Test Astérix & Obélix Baffez-les Tous : c'est bien la petite pépite de Microids sur PC
17 20
On l’avait déjà pressenti lors de notre preview il y a deux mois, et c’est désormais une vérité : Astérix & Obélix Baffez-les Tous! est bel et bien la petite pépite que Microids et Mr Nutz Studio nous ont promis. D’une beauté hallucinante (et ce quelle que soit le support choisi, pas de downgrade, même sur Nintendo Switch), le jeu jouit en sus d’un gameplay solide avec un brin de stratégie assez inattendu. Là où les beat’em all récents exigent un sens du combo, Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! apporte une touche Musô-like inédite que personne n’a vu venir. Et c’est à travers ce postulat de départ que le gameplay du jeu a été construit, avec des attaques qui stun ou one-shot direct en plus des combos classiques. Ici, il est en effet question de gérer le flux massif d’ennemis qui arrivent de chaque côté de l’écran, pour éviter le game over qui arrive d’ailleurs très souvent. Car contrairement aux a-priori, Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! n’est pas un jeu qui se termine aussi facilement qu’on veut bien nous faire croire. C’est certes un jeu grand public, mais il ne sera pas rare de ragequit lors de certains passages bien ardus, sans doute aussi parce que les développeurs ont rendu les items de guérison rares. Il va falloir en effet réfléchir avant de consommer une pomme ou un sanglier rôti, mesurer si c’est le bon moment ou attendre la prochaine vague pour reprendre un peu d’énergie. Dans un monde idéal, on aurait aimé que les persos disposent de furies qui manquent cruellement, que les mini-jeux ne soient pas aussi inintéressants, qu’on puisse profiter de réelles cinématiques animées (laissez Dessoly s’exprimer bon sang, lol) et que les boss ressemblent vraiment à des ennemis de fin de niveau. Difficile cela dit de jeter la pierre à Microids et Mr Nutz Studio quand on voit à quel point ce titre respire la passion de tous les côtés. Quoiqu'il arrive, c'est de la bonne came, vous pouvez y aller.
- C’est d’une beauté insolente
- La D.A. de Philippe Dessoly intestable
- C’est la BD qui prend vie
- Plein de petits détails dans les décors
- Gameplay solide et un brin stratégique
- Ce côté Musô inattendu et tellement grisant
- Framerate stable malgré la masse de persos à l'écran
- En coopération, c’est franchement bien cool
- Du challenge à revendre
- Grosse durée de vie pour le genre
- Plein de dialogues contextuelles différents
- Ça manque cruellement de furies
- Des boss décevants, qui manquent de finition
- Mini-jeux pas très intéressants
- Un seul ennemi chez les Normands, wtf ?
- On n’aurait pas dit non à de vraies cinématiques
- Se taper une dizaine de fois le niveau du bateau, vraiment ?
Ça y est, nous y sommes ! Huit mois après son reveal et deux mois après l’avoir découvert en preview exclusive dans les locaux de Microids, le jeu Astérix & Obélix : Baffez-les Tous est enfin en vente libre après une petite semaine de décalage suite à « des problèmes logistiques ». Au-delà de l’hommage rendu à la bande dessinée (avec un dernier tome sorti il y a un mois), ce beat’em all en 2D entièrement fait à la main cristallise avant tout les ambitions nouvelles d’un Microids en pleine mutation. C’est d’ailleurs avec l’aide du talentueux Mr Nutz Studio que l’éditeur français nous livre ce qui est sans doute sa meilleure production ever. Une jolie prouesse.
