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Vaste, doté d'une prise en main imparable, novateur mais pas trop, parfaitement mené, le nouveau titre de Crytek manque certes un poil de raffinement, mais en matière d'efficacité, on fait difficilement mieux. Crysis, c'est du bon, du lourd, du trop lourd pour votre PC d'ailleurs. Nécessitant une configuration de l'espace, ce FPS semble réservé à la petite élite des joueurs qui enrichissent le plus les constructeurs de cartes graphiques, les seuls à pouvoir profiter à la fois de l'expérience ludique ET de l'apothéose visuelle que constitue un titre affamé de ressources. Si vous disposez d'une machine capable de faire tourner correctement tous les jeux sortis au cours des trois derniers mois, nous vous invitons quand même à essayer Crysis : ça ne rendra pas grand chose sur votre piètre bécane, mais vous vous amuserez quand même beaucoup. Sinon, revenez dans six mois, quand vous aurez changé de PC.
- Environnements vastes et variés
- Ultra efficace
- Dernières missions linéaires mais imparables
- Gameplay impeccable
- Très beau... si vous avez le PC du futur
- Avez-vous le PC du futur ?
- Optimisation sur les machines modestes
- Quelques scripts foireux
- Cartes pas si ouvertes que ça
- Une fin lamentable
Tremblez processeurs, barrettes de Ram et autres cartes graphiques ! Frémissez, PC de tous horizons ! Trois ans après Far Cry, Crytek, soit l'un des rares studios à développer pour des machines qui ne sont pas encore disponibles sur le marché, revient à la charge. Mal optimisé, destiné à un cercle restreint de grands bourgeois et de gamers forcenés qui thésaurisent depuis des mois en vue de s'acheter à la fois le jeu et un PC qui le fera tourner à peu près correctement, Crysis dispose quand même d'atouts qui pourraient lui attirer les faveurs de tous les amateurs de bons gros FPS qui dépotent.
Depuis l'annonce de sa mise en chantier, traiter de Crysis conduit immanquablement à parler de caractéristiques techniques et de se laisser aller au jeu du "qui aura la plus grosse barrette ?". Pour ne pas sacrifier à la tradition, commençons donc par donner quelques chiffres utiles qui pourront servir de repères à certains d'entre vous. Ce test a été réalisé sur un ordinateur tournant sous XP SP2 et équipé d'un Core 2 Duo à 2,2 Go Ghz, de 2 Go de Ram, et d'une 8600M GT de 512 Mo à jour. Une machine qui ne constitue certainement pas le Saint Graal des joueurs, mais qui a le mérite de faire tourner très correctement tous les titres sortis jusqu'à présent. La fonction de configuration automatique des paramètres graphiques de Crysis a d'ailleurs considéré que cette petite machine permettait de prétendre à des réglages graphiques "élevés" et de profiter ainsi pleinement du moteur 3D le plus raffiné disponible à ce jour.
Jetez votre PC
Il s'avère évidemment impossible de jouer avec le niveau de détails recommandé, le framerate ne dépassant jamais les 15 images/seconde durant les grosses scènes d'action, et ce en... 800x600 ! En mode d'affichage "moyen", le chiffre monte très significativement et nous nous retrouvons à essayer de nous imposer dans des assauts affichés à 25 images/seconde de moyenne, ce qui est encore insuffisant dans un FPS. Une seule solution pour progresser décemment : tout mettre au minimum. Vous voilà averti : si vous êtes fermement décidé à craquer pour Crysis mais que vous ne disposez que d'une machine équivalente, voire inférieure, à celle utilisée pour le test, ce que vous verrez sur votre écran diffèrera singulièrement des captures d'écran qui fleurissent aujourd'hui sur le net. Vous pourrez peut-être voir un très beau jeu, mais vous serez tout à fait incapable d'y jouer. Loin d'être parfaitement optimisée, la machine de guerre de Crytek s'enraye sur la plupart des configurations du marché et, à suivre un peu les échanges véhéments qui animent les forums, seuls les furieux et les riches profitent de l'éblouissante expérience visuelle annoncée. La logique veut évidemment que toute nouveauté tourne mieux sur un PC flambant neuf que sur un vieux machin et, de Bioshock à Supreme Commander, les références de 2007 ont fait beaucoup de bien aux finances des constructeurs de cartes graphiques. Crysis va toutefois plus loin que ses gourmands prédécesseurs et a clairement été programmé pour des machines qui ne sont pas encore disponibles et qui seules pourront le laisser exprimer toute la mesure de son talent. Il rejoint ici une série de titres entrés dans la légende à la fois pour leur qualité et pour leur gloutonnerie, au premier rang desquels figure un certain... Far Cry. Si cette petite mise au point technique ne vous a pas refroidi, nous avons une excellente nouvelle : mis à part ces quelques soucis techniques, Crysis est un vrai bon FPS, avec du grand spectacle dedans.
