Test Hotline Miami 2 Wrong Number sur PC sur PS4

Qu'on se le dise, Hotline Miami 2 est un jeu moche. Volontairement moche. Même dans les plus hautes résolutions les graphismes restent pixelisés à outrance, tandis que les visages des personnages (qui apparaissent en gros plan lors des dialogues) sont d'une laideur rare, et semblent avoir été réalisé par un ado en mal d'occupation durant ses cours de philo. Mais cette direction artistique (faut-il vraiment la qualifier ainsi ?) est pleinement assumée, et nous rappelle en permanence que nous avons affaire à un titre indé. On aime ou on déteste. Une chose est sûre : le succès du premier épisode à travers le monde prouve qu'il y a de nombreux amateurs pour les tronches de cake pixelisées. Ainsi que pour la vulgarité et l'ultra violence, qui furent des composantes essentielles de Hotline Miami et qui tiennent une nouvelle fois la vedette dans ce second volet. D'un point de vue visuel, on remarquera tout de même que l'emballage général se montre un peu plus facile d'accès que les graphismes à proprement parler. La titraille utilise des couleurs fluo criardes et ultra saturées, tandis que les menus reprennent les codes des magnétoscopes d'antan, jusqu'aux artefacts d'usure des bandes magnétiques. Tout cela fleure bon les années 80 et 90, est plutôt bien fichu, et prouve indirectement que le mauvais goût des développeurs en matière de graphismes est bel et bien volontaire. D'ailleurs, en ce qui concerne la bande-son, ils font preuve d'un talent indéniable. Les différentes musiques électroniques qui soutiennent l'action sont diablement efficaces et méritent à elles seules le détour. Dommage en revanche qu'aucune voix ne vienne doubler les dialogues. Le passage à un second épisode aurait pu être l'occasion d'améliorer ce point, et de renforcer l'ambiance salement urbaine de l'aventure. Par ailleurs, en ce qui concerne le gameplay, on a toujours droit à un mélange entre action et infiltration (avec un curseur placé toutefois nettement plus sur le premier élément que le deuxième).

GTA MIAMI VICE
 

La vue de dessus associée aux gerbes de sang décomplexées et aux assassinats gratuits rappelle les deux premiers GTA, mais l'action se concentre ici sur les meurtres à la chaîne. A coups de poings, de battes de baseball, de barre de fer ou de bâton si l'on souhaite rester discret et ne pas rameuter les autres ennemis alentours. Ou, au contraire, à coups de pistolets, fusils à pompe et mitrailleuses si l'on souhaite jouer plus nerveusement. Rentrer dans le tas, multiplier les combos et enchaîner les kills de manière intrépide tout en étant porté par la bande son diablement entraînante est nettement plus risqué que d'étudier patiemment les rondes des gardes, mais c'est également nettement plus gratifiant. Dans tous les cas, vous mourrez souvent, le jeu étant clairement basé sur le principe du "die and retry". Dernière composante essentielle d'un Hotline Miami : les masques d'animaux que votre personnage peut porter. Vue de dessus et gros pixels obligent, leur intérêt esthétique est très limité. En revanche, chacun d'entre eux modifie légèrement le gameplay, en offrant une capacité spécifique au personnage (roulade, coup de poings qui tuent en un coup...) et parfois en lui en retirant une autre (la possibilité d'utiliser les armes à feu par exemple).

Seul le masque de cygne, qui donne le contrôle de deux personnages au lieu d'un, est vraiment novateur. En dehors de ça, Hotline Miami 2 pourrait presque se résumer ainsi : nouveaux niveaux, nouveau scénario. 

Les amateurs de la série l'auront remarqué : la plupart des aspects évoqués précédemment sont directement hérités du premier épisode et repris quasiment à l'identique dans le second. On note bien quelques changements ici ou là en ce qui concerne les masques (certains sont nouveaux, d'autres sont modifiés, et il y en a beaucoup moins qu'auparavant) mais rien de tout cela ne bouleverse fondamentalement l'expérience de jeu. Seul le masque de cygne, qui donne le contrôle de deux personnages au lieu d'un, est vraiment novateur. En dehors de ça, Hotline Miami 2 pourrait presque se résumer ainsi : nouveaux niveaux, nouveau scénario. Ce dernier point est d'ailleurs assez discutable puisque le jeu multiplie les points de vue, les personnages jouables, les histoires croisées, les événements qui s'avèrent finalement être de simples scènes de films, et autres flashbacks. La narration est donc extrêmement décousue, voire réellement confuse par moments. On pourra également regretter que l'intelligence artificielle n'aie pas évolué en trois ans. Les ennemi passent à côté des cadavres de leurs collègues sans sourciller, tandis qu'il suffit de se mettre près d'une porte pour attirer un à un les gardes alentours et les tirer comme des lapins. Tout cela n'empêche pas le jeu d'être un excellent défouloir, mais les développeurs auraient pu profiter de ce second épisode pour passer la vitesse supérieure, du point de vue de la technique (graphismes, I.A., voix...) comme du gameplay. Ils ont finalement préféré joué la carte de la sécurité... ce qu'on ne peut pas complètement leur reprocher étant donné le succès rencontré par le premier volet. En tant que fan, vous voilà donc prévenus : si vous souhaitez simplement profiter de quelques heures supplémentaires à Miami, ce Wrong Number est un bon numéro ! En revanche si vous espériez de véritables nouveautés, mieux vaut passer votre chemin pour le moment et attendre une baisse de prix. Quant à ceux qui ne connaîtraient pas encore Hotline Miami, ils auront tout intérêt à se plonger plutôt dans le premier épisode qui, du coup, ne prend pas vraiment de coup de vieux face à son successeur.