Test Imperial Glory

Après leurs multiples coups d’éclat dans le domaine des jeux de stratégie, les développeurs préfèrent aborder une tout autre facette du genre pour leur nouvelle production. Ainsi, on retrouve dans Imperial Glory un système hybride entre la stratégie au tour par tour et le temps réel. Une prise de risque énorme pour un résultat plutôt mitigé.

"La crainte fit les dieux, l’audace a fait les rois"

Avant de se lancer à corps perdu dans la bataille, l’initiation constituera un passage obligatoire pour maîtriser les différents aspects de la gestion économique ainsi que les batailles maritimes et terrestres. On y découvre ainsi une interface d’une grande simplicité, ce qui assure une prise en main immédiate et confortera les débutants. Par la suite, le mode "Campagne" vous proposera de réécrire l’Histoire aux commandes de la nation de votre choix parmi les grands empires de l’époque, dont la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Prusse, la Russie et la France. Vous pouvez ainsi remporter la victoire par la conquête totale de l’Europe ou gagner aux points en assurant le score maximum à la fin du 480^ème tour de jeu. Découpée en une multitude de provinces, la carte couvre toute l’Europe et les côtes méditerranéennes. Vous serez amené à faire face, bien sûr, à d’autres nations qui ne cacheront pas leurs ambitions expansionnistes mais qui ne sont, en revanche, pas jouables. Chaque province produit de manière variable un certain nombre de ressources (4 principales) que sont l’or, les matières premières, la nourriture et la population. Ainsi, certaines régions seront plus attractives que d’autres et les contrôler sera un atout non négligeable. Mais quoi qu’il en soit, chaque nation ne peut produire ses unités et son savoir scientifique qu’au travers de sa seule capitale, ce qui place d’emblée tout le monde sur un pied d’égalité. Pour annexer durablement un pays et faire main basse sur toutes ses conquêtes, il convient donc de faire le siège de sa même capitale durant une période proportionnelle aux forces engagées dans le conflit. Par la suite, mieux vaut laisser quelques unités en garnison dans l’hypothèse qu’un voisin un peu trop belliqueux ne soulève une révolte ou prenne tout simplement le contrôle de la zone avec une simple unité. Le recours à la force n’est heureusement pas systématique et on pourra passer par la voie diplomatique pour arriver à ses fins, notamment avec le mariage arrangé de votre progéniture avec une autre famille princière, qui vous assurera de nouvelles terres ou une paix sacrée et inviolable ; l’achat d’un territoire moyennant finance ou encore tenter une annexion pacifique. Ce dernier cas réclame une osmose parfaite avec la population en question et se veut donc un processus coûteux et particulièrement difficile à mettre en place.

"Au jeu d’échecs, les fous sont les plus près du roi"

Pour que votre empire progresse voire subsiste simplement, il ne faudra pas négliger la gestion économique, ni la voie diplomatique, ni la recherche scientifique, ni même votre potentiel militaire, tant ces domaines sont liés l’un à l’autre. Chaque province produit déjà à la base une certaine quantité de ressources mais il deviendra vite indispensable de construire de nouveaux édifices pour accroître leur productivité. Ainsi, il est vivement conseillé de bâtir rapidement des entrepôts pour stocker le surplus de nourriture et ainsi ne pas tomber en rade en période de guerre et donc voir démobiliser presque toutes ses troupes au moment où l’on a le plus besoin. De même, une entente cordiale avec un pays voisin permettra de signer des traités économiques et d’ouvrir des routes maritimes et terrestres commerciales. Très inspiré de Civilization, le système de découverte scientifique se compose d’une arborescence dans lequel vous pourrez effectuer la prochaine recherche. Repérable par un code de couleur, certaines découvertes auront une influence certaine dans la vie politique, militaire ou économique. Une fois l’arborescence complétée, on choisit un nouveau mode de gouvernement et une nouvelle ère débute. Parfois, une découverte déclenchera une quête et le premier pays à remplir les conditions de cette dernière empoche la récompense qui n’est jamais négligeable. Il faudra également former une armée digne de ce nom et bien protéger ses territoires car vos adversaires possèdent une intelligence artificielle redoutable. Les batailles sont généralement meurtrières et il faudra un potentiel technologique très élevé pour pouvoir simplement soigner les survivants. On risque donc de se retrouver très affaibli d’autant plus que former de nouvelles troupes réclament un investissement énorme en temps et en argent. Plus clairement, on peut être tenté de commettre des erreurs en voulant aller plus vite que la musique, en envoyant par exemple toute votre armée se faire décimer pour assouvir votre soif de conquête. Mais n’oubliez pas une chose, c’est que de l’autre côté, les autres nations jouent dans la même cour que vous et n’hésiteront pas à vous enfler si l’occasion s’en présente.  

"L’été, c’est moi !" ("Le Soleil Roi")

Etant donné le grand nombre de batailles qui s’annonce, il est heureusement possible de les simuler. En tous cas, on est jamais mieux servi que par soi-même si vous voyez où je veux en venir. En effet, si les résultats sont globalement plausibles, ils sont parfois totalement fantaisistes et il suffit de commander les unités pour faire la part des choses. Ainsi, alors que l’ordinateur vous donnait statistiquement perdant, il est possible de gagner avec des pertes tout à fait infimes. Et c’est bien là un problème. Les batailles en trois dimensions contrastent énormément en qualité avec le reste du jeu. L’ennemi agit inconsciemment et divise son armée en une série de petites unités que l’on aura tôt de mater une par une. Plus fort, il va jusqu’à laisser toute son artillerie sans le moindre soutien ni la moindre protection. Et ce n’est pas la gestion de la caméra beaucoup trop moyenne qui arrangera le fait que les combats sont beaucoup trop brouillons pour développer une réelle stratégie. De même, si les objectifs pour remporter la victoire sont généralement variés comme tenir une position durant un laps de temps ou encore assiéger une place forte, on se contente d’éliminer purement et simplement l’armée ennemie tellement le timing demandé est beaucoup trop long et va en moyenne jusqu’à 30 minutes alors que 5 suffiraient amplement. Quel dommage également qu’il ne soit pas possible de mettre le jeu en pause pour donner plusieurs ordres. Les batailles maritimes deviennent ainsi extrêmement difficiles à gérer et le simple fait que le pointeur de la souris ne fonctionne qu’une fois sur deux, nous encourage vivement à oublier leur existence même si elles regorgeaient de bonnes idées à la base. Les batailles en 3D sont donc ratées et quand on sait que les modes "Partie Rapide" et "Batailles Historiques" reposent entièrement sur ces dernières, Imperial Glory y perd beaucoup de son intérêt. Et que dire aussi de ces nombreux plantages à répétition sans raison apparente ? De ces chargements trop longuets ? Le constat arrive, implacable, il faudra donc attendre un patch pour voir disparaître ce problème. Mais tant que les jeux PC s’orienteront dans cette voie, il est certain qu’ils représenteront un genre mineur par rapport aux productions consoles.

En fin de compte, Imperial Glory reste somme toute un jeu honnête et bien sympathique mais son manque évident de profondeur sur de nombreux plans ne lui permette pas de se réserver une place dans le cœur des joueurs les plus aguerris.