Test Beyond Blue : 75% jeu, 25% documentaire, 100% grand bleu ! sur PS4
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Moins rigolo que Maneater et moins enchanteur que Abzû, Beyond Blue se montre en revanche nettement plus réaliste et éducatif que ces deux autres jeux "sous-marins". D'ailleurs, la présence de vidéos documentaires issues de la BBC renforce le sérieux et l'intérêt du titre. Le gameplay, bien que globalement agréable, manque hélas un peu trop de variété pour réellement soulever l’enthousiasme. Le jeu est beau, relaxant, mais à fois trop court et trop répétitif. Clairement plus orienté vers le grand public que vers les gamers, Beyond Blue vaut plus pour son habillage (bande-son, vidéos, balades en mode libre…) que pour son gameplay. La proposition nous semble donc un poil moins convaincante que Never Alone, le précédent jeu culturel de E-Line Media.
- Une ambiance relaxante
- Des graphismes plaisants
- Bonne bande-son (dans le sous-marin)
- Vidéos documentaires intéressantes
- Très court…
- … et pourtant répétitif
- Trop de scans à réaliser
- Etats d'âmes des persos guère passionnants
- Pas de voix françaises
Il y a six ans déjà, les Américains de E-Line Media nous proposaient Never Alone, un jeu de plateformes à vocation culturelle, réalisé en collaboration avec les communautés inuits d'Alaska. Aujourd'hui, l'éditeur revient avec Beyond Blue, inspiré par Blue Planet II, un documentaire de la BBC ayant eu son heure de gloire en 2017. Déjà sorti sur l'Apple Arcade en avril dernier, ce jeu sous-marin débarque aujourd'hui sur PC, PS4 et Xbox One. L'heure est donc venue de s'en approcher silencieusement et de l'étudier sous toutes les coutures !
Le scénario de Beyond Blue (car il y en a un) se déroule dans le Pacifique Ouest et met en scène une petite équipe d'océanographes. Irina est concernée par la prolifération d'algues toxiques, André est passionné par les tortues, tandis que Mirai, que l'on incarne, cherche à reprendre contact avec une famille de cachalots déjà croisée par le passé. La rencontre arrive très tôt dans le jeu, et permet de découvrir qu'un bébé cachalot femelle, que Mirai baptisera malicieusement Andréa, a récemment vu le jour. Un peu plus tard, les scientifiques soupçonneront la présence d'extracteurs miniers dans la zone, pourtant protégée. Les différents points du scénario sont abordés essentiellement à travers des lignes de dialogue entre Mirai, qui restera en permanence sous l'eau, et ses acolytes restés à la surface. Si les voix américaines sont très réussies, on regrettera tout de même l'absence d'un doublage français. Les sous-titres ont tendance à ne pas rester affichés assez longtemps, ce qui fait qu'on peut en louper quelques-uns lorsqu'on est occupés à observer telle ou telle créature marine.
Ce point ne concerne pas les passages dans le sous-marin personnel de Mirai (le jeu alterne entre séquences de plongée et retours au sous-marin), puisqu'on peut alors se concentrer sur les dialogues. Ces derniers sont d'ailleurs vaguement interactifs. En effet, il est parfois possible de choisir entre plusieurs réponses lors des coups de téléphone avec la surface. Bon, à vrai dire on a testé les différents embranchements en jouant plusieurs parties, et il s'agit en réalité de vrais-faux choix, qui aboutissent au même résultat. De plus, les thématiques abordées ne sont guère passionnantes. Au lieu de se concentrer sur les enjeux écologiques, le jeu s'étend sur les petites disputes entre André et Irina, et fait même intervenir un personnage supplémentaire : Ren, la petite sœur de Mirai. S'en suit alors quelques discussions à propos des examens universitaires de cette dernière, et de l'état de santé de leur grand-mère, qui sombre doucement dans la sénilité. Ces états d'âme arrivent un peu comme des cheveux sur la soupe, et n'apportent quasiment rien à l'aventure. On comprend qu'ils sont là pour humaniser les personnages et les rendre plus attachants, mais le tour de passe-passe ne fonctionne pas vraiment.
