Test Deus Ex Mankind Divided sur PS4 et Xbox One sur Xbox One
16 20
Qu'on se le dise, Deus Ex Mankind Divided est un très bon jeu, qui ne trahit ni ses origines ni son prédécesseur. Qu'on aime tirer dans le tas, s'infiltrer dans des conduits d'aération ou pirater des ordinateurs, on trouvera forcément son bonheur dans ce nouveau titre signé Eidos Montréal. Bien plus plaisant que le reboot de Thief, Mankind Divided n'est toutefois pas aussi brillant que Human Revolution. Il y a forcément un effet de redite par rapport à ce dernier, l'aspect technique a pris un petit coup de vieux et, surtout, les mécaniques de gameplay se déploient à travers des ficelles parfois un peu trop grosses. Ce qui, heureusement, n'enlève rien aux grandes qualités du jeu en matière d'ambiance et de scénario.
- Ambiance réussie
- Propos intéressant
- Différentes manières de jouer
- Quêtes secondaires parfois très longues
- Bonne durée de vie
- Mode Breach bienvenu
- Récapitulatifs de l'histoire
- Un peu trop "artificiel"
- IA mauvaise en infiltration
- Menus inutilement complexes
- VF décevante
- Techniquement décevant
- Quelques bugs assez moches
- Pas de miroirs fonctionnels...
Onze ans après un premier épisode culte, Human Revolution relançait brillamment la saga Deus Ex. Cinq autres années plus tard, c'est au tour de Mankind Divided de prendre le relais et de développer plus avant l'univers créé en l'an 2000 par Warren Spector et toute l'équipe de Ion Storm. C'est dorénavant le studio Eidos Montréal qui est aux manettes et, en conséquence, la question qui se pose est la suivante : le nouveau Deus Ex est-il à la hauteur de son prédécesseur, ou va-t-il nous décevoir comme le reboot de Thief sorti entre-temps ?
En 2027, Adam Jensen a cru avoir sauvé le monde. Augmenté malgré lui, il s'est servi de ses capacités cybernétiques pour résoudre ce qu'on appellera par la suite "l'incident", à savoir le déclenchement à distance d'une puce cachée chez tous les humains mécaniquement augmentés, et dont l'activation entraîne des accès de violence incontrôlés. Ces événements nous sont racontés bien plus en détails dans une longue vidéo de 12 minutes, qui sert d'introduction à Mankind Divided. Un premier bon point pour le titre, qui cherche en permanence à remettre sur les rails des joueurs éventuellement perdus. Ainsi, les écrans de chargement donnent des informations sur le monde de Deus Ex et sur les événements en cours, en fonction de la progression dans l'histoire. Tout cela permet aux utilisateurs qui n'auraient pas parcouru Human Revolution de comprendre où ils sont tombés, et aux autres de ne jamais perdre le fil de l'histoire, même s'ils abandonnent temporairement le jeu pendant quelques jours ou semaines. Un détail qui a son importance, tant l'univers et le scénario sont touffus.
ADAM MACADAM
L'action de Mankind Divided prend place en 2029, et le monde entier se voit bouleversé par les conséquences de l'incident. Les tensions entre les augmentés et les non-augmentés sont vives, car la crainte d'une récidive plane au dessus de toutes les têtes. Le sous-titre du jeu trouve son explication dans la ségrégation qui prend désormais place dans la société, les transhumains étant souvent séparés des naturels de manière plus ou moins anecdotique mais oppressante (files d'attente séparées dans le métro, contrôle de papiers systématiques pour les augmentés…) ou carrément décomplexée avec l'apparition de ghettos où sont parqués les humains modifiés. Ajoutez à cela une série d'attentats (sous fausse bannière?) officiellement perpétrés par des augmentés et, tout futuriste qu'il soit, le propos du jeu se retrouve à faire étrangement écho aux temps présents...
Fidèle à l'esprit du grand maître (à savoir le tout premier Deus Ex), il est possible de se la jouer bourrin, semi-pacifiste, diplomate, ou encore hacker.