Deux ans et demi de développement (peu ou prou), tel a été le temps nécessaire pour mettre en œuvre les nouvelles aventures d’Astérix & Obélix en jeu vidéo. Si le grand public a toujours été habitué aux épisodes XXL développés soit par Etranges Libellules, soit par OSome Studio, ou parfois les deux conjointement, cette fois-ci, c’est le studio Mr Nutz qui a été mandaté pour proposer leur vision du duo le plus iconique de la BD française. Pour les fondateurs du studio que sont Pierre Adane, Philippe Dessoly et Mickaël Pratali, leur Astérix & Obélix à eux devait prendre la forme d’un beat’em all, genre ultra prisé dans les années 80/90 et qui faisait fureur dans les salles d’arcade, mais aussi sur consoles de salon. A cette époque, Konami avait marqué les esprits – et le cœur – des joueurs avec leur Astérix The Arcade Game que beaucoup chérissent encore aujourd’hui comme une Madeleine de Proust. S’il n’est pas un remake de ce dernier (quoique…), Astérix & Obélix : Baffez-les Tous s’en est fortement inspiré, ou du moins l’a pris en exemple, ne serait-ce que dans le choix de ses environnements (on vous invite à faire des comparo). Mais qu’importe au final, car cet Astérix & Obélix : Baffez-les Tous reprend avant tout la trame de plusieurs BD que l’on connaît très bien : Astérix chez les Bretons, Astérix chez les Normands, Astérix en Hispanie, Astérix en Corse, Astérix et Cléopâtre, auxquels viennent s’ajouter des passages totalement originaux créés par Microids et Mr Nutz Studio. Durant les 50 niveaux – et les 8h facile – nécessaires pour terminer l’aventure, on va donc être bercé par le récit de ces 5 tomes qui vont nous faire voir du pays.
MAZETTE, QU'EST-CE C'EST BEAU !
On l’avait déjà évoqué lors de notre preview, mais on va le répéter bien fort dans le test final : Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! est une gifle visuelle sans pareil. On avait déjà été subjugué la première fois dans les locaux de Microids lors de notre venue en septembre dernier, mais à la maison, sur notre écran Sony OLED 4K 65 pouces (oui el famoso AG9), le rendu est encore plus impressionnant, surtout quand le jeu resserre ses plans et offre des sprites à la taille presque démesurée. En choisissant de tout travailler à la main, avec les méthodes artisanales de l’époque, c’est bel et bien la bande dessinée qui prend vie sous nos yeux. Non seulement c’est beau, mais en plus le chara-design de Philippe Dessoly ne trahit en rien le coup de crayon d’Uderzo, qui peut rester en paix là où il se trouve. Qu’il s’agisse des personnages (principaux comme secondaires), les environnements, les animations, ou bien encore les quelques scénettes qui font avancer l’histoire, tout a été fait avec le plus grand soin et avec une fidélité chirurgicale. C’est d’autant plus agréable que le jeu joue avec les différents plans, donnant alors un effet de profondeur bienvenu. Entre les détails en arrière-plan qui s’animent et les éléments en amorce qui peuvent parfois brouiller la vue, on est littéralement plongé en immersion dans les pages de la bande dessinée. Clairement, s’il y a bien un aspect sur lequel Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! est intestable, c’est bien dans ses graphismes, et de manière plus globale sa réalisation technique, puisque le jeu est aussi beau quelle que soit la plateforme, sans le moindre downgrade technique, pas même sur Nintendo Switch (la console où les jeux multi-support sont toujours diminués techniquement, soyons honnêtes), ce qui est assez rare pour être souligné. Du très très beau travail qu’il faut féliciter.
MUSÔ POINT
Si Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! mettra tout le monde d’accord sur le plan visuel, qu’en est-il du gameplay ? C’est vrai que la matinée passée chez Microids il y a deux mois nous avait permis d’avoir un bel aperçu des mécaniques de jeu, mais uniquement sur les premiers niveaux. Julien "Julo" Hubert, qui officie comme producteur sur le jeu, nous avait d’ailleurs teasé d’autres éléments sur lesquels il ne pouvait pas communiquer à date, tout n’était pas encore au point lors de la preview build. On ne va pas vous raconter de salade, le titre n’a pas beaucoup évolué depuis la dernière fois, mais ce n’est qu’une fois la version finale – et complète – du jeu qu’on s’est rendu compte des subtilités que les développeurs nous avaient cachées. On s’explique. Dans les faits, les mécaniques d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! restent assez classiques. Coups faibles avec possibilité d’enchaîner les baffes, attaques plus fortes mais qui consomment un éclair, le gameplay a ceci d’intéresser qu’il dispose aussi de frappes permettant de stun les ennemis ou à l’inverse de les one-shot. Sur le papier, rien de bien révolutionnaire, sauf que dans la pratique, ça devient tout de suite plus intéressant, puisque la substantielle moelle d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! réside dans cette capacité à gérer le flux massif d’ennemis qui inondent l’écran. Il ne sera en effet pas rare d’être submergé par des légionnaires romains, des voleurs, des pirates ou d’autres sacs à PV qui ne sont là que pour vous empêcher de progresser. Un effet Musô (les jeux façon Dynasty Warriors) pas déplaisant et surtout inattendu venant d'un titre aussi grand public que la licence Astérix. Si le jeu y va progressivement avant de lancer des vagues d’ennemis jusqu’à plus soif, très rapidement, on se rend compte qu’il va falloir user de toutes les possibilités offertes par le move-set d’Astérix et Obélix pour s’en sortir et surtout garder son sang-froid.
