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Après Dead Rising et Lost Planet, Capcom continue de nous surprendre en matière de jeu d’action bien troussé sur consoles nouvelle génération. Terriblement beau, parfois classe, fluide et d’une précision chirurgicale dans la prise en main des deux héros, Devil May Cry 4 s’offre en plus le luxe d’être suffisamment long pour qu’à la fin de l’expérience, on ressorte avec la banane. D’ailleurs, en minimisant les séquences de shoot à tout va, Capcom évite le syndrome Devil May Cry 3 qu’on avait taxé à l’époque de jeu pour épileptiques nippons. Faut croire que Kobayashi a enfin terminé sa crise d’ado, enfin presque.
- Diablement beau
- Gameplay d’une grande efficacité
- Combos nombreux et variés
- Des Boss qui forcent le respect
- Une caméra posée
- Durée de vie honorable
- Un brin facile en mode Humain
- Replay value intéressant
- Scénario bidon
- Mise en scène toujours aussi ringarde
- Passer d’un niveau à un autre sans aucune cohérence
- Devoir se retaper le jeu à l’envers
- Quelques persos sans âme
- Le clipping sur les ombres
- Vendu 10 € de plus sur PS3
Trois ans. C’est le temps qui s’est écoulé entre le décevant et épileptique Devil May Cry 3 et ce quatrième épisode tout en haute définition. Pas de doute, Capcom a laissé mûrir le projet le temps voulu pour ne pas décevoir les adorateurs de Dante, ou à l’inverse lui racheter une notoriété après la débâcle du dernier volet sur PS2. Dante n’est plus, ou presque, puisque c’est Nero qui est désormais envoyé sur l’estrade pour réciter sa leçon, ou faire le pitre. Allez savoir…
Il ne fait aucun doute que Capcom fait partie des studios de développement qui ont su gérer le virage de l’ère haute définition sans le moindre accroc, ou presque. Dead Rising pour commencer puis Lost Planet, celui qu’on a l’habitude de taxer de recycleur à grande échelle sait aussi se faire désirer et se faire respecter. Misant toutes ses billes pour le moment dans le jeu d’action à la troisième personne, Capcom assure un peu ses arrières en pariant sur un cheval qui a déjà fait ses preuves, exception faite d’un parti pris scénaristique aussi kitsch qu’un vieux film de série B, et d’une mise en scène digne des plus grands segments de Steven Seagal. Forcément, quand on se permet de faire de son personnage principal un poseur-né ringard, capable de rouler en moto le long d’une tour, il faut accepter les conséquences. Qu’importe les critiques et les rires moqueurs qu’on entend au fond de la salle, Kobayashi et tous ses sbires assument pleinement leur goût artistique et le revendiquent de plus belle avec Devil May Cry 4.
Fluorescent Adolescent
Est-ce la grève prolongée des scénaristes de Hollywood qui a forcé Capcom à écrire le scénario de Devil May Cry 4 par ses propres moyens ? Toujours est-il que l’histoire du jeu n’entrera pas dans les annales et ne fera que renforcer le côté léger narratif dont souffre continuellement le jeu vidéo. Jeune chevalier de l’Ordre et de l’Epée, Nero assiste, quasi-impuissant, à l’exécution de Sanctus, le chef religieux d'une secte à laquelle semble appartenir notre jeune éphèbe. Malgré son air désinvolte, sa dégaine de jeune fashion sorti tout droit des quartiers de Shibuya et son bras en écharpe, Nero va se lancer à la poursuite de l’auteur de cet odieux crime. C’est alors qu’il va tomber nez à nez face à Dante, toujours aussi arrogant et ne craignant ni les balles ni les perforations thoraciques. Sa consanguinité avec le Diable fait de notre ancien héros un adversaire de taille pour Nero et son bras maléfique : le Devil Bringer. C’est d’ailleurs grâce à cette particularité que notre chevalier va pouvoir se mesurer aux démons qui pullulent sur Terre. Scénaristiquement donc mais en terme de gameplay, ce bras démoniaque est également le point névralgique, le cœur de Devil May Cry 4. S’il est capable de vider le chargeur de son gun aussi rapidement que Dante, Nero peut avant tout se servir de son atout physique pour attraper n’importe quel gus à distance. Entrent alors en jeu les choppes et autres lancers féroces qui dynamisent le gameplay, et permettent surtout de réaliser des combos variés et souvent combinés avec le reste des capacités du personnage.
