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On ne va pas se mentir : on ne s’attendait pas à un retour aussi fracassant de la part de Gears of War 4. Il faut dire que la dernière expérience avec la série en 2013 nous avait clairement déçus et le fait qu’un nouveau studio (The Coalition en l’occurrence) reprenne le flambeau ne nous avait pas rassurés outre mesure. Mais ces derniers ont réussi le tour de force de réutiliser les bons ingrédients pour que la sauce reprenne, quitte à recycler tout le contenu de la première trilogie (décors, structure narrative, mécaniques de gameplay). On retrouve en effet une campagne solo digne d’intérêt, à l’intensité crescendo et au final époustouflant, malgré un premier tiers complètement inintéressant. Gears 4 fait du Gears et il serait un peu déplacé de lui en vouloir, mais il est vrai qu’on aurait aimé que les développeurs prennent un peu plus de risques, assouplissent encore plus ce gameplay qui en 2016 peut paraître rigide sur certains aspects. On chipote, on fait la fine bouche, mais c’est aussi parce qu’on aimerait que Gears of War sache se renouveler pour s’imposer à nouveau comme une référence du TPS, comme il le fut il y a 10 ans. Il reste donc encore quelques défauts à gommer, mais quoiqu’il arrive, Gears of War 4 reste une valeur sûre, d’une efficacité redoutable et qui vous permettra aussi de montrer que le HDR, ce n’est pas que des paroles en l’air.
- Visuellement, c’est quand même de la boulette
- Une campagne solo intense et brutale
- Le dernier Acte est tout simplement démentiel!
- Des Boss de dingo
- Doublage français de qualitay
- Grosse bande-son
- Un multi dépoussiéré
- C’est toujours super efficace…
- …mais ça reste néanmoins très convenu dans le gameplay
- Un premier tiers où l’on se fait chier, carrément
- La séquence en moto est assez ubuesque
- Tout, ou presque, a été recyclé
- Le manque de prise de risque
- Les nouveaux persos ont zéro charisme
- Marcus Fenix est devenu une chiffe molle
- Pas de VOST
Epic Games et Gears of War, c’est de l’histoire ancienne. La relation entre la série et le studio qui lui a donné la vie a pris fin en 2011 avec Gears of War 3, un épisode qui a clôturé la trilogie de la plus belle des manières. La suite, on la connaît. Microsoft commande un nouvel épisode auprès d’un autre studio, People Can Fly, qui accouche du spin-off Judgment en 2013 et qui marquera la chute de la série. Campagne solo bas du front, mode multijoueur totalement recyclé, personnages fadasses, le résultat était très moyen et la réputation de la série en a pris un coup. Aussi, pour redorer le blason d’une licence qui jadis brillait de mille feux, des anciens d’Epic Games se sont reformés sous la bannière canadienne de The Coalition. L’objectif ? Faire renaître Marcus Fenix de ses cendres, par le biais de son fils JD. Mais son rejeton a-t-il vraiment les reins aussi solides que le paternel ? Voici notre verdict.
Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la fin des événements de Gears of War 3 avec l’anéantissement des Locustes et des Lambents. Si l’Humanité s’est reconstruite et a appris à vivre en paix, elle est désormais unifiée sous la bannière du CGU (pour Coalition des Gouvernements Unifiés) dirigée par Jinn, une femme qui a assuré la fabrication de robots autonomes capables de protéger les Humains en cas d’attaques inopinées. Et 25 ans plus tard, il n’y a – a priori – plus aucune trace non plus des héros bodybuildés (et un peu potaches) qu’on a aimé suivre pendant trois épisodes. Marcus, Dom, Cole, ils sont au mieux portés disparus, au pire enterrés avec les restes des Locustes, même si l’on sait parfaitement que Marcus, rides prononcées et grosse beubar grise, fait partie de cette nouvelle aventure. Cela dit, la relève est bien là et elle est incarnée par Kait, Del et JD, alias James Dominic Fenix, le fils de qui vous savez déjà. Un nouveau trio qui a donc la lourde tâche de remplacer nos héros manquant à l’appel, mais dont l’absence d’expérience sur le terrain ne fait évidemment pas le poids face à nos vieux baroudeurs. Si nos bleusailles manquent singulièrement de charisme, ils ont en revanche toujours le bon mot pour se chambrer. Une vanne par-ci, un troll par-là, nos jeunes recrues savent user de leur humour pour parvenir à nous charmer. Il est d’ailleurs de bon ton de souligner l’excellent travail réalisé par les doubleurs français, qui ont réussi à garder cette ambiance joviale qui anime nos protagonistes, sans jamais tomber dans la ringardise. Cependant, on aurait quand même aimé avoir le choix de la langue pour profiter de la VOST, gage systématique de qualité. Elle reste cela dit disponible, à condition de changer la langue système de votre Xbox One, à la différence que vous ne bénéficierez d’aucun sous-titre. Un comble quand même en 2016.
