Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Fade to Silence : un jeu qui ne fera effectivement aucun bruit sur PS4

Test Fade to Silence : un jeu qui ne fera effectivement aucun bruit
La Note
note Fade to Silence 9 20
Certainement trop ambitieux sur presque toutes ses facettes, Fade To Silence se perd allégrement dans ses nombreuses mécaniques de jeu pourtant réellement pertinentes sur le papier. Seulement voilà, souffrant d’un gameplay d’une rigidité épineuse, de maladresses de game design par dizaines et d’un rythme mollasson auquel on ne pardonnera rien - la faute clairement due à tous ces défauts indigestes que l’on n’avait pu soupçonner avant la sortie du jeu - la production allemande se perd vite en chemin, et nous avec. Son concept exigeant, obligeant régulièrement le joueur à tout recommencer de zéro, aurait pu être un véritable atout si le reste suivait suffisamment mais force est de constater que cette aventure survivaliste n’est pas assez solide pour que l’on s’y accroche avec foi... même en s’appuyant sur une plastique convenable. On passe notre tour.

Les plus
  • Des bonnes idées sur le papier
  • Graphiquement convenable
  • Une direction artistique avec un bon potentiel
Les moins
  • Un rythme qui ne décolle jamais
  • Des combats fades et mal équilibrés
  • Un gameplay rigide au possible
  • Une histoire et une écriture presque inexistantes
  • Des animations à revoir totalement
  • C'est mou, bon sang
  • Certains bruitages sont insupportables
  • Le concept est plutôt bon mais décourageant à cause de tous ces soucis


Le Test

Difficile de se faire une place de renom dans l’industrie vidéoludique, surtout quand on ne dispose pas de ressources suffisamment conséquentes pour faire aboutir pleinement ses idées. Généralement, et ce n’est un secret pour personne, seul un concept audacieux et bien pensé permet de se démarquer du lot : le studio Black Forest Games en est bon un bon exemple avec son premier titre, Giana Sisters Twisted Dreams, un jeu de puzzle qui s'était appuyée sur une campagne Kickstarter et qui avait été très favorablement reçu lors de sa sortie en 2012. Malheureusement pour les Allemands, la suite ne s’est pas passée comme prévue avec plusieurs softs à l’accueil plus que mitigé, aboutissant sur Bubsy: The Woolies Strike Back, un titre de plate-forme aussitôt publié, aussitôt lynché… et à juste titre. Avec Fade To Silence, les développeurs espèrent enfin relever le niveau avec une expérience authentique, mystérieuse et surtout mature. Mais l’ambition a un prix, et mal gérée, il s’avère particulièrement salé.


Fade to SilenceTout au long de sa courte et discrète campagne de communication, Fade to Silence s’augurait plutôt bien. Complet, plutôt aguichant visuellement, avec un univers singulier : difficile de ne pas s’intéresser, même un tantinet, à ce jeu de survie exigeant sorti de nulle part. D’ailleurs, le pitch et l’ambiance ont le don de soulever la curiosité avec un monde post-apocalyptique entièrement dévoré par un climat glacial recouvrant de neige, de glace et d’autres blizzards mortels les reliques de notre époque actuelle. On y incarne alors Ash, un des survivants tentant, en tant bien que mal, de vivre dans ce bordel sans nom dans lequel les forces d’Outre-Tombe ont également investi les lieux. Toutefois, notre héros dispose d’une particularité unique : il est étrangement lié au dieu de la mort – appelons-le comme tel -, ce qui lui permet de dialoguer avec mais également de ressusciter plusieurs fois et même de défaire les racines de l’enfer. Il devra ainsi protéger sa fille, construire un camp et purifier les alentours : sur le papier, tout colle. Et pourtant…

