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Violent, véloce et viscéral, Doom renoue enfin avec ses origines. L'ambiance et le gameplay rappellent incontestablement le hit fondateur de la saga, et, ce faisant, délaissent clairement la voie empruntée par le troisième épisode en 2004. C'est évidemment une bonne chose, même si le côté old-school pourra éventuellement rebuter certains joueurs à la recherche de finesse et de subtilité. Qu'ils passent leur chemin les mécréants ! Ici, on éviscère, on démembre, on tronçonne, on explose les démons au shotgun, et on fait retomber la pression en cherchant les multiples zones secrètes ou en créant de nouvelles maps. A moins d'être réfractaire au genre du fast-FPS, il n'y a donc aucune raison de bouder son plaisir !
- Gore et rapide
- Beau et fluide
- La sensation de puissance dans les armes
- Les exécutions au corps-à-corps
- Bourré de secrets
- Multi et snapmap pour prolonger l'expérience
- Campagne solo un peu courte
- Scénario mal exploité
- On se perd parfois dans les niveaux
- Multi moins intéressant que le solo
Il y a 23 ans déjà sortait le premier Doom, jeu culte par excellence puisqu'il donnera carrément son nom au genre du Doom-like, qu'on rebaptisera quelques années plus tard FPS. Dire que le reboot de 2016, toujours créé par le studio iD Software, était attendu relève donc de l'euphémisme. Le projet qui s'appelait un temps Doom 4 allait-il suivre la voie du troisième épisode, ou se concentrer sur les fondamentaux de la franchise ? Qu'on se rassure, Doom opère bel et bien un retour aux sources gagnant !
Attaché à une table chirurgicale qui ressemble fort à un autel de sacrifice rituel, le marine peine à se libérer de ses chaînes. Une fois ses bracelets brisés, le voici déjà en train d'énucléer une créature cyclope, dont il fracassera la tête contre la pierre la seconde suivante. Les premiers instants de Doom donnent d'emblée le ton de l'aventure : gore et sans ambages. D'ailleurs, le héros découvre aussitôt sa première arme, son armure, son casque, et commence immédiatement à enchaîner les kills. Et quand vient le moment d'écouter un message du directeur de la station martienne, notre Doomguy envoie carrément valdinguer l'écran où s'affiche l'appel entrant, comme pour bien signifier que nous n'aurons pas affaire à un jeu verbeux. Evacuons d'ailleurs tout de suite la question du scénario : il n'est guère intéressant, pas toujours bien expliqué, et certains joueurs passeront totalement à côté car les cinématiques sont rares, et il faut lire les différentes entrées du codex si l'on souhaite réellement comprendre l'univers dans lequel on évolue. On peut évidemment regretter cet état de fait mais, en pratique, une lacune de ce type n'est guère dommageable dans un jeu comme Doom, qui renoue avec l'esprit originel de la série. Contrairement au troisième épisode sorti en 2004, nous avons affaire en 2016 à un vrai fast-FPS. D'ailleurs, alors que la plupart des shooters nous permettent de sprinter plus ou moins longtemps en appuyant sur une touche dédiée, ici les choses sont inversées. On court tout le temps, et on peut, si on le souhaite, ralentir de temps à autre (une possibilité qu'on n'utilise quasiment jamais en pratique…). Et ce choix de game design est loin d'être le seul à rendre hommage au bon vieux temps. Délibérément old-school, Doom fait par exemple l'impasse sur la régénération automatique de vie, et reste fidèle au système classique de points d'armure et points de vie, qu'on perd au fil des combats et qu'on regagne au fil des packs ramassés à terre. On retrouve également du double saut, des clés colorées qui permettent de débloquer les portes de la même teinte, une musique métal qui revisite à l'occasion le thème original des années 90, les armes emblématiques de la série (shotgun, fusil plasma, tronçonneuse, lance-roquettes…), et les monstres du même acabit (Cacodémon, Cyberdémon, Pinky…). De quoi faire plaisir aux vieux de la vieille !
ÇA VA TRONÇONNER CHÉRIE...
