*Test* Just Cause 4 : plaisir instantané, mais grande frustration
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Just Cause 4 est avant tout un gros défouloir, grâce à son open world vaste et généreux en objectifs. Avec la possibilité de transformer n’importe quel objet en une explosion digne d’un film de Michael Bay, il faut avouer qu’on ne s’ennuie pas sur Solis, même si les activités sont rapidement très répétitives. Il faudra alors se tourner vers les miracles permis par la physique du jeu et les multiples possibilités offertes par le grappin pour sortir du train-train de la révolution. Malheureusement, sorti de ces outils qui font du jeu une chouette sandbox, Just Cause 4 n’a pas grand-chose à offrir avec une technique très moyenne, une IA déplorable, et un scénario qui ne présente aucun intérêt. Heureusement pour les joueurs PC, le titre devrait avoir droit à un mode multijoueur qui sera comme chaque année développé par les fans, le studio ne voyant toujours pas l’intérêt d’inclure cette feature d’emblée. Si vous voulez vous passer les nerfs et afficher un maximum de boules de feu à l’écran, Just Cause 4 saura vous divertir, mais si vous cherchez une belle aventure en open-world, mieux vaut miser sur la concurrence nettement plus convaincante.
- Open World vaste et varié
- Une sandbox de folie
- Des explosions spectaculaires
- Action non-stop
- Les loadouts pour le grappin
- Clipping atroce sur PC
- Bugs de collision en masse et de ragdoll
- Cinématiques hideuses
- Scénario en carton
- Lassant à la longue
Trois ans après ses mésaventures sur son île natale de Medici, Rico Rodriguez est de retour dans un quatrième épisode qui nous emmène cette fois-ci sur Solis, une nouvelle île des Caraïbes oppressée par un régime totalitaire. Une fois de plus, pour libérer les habitants et renverser le grand méchant, notre héros à l'accent chantant va appliquer sa méthode personnelle, à savoir faire pleuvoir balles et missiles sur tout ce qui porte un uniforme. Avec Just Cause 4, Avalanche Studios tente une nouvelle trame narrative qui se veut bien plus poignante, puisque Rico va être confronté à des fantômes du passé dans sa quête de la plus grosse explosion possible. Un nouvel open-world donc, et de nouveaux méchants qui reprennent le format des films James Bond avec Gabriela, la jolie bras-droit, et Oscar Espinosa, le grand méchant prêt à zigouiller des innocents. Faut-il succomber aux charmes de la révolution à Solis, ou vaut-il mieux mettre Rico à la retraite ? Verdict dans notre test !
Le soleil, les paysages paradisiaques, les gros flingues et les boules de feu démesurées, voici en gros la recette miracle de la série Just Cause qui nous offre donc son quatrième opus aujourd’hui. Comme à chaque fois, on va donc retrouver Rico Rodriguez, l’éternel héros pourfendeur de dictatures et libérateur de toutes les îles de l’Amérique Latine, tel un Simon Bolivar qui suivrait un script écrit par Michael Bay. Cette fois, notre homme se lance dans une quête plus personnelle, car il apprend qu’une terrible arme développée par son père est tombée entre les mains du tyran local, l’affreux Oscar Espinoza. Comme dans toute bonne série Z, l’arme permet de créer de dévastatrices tornades qui peuvent ensuite être lancées pour détruire à peu près n’importe quoi. Forcément, avant de pouvoir s’attaquer aux installations de recherche et aux infrastructures (nombreuses) que nécessite cette arme, il va falloir pouvoir se balader tranquillement dans l’île, et donc la reconquérir. Heureusement, Rico est un spécialiste, et en une demi-cinématique introductive où l’on découvre la jolie, mais néanmoins méchante Gabriela Morales (qu’on en reverra plus avant la cinématique de fin du jeu), la rébellion est en marche ! Ici, pas de problèmes de recrutement, car plus Rico fait sauter d’éléments comportant du rouge dans leur décoration (citernes, antennes, radars…etc), plus la jauge de recrues se remplira, ce qui permet ensuite de conquérir des régions entières de la map d’un simple clic de souris. De fait, on a plus l’impression de réaliser une opération immobilière que de libérer une région entière. Au bout de quelques missions à peine, on comprend que le scénario a été écrit à la va-vite sur un coin de nappe entre midi et deux, et qu’il s’agit plus d’un argument de départ à la destruction, que d’une vraie trame narrative travaillée. Pour faire simple, on est loin des aventures d’Arthur Morgan dans Red Dead Redemption 2 (pour reprendre l'exemple plus récent), et nettement plus proche du script du dernier Michael Bay tant le scénario n’a aucun intérêt et n’introduit que des personnages dont le charisme frôle souvent le néant absolu.