L'ennemi intime
En Corée du Nord, on n'a pas d'uranium, mais on a des rêves de conquête. Située à une portée de tir de missile balistique de Pyongyang, une petite île perdue dans la Mer des Philippines est brutalement prise d'assaut par une force d'occupation de l'Armée Populaire de Corée. Dans les heures qui suivent, le monde libre perd le contact avec l'équipe de chercheurs oeuvrant sur les lieux. Menée par le Docteur Rosenthal, la petite tribu d'archéologues ne semblait pas mener de travaux vraiment dignes d'intérêt, mais c'est pourtant la plus belle unité de toute l'armée américaine qu'on envoie sur le terrain afin de récupérer les grattes-cailloux. Tous équipés d'une nanocombinaison, une espèce d'armure intelligente intégrant toutes les technologies de pointe disponibles en cette belle année 2020, Nomad, le héros, et ses amis super-soldats sont parachutés au-dessus de l'îlot verdoyant. La mission doit être menée dans une discrétion relative, les Etats-Unis n'ayant pas déclaré la guerre à leur Etat voyou préféré d'Asie, mais si vous massacrez tout le monde, personne ne pourra plus raconter que l'Oncle Sam a envoyé au charbon ses meilleurs nettoyeurs. Les choses débutent toutefois moins bien que prévu, et une partie de votre petit groupe est décimée dans les premières minutes de jeu. Pour compliquer un peu les choses, les Coréens ne semblent pour rien dans ces disparitions brutales. Bien au contraire, leurs troupes ont également subi le courroux d'un troisième belligérant, à la fois plus efficace et plus brutal que vous. Ces hôtes inattendus et venus de contrées fort lointaines, vous donneront bien du fil à retordre dans la seconde partie du jeu. Mais en attendant de leur broyer les tentacules et de refroidir un peu leurs ardeurs justement glacées, c'est à des troupes orientales solides que vous allez vous frotter.
L'habit fait le guerrier
Une île tropicale, des méchants dans tous les sens, un super héros, un ton très premier degré, une brochette de clichés et pas mal de beaux sentiments, Crytek a réuni tous les ingrédients du jeu à grand spectacle dans son nouveau FPS. Perdu dans la jungle avec pour seul objectif de rallier différents points de mission, Nomad trace sa route à grands renforts d'explosions et de distributions de balles. La nanocombinaison est toutefois dotée de quelques caractéristiques qui permettent de briser le morne quotidien du sauveur au grand calibre. Accessible d'un clic sur le bouton 3 de la souris, la liste de ces pouvoirs laisse rêveur : armure maximum, vitesse maximum, force maximum ou camouflage, libre à vous de choisir le petit bonus que vous préférez, et d'en changer en fonction de la situation. Un groupe d'infanterie se dirige droit sur vous ? Fondez-vous dans le décor et dépassez-le pour être tranquille. Vous vous retrouvez en très mauvaise posture et l'abri le plus proche vous semble inaccessible ? Avec le mode vitesse, vous pourrez presque échapper aux balles. Evidemment, toutes les bonnes choses ont une fin, et votre très seyant vêtement épuise ses réserves d'énergie en quelques secondes. Le temps que celles-ci se rechargent, vous devez agir comme un vrai soldat, à savoir tirer plus vite et avec davantage de précision que votre ennemi. Si on aurait vraiment apprécié que la nanocombinaison dispose d'un peu plus de jus, elle apporte toutefois pas mal de fraicheur à la partie et vous permet de trouver différentes solutions à un même problème. Dans le feu de l'action, le passage d'une aptitude à l'autre est certes un poil délicat, mais la perspective d'envoyer valdinguer n'importe qui à 10 mètres d'un coup de poing ravageur fait vite oublier ces petits inconvénients.
L'intérêt de Crysis ne repose toutefois pas sur cette simple armure du future. Très bien pensé, particulièrement efficace, le titre de Crytek multiplie les phases de jeu sans faire un seul faux pas. Bien que découpée en zones, toutes délimitées par des murs invisibles (eh oui !), l'île est particulièrement vaste et vous aurez toujours plus vite fait de vous déplacer à bord d'un véhicule qu'à pied. Jeep ou bateau, les nombreux véhicules se conduisent sans difficulté et les sensations sont franchement bonnes, merci l'excellent moteur physique. Si la première partie du jeu est assez répétitive malgré l'étendue des cartes, avec des objectifs toujours identiques (avancer, tuer, avancer), une fois explorée l'antre de la troisième faction, vous aurez droit à une succession de scènes ultra-haletantes, dont le rythme n'est pas sans rappeler certains grands moments des Call of Duty. Missions chronométrées, poursuites violentes, les dernières heures sont riches en poussées d'adrénaline et concluent en beauté une intrigue menée avec une telle conviction qu'il devient rapidement difficile d'en décrocher, et ce en dépit de bugs de scripts qui perturbent singulièrement le cours de la partie. Il arrive en effet que la liste de vos objectifs ne se mettent pas à jour, vous contraignant à reprendre votre dernière sauvegarde, à relancer toute la mission, voire carrément à réinstaller le jeu. Hormis cette lourde défaillance et son optimisation déficiente, Crysis est un jeu extrêmement bien fini. Sans atteindre un niveau de perversité hors du commun, l'I.A. est très correcte et les ennemis tentent régulièrement de vous déborder en coordonnant leurs attaques. Pour les affronter, vous disposez d'un arsenal certes limité mais efficace et améliorable (lunette de sniper, module lance-grenade, viseur infrarouge), et ne pourrez vous en prendre qu'à vous même (et éventuellement aux ralentissements) si vous échouez tant la prise en main est parfaite. Nomad répond au doigt et à l'oeil et les niveaux sont extrêmement bien conçus. Bonne nouvelle, le multi est également une réussite, avec un mode Lutte pour le Pouvoir où conquêtes de territoires et équipements extraterrestres font extrêmement bon ménage. Finalement, tout est très bien dans Crysis. C'est juste votre PC qui n'est pas bon.