Test Assassin's Creed Mirage : le retour aux sources est aussi son principal défaut
15 20
- Visuellement, ça en jette !
- Level design incroyable
- Bagdad : une ville ultra vivante et immersive
- Plein de détails partout
- On en sait enfin davantage sur l'histoire de Basim
- Bande-son soignée
- Vendu 50€
- Gameplay bien trop old school
- I.A. des ennemis complètement rouillée
- Système de combat ultra limité
- Aucun moment mémorable ou épique
- Quêtes annexes pas super emballants
- Peu de challenge
- Un peu court quand même en ligne droite
- VF pas folle
Il n'y a pas si longtemps, Assassin's Creed était encore une licence annuelle. Mais à force de trop tirer sur la corde (celle des développeurs et des joueurs également), recyclant sa formule jusqu'à l'écoeurement, Ubisoft a pris un peu de recul. Depuis, les choses ont changé et n'empêche, le dernier épisode, c'était Assassin's Creed Valhalla et c'était en 2020, il y a 3 ans déjà. D'ailleurs Assassin's Creed Mirage est intimement lié à Valhalla, puisque son personnage principal, Basim (avec un seul S je précise), est un personnage-clef de l'intrigue de Valhalla. Un personnage qui a une destinée spéciale, unique même, en rapport d'ailleurs avec la mythologie nordique. Mais je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler l'histoire. Si vous voulez savoir, allez mater des vidéos sur YouTube et vous comprendrez pourquoi il est important.
Du coup, l'objectif avec Assassin's Creed Mirage, c'est de raconter la jeunesse de Basim, comprendre comment il est devenu ce personnage dans Valhalla 20 ans avant les événements de ce dernier. Car avant d'être cet assassin puissant et surtout sûr de lui, Basim n'était au départ qu'un simple petit voleur, une petite racaille du Bagdad du 9è siècle. Nous sommes en effet en l'an 861 et à l'époque, la capitale de l'Irak était l'une des plus prestigieuses dans le monde, avant d'être totalement détruite 5 siècle plus tard par les Mongols. Bon, je vais être très clair avec vous, la plus grande force de cet Assassin's Creed, c'est la ville de Bagdad. Les responsables du jeu avaient annoncé une retranscription la plus fidèle possible de ce Bagdad d'autrefois et la promesse a été largement tenue. C'est simple, c'est de loin la ville la plus séduisante qu'on ait pu voir dans un Assassin's Creed. Alors oui, il y a débat avec le Paris de la Révolution Française dans Assassin's Creed Unity, mais s'il y a un point sur lequel Mirage est inattaquable, c'est Badgad.
BAGDAD JE T'AIME
La ville est dense, vivante, fourmille d'habitants, de détails et l'explorer est un plaisir impossible à dissimuler. Chaque quartier a sa propre identité et le jeu fait preuve d’une diversité assez étonnante. L'immersion est totale et ça donne presque envie de passer plus de temps au sol qu’en hauteur. Et en fait, comme la ville est remplie de ruelles étroites, elle est parfaite pour le Parkour et l'art du déplacement de nos Assassins fétiches. Vous allez pouvoir grimper partout, sauter de toit en toit, vous faufiler dans des passages exigüs, vous fondre dans la masse, et même disparaître sous les eaux si jamais avez du mal à vous débarrasser des gardes. Il suffit d'ailleurs parfois d'ouvrir la carte pour se rendre compte de la richesse de Bagdad. D'ailleurs, comme tout est concentré, il s'en dégage aussi un sentiment de grande variété et reconnaître chaque rue ou passage lors d'un premier run est presque impossible. En plus de Bagdad, le jeu permettra d’explorer Alamut, une région hautement symbolique puisque c’est là-bas que fut bâtie la fameuse forteresse de la Confrérie et que le Crédo trouve ses racines. Alors oui, la map de Mirage est plus petite que celle d'Assassin's Creed Origins, Odyssey et Valhalla, mais elle est tellement concentrée et qu'il se passe tellement de choses à l'écran que ce n'est pas bien grave d'avoir une carte plus petite. D'ailleurs, il est préférable d'avoir un terrain de jeu plus condensé avec plein de choses à faire que des grands espaces vides mal exploités. Et puis, le jeu est beau, il faut aussi le souligner. Regardez ces images, ces paysages, ces champs de blé, ces couchers de soleil, Assassin's Creed Mirage est un véritable plaisir pour les yeux et il faut féliciter les équipes d'Ubisoft Bordeaux, et tous les sociétés sous-traitantes également, qui ont travaillé dessus.
