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Ressemblant davantage à un add-on qu’à une véritable suite, Gears of War Judgment n’est qu'un épisode de transition, faisant ainsi planer le doute qu’un épisode plus consistant est en cours de développement sur Xbox 720. En attendant ce jour béni, il faudra se contenter d’une campagne solo fade, pour ne pas dire décevante, basé sur le scoring et rien d'autre, où l’on ne fait que stopper des vagues de Locustes sans vraiment prendre son pied. Le jeu a perdu de sa mise en scène épique et de son charme d’antan, c’est d'une évidence implacable, et même si les mécaniques de jeu sont toujours aussi bien huilées, il se dégage comme un parfum de redite qui nous rappelle qu’à force de trop tirer sur la corde, elle finit par casser. Précurseur d’un genre, Gear of War se doit donc de se remettre en question, car en matière de TPS, la formule a d’ores et déjà été remaniée et assouplie par la concurrence. Espérons que l'arrivée de la next gen' permette à la série de retrouver toutes ses lettres de noblesse...
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Gears of War Judgment
- Des graphismes toujours au top
- Jouable à 4 en coop’
- L’arrivée des classes en multi
- Gameplay bien huilé…
- …mais qui tourne sérieusement en rond
- Campagne solo ultra fade basée sur le scoring
- Scénario sans aucun intérêt
- Des personnages sans âme
- Un seul boss, le dernier
- Ce manque de challenge
Faire un jeu avec trois bouts de ficelle, voilà comment on pourrait résumer Gears of War Judgment de manière assez caricaturale. Car comme chacun sait, ce quatrième épisode n’a pas été développé par Epic Games, le studio à l’origine de la licence, mais par l’équipe B, celle-là même qui se chargeait de faire le portage PC de Gears of War 2 ou de filer un coup de pouce pour le troisième opus. Si People Can Fly part avec quelques notions de base, on ne peut pas dire qu’il soit aussi talentueux que les créateurs de l'Unreal Engine. Bien sûr, côté technique, Gears of War Judgment assure le job en reprenant les bases des précédents volets. Riche en détails et affichant des graphismes de haute volée, le titre se distingue aussi par son frame-rate de daron, offrant une fluidité de tous les instants. Si le jeu est une petite merveille pour les yeux, on aurait cependant aimé se balader davantage dans des environnements plus ouverts et profiter d'une profondeur de champ que la série nous a habitués par le passé. Ce n'était visiblement pas le mot d'ordre pour cet épisode qui se contente d'aligner les décors en arènes fermées, un peu comme si le multi s'était téléporté dans la campagne solo et non l'inverse. Du délire.
Déjà-vu ?
Certes, buter du Locuste est toujours aussi plaisant, et le gameplay – toujours aussi efficace – démontre que la série n'a pas perdu de sa superbe. Certains joueurs ne manqueront néanmoins pas de préciser que la saga n'a pas vraiment évolué (et ils auront raison) depuis toutes ces années, et quand bien même elle a su poser les bases du TPS moderne, d'autres titres ont depuis affiné le système de couverture, en assouplissant par la même occasion les affrontements au corps-à-corps. Ces instants de flottements où la tronçonneuse ne veut pas se déclencher parce qu'on n'est pas dans le bon axe de découpe, ou les coups de crosse dans le vide se digèrent mal en 2013. Les années défilant, on se surprend aussi à pester contre le déplacement assez pataud des personnages, qui ressemblent désormais à des pachydermes à la trajectoire figée. Le sprint avec la caméra dynamique au sol qui nous avait tant émoustillés en 2008 avec Gears of War 2, paraît aujourd'hui tellement rigide qu'on ne s'aventure plus à l'utiliser en plein combat. Lors des affrontements, Gears of War Judgment ne manquera pas de faire le travail aussi, même si ce sentiment de déjà-vu n'aura de cesse de nous parcourir l'échine. Pire encore, en choisissant ce retour en arrière scénaristique, les développeurs ont choisi la facilité avec un enchaînement de missions qui soufflent à la fois le chaud comme le froid.
Lors des affrontements, Gears of War Judgment ne manquera pas de faire le travail aussi, même si ce sentiment de déjà-vu n'aura de cesse de nous parcourir l'échine."
