Test Elden Ring Shadow of the Erdtree : désolé, on ne lui a pas mis 20/20 (pas taper)
17 20
- Contenu gargantuesque pour un DLC
- Toujours cette sensation de liberté rare
- Une invitation à la découverte constante
- La direction artistique qui sublime
- La verticalité du level design
- Des boss qui forcent le respect
- Le gameplay toujours aussi profond
- Le jeu a été Sekiro-éisé et ça déséquilibre le gameplay
- Narration toujours aussi peu engageante
- Techniquement, c'est archi daté (10 ans de retard facile)
- Toujours des soucis de caméra
- Encore beaucoup de recyclage d'assets, de boss, d'animations, de patterns...
Elden Ring est donc de retour en 2024 à travers un DLC, le fameux Shadow of the Erdtree, soit deux ans après le phénomène que fut le jeu open world de From Software, qui a quand même réussi à vendre plus de 25 millions de copies dans le monde. C'est un exploit, n'ayons pas peur de le dire, surtout quand on sait ce que représente le jeu, sa vraie nature, soit une aventure implacable, sans aucune concession, repoussant sans cesse les limites du joueur. Bon ok, Elden Ring est un jeu moins compliqué que les précédentes productions du studio japonais comme l'ont été des titres comme Dark Souls, Bloodborne et Sekiro. Forcément, les initiés ont un peu roulé sur Elden Ring, tandis que le grand public a découvert que la souffrance est aussi une forme de plaisir. Comme on le dit souvent avec Laurely Birba, il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux, voir enfin la lumière. Et c'est justement l'euphorie de ce nouveau public qui a permis à Elden Ring d'être propulsé au rang de GOTY 2022 et être aussi élu parmi les meilleurs jeux de tous les temps, à un point où oser dire le contraire, voire même le critiquer sur des aspects pourtant légitime est devenu un crime de lèse-majesté. Heureusement, ceux qui se tapent les jeux FromS depuis 15 ans savent que le studio a la facheuse tendance de recycler ses assets, ses ennemis, ses animations, ses patterns et bien d'autres choses depuis bien trop longtemps, sans compter ce moteur graphique absolument vieillissant. Est-ce que ça en fait un mauvais jeu ? Non absolument pas, vraiment pas, mais si d'autres studios comme Electronic Arts, Ubisoft, 2K Games et d'autres le font, c'est polémique immédiat. Tout ça pour vous dire qu'on va enfin vous donner notre avis honnête sur ce Shadow of the Erdtree.
Maintenant que j'ai toute votre attention, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet. Première question à laquelle je vais répondre, car j'ai vu pas mal de personnes l'a posé sur les réseaux sociaux. Faut-il finir Elden Ring pour jouer à son DLC ? Alors déjà pour commencer, vous devez avoir le jeu pour lancer le DLC. C'est une extension, un add-on et non un stand-alone, donc il vous faut le jeu de base oui. Ensuite, il faut avoir bouclé certains pré-requis pour se lancer dans ces nouvelles zones de l'Entre-Terre, à savoir vaincre deux des boss les plus coriaces du jeu. Le premier est le Général Radahn, qui est le sosie de Raoh / Raoul dans Ken le Survivant, tandis que le second n'est autre que Mohg, seigneur du sang, reconnaissable entre mille, puisqu'on dirait le Grand Pope des Chevaliers du Zodiaque mais avec une tête de démons avec multiples cornes qui s'entremêlent. Et en plus le mec siège dans un temple en ruine. Vous ne pouvez pas le louper. C’est après avoir battu ces deux gus que vous pourrez activer la quête pour suivre le DLC.
LE BONHEUR DANS LA SOUFFRANCE
Pourquoi FromSoftware impose-t-il aux joueurs de battre ces deux boss majeurs avant de se lancer dans le DLC ? Tout simplement pour tester vos aptitudes, pour vous mettre à l'épeuvre, car comme vous avez pu l'entendre ces derniers jours, Shadow of the Erdtree ne fait pas de cadeau, encore moins qu'à l'époque de Elden Ring, puisque la difficulté est montée de plusieurs crans. Bah oui, maintenant que la formule FromS a été popularisée au grand public, Hidetaka Miyazaki peut enfin vous faire comprendre sa véritable intention : vous faire souffrir. Ce n'est pas pour rien que ça a gueulé sur Steam, que même les joueurs habitués aux jeux du studios se sont plaints de la difficulté, ou plutôt du manque d'équilibrage. Oui, c'est vrai, ils ont raison, les mob, les demi-boss et les boss ont gagné en agressivité. Oui, c'est vrai que si vous arrivez comme une fleur, vous allez vous faire one-shot par ces derniers. L’intégralité des ennemis ont été exagérément revus à la hausse et même si les initiés savent que chaque DLC des jeux FromS sont plus difficiles que le jeu de base, comme Elden Ring, c'est le jeu grand public du studio, forcément, ça râle plus que de raison.