Certes puissant, le bras démoniaque de Nero ne serait pas grand-chose sans la Red Queen, cette épée massive dotée d’un mécanisme spécial qui lui permet de se charger et ainsi augmenter sa force de frappe et faire jaillir quelques étincelles pour faire classe. Evidemment, les combinaisons entre les deux armes sont multiples et s’amplifient davantage lorsque Nero s’amuse à planer quelques secondes dans les airs. Le joueur le plus hardcore peut très bien faire le tour des possibilités offertes dans le gameplay en quelques minutes et ensuite bailler au corneille, mais Capcom a judicieusement pensé à distiller les techniques au fil de l’aventure, à travers des aptitudes à débloquer, ou plutôt à échanger contre des orbes ou des "Ames Fières". Entre l’augmentation de la puissance de feu de la Red Queen, les mouvements supplémentaires du personnage et les allonges de Devil Bringer, Devil May Cry 4 offre une marge de progression dans le jeu fort sympathique, d’autant que le dosage est suffisamment calibré pour qu’on avance dans le but d’accéder à toutes ces compétences le plus rapidement possible. En effet, dans Devil May Cry 4, tout a été construit pour que le joueur s’intéresse à une replay value qui lui permettra d’accéder à d’autres aspects du jeu non négligeables. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si avant chaque début de mission, plusieurs options de customisation nous sont offertes.
Fils de
Mieux, à partir de la mission 12, Nero laisse enfin sa place au fils de Sparda, le bien nommé Dante, jadis héros fatal avec son manteau-cape en cuir rouge et capable des prouesses les plus folles. S’il ne possède de Devil Bringer comme son copain aux cheveux blancs, il n’en reste pas moins un personnage redoutable, et la valise de Pandore qu’il détient lui permet de rivaliser avec John Rambo sans aucun problème. Flèches explosives, les fidèles Ebony et Ivory, l’épée Rebellion, les quatre styles de combat hérités du précédent volet (Gunsliger, Sword Master, Trickster et Royal Guard), pouvoirs prêtés par les démons, monsieur je-me-la-pète propose lui aussi un très large éventail de combos et autres mouvements classes. Dommage que la seconde partie du jeu ne soit qu’un vieux mode Reverse déguisé où les ennemis ont même le culot de spawner à l’exact endroit où ils étaient apparus la première fois avec Nero. Pour certains, il ne fait aucun doute, c’est bien le côté écolo et recycleur de Capcom qui refait violemment surface. Chassez le naturel et il revient au galop. C’est d’autant plus regrettable car le level-design de Devil May Cry 4 ne fait malheureusement pas partie des idées de génie du jeu. Certes, les environnements dans lesquels on se balade sont d’une beauté à faire chialer le premier gus venu, mais l’absence de cohérence totale entre un niveau et un autre, prouve à quel point les têtes pensantes de Capcom ont de sérieux problème en matière de goût artistique. Passer d’une montagne enneigée à une forêt luxuriante n’est pas un souci pour Kobayashi et son équipe. D’ailleurs, il nous l’a si bien rappeler lors de notre entretien sur Devil May Cry 3 : "Avec Devil May Cry, tout est possible, il faut s’attendre à tout". Mouais, facile…
Au-delà de ces défauts que certains trouveront tout simplement mineurs, Devil May Cry 4 met à l’amende n’importe quel autre jeu de sa catégorie. C’est beau, c’est fluide, les environnements fourmillent de détails et à aucun moment, le jeu ne se permet de vaciller, même quand les Boss font la taille d’un immeuble de 20 étages. Ces derniers sont plutôt légions et permettent de clôturer un chapitre avec une bonne dose d’adrénaline. L’héritage God of War se refait sentir, même si Nero et Dante ne sont pas encore des foudres du Quick Time Event et des séquences assistées. C’est dommage, car cela aurait pu pimenter un peu plus la mise en scène. Mais les (brèves) inspirations avec la killer app’ de Sony Computer Entertainment s’arrête là, Devil May Cry 4 dégage une aura suffisamment forte pour qu’il soit plutôt une source d’inspiration pour la concurrence qu’un vulgaire ersatz. Quoiqu’il en soit, Capcom peut être fier du résultat graphique de son titre qui fait indéniablement partie des plus beaux jeux de sa génération aux côtés de Gears of War, Lost Planet, Dead Rising ou bien encore Uncharted : Drake's Fortune ; et ça, ce n’est pas rien.