Test Godfall PS5 : beau, percutant, mais insuffisant sur PC
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- Des combats ultra-nerveux qui rendent vraiment bien
- Graphiquement fluide et plein d'effets impressionnants
- Un gameplay précis qui tend à se consolider sérieusement avec le temps
- Un aspect loot bien maîtrisé, avec le côté RPG qui va avec
- Une direction artistique qui tape parfois dans le mille
- Des boss qui en jettent
- Un level design d'une certaine pauvreté
- Une structure avec trop peu d'ambition et sacrément répétitive
- Un scénario beaucoup trop convenu, tout comme son écriture
- Une difficulté parfois un peu mal gérée et inégale
- Quand-même assez bugué, mini-freeze et crashs à l'appui
- Des finish-moves qui manquent vraiment de grandeur
- Un endgame qui ne convainc pas et qui s'inscrit dans la répétitivité inlassable du jeu
- Quelques problèmes de précision, notamment dans le verrouillage
Studio californien constitué de soixante-quinze personnes, Counterplay Games a bénéficié de l’expertise de ses membres - on compte des gens ayant travaillé notamment travaillé sur Destiny 2, God of War, Diablo III ou même la série Ratchet & Clank - et de l’éditeur Gearbox Publishing, après avoir levé des fonds en tant bien que mal en 2018. Et comme toute première œuvre, les développeurs se sont basés sur ce qu’ils savaient faire de mieux : l’action tape-à-l’œil… et du loot. Plus précisément, Godfall porte ainsi le nom de looter-slasher, un terme qui lui va comme un gant puisque trancher des mobs et récupérer du matériel sera très exactement la principale activité durant la quinzaine d’heures nécessaire pour terminer l’aventure. Une aventure brute de décoffrage au potentiel évident… mais qui a encore besoin d’ambition pour convaincre pleinement.
UN TIENS VAUT MIEUX QUE DIEUX TU L'AURAS
Godfall a cette particularité de se dérouler dans un univers légendaire plutôt affriolant : une mythologie créée de toute pièce s’appuyant sur un jargon farfelu et s’appuyant sur des bases de constellation, de matières cosmiques et de raison même de l’existence. On y incarne alors Orin, dont le frère Macros s’est emparé du pouvoir ultime au sommet d’une tour mystique, capable de tirer un trait sur la Vie (avec une majuscule). Après un duel raté, Orin chute et atterrit au fond du trou, littéralement : il devra alors se frayer un passage vertical à travers les Royaumes de la Terre, de l’Eau et de l’Air pour aller botter les fesses à son frangin, siégeant au calme sur son trône surélevé. Une ascension dans tous les sens du terme puisqu’Orin devra reconstituer sa puissance, se trouver des pouvoirs et des armes et, idéalement, changer de valorplates, ces armures au design et aux capacités distinctes, pour défaire les généraux de Macros et mener sa quête à bien.
Nous avons ici un monde mythologique prometteur offrant quelques très beaux environnements, toujours majestueux et n’hésitant pas à jouer sur le gigantisme. C’est d’ailleurs l’un des gros atouts et principaux moyens de varier son aventure, quitte à proposer la même structure en boucle.
Malgré un contexte et un monde impressionnant, il faut néanmoins avouer que Godfall se repose, d’un pointe de vue narratif, sur le minimum syndical : son histoire reste extrêmement succincte, révèle vite son schéma - soit deux personnages dans un HUB minuscule, pauvrement écrits, avec lesquels nous interagirons de façon scriptée - et n’ose, en aucun cas, aller un peu plus loin. Pour un surplus d’histoire et de lore, il faudra se tourner vers les codex récupérés dans l’univers et accessibles depuis le menu dédié : vraiment pas de quoi casser trois pattes à un canard et, malgré le potentiel certain de cet univers doré, la trame de Godfall ne prend finalement que très peu en haleine. Même sa mise en scène trahit un manque de budget et de maîtrise, puisque tous les visages s’avèrent masqués de façon à cacher les animations faciales, tandis que les vraies cinématiques se font franchement rares. D’ailleurs, les finish moves aussi manquent d’une véritable panache, quel domage ! Il ne nous reste donc plus qu’à nous concentrer sur la direction artistique, sur laquelle nous reviendrons plus tard, et surtout son gameplay qui définit inexorablement son caractère.
LA BAGARRE
Il faut bien l’avouer : les premiers instants de Godfall sont particulièrement séduisants. En plus d’une plastique étincelante qui nous rappelle que, oui, la next-gen fait du bien, ses combats nerveux débouchent immédiatement sur un véritable plaisir de jeu. Très inspiré du dernier God of War et des titres de FromSoftware (pas les pires références, vous en conviendrez), on se retrouve donc avec une action à la troisième personne qui repose entièrement sur l’attaque, l’esquive et le contre, avec des attaques légères et d’autres imparables. Les points de dégâts s’affichent à chaque coup, se servir de son bouclier demande un timing précis et tout un arbre de compétences est disponible pour étoffer la jouabilité, aussi bien sur des facettes offensives que défensives. Divisées en cinq catégories - les lames doubles, les épées à deux mains, les marteaux de guerre, les armes d’hast et les épées longues - les armes proposent des combos et des capacités spéciales qu’il faudra utiliser contre tout un bestiaire de plus en plus coriace. Les combats, Godfall les fait plutôt bien et mêle la technicité, la précision et la sauvagerie de façon globalement maîtrisée, d’autant plus que le gameplay s’approfondit vite au fil des compétences débloquées. Pour avancer dans l’histoire, il faudra évidemment monter en niveau de façon à correspondre au level demandé, quitte à recommencer certaines quêtes ou prolonger l’exploration pour engranger un peu plus de points d’XP. Bref, nous sommes ici en terrain connu, les jeux du genre exploitant ce game design depuis des années maintenant. Aucune surprise à ce niveau-là donc.