En effet, si certaines séquences fleurent bon la testostérone, surtout en coop' à quatre où l'aventure devient – forcément – plus intéressante, on aurait aimé avoir autre chose que des vagues successives de Locustes à défourailler et que le challenge soit aussi au rendez-vous. Avec seulement 6 chapitres au compteur et 3 compagnons qui assurent vos arrières pour vous relever en cas de chute mortelle, Gears of War Judgment se finit d'une traite, en à peine 6 heures. On a beau activer les options déclassifiées au début de chaque map, histoire de corser un peu la difficulté (arsenal limité, vague d'ennemis plus importantes, visibilité réduite), il est rare de voir s'afficher le Game Over sur son écran ; en difficulté normale j'entends. Des défis introduits comme un cheveu sur la soupe, mais qui démontre bien une chose : Gears of War Judgment ne vaut que si l'on cherche le scoring à tout prix. Il ne faudra à aucun moment chercher un quelconque scénario, et le coup des flashbacks racontés depuis le tribunal où nos quatre héros sont jugés, n'apporte finalement pas grand-chose. De même, permuter de personnage en cours d'aventure ne change guère la donne non plus, chacun des 4 soldats incarnés (la fameuse Kilo Team) ne disposant d'aucune différence de jouabilité. Même les nouvelles armes, toujours inventives jusqu'à présent, ne parviennent à aucun moment à faire de l'ombre aux infaillibles Lancers et fusil à pompe classiques. On aurait pu croire que l'arbalète, très à la mode ces derniers temps, aurait pu pimenter l'action, mais son utilisation n'est pas à la hauteur de sa réputation.
Joueurs multiples
Avec une campagne décevante et un boss de fin qui aurait très bien pu faire partie des semi-boss d'un Gears of War 2, on ne pouvait que se tourner vers le mode multi, qui présente lui aussi quelques nouveautés. Enfin, il faut plutôt parler d'évolution que de révolution puisque l'on retrouve peu ou prou les mêmes modes qui ont fait la réputation de la franchise. Les sempiternels "Deathmatch", "Team Deathmatch" et "Domination" sont toujours de la partie et remplissent comme il se doit le contrat. Déception en revanche pour le mode "Horde", rebaptisé en "Survie" et qui consiste à repousser des vagues de Locustes avec les classes activées. Oui, ça sent le manque d'inventivité. C'est en réalité du côté du mode "Invasion" qu'il faut se tourner pour trouver un semblant vent de fraîcheur. Ce dernier propose des affrontements directs entre Humains et Locustes, avec intégration cette fois-ci des classes tant attendues. C'est une grande première pour la série et si les soldats du CGU se distinguent par leur arsenal de base au moment du spawn et quelques compétences sur le terrain (Ingénieur, Medic et Scout), les Locustes ne peuvent en aucun cas évoluer et c'est bien là tout l'intérêt de la chose.
C'est en réalité du côté du mode "Invasion" qu'il faut se tourner pour trouver un semblant vent de fraîcheur. Ce dernier propose des affrontements directs entre Humains et Locustes, avec intégration cette fois-ci des classes tant attendues."
Le Ticker est peut-être la classe la plus faible, mais sa vitesse de déplacement et sa petite taille permettent de trouer les défenses les plus solides. Son côté kamikaze oblige le joueur à prendre tous les risques et sa présence sur le terrain est un atout indéniable. Ce qui est nettement moins le cas du Wretch, cet espèce de hunchback aux griffes acérés qui se déplacent difficilement – et en crabe – et ne fait que donner des coups de griffe pour amadouer l'ennemi. Bof. Mieux vaut qu'il soit accompagné d'un Mauler qui encaisse bien mieux les attaques grâce à son bouclier et sa massue qui fait des dégâts considérables, même sur les fortifications. Bien sûr, le quidam moyen préfèrera se tourner vers le Grenadier à la puissance de feu impressionnante et capable d'éliminer les ennemis au loin. On n'oublie pas non plus de parler du Serapède, un mille-pattes qui a la faculté d'énerver l'adversaire en raison de ses déplacements inattendus et le fait qu'il faille lui tirer dessus à revers pour l'éliminer. Tout ce joli petit monde possède ses avantages et ses inconvénients et c'est la somme de toutes leurs forces qui créé une équipe soudée, obligeant les joueurs à travailler de concert pour briser les CGU en face. On s'amuse donc, mais difficile d'évacuer ce sentiment de redite qui collera définitivement à la peau de ce Gears of War Judgment. L'heure du jugement a donc véritablement sonné et il est grand temps pour la saga de se remettre en question, la concurrence était aujourd'hui plus inventive... Seule lot de consolation, la possibilité de récupérer gratuitement le premier Gears of War avec l'achat de cet épisode Judgment.