Test également disponible sur : PS4

Test Gran Turismo Sport : la série en a-t-elle toujours sous le capot ? sur PS4

Test Gran Turismo Sport : la série en a-t-elle toujours sous le capot ?
La Note
note Gran Turismo : Sport 15 20

Autrefois rempli de contenu et d’activités pour pousser les joueurs à devenir des amoureux de l’automobile, Gran Turismo Sport signe une réorientation radicale de la série. Désormais, il n’est plus question de rendre les joueurs accro au sport auto en leur montrant que finalement on peut s’amuser quelle que voit la voiture, mais de les faire devenir des compétiteurs. Avec un mode solo qui n’est finalement qu’un tutoriel, l’essence même du jeu sera donc d’affronter les autres joueurs en ligne, mais à l’heure actuelle, on a du mal à se prendre au jeu, la faute au système de RFP et de pénalités encore mal ficelé. Néanmoins, Gran Turismo Sport reste toujours une alternative viable pour les joueurs qui cherchent un marchepied vers la simulation, ainsi qu’un jeu où il sera possible de se faire plaisir assez facilement sans devoir y passer de trop nombreuses heures. Globalement, ce nouvel épisode souffle le chaud (par sa physique et les promesses de son multi) et le froid (par son contenu faiblard et les tares héréditaires de la série). Reste à voir si les DLC et autres mises à jour permettront de nous faire pencher vers le Yin ou le Yang de cet opus d’une licence qui – même écornée – reste une référence de la course auto.


Les plus
  • La physique toujours bonne
  • Plutôt joli sur PS4 Pro
  • Très accessible pour tous types de joueurs
  • Une ode à la plastique des voitures
  • Bon retour de force au volant
  • Une calibration du stick excellente sur manette...
Les moins
  • ...malgré un mauvais retour sur les vibrations
  • Les pneus qui crissent tout le temps
  • Le système de Fair Play et de pénalité pas au point
  • Contenu en forte baisse
  • Une majorité de circuits et de voitures fictives
  • La VR anecdotique


Le Test

Après six épisodes canoniques, et surtout quatre ans après la sortie de la PS4, Gran Turismo débarque enfin sur la dernière console de Sony avec ce titre baptisé Sport qui est le premier sur console de huitième génération. Annoncé, puis repoussé au grand dam des joueurs adeptes de la licence, cet opus était anticipé comme rarement dans l’histoire de la série. Avec un marché du jeu de course automobile revitalisé et dopé par l’arrivée de nombreux titres comme Assetto Corsa ou Project CARS, et face à la concurrence frontale de Forza Motorsport, les équipes de Polyphony Digital se doivent de jouer des coudes pour défendre leur place de leader.  Dans cet environnement ultra connecté, Gran Turismo Sport mise donc sur la compétition en ligne, mais aussi l’eSport comme nous l’a dit Kazunori Yamauchi lors de la première présentation du jeu à Londres. L’expérience peut-elle faire la différence face aux nouveaux venus et à leurs dents longues ? C’est ce qu’on vous dit dans notre test.


Gran Turismo SportAprès une séquence d’introduction toujours aussi maîtrisée, même si elle fait bien plus appel aux images d’archives de courses qu’au contenu du jeu en lui-même, le joueur est accueilli dans l’interface traditionnelle de Gran Tursimo Sport. Toujours aussi épurée, cette dernière va forcément faire plaisir aux adeptes de la série, tandis que les pisse-vinaigre continueront à se plaindre du manque d’évolution de ce côté. Que voulez-vous, la série de Polyphony Digital est renommée pour ses qualités autant que pour les défauts qu’elle traîne depuis la nuit des temps, et qui semblent plaire au patron du studio. Dans ces menus, le joueur peut opter pour le mode Carrière, le mode Arcade, le mode Sport et le centre des marques. Sans surprise, le mode arcade va permettre de courir contre l’IA, de faire du multi en écran splitté et même de défier l'oridnateur pour des courses en VR hyper immersives (malgré des graphismes au rabais). Première mauvaise nouvelle : le mode Carrière n’a plus rien à voir avec ce que vous avez pu connaître auparavant. C’en est fini des nombreuses courses réparties dans une myriade de catégories qu’on affrontait au volant d’un tacot infâme en début de partie, avant que les crédits ne pleuvent, ouvrant la voie aux bolides surpuissants. A défaut de Carrière, ce mode propose désormais ce que vous avez pu connaître sous l’appellation "Permis" dans les opus précédents.

 

Gran Turismo SportTrois catégories existent, dont la première appelée "Ecole de pilotage" correspond plutôt à l’auto-école. Ne faites pas d’erreur, ici on va apprendre les bases de la conduite, l’art du pilotage étant prévu pour plus tard. Comme toujours, il va falloir réaliser des exercices de plus en plus compliqués qui vont permettre au novice le plus absolu du monde de l’automobile d’en découvrir les bases. De l’accélération en ligne droite à la manière dont réagit la voiture une fois qu’on touche à la direction, tout est abordé via des exercices assez simples. Une fois le b.a.-ba maîtrisé, on peut s’aventurer dans les challenges qui vous proposent de réussir différentes épreuves à la difficulté croissante, mais avec un cadre moins dirigiste. Le joueur doit par exemple remonter de la dernière à la première place en profitant de l’aspiration, ou encore en gérant à la perfection un arrêt au stand. Cette partie se focalise donc plus sur le pilotage que sur la conduite basique, mais la simplicité de l’approche demeure. On ne nous apprendra jamais quelles sont les différences de comportement entre une traction, une propulsion ou une voiture à transmission intégrale par exemple.

