Test également disponible sur : Xbox - PC - PlayStation 2

Test Fahrenheit sur PC

Test Fahrenheit
La Note
note Fahrenheit 16 20
 

Après un départ sur les chapeaux de roue, Fahrenheit s’essouffle malheureusement un peu vite en terme d’alternatives, et les choix disponibles ne sont pas aussi larges que ceux qu’on osait espérer. Se terminant en moins de dix heures, le jeu parait un brin court tant on le dévore une fois entamé. On pouvait alors compter sur une forte replay-value, mais celle-ci n’est pas non plus celle qu’on espérait et, plutôt que de re-parcourir l’ensemble du jeu pour tester une nouvelle décision, on ne refera au mieux que les quelques chapitres nécessaires. Malgré tout, et si visuellement le titre marque le coup des années, la réalisation cinématographique de Fahreinheit, son ambiance et son gameplay en font une expérience à ne pas rater. Tel un film, certains passages laisseront de grands souvenirs et on ne pourra s’empêcher d’avoir une pensée pour tous les héros du jeu. Si on en attendait particulièrement beaucoup (peut être trop) du nouveau titre de David Cage, celui-ci  reste une œuvre riche, originale et surtout enrichissante pour le jeu vidéo et qui, rien que pour ça, mérite d’être acquise.


Les plus
  • Mise en scène digne du cinéma
  • Gameplay immersif
  • BO de qualité
Les moins
  • Moins ouvert qu'annoncé
  • Plus court que prévu
  • Une fin bâclée


Le Test

Très timide à ses débuts, la nouvelle production du studio français Quantic Dream aura attendu les quelques mois précédant sa sortie pour refaire parler d’elle. Après l’extraordinaire Omikron, alias The Nomad Soul, la dernière œuvre de David Cage aura tout de même su tirer un buzz de ce long silence, et nombreux sont les joueurs voulant s’essayer au nouveau phénomène. Fahrenheit saura-t-il les satisfaire ?


Rares sont les studios pouvant se permettre six ans d’attente entre chaque production, surtout en France. Résistant grâce à leur studio de motion capture utilisé par la télévision et le cinéma, les équipes de Quantic Dream se distinguent par une économie différente, mais aussi et surtout en ce qui nous concerne par une vision différente du jeu vidéo. Trouvant dans ce média des possibilités de création analogues au cinéma et lassé des grosses productions vidéo ludiques finalement peu innovantes, David Cage jette un pavé dans la marre avec un Fahrenheit résolument différent.

 

Tueur malgré lui

 

A moins de ne pas avoir suivi l’actualité ces deux derniers mois, le scénario de Fahrenheit reste une des rares choses que l’on connaît déjà sur ce titre avant de mettre la main dessus. Débutant dans les toilettes d’un restaurant, vous êtes Lucas Kane, un homme apparemment comme les autres mais qui s’est malheureusement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Sortant d’une transe, vous vous réveillez maculé de sang, les bras tailladés d’étranges symboles rituels et un inconnu mort entre vos jambes. Pas de doutes, que vous le vouliez au non, vous êtes l’auteur de ce crime. Comment ? Pourquoi ? A vous de le découvrir, et pour cela il vous faut encore sortir libre de l’endroit où vous vous trouvez pour mener votre enquête. Jouant et abusant du multi-screen façon 24 Heures Chrono, le jeu prend plaisir à dévoiler les scènes simultanément sous différents angles, mais offre surtout la possibilité de visualiser ce qu’il se passe au même instant dans un autre endroit. C’est ainsi que vous découvrez qu’un policier figure parmi les clients du restaurant. Ne pouvant vous permettre qu’une personne vous voie sur la scène du crime, il vous faut garder votre sang froid et agir vite. Qu’allez vous faire ? Sortir précipitamment au risque que tout le monde remarque votre comportement suspect et le sang souillant votre visage ou masquer un maximum de preuves et reprendre un comportement normal pour n’éveiller aucun soupçon ? Les choix n’appartiennent désormais qu’à vous, mais attention, toute action peut avoir une conséquence, parfois immédiate, parfois de longues heures plus tard.

 

Schizophrénie aiguë

 

Pour varier les plaisirs, mais aussi pour permettre de mieux apprécier les conséquences de vos actes, Fahrenheit vous permettra également de contrôler l’équipe de policiers menant l’enquête sur le meurtre qui a sali vos mains. Un choix à première vue risqué puisqu’on aurait tendance à négliger le travail d'investigation pour privilégier la fuite de Lucas Kane, mais qui va vite montrer à quel point il a été étudié. Chaque personnage garde en effet une part d’ombre et si vous pouvez cacher l’arme du crime lors des premières minutes du jeu, la caméra aura judicieusement choisi un angle différent pour ne pas vous permettre de savoir où Lucas a caché celle-ci. La curiosité n’étant pas toujours un vilain défaut, on se prend alors au jeu et on en oublie presque qu’on se traque soi-même. L’empathie envers les personnages, si chère à David Cage, n’est pas non plus innocente et l’attachement rapide aux personnages nous incite à toujours en faire un maximum, quel que soit le coté de la barrière où nous nous trouvons. On découvre alors les personnalités de chacun, et s’il est possible d’alterner entre la belle Carla Valenti et le très décontracté Tyler Miles, cela s’avérera vite une option obligatoire tant leur vécu influencera leurs manières d’aborder les choses. Sur un même objet, chacun interagira différemment et ce n’est qu’en cumulant les indices perçus par l’un et l’autre que l’on progressera pleinement.

