Test It Takes Two : Josef Farès livre l'un des meilleurs jeux coop' du moment ! sur PS4
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- Une coopération constante et globalement TRÈS bien pensée
- Des dizaines d'outils et de concept de gameplay ulra-variés
- Des ambiances géniales et planantes
- La possibilité de prêter le jeu gratuitement à son partenaire
- On ne s'ennuie jamais
- Deux personnages aux compétences différentes
- Seulement 40 euros (et la version next-gen est comprise dedans)
- Le multijoueur obligatoire, un concept osé mais bénéfique
- Quelques petits problèmes de caméra occasionnels
- Un gameplay qui manque parfois d'un peu de précision
- Une histoire de réunification amoureuse qui peut être un poil insistante
- Il y a tellement d'univers et de concepts que le tout peut manquer d'homogénéité
- La non-utilisation de la DualSense sur PS5
Hazelight Studios et Electronic Arts, c’est désormais une histoire qui roule. Après s’être révélé avec son premier jeu Brothers A Tale of Two Sons en 2013, Josef Fares a finalement fondé sa propre firme avec un nouveau titre pour le compte d’Electronic Arts, A Way Out, uniquement jouable en coopération. Cette aventure carcérale très cinématographique avait fait parler d’elle lors de sa sortie, en 2018, et l’heure est désormais venue pour l’organisation de proposer sa nouvelle expérience : voici donc It Takes Two, un soft obligatoirement jouable à deux pour une aventure colorée, furieusement divertissante et toujours signé EA. L’œuvre la plus aboutie de Fares ?
La coopération semble définitivement être l’élément qui intéresse le réalisateur libano-suédois. Déjà, sur Brothers A Tale of Two Sons. celle-ci primait au centre du gameplay puisque s’axant sur deux personnages à contrôler simultanément (mais avec un seul joueur). A Way Out poussait le concept d’entraide encore plus loin puisque l’aventure n’était pas jouable en solo mais uniquement à deux, en local ou en multi, l’écran scindé apparaissant dans n’importe quel condition. C’est cette dernière formule qui est reprise pour It Takes Two, un jeu totalement inédit sorti des tréfonds de l’imagination des développeurs : ici, impossible de lancer la partie seul puisqu’il faut obligatoirement un coéquipier pour s’immiscer dans son univers. Comme A Way Out, la possibilité de donner le jeu à un ami pour qu’il puisse jouer avec son propriétaire est renouvelée, soit un geste décidément louable de nos jours. Tant mieux, car le soft se déguste particulièrement bien.
HAKIM LE TOUR ?
Cody et May forment un couple en perdition : leur santé amoureuse ne va suffisamment plus pour que le divorce soit visiblement la seule solution, au grand dam de leur petite fille quelque peu déboussolée. Voilà le pitch de départ d’It Takes Two, qui incitera le fruit de leur amour d’autrefois à jeter un sort quelque peu hasardeux à ses parents : les voilà transformés en minuscules poupées d’argile, livrées à eux-mêmes dans les bas-fonds de leur propre maison au sein d’un monde fantastique. Les deux devront alors coopérer pour traverser un tas d’endroits : la cave, le jardin, le grenier, la chambre d’enfant et l’on en passe se transformeront alors en niveaux aux level designs et aux gameplays multiples. Tout du long, le ton est alors volontairement fantaisiste, rythmé par un livre humanoïde, le Dr. Hakim, qui fera office de psychologue de couple à la seule volonté de réunir ce couple perdu et fâché. Une trame qui porte sur la réunification, la compréhension de l’autre et ses torts mais aussi l’enfance, au risque de parfois insister beaucoup : heureusement, l’humour est également récurrent pour alléger les propos qui devraient parler, hélas, à une certaine partie d’entre nous.