I.A. UN PROBLÈME
Bon, on aurait aimé que les PNJ ait des comportements plus réalistes et plus organiques, mais ça ne sera pas encore pour cette fois, même si dans l'ensemble, ils se comportent assez bien. Non, là où ça ne va pas, c'est dans l'I.A. des ennemis, franchement à côté de la plaque et complètement artificielle. On l'avait déjà remarqué lors de nos previews, c'est confirmé dans la version finale, les ennemis sont sacrément teubés, ne mâchons pas nos mots. Il suffit d'ailleurs de déclencher la vision d'aigle pour remarquer que leur champ de vision reste super limité et que leur pattern manquent souvent de cohérence. Les ennemis ne voient pas plus loin que 10 mètres devant eux, sont complètement sourds et surtout ils ont la fâcheuse tendance d'oublier rapidement qu'ils étaient en train de courser Basim. Il suffit en effet de les distancer, de se mettre dans des buissons ou du foin pour qu'ils nous oublient aussi sec. L'IA dans les Assassin's Creed n'a jamais volé bien haut, mais en 2023, après des titres comme Red Dead Redemption 2, The Last of Us 2 ou bien encore Ghost of Tsushima, c'est grave d'avoir un niveau aussi faible en termes d'IA, surtout pour une franchise aussi importante qu'Assassin Creed.
Et le problème de cet I.A. rouillée, c'est que ça rend les combats très faciles, trop faciles même, d'autant que Basim dispose de différents "gadgets" supplémentaires pour confirmer qu'il est l'ancêtre de Sam Fisher. Bombes fumigènes, couteaux à lancer, serbacane, bombes sonores, avec les aptitudes à faire évoluer, à la fin du jeu, les ennemis ne présentent quasiment plus aucun danger, d'autant que les développeurs ont aussi introduit le Assassin Focus, une compétence repompée des jeux Shadow of War où Basim peut tellement concentrer son énergie qu'il est capable de locker plusieurs ennemis à la fois et tous les one-shot les uns après les autres en se téléportant. Une mécanique qui était justifiée par le spectre dans Shadow of War et qui peut aussi être validée par le rapport mystique que détient Basim, sans oublier la Méta-Histoire. Perso, ça me choque pas, je trouve ça même plutôt cool et ça permet de se sortir de situations compliquées parfois. Mais du coup, ça facilite le jeu, ce qui peut poser problème quand on sait qu'il faut 15 heures pour finir la campagne principale. Bien sûr, il est possible de gratter 10h de plus en faisant les quêtes annexes, et certaines sont assez cool, mais globalement, on reste sursa faim, surtout au niveau de la structure narrative et cette incapacité pour la série de se conclure correctement. Les fins dans les Assassin's Creed n'ont jamais vraiment brillé, la série manque toujours d'émotions dans ces choix narratifs et ça ne changera pas avec Assassin's Creed Mirage.
LESS IS NOT MORE
En fait, ce qui dérange le plus dans la proposition, c'est de forcer le joueur à faire de l'infiltration et uniquement de l'infiltration. Le jeu a certes bâti ses mécaniques autour du stealth, mais trouver un équilibre avec l'héritage des derniers épisodes aurait été plus judicieux, parce que l'aspect rentre-dedans ou tout simplement des combats n'est jamais récompensé. Oui, c'est possible d'alerter la cavalerie et de se battre contre des dizaines et des dizaines de gardes, mais ce n'est pas le propos des développeurs. A tel point que le système de combat a été mis de côté. Les coups sont limités, le système de parry franchement pas terrible, ni au point d'ailleurs (au secours le timing), et tout pousse le joueur à prendre la fuite ou rester discret. Jouer sur la discrétion en revenant aux sources c'est bien, mais on aurait aimé que Ubisoft soit plus ambitieux sur les possibilités offertes par l'infiltration. Prenez exemple sur The Last of Us Part 2, l'équilibre entre stealh et combat féroce est parfait. Inspirez-vous des meilleurs, je ne sais pas... Autre point qui chagrine également avec cet Assassin's Creed Mirage, c'est que le jeu manque de souffle épique. Il n'y a pas de moments ultra mémorables, qui puissent marquer le jeu vidéo. Malgré les enjeux qui entourent le personnage de Basim, malgré les personnages historiques, on ne ressent pas le besoin d'aller plus loin dans la narration. Aussi parce qu'on sait éperdument la trajectoire scénaristique qui nous attend avec ce personnage, mais aussi parce qui lui manque des séquences émotionnelles pour en faire quelqu'un d'attachant. Il y a bien l'attaque du village, mais celui-ci est tellement expédiée et peu mis en scène que l'aspect émotionnel est balayé d'un revers de phalange par une course-poursuite immédiate. Vraiment dommage.