12 20
- Nina, Nina, Nina !
- Progression basique mais prenante.
- Le système de frappe à 360°
- Très mauvaise gestion de l’armement
- Mauvaise exploitation des compétences
- Plaisir de jeu entaché par la lourdeur de l’ensemble
Pas franchement en tête de liste des jeux les plus attendus de l’année, nous suivions néanmoins d’assez près l’arrivée du spin off de la série phare Tekken, dont le cinquième épisode est attendu chez nous pour le troisième trimèstre 2005. Au centre de toutes les attentions, la glaciale tueuse blondinette Nina Williams revient dans un one-woman show, et si la tentation de comparer la production de Namco avec son homologue de la Team Ninja est tentante, Death By Degrees n’a finalement rien d’un Ninja Gaiden.
Les aventures de Nina au pays des temps de chargement se déroulent davantage à la façon d’un bon vieux Resident Evil, mais pas d’un Resident Evil 4. Mécanismes de progression et mise en scène cinématographique sont similaires à l’œuvre de Saint Mikami, la frousse en moins mais les arts martiaux en plus. Mais si la raideur prononcée des belligérants de la série héritière des films de Romero n’a jamais déteint sur sa renommée internationale, Nina se montre bien trop farouche avec le joueur pour qu’on le lui pardonne.
Signalons le geste de Sony qui nous offre une version PAL intégralement localisée en français. Pour les textes c’est toujours bon à prendre, en revanche une fois que les protagonistes se mettent à parler, on aurait finalement préféré se passer de leurs services. Entre les comédiens asthmatiques qui en font trop et ceux dopés au Valium qui n’en font pas assez, les voix françaises ne font pas honneur à notre beau pays. L’immersion dans cette ronflante histoire d’espionnage n’est donc pas acquise, Nina n’ayant elle même pas l’air fortement convaincue. Le navire où l’on a pu admirer Nina faire son show lors des images preview n’est heureusement pas le seul théâtre des opérations, et le jeu se divise finalement en plusieurs zones assez longues, avec, par exemple, un minimum de 4/5 heures uniquement pour boucler l’épisode du cargo. Namco, maîtrisant l’outil de synthèse depuis plus de dix ans, nous sert en entrée quelques séquences qui figurent dans le haut de gamme de ce qui se fait actuellement, avec des réalisations dues à la société Shirogumi Inc. Il en sera autrement pour la réalisation in-game, mais pour l’heure la mise en scène sexy autour du personnage de Nina suffit à retenir l’attention du joueur libidineux. Ses tenues de combat alterneront entre une robe de soirée très tardive, une combinaison bleue moulant l’arrière-train, sans oublier le bikini écarlate, et le tout "détériorable" à des endroits stratégiques au fur et à mesure des combats ! Alors Nina provocante ? Oui, mais à l’insu de son plein gré.
Les aires de jeux disposent d’une réalisation correcte mais n’atteignent que trop rarement le haut de gamme. Il en va de même pour la mise en scène, et si l’on peut centrer la caméra à loisir par dessus son épaule pour éviter les prises de vue définies par les concepteurs, la perte d’orientation lors de ces changements de vue peut s’avérer fatale lors des combats. Ajoutons à cela une gestion incohérente des interactions avec les éléments du décor, puisque, à part les chaises et les incontournables caisses (deux fléaux pour Nina visiblement), le reste du mobilier se veut imperméable aux coups de la blondasse dynamique, vitres comprises. Dommage, on aurait préféré que le jeu prenne davantage pour modèle ces films de baston Hongkongais où les échauffourées se règlent au contraire avec les accessoires alentour. Assez maigrichons, les personnages ne semblent de leur coté pas composés d’un grand nombre de polygones, permettant ainsi à la console d’afficher en contrepartie près de 10 adversaires à la fois, le tout sans s’essouffler. On sait à quel point la vieillissante mais toujours vaillante PlayStation 2 peut avoir des lacunes de ce côté-ci, et si le manque d’ambition volontaire de Namco permet d’économiser le frame rate, le retour à la réalité se fait avec des chargements trop fréquents. De même, la navigation arthritique des menus s’avère vite pénible, d’autant qu’entre la carte, le mémo (permettant de connaître précisément le prochain objectif à accomplir) et l’activation des compétences, il est trop souvent nécessaire d’y faire un tour.
