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Successeur du remarquable Dawn of Sorrow, Castlevania : Portrait of Ruin laisse un arrière-goût d'inachevé. D'inachevé parce que le concept du switch manque cruellement de profondeur. D'inachevé aussi parce que le stylet ne sort de la DS qu'après une dizaine heures de jeu. D'inachevé enfin parce que ce Portrait of Ruin se contente juste d'être bon, à défaut d'être excellent, sans prendre le moindre risque pour donner un second souffle à une série qui peine à se renouveler. Alors oui, la 2D est pétillante, la B.O. somptueuse et les phases d'exploration évitent de sombrer dans du bourrinage de monstres à tout va. On profite aussi d'un bestiaire taillé sur mesure pour les nostalgiques de la série, fait somme toute normal pour une série aussi culte. Mais après avoir dignement fêté les vingt printemps de Castlevania, on espère que Konami va donner une nouvelle direction à sa série. A 20 ans, c'est là qu'on devient grand.
- 2D sublime
- B.O. entraînante
- Quêtes annexes addictives
- Scénarios secondaires à débloquer
- Le concept du switch mal exploité
- Parfois bourrin
- Un air de déjà vu
- Pas encore assez tactile
- Trop court
A défaut de ne pas servir aux fans une coupe de champagne et une part de framboisier pour fêter les vingt ans de la série Castlevania, Konami a cuisiné un Portrait of Ruin qui se veut aussi délicieux que Dawn of Sorrow. Après Ultimate Ghosts'n Goblins sorti l'année dernière sur PSP, la 2D et son scrolling des années 80 continuent donc d'être à l'honneur sur les consoles portables, histoire de ne pas briser des mythes qui se jouent horizontalement.
Il n'y a pas que Call of Duty qui permet de réviser ses cours d'histoire portant sur la Seconde Guerre Mondiale. Le scénario de Castlevania : Portrait of Ruin se déroule en 1944, année durant laquelle on ne compte plus les victimes de guerre. Plongée dans la terreur et la haine, l'humanité doit de nouveau faire face au comte Dracula dont le château est mystérieusement réapparu. Mais une fois le seuil de la porte franchi, il semblerait que le démon ait perdu la clé de son cercueil. Le vampire Brauner est promu nouveau propriétaire du château jusqu'à nouvel ordre, et c'est lui et ses deux filles qu'il va falloir affronter dans ce nouvel opus.
Montre-moi tes dents
Castlevania : Portrait of Ruin continue d'honorer la dynastie Belmont et ses descendants comme ses prédécesseurs, et met en scène deux nouveaux protagonistes. Personnage principal du jeu, Jonathan Morris est aussi le détenteur du fameux fouet Vampire Killer transmis de génération en génération au sein de la famille Belmont. Son insouciance et le détachement qu'il peut avoir lors de certaines situations critiques le rendent nettement moins charismatique que son père. Sans vous révéler toute l'histoire du jeu, l'un des objectifs premiers de Jonathan sera de libérer la puissance de son fouet, faute de quoi vous n'aurez pas accès à la véritable séquence de fin. En attendant, il pourra toujours se consoler en maniant des armes blanches telles que des épées, des lances voire des haches de boucher. A ses cotés Charlotte Aulin, une amie d'enfance qui ne jure que par ses livres. Si sa force de frappe pure paraît limitée, ce sont surtout ses pouvoirs magiques qui sont d'une aide précieuse pour notre héros. Autre personnage important de Portrait of Ruin : Wind. Tué par Brauner et ses sbires, il propose tout au long du jeu des quêtes annexes qui permettent de débloquer bon nombre d'aptitudes et d'items, dont certains sont indispensables pour espérer atteindre les 1000 %. Ces mini-quêtes consistent la plupart du temps à accomplir une tâche bien définie dans des niveaux déjà visités - frapper de la viande à mains nues par exemple - ou exécuter une manipulation devant Wind pour obtenir un nouveau mouvement. Il se peut même qu'il vous demande de lui amener des items bien précis pour concocter de nouveaux pouvoirs pour Charlotte. Du coup, il est conseillé de ne vendre à Vincent Dorin que les objets que l'on possède en double. Ce dernier est l'épicier de service du jeu, et dispose de reliques que vous ne trouverez pas forcément sur votre route. Aller lui faire la bise de temps en temps, tout en espérant un éventuel update de son stock ne mange pas de pain.
Les liens du sang
Comme on pouvait s'en douter, Portrait of Ruin offre la possibilité de switcher entre Jonathan et Charlotte. Mais on a également le choix de combattre les monstres en solo, ce qui évite de perdre bêtement des points de MP. Car si les dommages subis par le sidekick ne bouffent pas la jauge d'énergie commune, ils grignotent par contre la barre de magie, ce qui peut se révéler rapidement handicapant lorsque l'on affronte un boss particulièrement résistant. Si l'on préfère être seul que mal accompagné par le CPU durant les phases de combat donc, les quelques pseudo-énigmes qui traînent dans la cartouche nécéssitent eux la présence du couple sur le même écran. Rien de bien sorcier au menu : arrêter un train lancé à grande vitesse, pousser un bloc de pierre de deux tonnes, enfoncer un interrupteur... Bref, que du classique. A la limite, seul le coup de la moto procure un peu de plaisir à switcher entre les deux persos. Pour le reste, c'est à la limite du ridicule, ne mâchons pas les mots. Non seulement les occasions de briller à deux sont rares, mais Konami n'a pas su exploiter au mieux cette facette du jeu. On n'ira pas jusqu'à parler de fatal error - quoique - mais c'est assez surprenant et illogique de voir que le perso qui ne possède pas les aptitudes requises pour atteindre un endroit inaccessible, y parvienne en se contentant de suivre l'autre.
