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Beau, drôle, riche et intelligent, King's Bounty : The Legend a tout pour plaire ! En termes de contenu comme de réalisation, il n'a franchement rien à envier aux Heroes of Might & Magic et autres Etherlods, dont il se différencie toutefois par une orientation un poil plus rôlistique. Dommage que la qualité et l'efficacité des dialogues soient quelque peu amoindries par une localisation parfois maladroite ! On a tout de même déjà vu bien pire ailleurs, et cette imperfection ne doit aucunement constituer un frein à l'achat. Bien au contraire, si les termes stratégie, tour par tour et heroic-fantasy vous mettent en émoi, vous devez impérativement vous précipiter sur ce jeu envoûtant.
- Graphismes fin et détaillés
- Gameplay très accrocheur
- Dialogues riches et pleins d'humour
- Bonne durée de vie
- Pas de multi
- Bourdes de localisation
- Peut lasser au bout de 50 heures...
On l'ignore souvent, mais les Heroes of Might & Magic n'auraient certainement jamais existé sans le King's Bounty de 1990. Concocté par les mêmes développeurs que le premier volet de la série, et posant les bases de ce qui deviendra l'une des plus grandes réussites mondiales en matière de stratégie au tour par tour, on peut a posteriori le considérer comme l'épisode 0 des Heroes of Might & Magic. Aujourd'hui, avec King's Bounty : The Legend, ce titre fondateur bénéficie d'une remise au goût du jour franchement réussie. Artistiquement, techniquement et ludiquement, c'est quasiment un sans-faute. Quasiment, on a dit…
Une fois ce contexte historique en tête, on ne s'étonnera pas de remarquer que les principes fondamentaux de King's Bounty : The Legend sont très proches de ceux des Heroes of Might and Magic. Ainsi, la partie se déroule sur deux plans : la carte aventure, où le héros voyage, ramasse des trésors, enrôle des troupes, accomplit des missions... et les phases de combats, où les soldats et créatures du personnage affrontent des adversaires souvent retors. Comme l'exige la tradition, ces joutes se déroulent au tour par tour, dans des décors systématiquement pavés de manière hexagonale. Pour vaincre, il faut donc gérer intelligemment les déplacements des troupes ainsi que leurs capacités spéciales, tout en les épaulant grâce aux différents sorts du héros. Le jeu innove toutefois en plaçant régulièrement sur le terrain des obstacles, des coffres aux trésors et même des dispositifs particuliers, qui attaquent ou aident les unités alentours. Une bien bonne idée, qui permet d'enrichir encore plus l'aspect stratégique des combats. A contrario, la carte aventure se débarrasse totalement du tour par tour, au profit d'un système de déplacement en temps réel. On y perd l'aspect de gestion des villes des Heroes of Might and Magic, mais on y gagne en fluidité. Parcourir le monde devient nettement plus naturel et agréable, on peut éviter certains ennemis (qui font des rondes et ne sont plus désespérément statiques) et l'aspect jeu de rôle prend alors le pas sur la stratégie.
Jeu de rôle... et drôle
Comme dans la plupart des hack & slash, le développement du héros s'effectue à travers trois arbres de compétences (puissance, esprit, magie) qui influent grandement sur ses capacités. Naturellement, les objets d''inventaire revêtent également une certaine importance. Plus étonnant, ils se voient secondés par la possibilité de se marier et d'engendrer des enfants ! Avoir une femme apporte un bonus (qui dépend de la donzelle en question) et quatre cases d'inventaire supplémentaires... qui au final pourront être occupées par les descendants, également sources de bonus. Si l'envie vous en prend, vous pourrez même divorcer et abandonner tout ce beau monde, pour mieux recommencer avec une autre ! Mais attention, la femme délaissée emmène non seulement sa progéniture, mais également un cinquième de votre or... Les développeurs ne manquent manifestement pas d'humour ! D'ailleurs, ils assument sans sourciller tous les clichés de l'heroïc-fantasy, et les détournent même régulièrement au profit de situations qui font souvent mouche. Riches, nombreux et bien écrits, les dialogues ne manquent pas de piquant et permettent même parfois de résoudre certaines quêtes autrement que par le combat. On n'en attendait pas tant ! Hélas, ces dialogues se voient quelque peu malmenés par une traduction en dents de scie qui, si elle assume globalement plutôt bien le flot de textes, se prend régulièrement les pieds dans le tapis. Outre les "inévitables" fautes de frappes, d'orthographe ou de grammaire, on y trouve également quelques incohérences (un personnage appelé une fois Iron Richard , une fois Richard Dacier, la "boîte enragée" qui devient parfois la "boîte de rage"...). Et, tel un furoncle sur le nez d'une jolie princesse, le comble est atteint avec la traduction erronée de "turn" en "tourner". "Tourner 1", "Tourner 2" affiché en gros à chaque nouveau tour de jeu, ça la fout un peu mal...
L'amour du travail bien fait
Au contraire de l'équipe de traduction, les développeurs nous enchantent par leur recherche constante de la perfection. Du squelette qui s'anime quand on frôle de trop près les murs d'une crypte, aux pièces qui s'égrènent quand on ramasse un trésor, de nombreuses animations inutiles donc indispensables viennent mettre le sourire aux lèvres. Ce souci du détail touche même l'interface, absolument superbe. La moindre icône bénéficie de graphismes extrêmement fins, précis, lisibles et les enjolivures sont légion. De plus, comme dans les productions Blizzard, le faible nombre de polygones de certains personnages et décors se voit largement compensé par leur design réussi. En réalité, le titre de Katauri Interactive possède ce petit truc en plus, qui différencie le travail de commande de la réalisation passionnée. D'ailleurs, signe des grands jeux, King's Bounty : The Legend est atteint du syndrome de la faille temporelle. Une fois la partie entamée, on ne voit plus le temps passer et on enchaîne les nuits blanches sans même s'en rendre compte. Une vraie drogue, et c'est de la bonne !