Coups faibles avec possibilité d’enchaîner les baffes, attaques plus fortes mais qui consomment un éclair, le gameplay a ceci d’intéresser qu’il dispose aussi de frappes permettant de stun les ennemis ou à l’inverse de les one-shot. Sur le papier, rien de bien révolutionnaire, sauf que dans la pratique, ça devient tout de suite plus intéressant, puisque la substantielle moelle d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! réside dans cette capacité à gérer le flux massif d’ennemis qui inondent l’écran.
Ça ne saute pas comme une évidence, mais Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! offre un challenge assez conséquent, parfois même un peu abusif, au point de ragequit comme le premier rageux venu. C’est là où toute la stratégie du jeu se met en place, qu’on y joue en solo ou en coopération. Car dans leur game design, Microids et Mr Nutz Studio ont décidé que la mort d’un seul personnage entraîne le game over, avec l’obligation de recommencer le niveau depuis le départ. Un aspect punitif certes, parfois discutable, surtout quand on est encore sous le coup de la colère après s’être tapé 15 échecs d’affilée, mais qui oblige à réfléchir plus que la moyenne. Il est vrai que ce n’est pas habituel pour le genre, les beat’em all classiques misant sur la possibilité de respawn à tout moment tant que le nombre de vies le permet. Là, il va falloir être un peu plus à l’affût, mieux gérer le switch de personnages quand on joue seul, ou être un peu plus à l’écoute quand on joue avec un copain de passage à la maison, et pourquoi pas lui venir en aide s’il est en galère. L’entraide est de toutes les façons la condition sine qua non pour progresser avec sérénité, le jeu étant assez chiche en points de vie à récupérer au fil des niveaux. Oui, il y a beaucoup de tonneaux à exploser, beaucoup de pièces à ramasser mais les pommes, les jambonneaux et les sangliers rôtis sont rares ; au point où il faut même être un brin stratège avant de les consommer.
GRAND PUBLIC, MAIS PAS QUE...
Contrairement à d’autres beat’em all, les items « bouffe » ne disparaissent pas au bout d’un moment, ils resteront même au sol, attendant votre bénédiction pour être consommés. Se jeter dessus n’est en effet pas nécessairement la meilleure idée, et il est parfois préférable d’attendre un moment plus propice pour reprendre un peu de force, ou plutôt de jauge vitale dirons-nous. Ce n’est pas évident à expliquer sur papier, mais une fois en jeu, avec cette masse d’ennemis (parfois hallucinante), ce challenge corsé et l’absence de points de vie à récupérer facilement, cela permet de reconsidérer les choses et surtout son gameplay. Mais une fois qu’on voit enfin à travers la matrice, Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! révèle son essence véritable. On prend en effet un malin plaisir à gérer cette masse d’ennemis, en étourdissant de suite ceux qui se collent au fond de l’écran pour balancer des lances, en se débarrassant des fantassins basiques en les one-shootant d’un uppercut (ce kiffe de les faire voler par grappes), permettant ainsi de gérer les plus costauds et les plus coriaces en jouant avec les combos.
