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Après un diptyque Gamecube/Wii particulièrement captivant, on regrette que cette nouvelle itération de l’ancestrale saga Fire Emblem ne soit habitée par cette faculté à faire voyager. Il est vrai que nous sommes face à un remake de tout premier épisode de la série, mais à l’image du gameplay qui a su composer avec les avancées enregistrées au cours des années, Fire Emblem : Shadow Dragon aurait réellement gagné à jouir d’une narration moderne et approfondie. Reste qu’en dépit de mécaniques qui ne surprendront plus grand monde, le titre s’impose sans surprise comme un incontournable du genre Tactical-RPG, d’autant que ses nombreux modes de difficulté sont faits pour contenter toutes les catégories de joueurs.
- Système toujours aussi bien huilé
- Durée de vie honnête
- Gestion des personnages simple et riche
- Variété des classes
- Utilisation complète du WiFi
- Un mode de difficulté pour chaque type de joueurs
- Narration minimaliste
- Character design un brin décevant
- Trop faible techniquement
- Aucune surprise
Laissée pour morte durant la période Nintendo 64, la série Fire Emblem a ressuscité à l’aube des années 2000 pour nous abreuver de batailles mortellement tactiques. Avec une cadence de près d’un épisode par an depuis 2002, il est logique que les scénaristes aient ressenti le besoin de souffler avant de flancher dans leur productivité. Fire Emblem : Shadow Dragon se charge donc de nous raconter et de nous faire vivre ce qu’une insignifiante frange de la population française a eu la chance de connaître : la naissance du Tactical-RPG.
Remake du tout premier épisode paru sur Famicom en 1990, Fire Emblem : Shadow Dragon nous raconte l’histoire de Marth, un jeune héros au destin tragique que les fans de Nintendo ont connu dans des circonstances assez joyeuses, lors des batailles de polochons vidéoludiques d’un Super Smash Bros. Melee. Sans nous en apprendre davantage sur ce garçon à la tignasse bleutée que ce qui était contenu dans le mode Trophées du célèbre jeu de baston, la firme de Kyôto a récidivé l’été dernier en l’intégrant au roster de Super Smash Bros. Brawl. Une présence nuisible à l’équilibre du casting du titre diront les puristes, mais qui a surtout servi à fidéliser les joueurs autour d’un personnage énigmatique dont les chroniques nous sont enfin contées.
Les Chroniques de Marth
Malheureusement pour les amateurs d’Histoire, ces dernières ont été écrites il y a bien des printemps, et ne correspondent plus tout à fait aux exigences narratives en vigueur à notre époque. Le potentiel de Fire Emblem : Shadow Dragon existe bien, mais la réalité qu’il démontre sur le terrain est cruelle, surtout si l’on se réfère aux derniers épisodes GameCube et Wii qui avaient le chic d’être prenants. Le problème de ce premier opus DS est qu’il souffre des carences caractéristiques à la période 8-bits, durant laquelle les joueurs se réclamaient davantage de l’école du gameplay. Tant mieux diront certains, dommage clameront les autres. Toujours est-il qu’entre une montagne étouffante de textes et les trois lignes qui servent ici de transition entre les chapitres, Intelligent Systems aurait pu trouver un juste milieu. Sans doute dans un souci de fidélité avec l’œuvre d’origine, même les habituelles séances de parlotte servant à développer le background de son escouade sont absentes ici, ce qui ampute le titre d’une bonne tranche d’immersion. Dommage. Entre les batailles, il est désormais question d’aller à l’essentiel, comme le choix de ses unités en vue de l’affrontement qui suit, la gestion des inventaires de chacun, ou, petite nouveauté, la réaffectation de ses troupes vers les nombreuses autres classes (sans oublier qu’il est possible d’en débloquer de nouvelles via le système de promotion). Une option sympathique qui permet de pallier aux éventuels manquements de notre équipe - que l’on devra, Fire Emblem oblige, au caractère irréversible de la mort. Véritable marque de fabrique de la série, ces morts définitives sont toujours d’actualité ici, bien qu’il faille reconnaître que Fire Emblem : Shadow Dragon peine à nous prendre en défaut en niveau de difficulté "Normal". Heureusement, de nombreux modes de difficulté (qu’on nous promet jusqu’à cinq fois plus corsé que celui de base) sont disponibles d’emblée. Sans aller jusqu’à s’infliger un tel traitement, il faut reconnaître que le titre est capable de semer le doute à chaque fois qu’il nous mettra aux prises d’un nouveau type d’unités (Chevalier Dragon, Balistaire…). Mais le jeu des priorités étant plus que jamais déterminant dans cet opus, il suffira simplement de placer intelligemment ses pions pour mettre en échec une I.A. qui manque de vice et d’agressivité. Les personnages volants sont particulièrement vulnérables face aux armes de jet par exemple, tandis que les balistes sont handicapés par une mobilité réduite et une incapacité à contre-attaquer. Face à des Cavaliers qui sont capables d’arriver rapidement à leur voisinage, elles ne feront donc pas long feu. Au pire, les joueurs qui peineront à garder une troupe conséquente pourront toujours se reposer sur les quelques points de sauvegarde - à utilisation unique - qui parsèment les maps afin de s’assurer de l’efficacité de leur stratégie.
L’emblème du vieux
Pour ceux qui prendraient le train en route, rappelons que les Fire Emblem sont des Tactical-RPG à l’ancienne, ce qui sous-entend que les combats sont menés au tour par tour, sur des cartes quadrillées. Totalement simpliste dans son principe, la série s’appuie alors sur système de priorité – comme évoqué plus haut – afin de gagner en finesse. Mais plus que l’avantage que peut avoir une des flèches sur un type d’adversaire, c’est surtout le pierre-feuille-ciseaux des armes qui incarne le mieux cette notion. Absente dans la mouture originale, elle a été intégrée dans ce remake, ce qui permettra aux nombreux fans de la licence de ne pas être décontenancés par une absence qui aurait été jugée rétrograde. On reprend alors rapidement nos marques dans Fire Emblem : Shadow Dragon, si bien qu’il devient très vite naturel d’attaquer un épéiste à la lance. Les haches ont alors l’avantage sur celles-ci, mais sont vulnérables face aux épées. La boucle est bouclée. Malheureusement, on regrette que cet épisode n’ait pas trahi les constantes de la série sur sa réalisation technique, toujours aussi pauvre comme le veut le cahier des charges de Intelligent Systems. On constate un réel effort par rapport aux épisodes GBA, mais le character design pour une fois raté, et le manque général de détails et de chaleur ne font pas honneur aux capacités de la DS. Si ces dernières ne peuvent se raccrocher au côté tactile sympathique mais pas révolutionnaire de la prise en main, elles trouvent tout de même une forme de salut dans la large utilisation du Wi-Fi, aussi bien en local que via le Nintendo Wi-Fi Connection. Pour la première fois dans la licence, il est désormais possible de se mesurer à un autre joueur, avec option chat vocal à la clé. De plus des boutiques en ligne et la possibilité de recruter ou mettre à disposition des unités ont également été intégrées, ce qui permet de rallonger efficacement une durée de vie déjà correcte. Sans compter qu’elle est désormais renforcée par des quêtes annexes inédites.