UNE FORMULE SEKIRO-ÉISÉE
Personnellement, je suis assez d'accord avec les gens qui se plaignent, tout simplement parce qu'il est question ici d'un manque d'équilibrage global. Qu'on augmente l'agressivité des ennemis et qu'on offre aux boss des attitudes bien plus véloces et vénères, je n'ai rien contre, mais en échange, il faut que notre personnage ait les capacités pour palier à cela. En fait, FromS a mis dans ce DLC d'Elden Ring des éléments de Sekiro, qui reste le Souls-like du studio le plus difficile de tous. Jusqu'à présent, dans Elden Ring, il suffisait d'accumuler des runes pour augmenter le niveau de son personnage et distribuer des points de compétences qui augmentent sa puissance. Dans Sekiro, en revanche, l’approche est différente, puisque pour augmenter sa puissance d’attaque, collecter des ressources ne suffit pas ; il faut aussi repartir explorer d’anciennes zones pour affronter des mini-boss optionnels. Ce n'est plus le même niveau de levelling, ça demande au joueur d'être plus impliqué et surtout plus impliqué. En faisant ça, les développeurs veulent s'assure que les joueurs soient aptes à affronter les boss ultimes qui les attendent, sauf que l'avatar qu'on contrôle dans Elden Ring ne dispose pas des capacités du personnage de Sekiro. Sekiro demande au joueur de la vraie dextérité, de maîtriser le gameplay, le timing jusqu'au frame-perfect, alors que dans Elden Ring, on dispose de beaucoup plus d'outils pour gérer les boss avec de la magie, des invocations, des effets de statut, etc. Sauf qu'en sekiro-éisant les boss d'Elden Ring, on se retrouve un peu à poil en fait. Evidemment que vous allez y arriver au bout d'un moment, mais dans la douleur, avec beaucoup de frustration. Miyazaki parle d'équilibrage en mettant du Sekiro dans Elden Ring, perso je trouve que c'est l'inverse. Mais bon, on le sait maintenant, le mec est un sadique. La clé du succès reste la même : observer, étudier, analyser, patienter, encore et toujours. Il faut simplement accepter de se faire marcher dessus tant que l’on n’a pas décelé les failles.
Evidemment, cette nouvelle difficulté très inégale ne va pas entacher l'expérience globale. Oui, Shadow of the Erdtree reste un DLC incroyable. Tout le monde rêve que le DLC de ses jeux préférés soit aussi généreux que lui et nous transporte encore une fois dans un voyage incroyable dans un open world, toujours aussi massif. FromSoftwareavait annoncé une zone aussi vaste que Nécrolimbe, qui est la première région d’Elden Ring, mais vu l'open world a gagné en verticalité, je pense qu'on peut doubler la taille réelle. Comme dans le 1er Elden Ring, tout est visitable, chaque zone possède plusieurs strates avec un level design toujours plus ingénieux. La map est tellement riche, avec des chemins et un relief incroyables qu'on peut se perdre facilement, et comme dans le premier Elden Ring, si vous n'êtes pas curieux, vous pouvez passer à côté de plein plein de choses. C'est un jeu qui appelle à l'exploration, qui gratifie les curieux, comme l'a été Dragon's Dogma 2 il y a quelques mois. On est dans le même délire. Alors bien sûr, FromSoftware n'a pas retiré les fameuses catacombes qui étaient un peu un tue-l'amour dans le premier jeu, parce que bon, elles étaient archi répétitives, un peu comme les abysses dans Zelda Tears of the Kingdom. Cela dit, on va retrouver des zones inédites dans ce DLC qu'on appelles les Forges, qui sont des bâtiments à explorer et qui permettent de récupérer des armes, tout les Mausolées qui sont des lieux où des mid-boss vous attendent aussi. Et justement, en parlant des armes, impossible d'être déçus puisque les développeurs ont balancé plus de 100 armes inédites, des armes de corps-à-corps, de distances, des armes légères, lourdes, chacune disposant de ses propres capacités qui vont s'adapter à vos techniques de combat. Vous allez construire votre build et les modifier comme vous le voulez.
BEAU ARTISTIQUEMENT, FAIBLE TECHNIQUEMENT
Visuellement, Shadow of the Erdtree reste dans la continuité du Elden Ring de 2022 et ça ne pouvait pas être autrement, puisqu'il s'agit d'un DLC. En termes de direction artistique, c'est toujours aussi somptueux, on en prend plein la gueule, et quelques effets aident aussi à embellir sensiblement le tableau, comme le vent qui plie la flore, la pluie qui rend l'ambiance crasseuse, l’éclairage dans les endroits obscurs par exemple. Les boss ont toujours aussi de la gueule, ce qui permet de faire oublier les assets usés er recyclés jusqu’à la moelle depuis plus de 10 ans, hein, n'est-ce pas FromSoftware ? Mais soyons honnête : sur le plan technique et graphique pur, Elden Ring affiche de sérieuses carences. On est en 2024 et franchement, la DA ne sauve pas tout, et il y a franchement des passages où ça pique les yeux. Avec 25 millions de copies vendues pour Elden Ring et 5 millions en 72h pour le DLC, il y a intérêt que le prochain jeu de FromSoftware dispose d'un nouveau moteur graphique, car il n'y aura aucune excuse avec tout le pognon qui se sont faits. Ça permettra d'ailleurs aussi de revoir les soucis de fluidité dont sont victimes les joueurs. Et d'ailleurs, en parlant de ces millions qui ont été générés par le succès d'Elden Ring, ce serait aussi pas mal que FromSoftware passe à l'étape suivante en termes de narration. Parce que si l'histoire est intéressante, la façon de la raconter dans un open world reste toujours aussi archaïque. Va falloir passer à l'étape suivante, créer aussi de vraies cinématiques, là aussi, il n'y a plus d'excuses.