Test Life is Strange 2 : un premier épisode prometteur ? sur PS4
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Simple et efficace, la recette Life is Strange est de retour ! L'arrivée de personnages totalement inédits apporte du sang frais à la licence, qui peut ainsi embarquer de tout nouveaux joueurs à son bord. Ces derniers ne doivent d'ailleurs pas hésiter à installer The Awesome Adventures of Captain Spirit, un jeu gratuit qui permet de se faire une bonne idée du gameplay de Life is Strange 2. Entre ses graphismes très séduisants et son propos parfois très émouvant, la nouvelle production de Dontnod ne manque pas d'atouts. Mais elle présente également quelques lacunes et défauts non négligeables, sur le fond comme sur la forme. Cependant, n'oublions pas qu'il aura fallu cinq épisodes pour que Life is Strange exprime tout son potentiel. Tous les espoirs restent donc permis !
- Quelques beaux moments d'émotion
- L'audace du changement de personnages
- Le lien entre les deux frères
- Des graphismes au top
- Une direction artistique très efficace
- Une bonne durée de vie
- Il y a un chiot !
- Pas de pouvoir temporel
- Point de départ du scénario peu crédible
- Les gros sabots idéologiques
- Les faux choix
- Les incertitudes dues au format épisodique
- Séquences de dessin trop simples
- Quelques bugs
Le succès relativement inattendu de Life is Strange ne pouvait rester sans suite. Après Life is Strange : Before the Storm, une préquelle réalisée par les américains de Deck Nine Games, le studio français Dontnod Entertainment reprend les rênes de sa création et nous propose en toute logique Life is Strange 2. Le premier segment de cette suite, une nouvelle fois proposée sous forme épisodique, a tout d'un road movie et se nomme opportunément Roads. Alors, en route pour de nouvelles aventures !
Et question nouveauté on est servis, puisque les développeurs nous proposent de suivre le cheminement de deux jeunes héros qui n'apparaissaient pas du tout dans Life is Strange. La continuité de la série s'effectue donc via l'univers du jeu (et le gameplay bien sûr) plutôt qu'à travers les personnages. Ce choix relativement audacieux décevra peut-être certains fans de Max, mais il a l'avantage d'ouvrir cette seconde saison à un public qui ne connaîtrait pas la première. Les fans ne sont pas totalement délaissés pour autant, puisque le jeu démarre par une question à propos du choix ultime de Life is Strange concernant le sort d'Arcadia Bay, choix qui sera généré aléatoirement pour les nouveaux venus. Life is Strange 2 tient ensuite compte de cette décision de manière assez subtile (on verra plus loin que la subtilité n'est hélas pas toujours le fort des développeurs), via une séquence qui pourrait presque passer inaperçue. Le lien entre les deux saisons est donc ténu, mais à l'heure où trop de studios pratiquent le recyclage à outrance, nous voyons cela comme une qualité plutôt qu'un défaut.
Et comme trop souvent dans ces jeux d'aventure narratifs, on se heurte régulièrement à des "faux choix" qui engendrent en réalité tous les mêmes conséquences. C'est souvent le cas lors des choix mineurs, et dans ce cas c'est de bonne guerre, mais ce premier épisode de Life is Strange 2 nous fait plusieurs fois le coup sur des décisions majeures, qui perdent alors en intérêt.
Un regret tout de même à ce propos : l'absence de Max signifie qu'il faut également faire sans son pouvoir temporel, qui permettait entre autres de pouvoir tester l'effet des différents choix de dialogues. De manière plus classique, le joueur doit ici assumer directement ses décisions, comme dans les autres productions du genre (de chez Telltale ou Quantic Dream notamment). Et comme trop souvent dans ces jeux d'aventure narratifs, on se heurte régulièrement à des "faux choix" qui engendrent en réalité tous les mêmes conséquences. C'est souvent le cas lors des choix mineurs, et dans ce cas c'est de bonne guerre, mais ce premier épisode de Life is Strange 2 nous fait plusieurs fois le coup sur des décisions majeures, qui perdent alors en intérêt. Notamment quand le conflit avec un personnage adverse se voit forcé, alors même qu'on a tout fait pour apaiser les choses. Pas de panique, il reste quand même de nombreux "vrais choix" dont les conséquences sont bel et bien visibles. Et il y a fort à parier que certains de ces choix aient des répercussions sur plusieurs épisodes, comme c'était le cas dans la première saison.