Il faut bien avouer que Godfall s’épaule des autres capacités de la PS5 : les temps de chargement sont minimes, les vibrations de la DualSense nous mettent instantanément dans un bain chaud et les gâchettes adaptatives font le boulot correctement, même si encore assez timides dans leur exploitation.
Et si les affrontements marchent plutôt bien, hormis une difficulté qui grimpe soudainement et de façon pas toujours bien équilibrée dans le dernier quart, force est de constater que Godfall tourne également vite en rond. Avant de passer aux choses qui fâchent, tâchons tout de même de souligner certains boss franchement impressionnants, parfois très difficiles et au chara-design dantesque (cela vaut aussi pour bien des ennemis ou les valorplates), qui viendront ponctuer ce périple musclé. Hélas, cela ne fait pas tout et le titre de Counterplay Games propose alors une expérience qui révèle bien trop vite son architecture. Très inspiré de l’aventure de Kratos, sans jamais en reprendre la finesse d’écriture ou la variété des objectifs, le soft propose d’enchaîner arène sur arène dans de petites zones ouvertes qu’il est possible d’explorer sans qu’il y ait grand-chose à y découvrir, hormis des coffres cachés (et c’est tout). Continuellement, avec une persévérance effrayante, Godfall nous demande réellement d’enchaîner les niveaux en suivant le même schéma : de la baston continuelle, reposant indéfiniment sur les mêmes bases, mais ne diluant aucunement avec de la plateforme, des énigmes ou, donc, une histoire captivante. Ce level design d’une pauvreté éclatante se fait très vite apercevoir et ne manque d’imposer une véritable lassitude. Car si, après quelques heures de jeu, vous vous poser cette fameuse question : “Ça va être ça pendant tout le jeu ?”... La réponse est un bon gros “oui”.
HOPEFALL
Derrière donc des mécaniques de baston qui fonctionnent très correctement, Godfall s’avère, au final, un jeu qui manque grandement de matière. Et c’est son plus grand noir. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir misé sur du loot à tire-l’arigot : en plus des armes, on peut s’équiper de pierres de vie, d’anneaux, de breloques, d’amulettes et d’autres joyeusetés - qu’on pourra améliorer moyennant paiement - toutes attribuant des capacités très précises, qu’il faudra combiner comme dans n’importe quel bon RPG. Mais sans véritable contenu derrière, difficile de l’exploiter correctement une fois la campagne terminée. Car le endgame, pourtant essentiel dans ce genre de produit, se révèle lui aussi maigre en intérêt avec des redites de niveaux presque bêtes et méchantes, intégrant tout de même quelques variantes mais peineront à convaincre les habitués du genre. Deux solutions s’offrent à vous pour profiter de Godfall au mieux : distancer ses parties pour ne pas vite frôler l’overdose et s’appuyer de la coopération online. Comme on dit souvent (enfin, surtout votre rédacteur ici présent), c’est toujours mieux à deux, même quand le matériau d’origine est à revoir. Ici, c’est on ne peut plus vrai puisque le multijoueur se prête bien à l’expérience, et se voit presque exigé devant la difficulté de certains niveaux. Il existe également un simple mode d’arènes infinies à la difficulté croissante, mais en dehors de ça, Godfall ne propose malheureusement RIEN pour aérer son expérience.
Histoire de finir sur une note positive (ou presque), notons que Godfall s’annonce comme un jeu franchement joli. Alors certes, la véritable next-gen n’est pas encore là, mais Counterplay Games a travaillé d’arrache-pied pour édifier un monde aussi beau que possible et mérite tout de même quelques applaudissements, surtout pour un premier jeu. Tout d’abord, cela passe par une direction artistique qui fait mouche : nous avons ici un monde mythologique prometteur offrant quelques très beaux environnements, toujours majestueux et n’hésitant pas à jouer sur le gigantisme. C’est d’ailleurs l’un des gros atouts et principaux moyens de varier son aventure, quitte à proposer la même structure en boucle. Attention tout de même au surplus car en jouant avec une palette de couleurs ultra-pétillantes et un quintal d’effets de particules ou de reflets dans tous les sens (ce qui saisit vraiment au tout début !), on peut non seulement frôler le too-much à la fois visuel… et technique. En mode performance, d’office configuré et affichant de la 4K dynamique et du 60fps, on se retrouve régulièrement avec des petites chutes de framerate/mini-freezes, parfois assez gênants dans une action aussi fluide. Et c’est même assez récurent selon certains environnements précis, à croire que la PS5 a du mal à gérer des assets précis (il s’agit certainement d’une histoire d’optimisation, néanmoins), tandis que nous avons eu le malheur d’expérimenter une dizaine de crashs et d’autres bugs ! En revanche, il faut bien avouer que Godfall s’épaule largement des autres capacités de la PS5 : les temps de chargement sont minimes (quel confort, nomidiou), les vibrations de la DualSense nous mettent instantanément dans un bain chaud et les gâchettes adaptatives font le boulot correctement, même si encore assez timides dans leur exploitation. En revanche, point noir du côté de l’audio 3D, bien trop timide ici et qui rejoint, dans un autre registre, une OST du même caractère. Mais soyez-en sûrs : si vous possédez un téléviseur moderne comme du 4K en OLED ou du QLED, le spectacle visuel est en partie garanti. Vivement que de plus grosses productions (coucou God of War Ragnarok) se donnent à fond.