INTERSTELLAR
Au-delà d’une narration efficace sans être mirobolante - soulignons tout de même le doublage réussi des deux protagonistes - c’est surtout la myriade d’univers proposée qui séduit véritablement. Tantôt teintés d’humour noir (et pas tellement convenus aux plus jeunes), tantôt emprunts d’une féérie géniale, It Takes Two est un jeu qui fait voyager et qui parvient à renouer avec nos désirs de gosse. Certains niveaux s’avères totalement lunaires, voire presque psychédéliques tandis d’autres nous permettent littéralement d’exaucer des rêves d’enfant avec une légèreté vraiment appréciable. Au bout de la petite dizaine d’heures de jeu proposées pour boucler la campagne, on en ressort presque épuisés tant la variété des décors s’est avérée large et prenante. Cette direction artistique léchée, au risque de pas être parfois très homogène, assure un certain spectacle atmosphérique plaisant à partager avec un autre joueur. Surtout que, ne l’oublions pas, le gameplay d’It Takes Two est sans doute son autre plus grande force.
À DEUX, C’EST TOUJOURS MIEUX
Au contraire d’A Way Out qui misait tout sur le réalisme et le dirigisme, It Takes Two est un jeu qui ose le grand écart en termes de jouabilité. S’il y a bien une base de gameplay - du saut, de l’esquive ou encore les deux combinés - qui permettra d’avancer dans les niveaux avec des phases de plateforme classiques, Hazelight Studios s’est creusé la tête pour instaurer une pléthore de concepts coopératifs : dans chaque niveau, on disposera d’outils éphémères - des aimants, un clou et un marteau, de la cire inflammable et des allumettes, etc. - avec de nombreuses “énigmes” à résoudre pour avancer. Il y a aussi de véritables phases d’action, parfois même de gros clins d’œil savoureux à l’histoire du jeu vidéo, avec toujours ce même mot d’ordre : la coopération. It Takes Two n’est pas qu’extrêmement varié dans ses phases de jeu, il demande aussi de la réflexion constante à deux, laquelle aboutit sans trop de longueurs à la résolution des casses-têtes. On se retrouve donc presque constamment devant un nouveau concept : c’en est parfois même tellement que l’on se demande si l’on n’a pas devant les yeux une succession de mini-jeux plutôt qu’un titre entier et véritable. À vrai dire, qu’importe puisque le soft dispose finalement de ressources multiples et insoupçonnées, tant dans son gameplay que dans ses environnements. Si tout ce tintouin est évidemment le bienvenu, certains pans manquent aussi d’un peu de maîtrise : on remarquera quelques imprécisions de gameplay dans la plateforme ou des petits problèmes de caméra, mais on passera rapidement outre grâce à cette ambiance bon-enfant et cette volonté sans faille de variété. À vrai dire, on n’ose même pas imaginer le nombre de créatifs qui ont dû s’acharner à écrire et concevoir des idées multijoueur : heureusement, le tout fait mouche et c’est bien ce qu’on demande à Hazelight Studios.
VOYAGE RÊVEUR
Maintenant que l’on sait qu’It Takes Two est indéniablement un bon jeu, il reste encore à voir si son aspect technique suit la tendance en 2021. Pour ce test, nous avons pu nous appuyer d’une version PS5 particulièrement propre, sans bugs ni latence avec quelques jolis effets de lumière et des panoramas appréciables. La réalisation graphique est donc efficiente sous pour autant décrocher des mâchoires : malgré le soutien indéfectible d’Electronic Arts, on rappelle qu’Hazelight Studios reste un “petit” studio de 65 employés en pleine expansion dont les prouesses techniques restent encore à prouver. Finalement, on se reposera essentiellement sur la direction artistique réussie - extrêmement variée, parfois même expérimentale - ainsi que sur une bande-son qui l’est tout autant pour plonger corps et âme dans ce climat 100% rêveur. Au final, notre plus grande déception repose sur l’utilisation de la DualSense, totalement passée à la trappe alors qu’il y avait tellement à faire, nous confortant dans l’idée qu’il s’agit plus d’un portage PS4 un poil fainéant qu’autre chose. D’ailleurs, soulignons que la mouture next-gen est automatiquement comprise dans l’achat de la version PlayStation 4/Xbox One (et inversement), un autre bon point à prendre en compte quand on sait que le titre ne coûte qu’une quarantaine d’euros. D’ailleurs, notons qu’il est tout à fait possible de recommencer le jeu en inversant les personnages et donc en profitant d’un gameplay différent - Cody maîtrisera davantage la précision tandis que May s’axera sur l’action - ce qui garantit une certaine rejouabilité. Et à vrai dire, It Takes Two permet tellement de se rafraîchir au milieu de ce qui se fait actuellement que l’on y replonge avec un certain plaisir.