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Test Lost Horizon

Test Lost Horizon PC
La Note
note Lost Horizon 14 20

Comme on pouvait s'y attendre après avoir tâté la version preview il y a quelques mois, Lost Horizon s'avère au final être un jeu d'aventures classique et efficace. Ou plus précisément : très classique et assez efficace. On l'appréciera donc différemment selon qu'on est un novice du genre, prêt à s'émerveiller à chaque instant, ou un vieux de la vieille, blasé par une recette maintes fois goûtée par le passé. Dans les deux cas, on ne pourra qu'apprécier la beauté des décors et regretter la piètre qualité du doublage français. Dommage d'ailleurs qu'on ne puisse pas passer le jeu en VO sous-titrée. Pas aussi drôle qu'un Ceville ni aussi enthousiasmant qu'un Machinarium, Lost Horizon reste tout de même une bonne manière de passer le temps en attendant la sortie du troisième épisode de Secret Files.


Les plus
  • Interface pratique
  • De jolis décors
  • On voit du pays
  • Le prototype en bonus
Les moins
  • Voix françaises très décevantes
  • Héros peu charismatique
  • Scènes cinématiques pas toutes réussies
  • Très classique


Le Test

Avec la choucroute, la panse de porc farcie et la forêt noire, le jeu d'aventures semble progressivement devenir une autre spécialité de l'Allemagne. Ainsi, on a pu récemment apprécier les Chroniques de Sadwick : The Whispered World, Ceville ou même Simon the Sorcerer : Rencontre avec les Extraterrestres, dernier épisode en date d'une série initiée pourtant par des anglais dans les années 90. Et n'oublions pas les deux épisodes de la sympathique série Secret Files ! D'ailleurs ce Lost Horizon qui nous intéresse aujourd'hui est réalisé par les mêmes développeurs. Un gage de qualité ?


Lors de notre preview de Lost Horizon, nous relevions la bonne qualité des voix anglaises et comptions sur la localisation française pour ne pas venir tout gâcher. Hélas, la séquence d'introduction de la version définitive du jeu  suffit à elle seule pour réduire à néant tous nos espoirs. A l'exception de Kim, le faire-valoir féminin du véritable héros de l'aventure, tous les protagonistes s'expriment sans aucune conviction. Le doublage semble avoir été réalisé par des élèves fraîchement inscrits à un cours de comédie de seconde zone. D'ailleurs, le jeu a beau nous faire voyager aux quatre coins du monde et donc nous faire rencontrer des personnages de différentes nationalités, quasiment tous s'expriment platement, sans accent local. Pour couronner le tout, il arrive même que deux phrases qui se suivent semblent issues de deux séances d'enregistrement différentes, le niveau sonore et la qualité audio variant un peu trop sensiblement d'un moment à l'autre. Résultat des courses : l'immersion en prend incontestablement pour son grade et on n'hésite pas à lire rapidement les lignes de dialogues afin d'abréger au plus tôt leur énonciation d'un simple clic droit sur la souris. Car, heureusement, l'interface réalise un sans-faute et offre tous les raffinements qu'on est en droit d'attendre de la part d'un jeu d'aventures modernes. Il est possible de zapper les dialogues donc, mais également d'afficher à tout moment l'ensemble des zones interactives disponibles sur l'écran en cours. Pratique pour éviter la chasse aux pixels et ne pas rester bloqué trop longtemps lorsqu'on a loupé un élément de décor un peu trop discret. On retrouve également la classique fonction de raccourci, qui permet de passer rapidement d'un écran à l'autre en double-cliquant sur une sortie. Plus inhabituel et tout aussi pratique : l'alternance entre marche et course est gérée automatiquement par le jeu, selon la distance séparant le personnage de l'endroit d'arrivée qu'on lui assigne. Enfin, le clic droit permet d'obtenir une description d'un item voire, à l'occasion , de le démonter tandis que le clic gauche sert à actionner un objet ou à lancer une séquence de dialogues.

Quelques grammes d'innovation dans un océan de classicisme

La fonction de combinaison d'objets se dote quant à elle d'une aide discrète mais réelle : le bouton gauche du curseur de souris (en forme de... souris) devient vert lorsqu'on tient un item et qu'on en survole un autre avec lequel il est a priori compatible. Cette subtilité réduit à leur portion congrue les sempiternels "non", "ça ne marche pas" et autres "c'est stupide" qu'on entend à longueur de temps dans les autres jeux d'aventure. En contrepartie, on se retrouve parfois à assembler des objets sans vraiment savoir pourquoi on le fait, quitte à comprendre la démarche après coup. On n'échappe d'ailleurs pas à l'inventaire sans fond et à des énigmes aux solutions improbables, dans la grande tradition du genre. Les développeurs en ont conscience et n'hésitent pas à faire dire au héros "je vais traîner dans le coin et casser des choses à droite, à gauche, jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose d'intéressant" ou encore "Oui, j'ai une chèvre dans la poche. Ne me demandez pas comment. Ni pourquoi d'ailleurs." Le gameplay ne réserve donc aucune surprise : il faut ramasser tout ce qui traîne et essayer de s'en servir pour débloquer des situations plus ou moins abracadabrantesques. L'ambiance rappelle quant à elle celle des Chevaliers de Baphomet (notamment Le Manuscrit de Voynich, le troisième épisode de la série) tandis que le chapitre final réutilise, de manière nettement plus limitée toutefois, les ficelles temporelles de Day of the Tentacle. Vous l'aurez compris, le scénario n'hésite pas à se teinter de surnaturel. De simple contrebandier de l'entre-deux-guerres aux prises avec les triades de Hong-Kong , Fenton Paddock va devenir le sauveur de l'humanité et contrecarrer les plans d'une bande de nazis inspirés par l'ordre de Thulé. Cette aventure le mènera jusqu'en Inde, en passant par Berlin, Marrakech et le Tibet Pour le joueur, ces voyages incessants sont l'occasion de découvrir des décors sans cesse renouvelés et toujours de grande qualité. L'aspect cartoon de l'ensemble est réellement plaisant, grâce notamment à un trait habile, des couleurs chatoyantes et quelques mouvements de caméra cinématographiques. Le seul bémol provient de la tête du héros, désespérément banale. On remarquera au passage qu'elle diffère sensiblement du visage présent sur le médaillon 2D qui apparaît lors des dialogues. D'une manière plus générale, Fenton Paddock manque quelque peu de charisme et le jeu aurait gagné à mettre plus en avant sa jolie compagne d'aventures.  Kim a beau être jouable à une ou deux reprises, les séquences où l'on incarne alternativement le héros et un autre personnage restent rares et trop brèves pour vraiment marquer. Terminons par évoquer la présence d'un bonus extrêmement sympathique, que l'on débloque une fois l'aventure bouclée, au bout d'une dizaine d'heures. Il s'agit du prototype du jeu, présenté à la Games Convention de 2008 et qui a servi à démarcher les éditeurs. On en fait le tour rapidement mais il permet de mieux apprécier le chemin qui sépare un projet d'un produit fini. Outre des problèmes de finitions  graphiques, on découvre surtout une toute autre manière d'appréhender le scénario global (introduction complètement différente, Kim en guise d'héroïne et non Fenton...).


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