 

Scénario peaufiné, multi-fenêtrage, jeu de caméras, bande-son d’exception et acteurs au rendez-vous, Fahrenheit ne cache ni ses inspirations cinématographiques, ni les envies de son créateur. Les clins d’œil et autres pieds de nez ne manque d’ailleurs pas, et dès le générique le nom de David Cage apparaît sous un très classieux "Ecrit et réalisé par". Plus tard, ce seront quelques informations bien cachées qui pourront se glaner, comme une news traînant sur le réseau Internet du jeu annonçant le succès cinématographique de la trilogie Omikron. Trilogie ? Omikron 2 ne serait alors par le dernier de la série ? Mais plus que de simples mots, c’est la réalisation du jeu lui-même qui nous plonge dans une ambiance plus proche du film que du jeu vidéo. Doubleurs officiels de Keanu Reeves, Will Smith, Brad Pitt ou encore Angelina Jolie, les répliques sont assurées par les plus grands tandis que la bande originale s’est payée Angelo Badalamenti, travaillant habituellement au cinéma (NDRC : notamment avec David Lynch), et offre aussi des titres d’artistes comme Nina Simone ou, dans un registre plus récent, Theory of a Deadman. Le vice est poussé jusque dans les menus et, à l’instar du DVD, les plus persévérants pourront débloquer le making-of, les séances de doublage ou encore des scènes coupées au montage. Les références ne manquent alors pas et on ne peut s’empêcher de penser à S7ven lors des entrées de notre duo policier, à Matrix quand Lucas, tel l’élu, se découvre de nouveaux talents et se lance dans des combats particulièrement chorégraphiés, au Jour d’Après pour le climat apocalyptique condamnant la ville, et à d’autres succès du grand écran auxquels Fahrenheit offre quelques clins d’œil au fur et à mesure de l’histoire.

 

Shenmue Vs Track & Field

 

Au delà de sa mise en scène, Fahrenheit surprend aussi par son gameplay. Loin des sacs sans fond des inventaires habituellement accordés aux jeux d’aventure, des survols de pointeur en cherchant une ultime action à accomplir, le jeu se veut immersif jusqu’au bout et il faudra reproduire à la souris ou au stick analogique les mouvements du protagoniste du moment. Les boutons de la manette ne sont alors plus qu’artifices et pousser une porte, passer le balai ou encore ouvrir un placard se fera désormais par une simple pression dans la bonne direction. Les dialogues ont également opté pour un déroulement inhabituel et se déroulent en temps réel, vous obligeant à prendre une décision vite, sous peine de voir la rencontre s’abréger et de précieux indices partir avec elle. Mais l’immersion ne s’arrête pas là et comme pour tout film, le jeu a aussi droit à son lot d’action. Courses poursuites et combats animent alors l’histoire et dès le tutorial, on nous annonce la couleur : il faut ressentir la fatigue physique du personnage. Non sans rappeler les QTE (Quick Time Events) de Shenmue, Fahrenheit nous demande alors de reproduire à l’aide des deux sticks analogiques sur console, ou du couple clavier/souris sur PC, des séquences s’affichant sur l’écran. De plus en plus longues et surtout de plus en plus rapides, on se prend vite au jeu et il faut avouer que certains passages sont surprenants tant on se met dans la peau des protagonistes, jusqu’à ressentir leur stress par le nombre d’opérations à accomplir et la vitesse à laquelle il faut s’exécuter. Ces PAR (Physically Action Reaction), comme les nomme David Cage, restent toutefois moins éprouvants que les épreuves utilisant les gâchettes (ou les touches correspondantes) pour tester votre endurance. A la manière d’un Track’n’Field il faudra en effet marteler en rythme pour rester accrocher à un rebord au dessus du vide, pour forcer une vitre ou encore pour nager au fond d’un lac gelé. Malheureusement, aussi excellent soit-il, ce gameplay sera vite surexploité jusqu’à ne plus conduire qu’à une succession de phases d’action laissant trop souvent de côté la véritable histoire du jeu, et nous précipitant sur une fin trop vite amenée.




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Laurent Moreaux

le lundi 12 septembre 2005, 18:10




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