TOUS AU CHARBON
Enfin bon, passons. Car ce qui nous intéresse follement, c’est le mode solo. Et chacun sait qu’un bon Gears of War, c’est un Gears qui soit capable de nous proposer une campagne digne de ce nom. Oubliez l’accident de parcours de l’épisode Judgment, Gears of War 4 répare cette erreur en revenant aux fondamentaux. Outre l’instauration d’une certaine intrigue (qui sont les Vermines ? D’où viennent-ils ? Pourquoi capturent-ils les Humains ?), c’est surtout ce sens du rythme bien calibré qui va marquer les esprits. C’est simple, le jeu ne laisse que peu de place à l’exploration et enchaîne les séquences de gunfights, ponctuées ici et là de combats de boss, tous plus impressionnants les uns que les autres. Difficile d’ailleurs de ne pas parler du dernier Acte qui monte crescendo pour finir en apothéose, avec un final qui a des chances de rester dans les annales. Malgré cela, tout n’est malheureusement pas parfait dans cette campagne solo, à commencer par le premier tiers du jeu, chiant à mourir, où nous avons comme seul ennemi des robots de la CGU. Non pas que la variété et le métal nous dérangent, bien au contraire, mais ces automates sont quand même bien moins intéressants à défoncer qu’une Vermine qui aurait muté. Et puisqu’on en est aux reproches, comment ne pas évoquer tout le Prologue, qui est d’une maladresse affligeante en termes de mise en scène, en nous demandant de rejouer des séquences du passé d’une mollesse absolue à travers le discours d’une Jinn modélisée à la serpe, alors que c’est de la CGI. Pire, à la fin de l’Acte II, on doit se coltiner une phase à moto complètement ratée où l’on cherche encore l’intérêt de la chose. Une séquence quasiment posée sur rails où l’on se contente de "zigzaguer" (vous noterez les guillemets), sans jamais craindre de se prendre un arbre ou un rocher en pleine gueule. Des barres. La gêne.
C’est simple, le jeu ne laisse que peu de place à l’exploration et enchaîne les séquences de gunfights, ponctuées ici et là de combats de boss, tous plus impressionnants les uns que les autres. Difficile d’ailleurs de ne pas parler du dernier Acte qui monte crescendo pour finir en apothéose, avec un final qui a des chances de rester dans les annales.
Mais Gears of War 4 peut toutefois compter sur sa réalisation pour faire oublier ces quelques errances impromptues. Et pour cause, le titre affiche des graphismes d’une grande beauté, notamment lors de passages en extérieur où la nature se déchaîne lorsque la tempête se lève. La Xbox One crache alors ses poumons pour multiplier les effets de vent, de particule, mais aussi de lumière avec ces éclairs qui frappent le sol, nous donnant le sentiment d’être au cœur d’une véritable tempête. C’est réussi même si l’on reste loin des promesses tenues par le trailer de l’E3 2015 où le jeu avait été sauvagement upgradé ; chose que l’on peut aujourd’hui confirmer et revendiquer comme le tweet que nous avions fait en juin dernier à l’E3 2016. Mais qu’importe au final, ces passages à l’air libre sont beaucoup trop rares pour imposer un effet waouh, car le jeu retombe très vite dans ses vieux travers en nous proposant le plus souvent des environnements fermés, à base d’usines désaffectées, de souterrains suintants et autres cavernes infestées par la vermine locale. Et même si ces décors fourmillent de détails, cette volonté à chaque fois de vouloir nous enfermer dans des passages étriqués empêche le jeu de véritablement briller. Là encore, vous pourriez croire qu’on a encore une dent contre le métal, mais quitte à choisir, on préfère la nature et le soleil en pleine gueule. Attention, Gears of War 4 reste un jeu très beau, ne nous faites pas dire l’inverse, et certains passages arrachent clairement la rétine, surtout si vous avez la chance de jouer au jeu sur Xbox One S avec une télé compatible HRD. Néanmoins, nous sommes persuadés qu’il était possible d’y ajouter un peu plus de folie et de créativité.
