Test Fist of the North Star : Ken's Rage

Les temps, comme les œufs, sont hélas bien durs pour les adaptations de Ken sur consoles. Malgré une grande popularité à travers le monde, la célèbre série de Tetsuo Hara et Buronson n'a que très rarement donné naissance à des jeux vidéo de qualité. A notre grand regret d'ailleurs, tant il est indéniable que l'univers ultra violent et les personnages charismatiques de la saga auraient pu être propices à moult transpositions sur consoles. Hélas, avec quelques jeux de baston et de boxe plutôt moyens sur Arcade et un titre d'aventure bien moisi sur PSone, l'homme au sept cicatrices n'a jamais vraiment eu sa chance dès lors qu'il était héros d'un jeu vidéo. C'est pourquoi, lorsque Fist of the North Star : Ken's Rage nous est tombé entre les mains, c'est avec une petite boule au ventre que nous nous sommes empressés de lancer la première partie. Avec un peu de chance, nous tenions enfin là un produit de bon aloi, d’autant que les premiers trailers laissaient présager un titre ambitieux et respectueux des dessins animés qu’on découvrait entre un épisode de Nicky Larson et des Chevaliers du Zodiaque. Ce n’était malheureusement qu’une illusion de plus...

Il a fait tic-tac, Toki

Dès le premier niveau, le joueur aguerri aura compris qu'il a entre les mains un titre aux finitions hasardeuses. Côté graphismes, si l'on reconnait du premier coup d'œil les différents personnages de la série animée (héros et vilains) et quelques environnements post-apocalyptiques rappelant vaguement ceux aperçus dans la série, l'ensemble manque tout de même de conviction. Niveau de détail insignifiant, clipping horripilant, aliasing omniprésent, textures fades et peu nombreuses... on a du mal à se dire que l'on se trouve sur PS3 et X360. Arrivent ensuite les premiers combats. En bon Dynasty Warrior's like qui se respecte, Fist of the North Star : Ken's Rage nous propose d'affronter des hordes d'ennemis, dans un esprit "seul contre tous", finalement proche de la série. Mais là encore, les choses ne sont pas franchement joyeuses. Animations rigides et limitées, gameplay ultra basique et caméra qui donne le tournis (mention spéciale à l'insupportable motion blur qui vient rendre toutes actions illisibles), Fist of the North Star : Ken's Rage, n'a pas grand-chose pour lui. Vos adversaires non plus d'ailleurs, avec leurs trois animations et demi et leur I.A. à mourir de rire, ils ne seront que de pauvres pions que vous massacrerez à tour de bras, sans jamais forcer votre talent. Certes, vous avez entre les mains le successeur du légendaire Hokuto Shinken et en face, vous ne trouverez que quelques sbires à la solde du terrible Raoul (ou Raoh, pour les intimes). Mais quand même, on aurait aimé un peu plus de challenge, histoire qu'un sentiment un peu plus prononcé de puissance se dégage de notre héros. Ken a beau être "l'héritier des plus grands maîtres chinois", dans ce jeu, on a l'impression qu'il a surtout traîné avec les maitres pâtissiers du XIIIème arrondissement de Paris, et qu'il s'est empiffré le bide de boules coco, se traînant ainsi une surcharge pondérale qui l'empêche de se déplacer à plus de 2 km/h. Sa démarche est pachydermique, ses coups sont horriblement mous et il semble envoyer un fax à ses ennemis à chaque fois qu'il essaye de se retourner. Les combats se résument donc vite à de pénibles enchaînements de combos (réalisables avec les touches Carré et Triangle) que le joueur répétera jusqu'à la lie, dans des niveaux interminables et peut-être trop nombreux. Bien sûr, comme c'est le cas dans 99% des jeux d'action aujourd'hui, votre personnage pourra apprendre de nouvelles techniques déblocables grâce à un système de "points de talents". Hélas, ce n'est certainement pas cet argument qui viendra nous convaincre que Fist of the North Star : Ken's Rage est autre chose qu'un produit qui a été réalisé à la hâte.

Il est dans les choux, Shu

C'est dommage car malgré ces nombreux défauts, il y a un point sur lequel Fist of the North Star : Ken's Rage est réussie : sa fidélité par rapport au matériau d'origine. Avec ses 60 missions jouables avec cinq personnages différents pour les quêtes principales (Ken, Rei, Toki, Raoh et Mamiya) et un mode « Fiction » (qui offrira la possibilité d'incarner Jagi, Shin ou encore Thouzer), les fans pourront revivre les grands moments de l'animé, la trame suivant à la lettre le déroulement de la série, du premier village que défend Ken jusqu'à son affrontement avec Raoh. De plus, le côté ultra violent de la série est parfaitement retranscrit à l'écran, puisque lorsque vous réussirez le bon combo, vos adversaires fléchiront en se déformant tels des mutants, avant d'exploser dans d'énormes gerbes de sang qui viendront gicler sur l'écran. Un peu gluant, mais appétissant. Du côté de la bande-son, rien à reprocher puisque les partitions heavy metal du jeu rappelleront aisément les ambiances de la série. Enfin, il est à noter que les voix sont disponibles en japonais et en anglais. Dommage que pour notre beau pays, l'éditeur n'ait pas songé à faire appel à Philippe Ogouz et ses amis pour refaire des bouts de dialogues à l’ancienne. Car inutile de dire que si l'on avait entendu des phrases telles que "Jagi, l'heure est venue de payer tes factures, et elles sont chères", "cette attaque est si rapide et si tranchante que lorsque le sang jaillit c'est déjà un bloc de glace à la vanille", ou bien encore "après t'avoir cassé la main, je vais te casser les pieds", notre petit cœur nostalgique aurait facilement pu faire pencher la balance !