Tout n’est pas parfait dans le gameplay d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous!, loin de là. On aurait aimé par exemple que le personnage d’Astérix profite du même traitement qu’Obélix, fortement avantagé par sa carrure certes, mais qui donne surtout le sentiment d’être plus puissant qu’Astérix. Non seulement sa zone de hitbox permet d’infliger davantage de dégâts et de taper plus d’ennemis à la fois, mais notre collectionneur de menhirs profitent surtout d’une palette de coups plus importante que celle d’Astérix. On le constate au niveau de la variété des attaques disponibles lorsqu’on choppe un ennemi. Quand Obélix peut gifler un ennemi, le taper au sol ou l’envoyer au bout de l’écran, Astérix doit se contenter de le faire tournoyer autour de lui. Alors certes, cela permet de faire de la place autour de soi et de profiter de moments d’accalmie, mais on aurait aimé qu’il puisse jouir d’autres attaques supplémentaires. De même, en 2021, il aurait été sympa d’intégrer des furies qui manquent cruellement dans le jeu, feature pourtant implémenter dans le jeu de Konami où Astérix et Obélix pouvait devenir invincible un court instant après avoir bu de la potion magique en plus, ou se faire embrasser le nez par Falbala. Ça sera pour une éventuelle suite (ou un patch, soyons fous) et tellement bienvenu quand on sait que le jeu peut être ardu lors de certains passages.
ON AURAIT AIMÉ QUE...
Tiens, puisqu’on en est aux griefs, grosse déception concernant les boss. S’ils ne sont pas rares, ces derniers manquent cruellement de finition pour être considérés comme des ennemis de fin de niveau. Non seulement les trois-quart ne présentent aucune difficulté à s’en débarrasser (certains s’éliminent en quelques combos), mais en plus, ils n’ont littéralement aucun pattern qui méritent d’être considéré comme des boss. Alors oui, Barbe Rouge donne des coups d’épée circulaire à la relève, mais c’est tout. C’est d’autant plus regrettable que Microids et Mr Nutz Studio n’hésitent pas à les faire revenir plusieurs fois d’affilée pendant l’aventure, quitte à minimiser leur impact dans le jeu. Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! a d’ailleurs un gros défaut : ce sentiment de recyclage qui aurait pu être minimisé par certains choix de game design, ou de rythme. Oui, le jeu abuse de certains décors qui reviennent beaucoup trop souvent. On pense au niveau du bateau pirate qu’on traverse dans le jeu une bonne dizaine de fois, avec d’accord quelques variantes (de jour, au crépuscule, avec une mer agitée), mais dans les faits, on s’aperçoit du subterfuge. De même, difficile de ne pas pointer du doigt le manque de bestiaire chez les Normands qui se résument à un seul et même ennemi : le gros viking. Enfin, et on terminera avec ça pour faire savoir notre mécontentement, les bonus stages manquent in fine d’intérêt. Alors oui, à deux en coop’, c’est très amusant de s’affronter sur le sprint sur la plage, mais les chasses aux sangliers n’apportent strictement rien. Il suffit en effet de toucher les animaux pour que ces derniers se figent sur place pendant que le personnage court automatiquement. Même les obstacles se brisent sans le moindre effort, alors qu’il aurait mieux fallu intégrer un game over punitif pour donner plus de consistance.
Pour pallier à ces défauts, Astérix & Obélix : Baffez-les Tous! a eu moins le chic de proposer une grosse durée de vie pour le genre. Pas moins de 50 niveaux à parcourir, répartis en 6 actes (et 5 BD différentes), avec un challenge parfois bien corsé, on l’a déjà dit. Une fois que vous aurez compris les subtilités dans le gameplay, il faut entre 7 et 8 heures bien remplies pour arriver au bout de l’aventure et ainsi débloquer le mode Libre, qui permet d’avoir accès à tous les niveaux de manière indépendante. Car une fois le jeu terminé, l’expérience ne s’arrête pas là, puisque la composante hi-score entre en ligne de compte, avec des médailles à récupérer. C’est assez léger, on va pas se mentir et à moins de tenter le speedrun et de prouver la puissance de son skill en vidéo, ça ne sera pas suffisant pour que la replay value soit intéressante sur le long terme. Surtout si on compare ce que fait la concurrence, Streets of Rage 4 pour ne pas le citer. Après, rien n’empêche Microids et Mr Nutz Studio de rajouter du contenu post-launch, ce qui est d’ailleurs peut-être déjà le cas. Fingers crossed.