EFFICACITÉ, BRUTALITÉ & RECYCLAGE
C’est en réalité du côté du gameplay que les développeurs de The Coalition se sont permis quelques nouvelles features plutôt bienvenues. Il faut dire que depuis le lancement de la série en 2006 (il y a déjà 10 ans), le game system a très peu évolué et s’avère même un peu en déclin, chose qu’on avait déjà souligné lors de notre test de l’épisode Judgment. Il faut dire que la concurrence a depuis énormément assoupli les Cover-TPS, tandis que Gears est resté empêtré dans la lourdeur des déplacements de ces soldats protéinés jusqu’à la moelle. Alors c’est sûr, les fans de la première heure ne seront en rien dépaysés par la jouabilité, qui profite quand même de quelques nouveautés. Une fois planqué derrière un muret, on peut désormais déloger n’importe quel ennemi en lui agrippant le collet. Un rapide Haut + X vous permet en effet de le débusquer de son abri pour ensuite vous proposer une exécution au couteau (Y) qui fait toujours son petit effet. Les exécutions sont assez variées et toujours aussi trashs. Autre nouveauté : on peut aussi donner un coup de pied en sautant par-dessus un obstacle, laissant l’ennemi sonné quelques secondes pour ensuite le canarder de plomb. Des mouvements inédits plutôt pratiques, mais qui fonctionnent aussi dans les deux camps. En gros, une Vermine peut parfaitement vous attraper par le col pour ensuite vous terminer elle aussi à la lame. Gare donc à ne pas trop rester en mode cover, notamment dans les modes de difficulté élevés où l’ennemi ne fait plus aucun cadeau.
Il faut dire que la concurrence a depuis énormément assoupli les Cover-TPS, tandis que Gears est resté empêtré dans la lourdeur des déplacements de ces soldats protéinés jusqu’à la moelle.
D’autres petites améliorations ont à ce propos été apportées au cover system, avec la possibilité de se déplacer d’une planque à une autre avec beaucoup plus de souplesse et de directions d’auparavant. Ces quelques nouveautés mis à part, les mécaniques de jeu de Gears of War 4 sont restés identiques, au poil de bite près, à celui de Gears of War 3. On avance, on ouvre une porte, on nettoie une zone, on avance, on ouvre une autre porte, on nettoie une nouvelle salle, le jeu en devient totalement prévisible. On peut toutefois souligner les quelques passages de Tower Defense où à l’aide d’un Fabricator, il est demandé de protéger une zone en installant des barbelés par-ci, des tourelles par-là, afin de survivre aux vagues de Vermines qui "poperont" de leur nid comme les Locustes le faisaient il y a 10 ans de leur trou d’émergence. Le recyclage à tous les niveaux je vous le disais. Malgré tous ces écueils, la campagne solo de Gears of War 4 s’est laissé engloutir avec un plaisir certain et non dissimulé. Passé les deux premiers actes sans saveur, le jeu déroule une partition certes connue mais avec une certaine maîtrise et une efficacité redoutable. Encore une fois, on salue le travail des développeurs de The Coalition qui nous ont offert des Boss Fights assez mémorable, avec une montée en puissance assez remarquable et un dernier combat qui nous a décroché la mâchoire plus d’une fois. Cliff Bleszinski peut partir tranquille.
TRONÇONNAGE À PLUSIEURS
Mais comme chacun sait, Gears of War, ce n’est pas qu’une campagne solo (jouable d’ailleurs à 2 en écran splitté ou jusqu’à 4 en local), c’est aussi une surdose de multijoueur. Pour ce quatrième épisode canonique, The Coalition a décidé de reprendre la formule de Gears of War 3 en lui insufflant quelques nouveautés bien senties. Et celui qui nous a véritablement tapé dans l’œil est le mode Horde 3.0, qui s’étoffe d’un système de classes (5 en tout) dont le but est de clairement favorisé le jeu par équipe, en donnant des atouts bien distincts à chacun des joueurs. A l’instar de la campagne solo, tout tourne autour du Fabricator qu’il va falloir utiliser à bon escient pour se partager ses richesses et ses atouts. A chaque fois qu’on tue un ennemi, on gratte des points que l’on peut du coup ramener au Fabricator pour qu’il puisse continuer à alimenter la Team. C’est plutôt bien vu, d’autant qu’on dispose d’un Technicien capable de réparer le matériel abîmé ; chose qui n’était malheureusement pas possible dans la campagne solo. Autre mode qui devrait vous rendre accroc aux parties en ligne : le mode Bataille qui se découpe en plusieurs parties, avec pour commencer le mode "Course à l’Armement" qui n’est pas sans rappeler un certain Counter-Strike. Les développeurs de The Coalition ne renient en rien l’inspiration et offre des matchs où le joueur change d’arme tous les trois frags, histoire de redistribuer les chances. Pour le reste, on retrouve les classiques modes Deathmatchs, King of the Hill, Warzone, qui sauront eux aussi captiver votre attention. L’efficacité au service de la brutalité, c’est aussi comme ça qu’on pourrait résumer le multi de Gears of War 4.