"SOUS L'OCEAN, SOUS L'OCEAN"
La véritable raison d'être du jeu réside évidemment dans les séquences de plongée, qui permettent d'admirer de nombreuses créatures marines. De ce point de vue, tout va bien. On se déplace avec aisance et facilité dans les trois dimensions de l'océan, les graphismes quasi-réalistes reproduisent avec efficacité les différents animaux, tandis que les effets de lumières arrivent à sublimer des décors pourtant assez simplistes (quelques rochers par ci, quelques touffes de végétation par là, et du grand bleu à perte de vue). Ce dépouillement n'est pas déplaisant, car il participe à l'ambiance relaxante des séquences de plongée, et accentue le caractère parfois majestueux des ballets entamés par les dauphins, les requins, les baleines ou les cachalots. Quarante-trois espèces sont représentées dans le jeu, de la plus petite à la plus grande, et on a donc l'occasion d'observer au plus près des pieuvres à sept bras, des bénitiers géants, des tortues luth, des étoiles de mer ou encore des orques. En ce qui concerne le gameplay à proprement parler, chacun des missions suit à peu près le même schéma. On se dirige vers une balise hydrophonique, on l'active, on déplace un cercle de ciblage pour détecter et marquer des sources sonores, puis on se déplace vers ces points de passage pour scanner les animaux repérés. Un drone permet notamment de réaliser des "scans zoomés". Concrètement, il s'agit de tourner la caméra virtuelle autour de l'animal pour dénicher des points particuliers à scanner. Sur le chemin nous menant à ces objectifs particuliers, on pourra également scanner de manière plus rapide et élémentaire toutes les créatures que l'on croisera, afin d'enrichir la base de données consultable dans le sous-marin.
ET TU SCANNES, SCANNES, SCANNES...
Vous l'aurez compris, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire que scanner, scanner et encore scanner. L'aventure nous demande bien à deux ou trois reprises de récolter des échantillons végétaux dans des zones déterminées, mais cela reste anecdotique. La répétitivité est donc de mise, surtout que le jeu ne se contente pas de nous faire scanner un représentant de chaque espèce. Pour compléter l'encyclopédie, il faut en réalité scanner parfois plusieurs dizaines d'individus ! Du coup, on se balade avec le scanner activé en permanence, ce qui a pour effet d'afficher une grille hexagonale en bord d'écran et donc de diminuer la beauté de la vue. Une fois une plongée effectuée, on peut heureusement retourner en mode libre dans la région pour l'explorer tranquillement. Il est également possible d'admirer les créatures en toute tranquillité à chaque passage dans le tout petit sous-marin de Mirai. Un outil nous permet en effet d'afficher le modèle 3D de chaque animal, de zoomer dessus et tourner autour à loisir, et même d'afficher différentes animations… pour peu que l'on ait scanné suffisamment de représentants de l'espèce concernée.
Ce dernier point permet également d'obtenir plus d'informations scientifiques sur l'animal. En parallèle, il est également possible de profiter de seize petites vidéos documentaires très bien réalisées. Les images (réelles donc) sont très belles, les commentaires assez intéressants et, surtout, la longueur des vidéos est adaptée au cadre vidéoludique. Chacune d'entre elles ne dure que deux à trois minutes, ce qui incite à les picorer, alors qu'un long documentaire aurait sûrement découragé une bonne partie des joueurs, désireux de rapidement retourner au gameplay. De plus, on peut préciser que l'aventure se boucle en deux à trois heures seulement (hélas), et qu'il aurait sûrement été malvenu de proposer plus de contenu vidéo que de contenu interactif... Terminons sur une note positive : la tablette présente dans le sous-marin permet d'accéder à une petite vingtaine de morceaux de musique, dont certains sont vraiment très bons (Love that never de Tokimonsta, Driftwood de Vanderocker, Tangaroa Whakamautai de Maisey Rika, Suzie Noma de Muthoni Drummer Queen…).