Test également disponible sur : Xbox One - PS4

Test Dynasty Warriors 9 : l'open world de la discorde sur PS4

Test Dynasty Warriors 9 : l'open world de la discorde
La Note
note Dynasty Warriors 9 8 20

Après avoir passé les 20 dernières années à nous recycler sans aucune vergogne une formule aussi éreintée que celle de ses Musô, et pour laquelle les joueurs ont curieusement toujours eu une clémence assez incompréhensible, Koei Tecmo et Omega Force semblaient enfin motivés à se mettre à la page. Sur le papier, Dynasty Warriors 9 avait tout pour plaire, ou du moins intéresser le public occidental, en proposant un open world prometteur calqué sur ce qui se fait chez la concurrence. Malheureusement, le jeu échoue à tous les niveaux. Entre sa réalisation lamentable qui a bien 10 ans de retard, ses innombrables problèmes techniques (collisions, poping, pathfinding, tearing, aliasing, frame-rate dans les choux), son open world sans vie et son gameplay absolument pas adapté pour le genre, le titre fait preuve d’un amateurisme assez consternant. Il y a un vrai problème de compétence de la part des développeurs qui viennent de perdre toute crédibilité, et leurs fans par la même occasion. Quel gâchis.


Les plus
  • Les persos jouables sont plutôt bien modélisés
  • Durée de vie imposante
  • L'arrivée des sous-titres français
Les moins
  • Graphismes lamentables
  • Les animations sont d’une raideur inacceptable en 2018
  • Gameplay inadapté à l’open world
  • Des zones vides, sans vie, sans âme
  • Des problèmes d'équilibrage
  • Multitude de soucis techniques (poping, frame-rate, aliasing, pathfinding)
  • Impossible de changer de personnage à la volée
  • Le jeu est d'un ennui total


Le Test

On ne compte plus les nombreuses tentatives de l’éditeur Koei Tecmo et du studio Omega Force pour tenter de nous faire aimer sa série des Musô. Qu’il s’agisse des conflits de samouraïs stylisés dans Samurai Warriors, les affrontements de clans chinois dans Dynasty Warriors, ou bien encore les spin-off déguisés aux couleurs de licences ultra populaires telles que Gundam, Ken le Survivant, One Piece, Dragon Quest et même Zelda, la formule a été dupliquée à toutes les sauces, jusqu’à l’écœurement. Si le marché japonais répond encore présent, avec tout de même des ventes en chute libre depuis quelques numéros, en Occident, l’intérêt des joueurs reste anecdotique. Aussi, pour se mettre à la page, mais aussi pour tenter une nouvelle approche pour séduire un public moins local, la recette a été modifiée. Exit les zones cloisonnées, les espaces confinés et l’aventure en ligne droite, avec Dynasty Warriors, l’objectif est de voir grand, façon open world. Encore faut-il en avoir les moyens et les ambitions…


Dynasty Warriors 9Un peu à l’image de Capcom et de sa série Monster Hunter, dont le succès se limitait jusqu’à présent au marché japonais, Koei Tecmo a bien compris que pour attirer l’attention du joueur occidental, il était primordial de procéder à des changements majeurs dans l’ADN de ses deux licences fétiches. C’est donc la série des Dynasty Warriors qui se lance dans le grand bain de l’open world avec ce neuvième épisode canonique, dont l’un des objectifs est de nous plonger au cœur des origines de la création des royaumes de Wu, Wei et Shu. S’ouvrir au monde en faisant tomber les barrières d’une formule complètement éreintée, sur le papier, il y a de quoi être excité. Euphorie malheureusement de courte durée dès lors que le jeu se mettra à tourner sous nos yeux ébahis, face à tant de lacunes techniques. C’est simple, proposer un jeu en l’état en 2018, à l’heure où les plus grosses productions, occidentales comme japonaises, repoussent les limites techniques de nos consoles frisent l’hérésie la plus totale. Sur le plan visuel tout d’abord, Dynasty Warriors 9 n’a pas vraiment changé et ses graphismes toujours aussi sommaires prouvent bien que les développeurs d’Omega Force continuent de recycler leur moteur-maison datant de l’ère PS3. Les personnages jouables, certes bien détaillés, sont en revanche toujours aussi figés et manquent singulièrement d’étapes d’animation. C’est déjà assez flagrant sur le champ de bataille, c’est encore plus choquant lors des nombreuses séquences de dialogues où les protagonistes font davantage office de figurines désarticulées sans vie que de vrais guerriers prêts à donner leur vie pour le bien commun. Le résultat est encore plus pathétique quand on s’intéresse de près au PNJ, clonés les uns à la suite des autres, avec trois pauvres animations différentes, ruinant pour le coup toute tentative d’immersion dans un monde a minima vivant. Les décors ne sont pas en reste, avec des terrains vagues à perte de vue où les aplats de textures se mélangent aux formes ultra géométriques de n’importe quel élément de décor. Ajoutez à cela une absence totale de relief, couplée au fait qu’il n’y pas âme qui vive en dehors des villages et des forteresses, et l’idée de vouloir vous balader dans l’open world sera immédiatement coupée.

