des passages où le masque à gaz s'impose, il faut consulter sa montre pour connaître le temps qu'il reste avant de devoir changer de filtre. La respiration les battements de cœur, la progression sur le verre de la buée ou des craquèlements dus aux d'impacts sont également des indications plus subtiles de l'état général du soldat et de son équipement. Enfin, une lumière LED à trois état (vert, jaune, rouge) située sur le poignet gauche nous renseigne sur notre niveau de visibilité. Le jeu se dote en effet d'une composante infiltration pas désagréable. Même s'il reste toujours possible de jouer les rentre-dedans, certains niveaux se parcourent beaucoup plus aisément en misant sur la discrétion. Pour cela, il faut regarder où l'on met ses pieds afin de ne pas marcher sur de bruyants morceaux de verre brisé, et ne pas frôler de trop près les systèmes d'alarme bricolés à partir de boîtes de conserve suspendues. On prendra également garde à éviter les quelques pièges mortels disséminés ici ou là, certains pouvant tout de même être désactivés pour plus de sûreté. Et dès que l'on mettra la main sur un dispositif de vision nocturne, on n'hésitera plus à briser les ampoules et à éteindre les lampes, afin de plonger les adversaires dans l'obscurité. Le lancer de couteaux peut également faire fureur pour éliminer un garde sans alerter tous ses petits camarades. Cependant, FPS oblige, ce sont tout de même les armes à feu qui se taillent la part du lion.
Châtelet les Balles
Les incontournables mitrailleuses et autres Kalashnikov côtoient des engins de mort un peu plus originaux que la moyenne. Il en va ainsi de ce fusil à pompe à double canon, qui permet d'actionner les deux tubes séparément ou simultanément, ou encore des armes pneumatiques. Qu'il s'agisse d'une arbalète ou d'un fusil sniper, ces engins doivent être compressés manuellement en appuyant de manière répétée sur une commande, afin d'augmenter leur puissance et la portée des projectiles. Un petit côté rustique qui s'accorde parfaitement avec l'ambiance générale du jeu. Une autre subtilité concerne le système de munitions. Ces dernières peuvent être classées en deux catégories distinctes : les crasseuses, fabriquées par les habitants du métro, et les cartouches de grade militaire, qui datent d'avant l'apocalypse. Naturellement, les secondes sont bien plus efficaces que les premières. Mais voilà, il se trouve qu'elles servent également de monnaie d'échange auprès des marchands d'armes et autres fournitures (balles, medikits, couteaux, filtres de masque à gaz...) qui peuplent les stations. Infliger tout de suite beaucoup de dégâts ou patienter afin d'obtenir des armes évoluées, il faut choisir ! Le dilemme atteint son paroxysme quand on se retrouve à cours de munitions standards en plein combat, et qu'on doit alors se résoudre à tirer avec les quelques devises qu'on avait précieusement économisées en vue d'un achat ultérieur. Le bestiaire regroupe naturellement des créatures mutantes, mais également quelques soldats humains. L'un des niveaux se déroule ainsi sur la ligne de front qui sépare les "rouges" (à l'idéologie dérivée du communisme) des "fachos" (naturellement nostalgiques du Troisième Reich). Les uns comme les autres nous prennent pour cible et il ne faut donc pas hésiter à canarder tous ces fanatiques. Quelques apparitions fantomatiques sont également de mise, le jeu n'hésitant pas à nous infliger d'inquiétantes visions à la manière d'un F.E.A.R. On retrouve également un grand classique des jeux de tir : les séquences de "rail-shooting", amplement justifiées ici par le contexte ferroviaire.
Saint Supplice
Puisqu'on se balade d'une station de métro à une autre, en effectuant uniquement de rares et brèves sorties à l'air libre, il ne faut évidemment pas s'attendre à un grand degré de liberté. Les adeptes des mondes ouverts peuvent passer leur chemin, nous sommes ici en présence d'un jeu très linéaire, et qui s'assume comme tel. Après tout, les Call of Duty affichent les mêmes caractéristiques et cela ne les a jamais empêché d'obtenir un succès à la fois critique et commercial. Cependant, il faut tout de même reconnaître qu'en la matière le jeune studio 4A Games n'a pas encore l'expérience des maîtres du genre. Pleine de bonne volonté, la mise en scène n'en est pas parfaite pour autant. Contrairement aux vétérans d'Infinity Ward, les développeurs ukrainiens ne savent pas parfaitement diriger le regard du joueur, qui peut donc parfois louper un événement inattendu. En revanche, les deux studios font jeu égal en terme de durée de vie, puisque la campagne solo se boucle en quelques heures (disons entre cinq et dix selon le niveau de difficulté choisi), ce qui est d'autant plus frustrant qu'aucun mode multijoueurs ne vient prolonger l'expérience. Heureusement, le jeu est suffisamment prenant pour pouvoir être parcouru plusieurs fois. Une nouvelle session peut d'ailleurs être l'occasion de choisir la version russe sous-titrée, afin d'obtenir une immersion totale. Bon point au passage pour la version anglaise, interprétée par des acteurs à l'accent slave. La version française, elle, fait hélas l'impasse sur les intonation exotiques. Pour clore le chapitre des reproches, on ne peut qu'évoquer l'extrême gourmandise de la version PC qui, en mode de détails moyens, rame outrageusement sur des configurations pourtant solides. Heureusement, les graphismes restent encore très plaisants quand on descend tous les réglages au minimum. Ceux qui pourront se permettre de les pousser à fond en prendront quant à eux plein les yeux. Poussières flottant dans l'air, volutes de fumée et effets de lumière avancés, c'est un vrai régal. Dans tous les cas, on ne répètera jamais assez qu'au-delà de l'aspect technique, c'est surtout l'exceptionnelle direction artistique qui fait de l'effet et impose une ambiance réellement exceptionnelle.