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Comme pour Halo 2, il faut considérer ce troisième opus de deux manières différentes. D’un point de vue de la campagne solo, Halo 3 a de quoi décevoir avec ses six petites heures de jeu même si la recherche des crânes, les modes de difficulté supplémentaires et le mode coopératif à quatre en ligne sont là pour relancer l’intérêt du jeu. Concernant le multijoueur, aucun reproche à faire par contre. Bungie nous sert là un soft ultra complet, avec des challenges intéressants et un esprit communautaire plus abouti encore que sur Halo 2. Reste enfin la réalisation générale du jeu. Halo 3 n’est pas le plus beau jeu de la Xbox 360. Même si plusieurs efforts ont été effectués pour accentuer les graphismes du jeu, le level design manque d’inspiration dès lors que l’on pénètre dans un bâtiment. L’impression de traverser d’anciens niveaux de Halo et Halo 2, et même de revivre certaines de leurs séquences est plus que prononcée. Difficile dans ces conditions de ne pas croire que Bungie a cédé à une certaines facilité pour se focaliser sur le multijoueur, comme ce fut le cas pour Halo 2 d’ailleurs. N’empêche que malgré les défauts qu’on lui trouve, on prend plaisir à jouer à Halo 3 avec ses missions intenses, sa mise en scène très cinématographique et ses musiques qui nous donnent la chaire de poule.
- Multijoueur ultra complet
- La personnalisation et l’envoi de fichiers
- Jouable en coopératif en ligne
- Prise en main toujours aussi réussie
- Certaines missions vraiment prenantes
- Des niveaux plus vastes
- Les musiques de Martin O’Donnell
- Pas bien long
- Réalisation graphique inégale
- Certains schémas de jeu qui se répètent
- Un level-design un peu trop familier
- Quelques bugs sonores et visuels
Devenue l’égérie de la marque Xbox dès 2001 avec son premier opus, la série Halo s’est imposée très rapidement comme la référence console des FPS, même après un Halo 2 qui se finissait en eau de boudin et privilégiait indéniablement le multijoueur à la campagne solo. Après s’être fait voler la vedette par un certain Gears of War, la série de Bungie est fin prête à remplacer le jeu d’action d’Epic Games dans le cœur des joueurs, et à s’imposer en patron sur le Xbox Live avec le troisième et ultime opus de la saga Halo.
Les craintes formulées autour de la sortie de Halo 3 n’étaient pas totalement infondées. Il y a maintenant trois ans, Halo 2 avait divisé l’opinion publique avec un jeu bien trop court qui nous laissait sur notre faim, un Arbiter qui débarquait comme un cheveu sur la soupe et qui, comble de la frustration, reléguait le Master Chief comme personnage secondaire. Seul le multijoueur avait su fédérer la majorité des joueurs Xbox première génération. C’était à se demander si les équipes de développement de Bungie n’avaient pas œuvré dans le but secret de promouvoir le service de jeu en ligne de Microsoft, afin que le Xbox Live prenne une longueur d’avance sur la concurrence. Maintenant que son succès est indiscutable, la série doit se terminer en apothéose avec un troisième opus exclusivement dédié à la Xbox 360, et qui consoliderait son statut de leader des FPS consoles tout en trouvant la recette miracle pour que les joueurs solitaires ne se retrouvent pas lésés. Et lorsqu’on voit ce que la machine de Microsoft est capable de faire en terme de réalisation, avec des jeux tels que Gears of War, Lost Planet ou BioShock, il y a de quoi saliver d’avance.
Finish the fight
Avant d’entamer ce Halo 3, il est plus que conseillé d’avoir fait les opus précédents pour se remémorer la situation, et surtout mieux apprécier le scénario final de cette trilogie. Mais un petit rappel des faits s’impose pour les quelques cancres qui ont séché les cours en mars 2002 et novembre 2004, et veulent tout de même s’imprégner du scénario. En 2552, l’Humanité est sur le point de s’effondrer. En plus de se coltiner une guerre contre les Covenants, une race extraterrestre qui veut accomplir un rituel religieux appelé le Grand Voyage, les humains vont avoir affaire à une menace beaucoup plus grande encore. Emmenés par leurs prophètes, les Covenants doivent activer d’immenses anneaux pour accomplir leur destinée. Mais les ambitions religieuses de certains ne sont ici qu’un prétexte pour détruire purement et simplement toute forme de vie de la galaxie, en réveillant le Parasite qui n’hésitera pas à s’accaparer les corps des défunts soldats pour grossir les rangs de son armée, et continuer ainsi sa marche vers le génocide des races. Alors que deux halos sont déjà opérationnels, les Covenants font route vers la Terre. Au beau milieu de ce cheptel d’extraterrestres, on retrouve la grande vedette de la série, le Spartan-117, légèrement cabossé mais toujours opérationnel. Il n’a même pas le temps de se remettre de ses émotions de Halo 2 qu’il doit déjà reprendre le combat. Cette fois-ci, il n’est plus seul. Même si la résistance de l’UNSC a été affaiblie, il pourra compter sur l’appui de l’Arbiter et de ses Elites pour mettre fin à ce tourment et, surtout, retrouver Cortana, l’élément clef des anneaux qui, aux dernières nouvelles, semble être quelque part dans le vaisseau Grand Bonté. Mais avant de rejoindre l’unité spatiale Covenant gangrenée par le Parasite, il faudra faire le ménage sur Terre aux côtés du Sergent Johnson ou de Miranda Keys, fille du feu Commandant Keys mort sur Halo.