Dans le même esprit, les niveaux regorgent d'endroits secrets à découvrir, dans lesquels on pourra dénicher des easter eggs, des figurines du Doomguy à collectionner, ou des points d'améliorations d'armes et d'armure. Mieux encore, chaque niveau renferme une zone cachée qui donne accès à un niveau du tout premier Doom, jouable avec les armes et les monstres actuels ! Enfin, dernière case "nostalgie" cochée par les développeurs : la présence de gros boss à l'ancienne, qui ne se résument pas à être des sacs à points de vie. Pour en venir à bout, il faut mémoriser leurs séquences d'attaque, afin d'éviter leurs charges et leurs tirs, puis viser leurs points faibles aux bons moments. Tous ces éléments, qui font de Doom un vrai Doom, sont tout de même accompagnées de fonctionnalités plus modernes qui, heureusement, ne viennent jamais dénaturer l'expérience. On a par exemple droit à un système de personnalisation de l'armure et des armes. On pourra par exemple rajouter une lunette de visée au flingue de base ou un tir explosif au fusil à pompe. Les points d'amélioration peuvent être trouvés dans le décor, gagnés en fonction du nombre de monstres que l'on occis dans chaque niveau, ou remportés en effectuant des défis propres à chaque mission. De type "succès" (tuer 3 ennemis avec un baril explosif, réaliser 5 Glory Kills différents, trouver trois secrets…), ces défis restent bien entendu optionnels. Quant aux Glory Kills susnommés, il s'agit d'une nouvelle fonctionnalité bien réjouissante.
Lorsque la santé d'un ennemi a été suffisamment entamée, il se voit entouré d'un halo jaune, signifiant qu'on peut lui asséner un coup fatal. Les animations de ces attaques sont toujours extrêmement gores (démembrements, décapitations, arrachages de cœurs…), assurent quelques instants d'invulnérabilité, et font apparaître quelques points de santé à récolter. Autant dire qu'on les utilise souvent, et qu'il s'agit là d'un palliatif plutôt malin à l'absence de régénération automatique de la vie. De même, utiliser la tronçonneuse consomme de l'essence (afin qu'elle ne soit pas trop puissante) mais donne des munitions pour les autres armes (ce qui incite à l'utiliser régulièrement). On peut également noter l'apparition de runes, à débloquer pour obtenir différents bonus passifs. Tous ces éléments, old-school comme modernes, vont de pair avec un gameplay bien nerveux, un bon feeling des armes, et une grande fluidité malgré des graphismes relativement impressionnants. La direction artistique reste classiquement démoniaque et les décors manquent un peu de variété, mais l'ensemble reste toujours très propre et agréable à l’œil. Malgré la présence régulière d'arènes et de couloirs, on pourra tout de même reprocher au level design d'être un peu trop labyrinthique (c'est toujours mieux qu'une trop grande linéarité). Il arrive régulièrement qu'on peine à retrouver le chemin vers telle ou telle porte, mais c'est également dû en partie aux éléments de décor qui ont tendance à se ressembler tous. Bon point en revanche pour la verticalité, qui est de mise dans de nombreux niveaux. Au final, le solo procure d'excellentes sensations, rappelle les heures les plus lumineuses de l'histoire des FPS, et fait office d'excellent défouloir. C'est exactement ce qu'on demandait à un Doom !
HIGHWAY TO HELL
Le mode multi mérite un poil moins de louanges, car il reprend un peu trop les ficelles des FPS modernes. Kits d'armes (ce qui revient peu ou prou à choisir une classe de départ), progression du personnage, personnalisation outrancière des couleurs de l'armure, on s'éloigne quelque peu de l'esprit originel. Via l'apparition d'une rune spécifique, le multi permet d'ailleurs d'incarner de temps en temps un démon, ce qui a le mérite de rajouter un peu de piment dans des affrontements parfois trop sporadiques. Dans certains modes, il arrive en effet qu'on passe un peu trop de temps à chercher des adversaires sur la map. Cependant, on peut compter sur la fonctionnalité Snapmap pour varier les plaisirs et nous offrir des expériences sans cesse renouvelées. Derrière ce nom se cache en réalité un éditeur de niveaux relativement complet et facile d'accès, grâce auquel on peut créer de multiples cartes. Naturellement on peut également se contenter de celles créées par la communauté. Au final, si Doom ne sera peut-être pas le jeu de l'année 2016, mais il s'agit en tout cas d'un très bon reboot, qui renoue avec ses racines et offre régulièrement des sensations fortes. On n'en demandait pas plus !