 

C’EST MOCHE ET C’EST A LA RAMASSE

 

Dynasty Warriors 9Si Dynasty Warriors 9 est d’une laideur assez inacceptable pour un jeu tournant sur PS4 en 2018, il est encore plus scandaleux de trouver autant de tares techniques quand on voit à quel point l’open world est d’une cheapitude absolue. Entre un retard d’affichage des textures réguliers, un aliasing omniprésent, le frame-rate toussotant et le poping abominable où des pans de végétation poussent sous nos pieds au fur et à mesure que l’on avance à dos de cheval, on comprend très rapidement que les développeurs d’Omega Force ont été dépassés par les événements. De manière totalement évidente, le moteur utilisé (le même que les précédents jeux) n’est clairement pas adapté à un monde ouvert. Il est en effet incapable de gérer là masse d’infos en continu, si bien que la progression est sapée par des chargements soudains qui ruinent totalement l’expérience. Comment d’ailleurs ne pas se sentir exclu du jeu quand on se retrouve bloqué entre deux éléments de décor à priori bien espacés ? La gestion des collisions est tellement foireuse qu’il n’est pas rare de voir son cheval galoper contre un mur invisible, avec en prime des sautes de caméra réguliers qui donnent le sentiment que le jeu est passé en vitesse accélérée. Le jeu trouve d’ailleurs son paroxysme ridicule dès lors qu’on active le mode automatique du cheval, censé nous amener à un point que l’on aura défini à l’avance. Le pauvre animal se mange tous les obstacles sur son chemin, sans jamais se cabrer. Il préfère par exemple continuer à galoper face à un mur invisible jusqu’à en être détourné de son axe que de tenter de le contourner intelligemment. C’est du délire total. Et que dire des déplacements hasardeux, des problèmes également de pathfinding, ou tout simplement de ces éléments qui ne se déclenchent pas, ou plus, parce que son personnage n’est pas placé à l’exact endroit défini par le level designer ? On se croirait revenir aux temps des premiers jeux 3D où les développeurs n’avaient pas encore compris comment interagir avec l’espace. A ce niveau-là, on flirte avec l’amateurisme de bas étage.

Avec un postulat technique aussi moisi, Dynasty Warriors 9 part forcément avec un handicap sévère, qui ne va malheureusement pas s’améliorer avec le gameplay.

 

Dynasty Warriors 9Avec un postulat technique aussi moisi, Dynasty Warriors 9 part forcément avec un handicap sévère, qui ne va malheureusement pas s’améliorer avec le gameplay. A quoi bon proposer un monde ouvert si derrière on n’adapte pas un tant soit peu la formule à ces changements majeurs ? Car n’oublions pas que l’essence même des jeux Musô, dernière chose qui leur reste de plaisant quand on voit à quel point la technique est à l’ouest à chaque numéro, c’est le plaisir de décimer des hordes de soldats – inertes – pour faire péter les hi-scores. Dans des espaces cloisonnés où les essaims d’ennemis s’affichaient aux différentes coins de la map, cela pouvait encore fonctionner, mais dans un open world, où l’on passe le plus clair de son temps à gambader à dos de cheval pour espérer tomber sur une armée de fantassins n’a plus aucun sens. Car vous vous en doutiez, mais les grandes zones qui séparent les différentes régions et royaumes sont éminemment vides. Il y a bien quelques avant-postes ici et là, et vous pouvez toujours partir à la recherche de loot végétaux pour parfaire votre XP, mais ne vous attendez pas non plus à des balades bucoliques dans des paysages aussi divers que variés. Traverser l’open world devient alors un calvaire absolu, tant et si bien qu’on aura aimé des transitions au noir pour éviter de se farcir chaque voyage à dos de canasson. Par chance, des points de fast-travels ont été intégrés dans le jeu, mais comme d’habitude, pour y accéder, il va falloir au préalable les débloquer. Ce qui sera un calvaire les premières heures de jeu, tant l’open World est rebutant.


(OMEGA) FORCE ET (DOIGT) D'HONNEUR


Dynasty Warriors 9De même, sans doute pour copier bêtement ce que fait le voisin (Assassin’s Creed par exemple), les équipes d’Omega Force ont décidé que ça serait cool d’introduire une barre de stamina et un grappin au personnage. Deux éléments de gameplay qui n’apportent rien au jeu, se permettant même d’y instaurer une certaine forme d’incohérence dans le game design ? Quel intérêt en effet de placer une jauge d’endurance quand on a misé son gameplay depuis près de 20 ans sur le massacre d’ennemis sans aucune forme d’interruption ? Pouvoir donner la possibilité au joueur de contourner des missions au cheminement furtif quand on peut user de ce grappin pour atteindre directement son objectif ? Les prises de forteresse n’ont alors plus aucun intérêt et toute la structure du jeu s’effondre sur elle-même. Pourtant, une fois encore, sur le papier, cela paraissait alléchant. Faire évoluer Dynasty Warrior en un clone assumé d’Assassin’s Creed ou de Shadow of War n’était pas une mauvaise idée en soi, à condition bien évidemment d’y adapter les mécanismes du gameplay. Postes d’observation pour révéler de nouveaux morceaux de la carte, collecte d’ingrédients pour améliorer ses armes et son équipement, missions annexes de type FedEx et activités OSEF comme la pêche et la chasse, tout y est. Mais sans la moindre envie de faire aussi bien. Quoi qu’il arrive, Dynasty Warriors 9 se plante sur toute la ligne, même dans l’équilibrage des forces, puisque certains mini-boss se révèlent être plus coriaces que les chefs de clan, sans compter qu’on ne peut même plus changer de personnage à la volée comme c’était le cas auparavant. Il y a toujours une centaine de valeureux guerriers à incarner, mais chaque changement revient à reprendre la partie depuis le début, avec une nouvelle sauvegarde. Un non-sens absolu. Pour une purge aussi totale, quelque part, c’est assez cohérent en vrai.


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