LE SILENCE S’ACHÈTE BEL ET BIEN

Fade to SilenceFade to Silence dispose de très bonnes idées, c’est indéniable. Malheureusement, une fois manette en mains, c’est une autre paire de manches et cela commence inévitablement par un rythme à la fatalité sacrément douloureuse. Au-delà de tous les problèmes que l’on énumérera et détaillera plus tard, la production allemande souffre d’une atonie qu’il est, d’emblée, difficile à encaisser. Ash n’est pas pénalisé que par son chara-design ultra-classique mais aussi et surtout par une écriture qui frôle l’inexistence et qui vaut, de manière générale, pour l’ensemble de l’aventure. La sentence est irrévocable : ce charisme d’huître congelée, valable clairement pour tous les (très rares) personnages du jeu, amorce vite un cinglant désintérêt à la quête principale, elle-même extrêmement vague tout du long. Les objectifs ne sont jamais très clairs, ni scénarisés et, lors des quelques dialogues advenant, on a tout simplement pitié du doublage kitsch, de la mise en scène sortie des années 90 et des "animations" faciales, qui méritent ici amplement leurs guillemets. Pourtant, cette sombre divinité qui s’amuse, régulièrement, à torturer l’esprit du protagoniste – un bout d’idée qui rappelle l’excellent The Darkness – et le pourquoi du comment de ce monde dévasté, mystérieux, auraient pu rendre ce périple captivant. Tristement, Fade to Silence s’enfonce dans un mutisme tout simplement ennuyant, qui colle alors particulièrement à sa dénomination, et ne tient aucunement en haleine.


SUFFER, DIE, REPEAT

Fade to SilenceHeureusement, le titre dispose d’autres arguments pour vendre son expérience, du moins dans ses trailers ou, tout au mieux, sur une brochure publicitaire en bonne et due forme. Fade To Silence s’impose d’emblée comme un pur jeu de survie, particulièrement exigeant, mais aussi très complet. Concrètement, le but de l’aventure est de se construire un abri suffisamment dense pour y accueillir plusieurs survivants, explorer les différentes régions environnantes et les nettoyer des forces maléfiques pour apaiser quelque peu le paysage. Mais avant tout, Fade To Silence s’appuie sur un concept singulier qu’il est primordial de connaître avant de se laisser tenter : un système de résurrections et de morts définitives qui peut mettre à mal… toute votre partie. Ash peut ainsi mourir – et cela arrive d’ailleurs de nombreuses fois – mais aussi revivre grâce à un pouvoir mystérieux, en conservant son arsenal et en repartant de la crypte, le tout premier lieu du jeu. Seulement voilà, au bout de trois résurrections, le prochain game over sera d’une fatalité toute autre et obligera le joueur à repartir… de zéro. Tout simplement. La punition est particulièrement douloureuse, surtout après un run de plusieurs journées qui, alors, part en fumée dans sa presque intégralité.


STAYING ALIVE

Fade to SilencePresque, oui, car les développeurs ont tout de même conçu un système de Flammes de l’Espoir permettant de repartir d’un meilleur pied à chaque nouvelle mort définitive. Parfois à récupérer dans le monde ouvert, celles-ci permettent plusieurs bonus lors d’une nouvelle partie : disposer de plus de "revives", conserver ses chiens de traineau, garder tous les points de contrôles précédemment acquis sur l’étendue de la map, avoir d’office un certain nombre de ressources… Ces mécaniques de résurrections, de morts et de Flammes permettent évidemment d’ajouter une tension générale mais, malheureusement, sont surtout d’une terrible frustration. Si l’on arrive généralement à aller toujours un peu plus loin dans « l’histoire » à chaque game over, refaire le didacticiel (long et SOPORIFIQUE) et s’arranger pour obtenir à nouveau tout le stuff sont d’une souffrance amère. En soi, l’idée n’est pas mauvaise mais elle est desservie, déjà, par ce rythme affreux mais aussi par tous ces éléments faiblards, mal fichus ou plus simplement… bugués. La dernière chose dont on avait alors envie dans Fade to Silence, c’est de repartir avec notre bite et notre couteau après de déjà bien longues heures de galère.