FRÈRES : LE CONTE DE DEUX FILS
Même s'il introduit différents personnages, cet épisode Roads se concentre essentiellement sur Sean et Daniel, deux frères qui se retrouvent sur la route suite à un événement tragique. Le joueur contrôle le grand frère de seize ans, qui pourra donc observer de nombreux objets dans le décor, interagir avec certains d'entre eux et, en de rares occasions, en ramasser quelques-uns. L'inventaire est simplifié à l'extrême, l'interaction adéquate apparaissant à l'écran si on possède le bon objet avec soi. On reste dans un jeu essentiellement narratif, où le gameplay est réduit à sa plus simple expression. On remarquera tout de même l'apparition en certains endroits d'une icône spéciale, qui déclenche une interaction avec le jeune Daniel. Pour l'heure, ces actions se résument essentiellement à déclencher des dialogues entre les deux frères, mais il est possible que les futurs épisodes nous réservent quelques surprises en la matière. En effet, Daniel possède un pouvoir de lévitation/tornade, qu'il ne contrôle absolument pas pour le moment. Le joueur non plus du coup, et pour l'heure, cela sert uniquement le scénario. Mais on espère que les développeurs profiteront de la découverte de ce pouvoir et de son éventuelle prise de contrôle par Daniel pour enrichir le gameplay, comme c'était le cas auparavant avec le pouvoir temporel de Max.
L'ambiance rappelle régulièrement celle du magnifique Brothers : A Tale of Two Sons (auquel vous devez impérativement jouer si ce n'est pas encore fait...), et certains de nos choix en tant que grand frère ont des conséquences directes sur les actions du petit frère.
En attendant, le jeu nous propose quelques beaux moments, le lien fraternel entre les deux héros étant une matière parfaite pour susciter l'émotion (d'autant plus qu'on finit par croiser la route d'un petit chien tout mignon). L'ambiance rappelle régulièrement celle du magnifique Brothers : A Tale of Two Sons (auquel vous devez impérativement jouer si ce n'est pas encore fait...), et certains de nos choix en tant que grand frère ont des conséquences directes sur les actions du petit frère. Si vous commencez à voler par-ci par-là, il ne faudra pas vous étonner de voir Daniel en faire de même par la suite… Malin ! On retrouve par ailleurs un système d'objets à collectionner aussi sympathique que celui de Life is Strange. Les photographies à prendre ont été remplacées par des dessins à crayonner et des petites actions à déclencher au bon endroit au bon moment, afin obtenir des écussons et porte-clés à épingler sur le sac à dos de Sean. C'est clairement bien plus intéressant que de devoir dénicher deux cent objets identiques dans un monde ouvert.
MAKE VIDEOGAMES GREAT AGAIN
Cependant, la fonctionnalité de dessin aurait mérité un bien meilleur traitement. En l'état, il suffit de "regarder attentivement" les décors (en appuyant sur une simple touche) puis de faire tourner bêtement le stick gauche pour que le dessin apparaisse comme par magie sur la feuille blanche. On s'attendait au minimum à devoir suivre un tracé ou à devoir dessiner quelques formes primitives. Plus embêtant pour les esprits pointilleux : le point de départ du scénario n'est guère crédible et semble clairement forcé. Il faut dire que, tout contents d'avoir placé l'action du jeu au moment de l'élection de Donald Trump, les développeurs ont décidé d'enchaîner les stéréotypes. Fumer de la drogue à seize ans, c'est super cool. Les flics américains tuent sans aucune raison de gentils immigrés mexicains dans leur jardin. Trump est méchant. Les supporters de Trump sont violents et racistes. Et les provinciaux sont tous des ploucs. Stéréotypes pour stéréotypes, à ce tarif là autant aller imaginer que les développeurs de Dontnod portent barbes de hipster et cheveux bleus. Oh, wait… Bref, on se serait bien passés de l'importation dans le jeu vidéo des conflits SJW/anti-SJW si chers à Twitter. On a vu mieux pour s'évader du quotidien.
Par ailleurs, après les mésaventures de Telltale avec la dernière saison de The Walking Dead, certains joueurs risquent d'être un peu frileux face au choix du format épisodique. Surtout qu'on ne sait pas, comme évoqué plus haut, si le jeu va développer le pouvoir de Daniel de manière à enrichir le gameplay.
Par ailleurs, le jeu n'est pas exempt de bugs. Certains joueurs ont du faire face à l'impossibilité de dessiner, ou à des personnages mal placés dans les décors. Pour notre part, c'est la caméra qui a décidé à un moment de partir en vrille. Littéralement, puisqu'elle s'est mise à tournoyer sur elle-même sans fin, et il a fallu recharger un point de contrôle pour résoudre le problème. Par ailleurs, après les mésaventures de Telltale avec la dernière saison de The Walking Dead, certains joueurs risquent d'être un peu frileux face au choix du format épisodique. Surtout qu'on ne sait pas, comme évoqué plus haut, si le jeu va développer le pouvoir de Daniel de manière à enrichir le gameplay. Terminons par deux points positifs tout de même : la durée de vie est très bonne, puisqu'elle atteint les quatre heures si on prend le temps d'observer tous les décors et d'effectuer toutes les actions possibles, et les graphismes ne manquent vraiment pas de charme. Sublimés par l'Unreal Engine 4 et une direction artistique semi-réaliste, ils participent indéniablement à l'attachement qu'on ressent pour les personnages. Il ne reste maintenant plus qu'à espérer que, sur le fond, les prochains épisodes fassent encore mieux que celui-là. Vous l'aurez compris, il y a un peu de marge...