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Drôle de choix que celui de proposer la compilation Fu-un Super Combo pour le huitième volume de la gamme NeoGeo Online Collection. Déjà pas très convaincants à l’époque, les deux épisodes de la série Fu-un accusent fortement le poids des années en 2007. Casting rachitique, design farfelu et palette de coups limitée, seul Kizuna Encounter : Super Tag Battle parvient un peu à tirer son épingle du jeu, même si de grosse lacunes subsistent. A réserver uniquement aux collectionneurs et aux nostalgiques fortunés.
- Kizuna Encounter s'en sort à peu près
- Jouable en ligne
- Savage Reign totalement has-been
- Casting rachitique
- Un look trop particulier
- Des personnages inégaux
- Palette de coups trop limitée
Pour le huitième volume de sa désormais célèbre gamme NeoGeo Online Collection, SNK Playmore a choisi de déterrer la licence Fu-un, plus connue en Occident sous le nom de Savage Reign. Certainement pas le choix le plus pertinent, compte-tenu de la faible notoriété de la série, mais les apparitions de Shishioh (KOF 2000, NeoGeo Battle Coliseum) et de Hayate (KOF XI) ont sans doute donné des idées aux concepteurs. Cela dit, il s’agit-là juste d’une simple adaptation et ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Test import japonais
En 1995, la baston 2D vivait ses plus beaux jours. Les balbutiements de la 3D avec les premiers jeux sur PlayStation et Saturn ne faisaient que renforcer l’avis mitigé des joueurs élevés aux pixels et habitués à voir des jeux tourner sur cartouches. SNK qui frimait à l’époque avec sa Neo Geo débordait d’idées, si bien qu’entre deux épisodes de King of Fighters, le studio japonais décida de sortir une toute nouvelle licence, patchwork de tout ce que SNK savait faire à l’époque. Voilà donc en quelques mots comment est né le projet Savage Reign, aussi connu au Japon sous l’appellation originale Fu-un Mokushiroku. L’année suivante, SNK réitérait l’expérience en sortant Fu-un : Super Tag Battle, une suite qui, comme son nom l’indique, proposait un système de combat en tag, en d’autres termes en équipe avec la possibilité de switcher d’un personnage à un autre. La licence n’ira malheureusement pas plus loin, le public n’ayant pas été très réceptif à l’époque, préférant largement les épisodes de KOF, Samurai Spirits et Fatal Fury, les trois séries phares de la firme. Produit à de petites quantités, la cartouche AES de Kizuna Encounter se vend aujourd’hui à plus de 10 000 € sur les sites d’échanges en ligne type eBay, ce qui fait de lui le jeu le plus cher et recherché de l’Histoire du jeu vidéo. Rien que ça !
Pot-pourri
Malgré toute la bonne volonté du monde et quel que soit son degré de nostalgie, impossible de faire l’éloge de Savage Reign, le premier jeu proposé dans cette compilation baptisée Fu-un Super Combo. Déjà, à l’époque, le titre avait bien du mal à concurrencer les autres productions de la firme et plus de 10 ans après sa prime apparition, le résultat se montre encore plus austère. Absence de cinématique d’intro, un menu de sélection des personnages basique nous rappelant le tout premier Fatal Fury, un casting affichant tout juste 10 personnages - pas un de plus - un character design assez controversé, des combattants au look bien particulier, Savage Reign part avec un certain nombre de handicaps. Côté gameplay et donc système de jeu, le titre de SNK affiche des idées intéressantes sur le papier. Effet de zoom façon Art of Fighting afin d’élargir le champ de vision, des changements de plan repris de la série Fatal Fury, la possibilité de varier la puissance de ses attaques en laissant le doigt appuyé sur le bouton, rappelant World Heroes et des personnages utilisant des armes blanches comme c’était le cas dans la saga Samurai Spirits, SNK proposait avec Savage Reign un véritable melting-pot des meilleurs ingrédients qui ont fait le succès de tous ses autres séries. Manque de chance, SNK n’est pas parvenu à concrétiser toutes ces belles paroles et une fois la manette, ou plutôt le stick, le résultat se révèle d’un autre acabit.
Extrêmement bien gérée dans Fatal Fury 3, la notion de plans n’est que pur gimmick dans Savage Reign, la faute à des coups spéciaux pas franchement adaptés au système et qui ont tendance à casser le rythme du combat. Les amateurs de combos dévastateurs risquent également de faire grise mine, puisque Savage Reign n’offre que peu d’alternatives en terme d’enchaînements. Déjà bien limité en 1995, le gameplay est en 2007 complètement has-been, d’autant que le design assez fantaisiste des persos (un boxeur se battant avec une épée dans la main, un clown avec des rollers) ne fera que remuer le couteau dans la plaie.
The King of Loosers
Nonobstant un résultat bien mitigé, SNK donnera une suite à Savage Reign l’année suivante, sous le nom de Kizuna Encounter : Super Tag Battle. Visiblement conscients des défauts du premier épisode, les développeurs ont grandement revu leur copie, quitte à faire l’impasse sur certains éléments. Exit le système de plan alternatif, SNK a désormais opté pour le Tag Battle. Un système qui sera repris dans l’excellent KOF XI, paru tout récemment sur PS2, et qui permet de permuter de partenaire en appuyant tout simplement sur une même touche. Le changement de persos n’étant pas bridé comme dans ce dernier, les matchs dans Kizuna Encounter : Super Tag Battle gagnent alors en punch, ce qui tranche radicalement avec la lenteur de Savage Reign. Avant le début de chaque match, le joueur est donc invité à créer son équipe de deux combattants, parmi les dix proposés. Un nombre toujours aussi faiblard, même pour l’époque et ce malgré l’apparition de deux nouvelles têtes : Kim Sue-il, un descendant de Kim Kaph Wan et Rosa, une excellente combattante maniant le sabre à la perfection. Si Kizuna Encounter : Super Tag Battle a gagné en intensité par rapport à Savage Reign, le titre souffre néanmoins d’un manque flagrant de variété en ce qui concerne les attaques et autres combos. Dommage car le système d’esquive hérité de Samurai Spirits III – permettant d’éviter une attaque et de passer dans le dos de son adversaire – ouvre des opportunités bien intéressantes. Mais ce sont peut-être tous ces éléments repris des sagas fétiches de SNK qui empêchent Savage Reign et Kizuna Encounter : Super Tag Battle de se démarquer de toutes ces productions uniques. L’originalité, parfois, ça aide.
Disponible chez Tokyo Eyes - 23, rue Keller - 75011 Paris