Test Clive Barker's Jericho

Si vous connaissez Clive Barker et ses romans, alors vous n'avez sans doute pas besoin d'en savoir beaucoup plus pour avoir une idée de l'ambiance qui habite Jericho. Le gaillard est en effet passé maître dans l'horreur, et s'est manifestement encore une fois bien lâché dans ce FPS sanguinolant. Jericho, c'est aussi le nom de l'équipe d'agents aux pouvoirs surnaturels que vous incarnez, envoyée explorer une cité réapparue subitement en plein désert, cité évidemment pleine de monstres et démons menés par le Premier Né, première créature de Dieu avant l'homme, rejetée car trop parfaite. La suite, à vous de la découvrir ! Et justement, que nous ont donc concocté les développeurs pour nous donner envie de nous plonger en plein cauchemar et d'en savoir plus sur ce Premier Né ?

Travail d'équipe

Clive Barker's Jericho, c'est avant tout une ambiance, un univers. Les décors ont beau se situer à des époques différentes (on se retrouve en pleine Seconde Guerre Mondiale, à Rome, au Moyen-Age...), ils ont tous un point commun : c'est sombre, plein de sang et d'horreurs en tous genres. Il n'est pas rare de croiser un cadavre empallé et dépecé ou de gigantesques mares de sang. Attention aux âmes sensibles, donc ! Les créatures peuplant le jeu ne sont pas en reste, entre des gargouilles géantes, des momies pas très bien embaumées, des aberrations biologiques... Certaines sont faciles à dézinguer, d'autres demandent un peu plus d'efforts comme celles qui explosent après leur avoir percé quelques pustules. L'autre atout de Clive Barker's Jericho, c'est incontestablement son système de possession. En effet, peu après le début, le héros principal meurt (pas de panique, à ce stade, ce n'est pas un spoiler !) et se trouve capable de posséder le corps de ses six équipiers. Joli prétexte (on préfère éviter de penser qu'il s'agit d'une métaphore !) pour nous permettre de contrôler tous les membres de l'équipe, chacun possédant ses armes et ses pouvoirs paranormaux. En vrac, vous pourrez incendier des ennemis, les paralyser, ralentir le temps, incarner un ennemi un court moment, suivre et guider une balle pour tirer avec précision, déplacer des objets à distance... Quant aux armes, vous n'en trouvez nulle part sur le terrain, il faudra faire avec celles de base : mitrailleuse lourde, pistolet, fusil sniper, katana... Pour les munitions, pas de souci, elles sont abondantes et vous serez régulièrement ravitaillé. Vous l'avez compris, il faut donc régulièrement passer d'un membre à l'autre selon l'équipement et le pouvoir dont vous avez besoin. Enfin, la mort n'est plus une fatalité ! En effet, si vous mourez, il suffit de passer dans le corps d'un autre et venir vous ressusciter ! Vous devrez souvent faire de même pour vos amis morts au combat. Mais prenez gare à ne pas être le dernier à tomber, là, le Game Over est inévitable...

Ca déraille...

Bon, jusqu'ici, c'est plutôt pas mal, on se dit que tout est réuni pour nous offrir une aventure inoubliable. Seulement tous ces arguments, qui en sont vraiment car ils confèrent au jeu une personnalité indéniable, ne suffisent pas à convaincre. En fait, Jericho pêche surtout par sa linéarité. Les niveaux laissent peu de place, voire pas du tout, à l'exploration : on reste tout le temps sur des rails. Alors bien sûr, ce n'est pas le seul à faire ça, un Halo aussi est linéaire quand on y regarde bien, mais ici quand on dit rails, on n'exagère presque pas : on sort rarement de couloirs étroits, il n'y a pas de grandes étendues, de chemins alternatifs... Mais comme si ça ne suffisait pas, le déroulement même de l'aventure est très répétitif puisque dans ces "couloirs", on ne fait finalement que tirer sur des vagues d'ennemis qui apparaissent régulièrement. On avance, on tue dix monstres, on avance, on en tue quinze autres, et ainsi de suite... Il y a bien quelques scènes de narration, des petits Quick Time Events et quelques énigmes qui n'en sont pas (puisqu'on vous dit qui incarner pour franchir l'obstacle), mais on fait toujours la même chose. Si bien que très vite, on s'ennuie. Passé le plaisir de la découverte de l'univers, on se surprend à espérer que la fin du niveau arrive rapidement qu'on déverrouille le Succès correspondant et qu'on passe à autre chose. Là vous direz, avec tous ces pouvoirs et ce système de personnages complémentaires, on peut se consoler avec un mode multijoueur bien complet. Sauf que les développeurs du jeu ont décidé de passer outre, puisqu'il n'y en pas. Pas de Deathmatch et encore moins de coopératif alors que le concept du jeu s'y prêtait parfaitement. Que dalle ! Il y a des cas dans lesquels on comprend une telle absence, ici, bien au contraire, cet "oubli" paraît impardonnable tant la présence d'un mode multi paraît une évidence. A tout cela s'ajoute une réalisation en demi-teinte. Dans l'absolu, les graphismes sont franchement jolis, notamment grâce au design très travaillé. Mais alors quel dommage que l'essentiel de l'aventure se déroule dans une obscurité telle qu'on est obligé d'allumer sa lampe torche en permanence ! Et même avec elle, on n'y voit parfois pas grand chose. Alors bien sûr, pour l'ambiance, c'est plutôt pas mal, mais on aurait aimé qu'un juste milieu soit trouvé, car on est frustré de ne pas profiter à fond des décors...