Situé dans les environs de Prague, Golem City est l'un des ghettos les plus emblématiques. C'est également le deuxième hub que visitera le joueur, le premier étant Prague elle-même. Comme tout RPG qui se respecte, Mankind Divided nous propose des missions principales et secondaires à réaliser quand on le souhaite, mais également comme on le souhaite. Fidèle à l'esprit du grand maître (à savoir le tout premier Deus Ex), il est possible de se la jouer bourrin, armes plus ou moins lourdes à la main, semi-pacifiste en utilisant des fléchettes à électrochocs et autres techniques d’assommage, fantôme, en privilégiant les chemins détournés de type égouts, toits et conduits d'aération, diplomate, en résolvant certaines situations tendues par le dialogue, ou encore hacker, en piratant différents dispositifs de sécurité grâce à un mini-jeu toujours aussi plaisant. En pratique, le mieux est encore de mixer un peu tous ces éléments de gameplay, certaines missions ou passages particuliers étant clairement plus orientés vers l'un de ces éléments que vers un autre. Il est à noter que les missions secondaires n'ont rien de quêtes "facteur" écrites à la va-vite. Il s'agit généralement d'arcs scénaristiques complets, qui poussent à l'exploration, enrichissent l'univers du jeu, et peuvent parfois prendre plusieurs heures.
HUMAN AFTER ALL
Il en résulte une durée de vie générale élevée, puisqu'il vous faudra une bonne trentaine d'heures avant de voir le bout de l'aventure. Si jamais cela n'était pas assez à votre goût, vous pouvez toujours prolonger le plaisir avec le tout nouveau mode "Breach". Les différents niveaux de ce mode prennent la forme de serveurs informatiques à pirater de l'intérieur. Concrètement, l'avatar évolue dans des décors virtuels immaculés, dont le style graphique rappelle peu ou prou celui de Superhot. On doit y extraire un maximum de données, combattre des gardiens numériques qui ont de manière opportune une forme humanoïde, et s'enfuir avant la fin du temps imparti. Modificateurs de règles, objectifs quantifiés et comparaison des scores avec les autres joueurs transforment ce Breach en un mode semi-compétitif sympathique, et dont on imagine qu'il fera régulièrement l'objet de quelques DLC. Des contenus téléchargeables plus scénarisés seront également de la partie, afin de prolonger les aventures d'Adam Jensen. Vous l'aurez compris, ces dernières sont très plaisantes, et reprennent de nombreux points forts des épisodes précédents, à commencer par une ambiance dystopique crédible et un propos intéressant.
Pour autant, s'il saura contenter les amateurs de la saga, le jeu est tout de même loin d'être parfait et nous nous devons d'évoquer les différents points qui tâchent.
Pour autant, s'il saura contenter les amateurs de la saga, le jeu est tout de même loin d'être parfait et nous nous devons d'évoquer les différents points qui tâchent. Tout d'abord, l'aspect purement technique est un peu décevant. Les graphismes et les animations sont assez inégaux, la synchronisation labiale est aux fraises, la version française n'est pas à la hauteur d'un jeu à gros budget, et quelques bugs sont présents (gels réguliers de l'image sur la version PC, message de didacticiel qui reste en permanence affiché à l'écran, cadavres qui passent à travers les décors...). Plus gênant encore, l'intelligence artificielle est bien trop facile à berner lors des phases d'infiltration. Les gardes oublient trop rapidement la menace, restent parfois bêtement plantés au même endroit, et les différents pouvoir de Jensen permettent de les berner un peu trop facilement.Mais le plus gênant reste un certain sentiment d'artificialité, dont on espère d'ailleurs qu'il échappera à la plupart des joueurs. Mais pour un œil aguerri, les différents conduits d'aération n'ont rien de crédible et trahissent en permanence le fait d'être dans un jeu vidéo. L'absence totale de miroirs fonctionnels, y compris dans toutes les salles de bain du monde entier, sert certainement à cacher au joueur le héros, et donc à ne pas avoir à développer des animations supplémentaires. Quant à la pléthore de gens notant leurs mots de passe ultra secrets dans des emails ou des carnets électroniques laissés à l'abandon, elle défie l'entendement et brise elle aussi légèrement l'immersion.
DEUS EX 1.5 ?
D'une manière générale, Mankind Divided respire un peu trop le remplissage de cahier des charges et pas assez la passion. De plus, le jeu n'échappe pas à un petit côté Deus Ex 1.5, ou plus exactement 3.5, malgré la correction de certains problèmes emblématiques (il est désormais possible de terminer le jeu sans tuer personne, boss compris) et l'apparition de toutes nouvelles augmentations, qui viennent compléter une panoplie déjà riche. Jensen peut ainsi disposer désormais d'une armure Titan, d'une décharge électrique, d'une fonction de piratage à distance ou encore d'une onde de choc, entre autres. Sans être révolutionnaire ni parfait, Deus Ex : Mankind Divided reste un jeu solide, qui réjouira pendant de longues heures les amateurs de cybernétique et de théories du complot.