Imaginons Charlotte qui se transforme en grenouille pour se faufiler dans un passage étroit; une fois arrivé de l'autre coté, Jonathan apparaît à coté d'elle tel un magicien. Frustrant et rageant pour les vieux de la vieille qui ont connu les opus 8 bits où le degré de difficulté était nettement plus élevé. Pour que le switch ait un véritable sens dans Portrait of Ruin, il aurait été préférable qu'à tour de rôle, et en fonction de leurs propres compétences, les personnages s'ouvrent mutuellement les accès pour avancer dans les niveaux. Pour reprendre l'exemple de la grenouille, Charlotte activerait un interrupteur qui permettrait à Jonathan de la rejoindre par un chemin plus conventionnel. Un schéma classique que l'on a pris l'habitude de voir depuis Resident Evil Zero, mais qui ne semble pas couler de source chez Konami. Du coup, la permutation des persos devient optionelle au cours de la quête. Jonathan se coltine le plus gros pourcentage du château et des différents niveaux, deux coups d'épieu suffisant la plupart du temps à mettre les sbires à terre. Quant à Charlotte, elle pointe le bout de son nez pour les attaques en duo contre les boss ou accéder à quelques passages tordus.
Castlevania tactile
Si Konami s'est misérablement planté sur le switch, il a par contre su développer parfaitement cet aspect RPG que Castlevania : Symphony of the Night fut le premier à soumettre à la saga. On se retrouve donc avec des persos dont le level augmente en multipliant les combats, et qui peuvent s'équiper de différents éléments afin d'améliorer leurs caractéristiques. Puissance, défense, intelligence, attaque, on a droit aux critères traditionnels d'un RPG, sans oublier le statut qui renvoit à l'état de forme du personnage. Doté chacun d'une attaque de base via Y, ils peuvent aussi faire appel à une attaque secondaire préalablement configurée. Portrait of Ruin propose une bonne dose d'action avec des monstres aux attaques redoutables, c'est vrai, mais il incite également à l'exploration des niveaux pour dénicher tous les bonus et items qu'il regorge. Il arrive donc que l'on revienne dans un stage déjà exploré, en jetant régulièrement un coup d'oeil sur la map pour être certain de ne pas rater une pièce. Les niveaux ne sont pas particulièrement vastes, mais la multiplication des petites salles rend parfois l'exploration redondante. C'est pour éviter au maximum ces allers-retours soporifiques que des points de téléportation ont été mis à la disposition du joueur. Une fois le personnage placé dessus, il suffit d'appuyer en haut de la croix pour sélectionner ensuite un autre point de téléportation qui figure sur la map. Ils sont désignés par un carré bleu, et jouxtent généralement les points de sauvegarde. Ces derniers permettent d'ailleurs de blinder sa barre de PV si elle est dans le rouge, un bon moyen de ne pas gratter sur les items régénérateurs que l'on a dans sa besace. Car même si Portrait of Ruin n'est pas aussi sévère que Castlevania sur NES, il ne permet pas pour autant d'acheter une quarantaine de potions au marchand. Le stock se limite à une dizaine d'unités par produit, et il faut donc se mettre à la recherche de millefeuilles et autres crèmes glacées pour bénéficier de bonus supplémentaires.
Afin de sortir de l'atmosphère confinée du château, Konami a fait de Brauner un peintre-vampire qui a dispatché dans la demeure de Dracula quatre toiles maléfiques. Au bout d'environ cinq heures de jeu, l'affaire est pliée, avec le bad ending comme lot de consolation. Si vous voulez du rab, il va falloir torcher quatre autres peintures qui ne sont en fait qu'un remix des précédentes, ponctuées par la présence d'un nouveau boss. Tissé à partir d'une 2D qui a déjà fait ses preuves dans Dawn of Sorrow, Castlevania : Portrait of Ruin s'applique à user et abuser de détails qui séduisent la rétine. Il nous fait visiter l'Egypte ancienne, une cité perdue, et même une maison de fous. Le level design de cette dernière se démarque par le fait que vous évoluez dans un monde où les décors sont à l'envers. Pas vraiment perturbant car on n'y fait pas très attention, mais on ne peut que saluer l'originalité de l'initiative. S'il est évident que la 3D occupe une place plus importante dans ce nouvel opus, notamment au niveau du background et du scrolling différentiel, quelques animations plus subtiles sont également plaisantes à voir. On pense particulièrement à la dégaine des servantes armées de leur "aspirateur tête de mort", ou bien les jeunes filles sagement assises sur leur chaise et qui se muent subitement en amazone dès que vous les approchez. Malgré la taille réduite des sprites, on arrive tout de même à distinguer les mouvements des persos qui ne se confondent pas dans un amas de pixels. On pourra néanmoins reprocher aux graphistes d'avoir pompé certains monstres dans les opus précédents, ce qui donne une impression de patchwork dans certains passages du jeu. Déception également pour les pouvoirs magiques qui ne brisent pas vraiment les yeux, même s'ils sont de bonne facture. Castlevania : Portrait of Ruin impose grosso modo une dizaine d'heures de jeu avant de pouvoir sortir le stylet de son encoche. Avec deux nouveaux personnages principaux aux manettes qu'on vous laisse le soin de découvrir, les combats sont donc entièrement gérés au stylet dans ce mode bonus. Pour les gauchers de naissance, aucune option inversée ne semble disponible, il faut donc faire avec et manier le stylet avec la main droite. Cela dit, une précision hautement chirurgicale n'est pas vraiment nécéssaire pour rayer les ennemis de la carte.