Test Gunborg Dark Matters : court mais sacrément intense et plaisant ! sur PS4
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Exigeant mais jamais injuste, court mais intense, classique mais bien réalisé, Gunborg : Dark Matters a tout de la petite production indé charmante. Qu'il s'agisse des visuels semi-rétro, de la bande-son électronique, ou du gameplay extrêmement fluide, tous les éléments essentiels fonctionnent bien. Même la difficulté élevée n'est pas vraiment un problème, car le découpage des niveaux en petites sections permet au joueur malchanceux ou malhabile de retenter sa chance très rapidement à chaque mort. Seul le manque de contenu vient ternir le bilan final. Entre la durée de vie limitée à deux ou trois heures si on ne cherche pas à maximiser les scores et la timidité de la narration, Gunborg laisse forcément un arrière-goût de trop peu.
- Un gameplay exigeant mais jamais injuste
- Des combats et des mouvements d'une grande fluidité
- Une bande-son synthwave fort agréable
- Une direction artistique vive et séduisante
- La narration est totalement reléguée au second plan
- Très court si on ne recherche pas la perfection
- On n'aurait pas dit non à un petit "dash"
Ricpau Studios tire son nom de Rickard Paulsson, un développeur touche à tout qui signe son premier jeu avec Gunborg : Dark Matters. Responsable du level design, de la direction artistique et de la programmation, ce suédois multitâches a seulement fait appel à un compositeur et un bruiteur pour mener à bien son projet. Vous l'aurez compris, nous avons affaire à un archétype de production indépendante même si, en plus des versions numériques, le jeu a droit à une sortie physique sur certaines plateformes (PS4, PS5 et Switch) grâce à l'éditeur Red Art Games. Mais peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Et cette dernière est bien présente, même si elle ne dure hélas pas bien longtemps.
Clairement orienté vers le skill et le gameplay, Gunborg ne s'encombre d'aucune narration véritablement digne de ce nom. Petite intro en dessins légèrement animés, courts échanges de dialogues avec les trois boss du jeu et… c'est tout ! Le scénario n'est dévoilé que succinctement et tardivement, puisque les motivations ou même le nom de l'héroïne n'apparaissent qu'après plusieurs niveaux, et de manière anecdotique. Bref, vous incarnez une mercenaire chargée de nettoyer un vaisseau spatial des ennemis qui l'habitent, et c'est à peu près tout ce qu'il y a à savoir. Cette timidité narrative est d'autant plus regrettable que la direction artistique ne manque pas de charme. Il y avait donc matière à afficher de sympathiques séquences intermédiaires et à renforcer ainsi un univers qui aurait pu devenir alors plus marquant. Heureusement, il reste possible de profiter de beaux visuels durant les séquences de jeu. Les teintes vives à tendance "rose fluo des années 80" conviennent parfaitement bien à l'ambiance SF, qui se voit également épaulée par une bande-son électronique très efficace. Nous nageons donc en pleine synthwave, ce qui n'est franchement pas pour nous déplaire. La simplicité relative des décors ne nous a pas gênés, cette sobriété architecturale ayant l'avantage de la lisibilité. Et ce point est loin d'être négligeable au vu de la difficulté générale. Gunborg répond en effet parfaitement au célèbre aphorisme "facile à appréhender mais dur à maîtriser". La prise en mains initiale ne pose en effet aucun problème, car les mouvements sont fluides et le personnage facilement maniable. Un stick pour se déplacer, un autre pour orienter la visée, un seul bouton d'attaque, rien ne semble insurmontable à première vue.
C'EST COURT MAIS C'EST BON
Le jeu paraît même particulièrement généreux quand on se rend compte que les trois activations possibles du jetpack de l'héroïne lui permettent au final de réaliser non pas un double, non pas un triple, mais bel et bien un quadruple saut ! Le bouclier est quant à lui un élément extrêmement intéressant puisqu'il sert à la fois à se protéger des tirs ennemis, à les renvoyer (y compris les grosses boules électriques des boss), à rebondir sur certains éléments dangereux du décor, et comme arme de mêlée. Il aurait été bon qu'un "dash" soit disponible pour se sortir plus facilement des situations les plus tendues, mais il faut faire sans. Si le système de combats nous propose une épée comme arme de base, il est également possible de ramasser les fusils des ennemis. Lance-flammes, lance-grenades, tir à tête chercheuse, tir droit, tir en cloche ou encore arme laser, la panoplie est relativement variée mais les munitions sont toujours très limitées. Une mécanique d'énergie obscure se déclenche quant à elle lorsque le multiplicateur de score atteint x3, décuplant ainsi la puissance des armes. Mais tous ces outils ne changent rien à l'affaire : Gunborg est un jeu difficile, qui demande qu'on s'y reprenne à plusieurs reprises lors de nombreux passages. C'est également vrai pour les boss, qui exigent de nombreux essais avant d'être vaincus, certaines de ces tentatives étant dédiées à l'apprentissage de leur différentes phases d'attaques.
La difficulté est donc plutôt "à l'ancienne", mais le bon gars Paulsson a tout de même tenu à une certaine dose d'accessibilité. Ainsi, la réapparition de l'héroïne en cas d'échec est quasiment immédiate, ce qui rend les essais façon "die and retry" largement supportables. De plus, les niveaux sont relativement courts, et découpés en sections encore plus modestes. Le début de chaque section fait donc office de sauvegarde automatique, et on ne se retrouve jamais à refaire en boucle des passages trop longs. Le parfait équilibre entre difficulté et accessibilité nous semble avoir été trouvé, sachant qu'un mode facile est disponible pour qui voudrait disposer d'un point de vie supplémentaire. Le mode Hardcore ne se débloque quant à lui qu'en collectant dans les différents niveaux suffisamment de petits robots relativement difficiles d'accès. Ces recherches optionnelles permettent également de débloquer quelques minuscules niveaux bonus, ce qui n'est vraiment pas de trop car la durée de vie de base est vraiment faible. Si votre but est uniquement de voir la fin des douze (petits) niveaux de l'aventure en mode facile ou normal, alors Gunborg ne vous occupera que deux ou trois heures. C'est peu, bien trop peu. Seuls les amateurs de high-scores arriveront à pleinement rentabiliser leur achat, en cherchant à maximiser leur rang final dans chaque niveau. Ce rang est calculé en fonction du score des combats, des robots récupérés, du temps mis pour terminer le parcours, de la santé restante et du niveau de difficulté. C'est toujours bon à prendre, mais nous aurions tout de même préféré pouvoir profiter d'une aventure plus longue.