Compétences ?
Nina est une machine à tuer, et par conséquent elle ressortira toujours heureuse et épanouie après quelques bris de nuque et autres perforations de rate. Ce faisant, vous obtiendrez les précieux points vous permettant d’activer les nombreuses compétences cachées de notre héroïne, parmi lesquelles vous trouverez en vrac : les mouvements de base (appui sur un mur, frapper en se relevant), les coups à mains nues (ou plutôt en l’occurrence à jambes nues, puisqu’à part les choppes les frappes de Nina sont toutes basées sur ses longues jambes galbées), les coups décisifs à l’arme blanche (couteau de lancer, katana), et enfin les techniques spéciales pour les armes à feu (du pétard 15mm au fusil d’assaut). Mais venons-en au cœur même du jeu de Namco, à savoir la façon d’utiliser tout cet attirail, naturel ou non. Naturellement orientés beat them all, les combats sont la clé de voûte du charme de Death By Degrees, mais également l’origine de ses plus grosses carences. Si on ne peut qu’être charmé par le très flexible système de frappe (le stick gauche orientant les coups de pied de Nina dans la direction souhaitée), on déchante bien vite lors des premiers combats. Les possibilités sont aussi nombreuses qu’improbables à réaliser dans le feu de l’action. Les ennemis attaquant toujours en groupes, ils ne vous laisseront aucun répit, et sortir des manipulations du genre « maintenir L1, faire un cercle à 360° avec le stick gauche, puis appuyer rapidement trois fois sur le stick droit » relève de la gageure pure et simple. Même constat pour ce qui est du changement d’armes, avec une utilisation perfectible de la croix directionnelle. Constat, on oublie bien vite les compétences spéciales pour se contenter inlassablement du binôme combos de bases et esquives, avec des coups de pieds classiques qui se révèlent étrangement plus puissants et efficaces que des lacérations au sabre ou que des rafales de poudre à canon. Un véritable comble dans la gestion de l’équilibre des armes, lesquelles apparaissent alors comme superflues. La déception reste présente du côté des attaques "internes" où nous attendions quelque chose de plus élaboré qu’une simple destruction des os (et non des points vitaux !). Concrètement, lorsque votre jauge de concentration est remplie, Nina peut passer dans un mode mi-bullet time mi"rayon X, afin de viser le malheureux os bientôt réduit en miettes. Les ennemis les plus coriaces ne se gêneront toutefois pas pour se relever après la rupture d’un de leur fémur ou de leur boîte crânienne.
Vos paupières sont lourdes...
Entre bruitages douteux et bonnes nappes d’ambiance à la Resident Evil, la réalisation sonore de Death By Degrees est en demi-teinte, mais le titre se rattrape avec quelques bonnes idées pour varier la sauce. Vous apprendrez notamment à utiliser le mini appareil espion Stingray pour se faufiler en douce dans des lieux inaccessibles, ou vous amuserez à faire quelques séances de snipe, dans des phases qui restent bien réalisées, afin de croiser, non sans une certaine joie, votre sœur brune Anna, passée dans le camp adverse juste pour vous enquiquiner, sous les ordres d’un certain Heihaichi et de sa faction Tekken. Death By Degrees fait preuve d’une réelle bonne volonté, le jeu est ainsi bien construit, de sorte qu’il ne paraît pas linéaire, mais un joueur assez confirmé évoluera sans jamais se perdre, ce qui reste toujours appréciable. Le challenge proposé est également intéressant, avec des ennemis collants et des boss plus que coriaces, mais curieusement, aucun mode de difficulté n’est paramétrable. Le jeu vous proposera seulement, au bout d’un certain nombre de décès, de basculer en mode "facile" si vous le désirez.