Truth and Reconciliation
C’est ainsi que commence la première mission du jeu. Aider les survivants de l’armée UNSC en éliminant les forces Covenants implantées sur notre planète. Et c’est aussi l’occasion de découvrir, enfin, la campagne solo et sa réalisation graphique tant décriée pendant la phase de bêta-test multijoueur du jeu. On tient à vous rassurer tout de suite, il y a du mieux. Cependant, n’espérez pas découvrir un jeu de la trempe d’un BioShock. Halo 3 en est loin, tout simplement parce que l’environnement s’y prête très mal. Ici, on n’est pas dans un FPS de couloirs tel que Doom, même si plusieurs niveaux se dérouleront exclusivement à l’intérieur des bâtiments. On commence donc par une forêt luxuriante, scène de jeu idéale pour découvrir tous les effets next-gen rajoutés par Bungie. L’eau, les reflets sur les rochers, la luminosité du soleil couchant, les armures des soldats humains, des aliens, ou de notre Master Chief, tous ont eu droit à leur coup de bistouris pour un résultat appréciable. La modélisation des ennemis a gagné en finesse, alors que les expressions faciales des humains auraient mérité plus d’attention de la part des développeurs. Seuls les personnages principaux sont en nette amélioration en terme de détails, tout comme les cinématiques et cut scenes moins granuleuses que dans Halo 2. Mais en règle générale, le level design est souvent inégal, surtout si l’on compare les environnements extérieurs au décor intra-muros de certains bâtiments. En pleine nature, c’est le champ de vision qui nous surprend encore, bien qu’il s’agisse toutefois de la marque de fabrique de la série. Tantôt envoûtant, tantôt mystérieux, l’éclairage contribue énormément à se plonger dans l’intensité des affrontements ; chose beaucoup moins présente lorsque l’on pénètre à l’intérieur d’un bâtiment. Hormis quelques effets de lumière et des couleurs un peu flashies ici ou là, on reste perplexe face à certaines textures modélisées de façon grossière, et au manque d’originalité évidemment. Vous allez répondre que c’était déjà le cas avec Halo : Combat Evolved et Halo 2, et ce n’est pas faux. Mais au bout de cinq ans, on commence à faire une overdose de ces mêmes couloirs métalliques. On en reviendrait presque à se demander si Bungie n’a pas cédé à la facilité pour la création du level design. A ce propos, si les levels sont majoritairement beaucoup plus vastes avec une multitude de passages, ils restent néanmoins assez linéaires et obligent parfois à quelques longueurs de jeu inutiles. Mais le plus agaçant dans l’affaire, c’est que l’on vous obligera régulièrement à faire des allers-retours dans un même lieu et, évidemment, massacrer de nouveaux ennemis pour atteindre un nouvel objectif. On aurait aimé plus d’originalité dans ce domaine-là, car le principe des missions a si peu évolué depuis les opus Xbox que l’on ne sera pas dépaysé, à pied ou à bord de véhicules.
This is the way the world ends
Ghost, Warthog, Scorpion, Banshee et Apparition sont toujours de la partie dans Halo 3, mais de nouveaux engins motorisés ont été créés tout spécialement pour ce troisième épisode. Grâce à la bêta, on connaissait le rapide mais peu robuste Quad Mangouste. On peut désormais contrôler un Hornet qui est un appareil mi-avion, mi-hélicoptère. Cet engin de l’armée UNSC peut accueillir jusqu’à trois soldats à son bord, et balancer des missiles guidés en plus de sa mitrailleuse. Côté Covenant, on n’est pas à plaindre avec l’arrivée du Chopper et du Prowler, pas très maniables cependant. L’arsenal a également été revu avec plusieurs nouveautés. Tout d’abord, il est possible d’embarquer avec soi jusqu’à quatre types de grenades. On retrouve les traditionnelles grenades à fragmentation, les plasma, mais aussi les grenades directionnelles appréciées par les Brutes, et des capsules enflammées pour faire cramer n’importe quel adversaire. Pour ce qui est des armes à feu, on conserve majoritairement l’équipement qui a fait le succès de la série, qu’il s’agisse du pistolet M6G, du fusil d’assaut ou à pompe, du sniper, du lance-roquettes et de leurs déclinaisons extraterrestres. Un total de quinze armes auxquelles viennent se greffer huit nouvelles : le Laser Spartan, le Spiker Brute, le Mauler, trois armes de soutien à arracher de certaines tourelles (canon à plasma, mitrailleuse, module lance-missile), le lance-flamme et le Marteau Anti-Grav qui envoie valdinguer objets et ennemis au moindre choc. L’autre nouveauté de l’artillerie de Halo 3, c’est l’arrivée des équipements supplémentaires qui vous donneront un coup de main en combat, comme les mines anti-personnelles, les bulles de protection, le module Anti-Grav, le camouflage ou le drain