BIG BADABOUM
Comme dans les films de Michael Bay, tout l’intérêt de Just Cause 4 réside dans son action non-stop, et son gameplay très facile à prendre en main. Les vétérans de la série ne seront d’ailleurs pas dépaysés, car l’essentiel des déplacements n’a pas évolué d’un iota. Rico va donc courir mollement lorsqu’il est sur ses jambes, et foncer comme un taré grâce à son fameux grappin ! Pour se satelliser, on va soit abuser du grappin afin de foncer au-dessus de surfaces bien planes, soit alterner le grappin et le parachute afin de prendre de l’altitude. Une fois dans les cieux, on pourra bien sûr basculer sur la wingsuit afin de regagner en vitesse, même si cela se fait aux dépens de l’altitude. En combinant avec science ces trois éléments, Rico va pouvoir se déplacer plus vite que la plupart des véhicules, et ainsi éviter les ennemis. Bien sûr, le grappin servira aussi à s’emparer de véhicules ennemis à la volée ou à moult autres choses grâce à ses accessoires. Dans Just Cause 4, on va en effet pouvoir personnaliser 3 loadouts spécifiques pour le grappin, sachant qu’il sera possible de passer de l’un à l’autre à la volée, en pleine action. On peut donc combiner les gadgets et effets qu’on préfère, afin d’obtenir les résultats désirés. Câbles qui se rétractent, ballons gonflés à l’hydrogène ou encore mini moteurs fusées : chaque élément pourra être réglé afin de réaliser des choses assez comiques. En plaçant judicieusement des ballons et des moteurs sur un bus, on a ainsi pu créer une plateforme volante bien utile pour plonger sur les ennemis. On a aussi pu créer un véritable filet aérien en reliant des vaches à des ballons, ce qui a eu un effet dévastateur sur les hélicoptères ennemis. La physique loufoque du jeu, et les possibilités hallucinantes permises par le grappin, sont bien sûr parmi les gros points forts du jeu qui contribuent à en faire une sandbox aux possibilités sans fin. Mieux, le fait de pouvoir switcher d’un loadout à l’autre va réellement permettre de réaliser des créations uniques, puisqu’on peut disposer de tous les gadgets en même temps. Bref, ceux qui aiment tout faire péter avec une touche personnelle vont pouvoir se régaler.
I.A. BEAUCOUP DE PROBLÈMES
La liberté est d’ailleurs d’autant plus grande que l’open-world de Solis est une franche réussite. Disposant de plusieurs biômes (désert, montagne, plaines, bord de mer, îles), l’île est pleine de charme, et on peut passer rapidement d’une ambiance à l’autre via le fast-travel (un parachutage en réalité) ou en utilisant un des innombrables véhicules du jeu. Just Cause 4 est toujours une énorme boîte à jouets, avec moult voitures, avions, bateaux et hélicoptères à disposition du joueur afin de pouvoir réduire au maximum les temps de transport, mais aussi pour permettre aux développeurs d’Avalanche de proposer une quantité hallucinante de défis. Ces challenges représentent d’ailleurs la majorité du temps de jeu, tant la campagne principale est anecdotique. D’ailleurs, l’autre activité qui va prendre du temps sera la destruction des défenses de chaque région de la map. Malheureusement, les activités sont très redondantes, et on aura rapidement fait le tour des missions que propose le jeu. Sauver des prisonniers perd de son charme lorsqu’on vit pour la 15ème fois la même cut-scène, ou qu’on désarme pour la 6ème fois des batteries de missiles toujours similaires. Ce ne sont pas les missions où l’on devra aider les nouvelles recrues qui vont casser la monotonie, puisqu’il s’agira ici de sauver les fesses d’une poignée d’IA assez débiles, et au pathfinding désastreux. On a ainsi pu voir des IA, amies et ennemies, en train de s’affronter de part et d’autre d’un bâtiment, comme si la structure était absente. Après quelques balles dans le mur, les jets de grenades auront eu raison de chaque camp, dans une sorte de suicide collectif pathétique. Les choses sont d’autant plus compliquées, car grâce au système de destruction poussé du jeu, les nombreux débris qui jonchent le sol après des grosses explosions sont autant d’obstacles aux bots, qui sont alors bien en peine pour offrir des combats crédibles.
Le moteur APEX de chez Avalanche est à l’agonie pour afficher les détails, et on se retrouve face à un clipping de folie, arbres, maisons, ennemis et ombres apparaissant sous notre nez au dernier moment, et ce, même sur un PC avec une solide configuration
Mais finalement, le pire dans Just Cause 4, c’est probablement la technique globale du jeu. Bien que le titre soit plutôt joli lorsqu’on observe ses paysages au loin, le tout se gâche rapidement une fois en mouvement. Le moteur APEX de chez Avalanche est à l’agonie pour afficher les détails, et on se retrouve face à un clipping de folie, arbres, maisons, ennemis et ombres apparaissant sous notre nez au dernier moment, et ce, même sur un PC avec une solide configuration (i7 8700K et RTX 2080Ti). Pire, le rendu global est très moyen, avec des textures datées et des cinématiques qui sont encore plus moches que le jeu en lui-même, preuve que les investissements ne sont vraiment pas partis sur le scénario et ses à-côtés. D’autres effets font relativement pitié, comme les fameuses tornades où seuls les premiers mètres sont garnis de débris, tandis que toute la partie supérieure est totalement vide. De plus, si le moindre véhicule explosera au contact des vents violents, Rico aura aucun mal à apprivoiser les éléments avec son parachute, sa wingsuit ou lorsqu’il est en chute libre. On n’aura donc aucune arrière-pensée à se jeter dans le maelström avec Rico, ces effets météos étant plus de gros terrains de jeux pour amateurs de vol plané, que des catastrophes naturelles destructrices. De même, une fois certaines missions de la campagne passées, on pourra activer ou désactiver à loisir ces tornades, sans toutefois pouvoir ni les diriger, ni gérer l’endroit de leur apparition, ce qui les rend particulièrement difficiles à exploiter. Dommage, on aurait adoré pouvoir se servir de ces armes de folie afin de restaurer la démocratie sur l’île. Les problèmes se poursuivent lors des missions scénarisées puisqu’après avoir mené une mission au cœur d’une tempête de sable, la cut-scene qui s’en suit nous montre le même endroit, mais baigné de soleil sous un ciel bleu, alors que les éléments étaient déchaînés la seconde d’avant. Enfin, on n’oubliera pas de mentionner les tombereaux de bugs de collision, et les innombrables problèmes de ragdoll.