LA MEILLEURE DÉFENSE, C'EST LA FUITE

Fade to SilenceL’autre problème de Fade to Silence, c’est assurément ses nombreuses fragilités de gameplay qui rendent toute l’expérience beaucoup plus compliquée qu’elle n’en a déjà l’air. Le contrôle d’Ash est particulièrement mollasson et, a priori, cela est tout à fait normal puisqu’il ne s’agit pas d’un guerrier, d’autant plus que le but principal est d’être d’une certaine fragilité. Là où le bât blesse, c'est que sous leurs airs de Souls-like pourtant séduisants, les combats montrent bien vite leurs déséquilibres avec des ennemis trop punitifs (et inutile de vous rappeler ce qu’un game over engendre), très peu variés et aux sensations bien fades. Avec une barre d’endurance à gérer constamment, on se retrouve bloqué face à des situations qui ne devraient pas être aussi malencontreuses : il suffit que plusieurs monstres vous prennent à part, tout simplement, pour que vous ne puissiez vous extirper du combat vivant. Les patterns s’enchaînent souvent hasardeusement et, surtout, ne se coordonnent pas avec ceux des autres adversaires présents, débouchant sur une bouillie d’attaques imprévisibles et imparables. Rajoutez à cela des sensations d’impacts quasi-inexistantes et vous avez une bonne idée de ce qui vous attend : c’est dommage, car certains démons sont plutôt classes et imposants… mais ça s’arrête malheureusement là. Souvent, la fuite reste le meilleur moyen de ne pas ressortir les pieds devants. C’est dire.


RIGIDE BARDOT

Fade to SilenceAfin de survivre, Ash devra aussi et surtout fouiller son environnement pour se sustenter, lui et son camp. Le craft est donc indispensable et, là aussi, s’avère sacrément mou du genou. Il faudra se construire une épée, une fourrure, du feu de bois, des potions de santé, un arc et nous en passons en récupérant des ressources absolument partout : jusque-là, c’est plutôt normal pour un jeu de survie. Le véritable problème, c’est que l'acquisition de ces items prend un temps infini et de nombreux allers retours sur une map relativement grande, que l’on ne prend franchement pas plaisir à parcourir. Ash est d’une franche rigidité dans ses déplacements, les nombreux blizzards mortels freinent complètement votre progression, vous tuant sur le champ, et les jauges de faim et de froid à gérer constamment viennent enliser un rythme que l’on aurait juste espéré un petit peu plus pêchu. Certains objets sont à récupérer selon des manières bien précises, par exemple à travers la chasse : seulement voilà, celle-ci demande obligatoirement un arc et des flèches pour abattre les animaux. Pourtant, ceux-ci se bloquent régulièrement dans des murs et il est tout à fait possible de les abattre au corps à corps, mais non, les coups passent au travers… Il en est de même pour un tas d’autres activités, inutilement exigeantes. Les chiens de traineaux, quant à eux, sont difficilement maniables et partiellement buggés : à cela viennent aussi s’ajouter des menus peu ergonomiques en temps réel, qu’il faudra dompter avec persévérance… Sérieusement, ça commence à faire beaucoup.


L'HABIT NE FAIT PAS LE MOINE

Fade to SilencePourtant, Fade To Silence dispose d’une plastique assez propre, loin d’être honteuse. Sans être époustouflants - on en voit d’ailleurs assez vite les limites - les environnements, les textures et autres modèles 3D sont tout à fait honnêtes, tout comme une direction artistique globalement réussie. Seulement voilà, les animations, elles, viennent souvent tout gâcher, et le sound design est presque suffisamment énervant pour nous pousser à mettre le jeu en mute de façon à ne pas en supporter certains choix de mauvais goûts. On ne parlera même pas des doublages qui, eux, viennent enlever le peu de crédibilité dont les rares personnages pouvaient déjà disposer, ni des bugs énervants - le héros se mettant à courir tout seul sans pouvoir l’arrêter ou, pire, l‘impossibilité d’attaquer, un comble ! - qui s’avèrent un cinglant point final à l’expérience. Dommage, car les développeurs allemands avaient de bonnes idées indéniables, mais certainement trop ambitieuses au vu des moyens et talents déployés.


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