d’énergie. Toutes ces armes associées aux différents véhicules donnent donc des séquences de jeu où on ne risque pas de s’ennuyer. Et forcément, avec les musiques de Martin O’Donnell derrière, la moindre joute prend une tournure épique. Cette sensation va crescendo au fil des missions, une aubaine car Halo 3 est relativement court. Comptez tout juste six heures de jeu pour en venir à bout en normal. C’est insuffisant pour un jeu de ce calibre, surtout lorsqu’on se souvient des nombreuses heures de jeu sur le Halo originel. Encore une fois, mieux vaut démarrer la campagne en Héroïque ou en Légendaire pour ne pas trop souffrir de cette faible durée de vie. Cependant, même en normal il arrive que l’on bloque sur certaines séquences, non pas à cause d’une arrivée massive de renforts ennemis, mais simplement qu’à la différence de Halo 2, on économise ses munitions. On passe son temps à changer d’arme, et n’espérez pas finir le niveau avec votre arme d’origine. Il faudra régulièrement se contenter de petites pétoires avant de mettre la main sur une arme beaucoup plus efficace. En revanche, la durée de vie solo de Halo 3 peut être plus longue qu’il n’y paraît si vous êtes du genre à fouiner les moindres recoins d’une map pour y découvrir des crânes. Ils ne sont pas juste décoratifs, et vous permettent de débloquer des nouvelles armures pour la création de votre avatar en multijoueur, ainsi que de nouveaux challenges pour pimenter l’aventure. De plus, il est enfin possible d’entamer une campagne en coopération avec trois autres joueurs sur le Xbox Live. Le premier incarnera le Master Chief, les trois autres se retrouveront dans la peau de l’Arbiter et de ses acolytes.
Le héros d’un autre
Puisque l’on parle du jeu en ligne, difficile de ne pas faire un aparté sur le multi de Halo 3. Si dans le fond on dispose des mêmes bases que dans Halo 2, les développeurs de Bungie ont encore plus travaillé l’esprit communautaire de leur FPS. C’est ainsi que l’on retrouve encore le système de classements et de rangs qui évoluent en fonction de vos victoires en parties classées, mais aussi en fonction de vos défaites et de vos déconnexions pour empêcher les mauvais perdants de quitter prématurément un combat sans en subir les conséquences. Désormais, deux catégories de parties vous sont proposées. Tout d’abord, les traditionnels matchmakings classés influeront sur votre niveau. Ils vous permettent également d’affronter des joueurs en fonction de la qualité de la connexion, de votre langue – une option qui se perd de plus en plus soit dit en passant – ou de votre grade actuel. Seul, en double ou jusqu’à quatre, le choix reste impressionnant compte tenu que cette option génère automatiquement les maps, les armes et les modes de jeu parmi cinq sélections différentes. La seconde option dite Sociale fera augmenter votre expérience de jeu en collaborant avec des joueurs inconnus, ou des amis, sur six modes de jeu accueillant parfois jusqu’à seize joueurs. Mais la grosse nouveauté du multi de Halo 3 est l’apparition de La Forge. Cet éditeur de niveau vous octroie la possibilité de personnaliser n’importe quel level en modifiant l’emplacement des armes, leur temps de résurrection, en ajoutant des véhicules, des décors, des tourelles, des téléporteurs et bien d’autres éléments encore. Bien sûr, vous êtes limités dans la création d’objets. Il faudra alors surveiller régulièrement votre budget et, pourquoi pas, récupérer certains items déjà existants pour renflouer vos caisses. Cette option est d’autant plus amusante qu’il est possible de modifier l’ensemble des éléments d’une carte alors que des joueurs se fraggent à l’autre bout du niveau. Par la suite, on peut sauvegarder son œuvre avant de la mettre en partage sur le réseau commun de Halo 3. Un ajout terriblement efficace qui va de pair avec la deuxième nouveauté du titre, le Mode Cinéma. Cette fois-ci, vous n’êtes plus acteur mais téléspectateur de vos propres exploits. Mieux, vous en serez même le metteur en scène. Que vous jouiez en solo, en multijoueur ou en coopération, une vingtaine de vidéos seront stockées, et vous pourrez les visionner à tout moment et de n’importe quel point de vue en baladant librement la caméra. Ralentir, accélérer, zoomer sur un fait important, admirer les gerbes des explosions, faire des captures d’écran et enfin balancer la vidéo en partage de fichier, tout est possible. Jamais un jeu multijoueur sur consoles, et peut-être même sur PC, n’était allé si loin dans l’art de souder une communauté. Et de ce point de vue, Halo 3 ne déçoit pas, bien au contraire. Il risque d’être joué pendant encore de longues années sur le Xbox Live, à l’instar de son prédécesseur.