 

IA TOUJOURS QUELQUES PROBLÈMES...

 

Gran Turismo SportEnfin, le dernier volet de ce mode campagne est nettement plus intéressant, car il vous permet de découvrir les circuits. Chaque virage un peu retors dispose de son propre exercice, sachant que le défi ultime représente un tour complet où l'on mettra en application tout ce qu’on a appris pour claquer un temps. Au passage, on fait face à une nouvelle déception, car le jeu est plutôt chiche au niveau de la quantité de pistes avec seulement 17 destinations pour un total de 40 tracés. Autre déconvenue pour les puristes, seuls 6 circuits sont réels : Interlagos, Brands Hatch, Bathurst, Suzuka, Willow Springs et le Nüburgring (Gesamtstrecke, GP et Nordschleife). On doit donc dire adieu à la piste des 24 heures du Mans, ou encore à bon nombre de tracés japonais comme Tsukuba, Fuji, ou le Motegi. Au niveau des créations de Polyphony Digital, il faut préciser que presque tous les tracés sont inédits, et là aussi on regrette les tracés mythiques de la série (dont certains mériteraient d’être réels) comme Grand Valley Speedway, ou Mid-Field Raceway. Les joueurs vont donc devoir apprendre de nouveaux circuits, ce qui pourrait permettre de niveler le niveau des compétiteurs dans le mode Sport. Enfin, le mode Arcade vous permet d’affronter des IA en nette progression, même si elles ne font toujours pas figure de référence. Néanmoins, il faut souligner que l’époque du petit train de voitures bouchons semble bien révolue, l'ordinateur étant désormais capable de chercher de nouvelles trajectoires et de commettre certaines erreurs. Malheureusement, leur vue frise toujours la cécité puisqu’on se fait encore très régulièrement percuter par une concurrence incapable d’ajuster sa trajectoire en fonction de celle du joueur. Mais pourquoi s’embêter à donner un coup de volant lorsqu’on conduit un véhicule indestructible ? L’invulnérabilité des carrosseries est toujours présente, preuve de l’amour de Kazunori Yamauchi aux formes automobiles qui sont toujours ici sacralisées. Il est impossible d’observer plus que quelques dégâts sur la peinture, tandis qu’on dispose du mode photo le plus élaboré jamais vu dans un jeu vidéo.

 

Gran Turismo SportSi pour vous les voitures sont des œuvres d’art plus qu’un moyen efficace de transformer de l’essence en vitesse, et des pneus en G latéraux, Gran Turismo Sport est LE jeu qu’il vous faut. Tout ici respire l’amour de la chose au point que sa fonction en devienne presque secondaire. La preuve de cette assertion est bien sûr visible au premier coup d’œil dans le centre des marques. Ce dernier n’est que gloire à l’automobile objet, chaque constructeur disposant de sa petite encyclopédie où moult photos viennent nous donner un aperçu de l’évolution des formes des véhicules. Si vous êtes passionnés de mécanique interne, il va falloir songer à calmer vos ardeurs, les leçons consacrées à ce sujet étant bien moins nombreuses. D’ailleurs, s’il est possible d’observer et de photographier vos voitures sous tous les angles, y compris en VR, il est impossible d’en ouvrir le capot ou même les portes. Ah, et puis oubliez aussi la collectionnite aiguë qui nous poussait à transformer notre garage en boîte de petites voitures dont on rêvait étant enfant. Gran Turismo Sport a réalisé la cure d’amaigrissement la plus draconienne qu’on ait vu, passant de plus de 1 200 voitures dans l'épisode 6 à 170 bolides cette année. Un drame, surtout que les doublons si chers au studio n’ont pas disparu, avec par exemple un nombre toujours assez impressionnant de variations autour de la Nissan GT-R R35. Ne pensez pas non plus pouvoir modifier vos voitures car c’est désormais impossible, et tant pis pour ceux qui aimaient pouvoir dépasser des Corvettes au volant d’une Toyota Corolla de 1985 faisant 800 kg et 250 cv.

 

Le plus gros défaut reste ce bruit de crissement de pneus presque omniprésent, comme si tous les circuits étaient recouverts du béton peint des parkings Vinci.

 

Gran Turismo SportSi la réalisation est exemplaire, avec enfin des cockpits intégralement modélisés et de jolis graphismes sur PS4 Pro (mais nettement inférieurs sur la console classique), il n’y a pas de quoi réjouir les puristes qui vont devoir faire face à une quantité incroyable de voitures fictives. On dispose par exemple de deux Alfa Romeo 4C de course, alors que cette plateforme n’a jamais fait de compétition (si on excepte les rares 4C de l’italien Marco Gramenzi faites pour la course de côte). Du coup, il est plus simple pour Polyphony Digital de coller des performances fantaisistes et des sons totalement imaginaires sur la plupart des voitures, ce qui est antinomique pour un jeu qui se proclame toujours être "The Real Driving Simulator". Autre grand point de critique : l’audio est toujours une faiblesse du jeu, même si les sons moteurs ont gagné en crédibilité et qu’on s’éloigne du bruit de sèche-cheveux des opus précédents. Le plus gros défaut reste ce bruit de crissement de pneus presque omniprésent, comme si tous les circuits étaient recouverts du béton peint des parkings Vinci. C’est bien simple, dès qu’on met un pneu en contrainte, ce dernier crisse comme dans un épisode de Starsky & Hutch, alors que ce genre de bruit est plutôt rare en compétition. Du coup, lorsqu’on joue avec la manette (qui dispose d’un mauvais retour avec les vibrations), il est presque impossible de percevoir les pertes d’adhérence de la voiture, et donc de corriger rapidement un sous-virage ou un sur-virage. La solution viendra pour les plus fortunés par l’utilisation d’un volant où le retour de force est très bon, au point que cela confère un avantage indéniable aux joueurs qui en sont équipés lors des courses en ligne. C’est d’autant plus dommage que la physique de Gran Turismo Sport fait partie des bons élèves en termes de réalisme, tant qu’on pilote sur piste. On ne peut pourtant pas en dire autant de la conduite sur terre qui reste complètement fantaisiste, comme dans tous les autres épisodes d’ailleurs. La glisse y est tellement facile qu’on a vraiment l’impression de conduire sur neige avec des pneus slicks, ce qui procure un résultat à des années-lumière des sensations du rallye.

 

GT E-SPORT ?

 

Gran Turismo SportForcément, vu le nom du jeu, on se dit que le mode Sport va être l’apothéose de ce Gran Turismo, avec toutes les possibilités offertes par l’eSport. Doté d’un accord en béton avec la très sérieuse FIA (Fédération Internationale de l’Automobile), le championnat est surtout très prometteur à défaut d’être convaincant. Pour l’instant, seules les épreuves quotidiennes sur inscription sont disponibles, ce qui représente 3 courses sur 3 circuits, avec en moyenne une ouverture des adhésions toutes les 30 minutes. Dans l’absolu, on n’a pas trouvé grand-chose à y redire, le système étant clair, bien ficelé, et surtout assez immersif. Une fois inscrit, on peut s’entraîner et ainsi tenter de réaliser un bon tour, ce qui servira à déterminer notre place sur la grille de départ, sachant que ce temps sera ensuite sauvegardé, dispensant le joueur de refaire l’exercice après coup. Le vrai problème qu’a dû affronter Polyphony Digital est simple : comment empêcher les courses de tourner au stock-car lorsque les joueurs pilotent des véhicules invincibles ? Normalement, un système de dégât est présent, et les tarés du pare-chocs ne finissent que rarement le premier tour pour cause de radiateur arraché. Il suffit ensuite de calculer le taux de courses finies pour savoir si le pilote est fair-play ou pas. Ici, rien de tout ceci n’est possible. Du coup, un système de points Réputation Fair-Play (RFP) est mis en place.

 

Gran Turismo SportDans les grandes lignes, il s’agit d’une note qui va déterminer si vous êtes là pour faire des temps ou pour ruiner la course des autres. On ne connaît pas vraiment les arcanes du système, mais pour faire court, sachez que lorsqu’on va au contact, on perd des points, tandis que des tours sans sortie de route ni contact nous font remonter notre score. Le hic, c’est que quel que soit le contact, le joueur se fait sanctionner, même s'il se fait rentrer dedans sans vergogne. De même, un système de pénalité est présent pour empêcher les joueurs de couper, mais lui aussi manque d’ajustements. Par exemple, à certains endroits, il est possible de dépasser largement les limites du circuit, alors que mettre la roue dans l’herbe dans un autre virage sera sanctionné d’une pénalité de plusieurs secondes. Tout ceci pose un dilemme lorsqu’on arrive au coude à coude avec un adversaire à la corde d’un virage : vaut-il mieux garder sa ligne, risquer le contact et perdre des RFP ou s’écarter, rouler dans l’herbe et risquer une pénalité ? Quel que soit le choix, on finit de toute façon perdant. Une autre facilité utilisée par le studio à des fins d’équilibrage est que toutes les voitures et leurs réglages sont pour l’instant imposés. Ne comptez donc pas trop gagner grâce à votre brillante stratégie de course ou à vos talents de metteur au point. L’autre problème de la note de fair-play est qu’elle est censée nous matchmaker avec des joueurs du même niveau que nous. Or, en ayant la note B+ (presque A, la meilleure note), on s’est retrouvé dans la même course que des joueurs classés E et F (les pires notes). Bref, vous l’avez compris, le système manque encore de finition, ce qui explique probablement pourquoi les compétitions eSport ne commencent pas avant le mois de novembre.


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