Test Agents of Mayhem : c'est bien le fils indigne de Saints Row sur PS4
12 20
Volition s'est clairement perdu avec ce Agents of Mayhem qui renonce à la folie légendaire auquel le studio nous avait habitués dans la série Saints Row. Doté d'une technique médiocre et sans grande personnalité, le jeu souffre de nombreuses tares qui devraient suffire à repousser la majorité des joueurs. Néanmoins les combats nerveux et qui partent un peu dans tous les sens sont un excellent défouloir, tandis que la personnalité des agents est clairement attachante. Apprécier la direction artistique inspirée de Borderlands avec ses graphismes cartoon saupoudrés d'une touche de folklore aisatique sera une question de goût, mais malheureusement rien ne parvient à donner un supplément d'âme au jeu. Agents of Mayhem n'est pas un navet infâme, mais il n'arrive pas non plus à se démarquer de la masse des jeux qui existent sur cette niche. Il s'agit d'un titre clairement trop générique pour qu'on puisse vous recommander de vous y plonger.
- Un certain charisme dans les personnages
- Des combats plutôt nerveux
- Graphismes obsolètes
- Techniquement dépassé
- Un jeu générique, sans aucune personnalité
- La conduite proprement scandaleuse
- Une ville sans âme
- Scénario sans intérêt
Le studio de développement Volition reprend du service avec aujourd'hui l'arrivée de Agents of Mayhem, un TPS orienté action qui emprunte beaucoup à l'univers de la série Saints Row. On retrouvera donc sans complexe de nombreux éléments, qu'il s'agisse des teintes chromatiques violacées ou d'un certain humour. Aperçu pour la première fois à l'E3 2016, le jeu ne nous avait pas vraiment séduits, une impression qui s'est confirmée en en avril dernier alors que l'ami Benjamin Betaux n'avait pas été plus emballé que moi par sa démo, bien que beaucoup d'eau ait coulé sous les ponts. Aujourd'hui on se retrouve donc avec la version finale du jeu, l'occasion de voir si les développeurs ont pu corriger le tir.
Si jamais vous n'avez pas encore jeté un œil sur notre prose consacrée au jeu, rappelons qu'Agents of Mayhem est un TPS action en monde ouvert qui permet au joueur de se promener dans Néo-Séoul, une réinterprétation de la capitale Sud-Coréenne sans grand lien avec la ville réelle. Pas de chance pour l'humanité, une organisation terroriste du nom de Legion, dirigée par l'infâme Docteur Babylon, a décidé de prendre le contrôle de la planète. Heureusement, les Agents of Mayhem dirigés par Perséphone Brimstone (une vamp qui nous fait furieusement penser à Jessica Rabbit et qu'on a pu voir dans un DLC de Saints Row IV) sont là pour remettre les choses dans l'ordre. Il s'agit d'une équipe d'une douzaine de héros qu'on va pouvoir jouer en composant une équipe de trois, dans laquelle il sera possible de passer d'un personnage à l'autre à la volée. Chaque agent dispose de caractéristiques qui peuvent le rendre plus efficaces face à certain type d'ennemi, et qui vont surtout définir sa personnalité. Entre Hollywood le bellâtre narcissique, Braddock l'instructrice de l'armée au cigare, Red Card le hooligan de football ou encore Daisy, la joueuse de Roller Derby équipée d'une gateling, le casting dispose d'un certain charme, surtout que tous les agents ont un background fourni. Chaque personnage, qu'il s'agisse des trois premiers ou de ceux qu'on débloque ensuite, dispose de ses propres missions, ce qui permet de mettre l'accent sur sa personnalité et de connaître les motivations qui l'ont poussé à rejoindre le Mayhem. Des cinématiques façon dessin animé sont d'ailleurs présentes pour nous permettre de plonger dans l'ambiance et l'univers de chaque protagoniste, ce qui compense en partie le chara-design somme toute assez générique proposé par le jeu. Finalement, le plus sympa reste les dialogues personnalisés, ce qui fait qu'en fonction de vos choix vous pourrez profiter de punchlines assez savoureuses.
NÉO-SOULÉ
Séduits par l'ambiance complètement déjantée de Saints Row 4, on imaginait qu'en quatre ans les développeurs auraient eu le temps d'écrire des livres entiers de vannes, et on se voyait déjà en train de se bidonner à gorge déployée devant notre écran. Malheureusement, il semble que le flot de substances illicites qui inondait le studio de Champaign dans l'Illinois se soit subitement tari. En effet, Agents of Mayhem est diablement plus sage que la série précédente, au point même d'en devenir trop lisse et de manquer de personnalité. Néo-Séoul en est l'exemple le plus criant car cette ville qui fait office d'open world ne marquera clairement pas les esprits, qu'il s'agisse du level-design ou de l'impression de vide qu'il s'en dégage. Les PNJ sont tous clonés et errent tels des zombies à travers la ville, avec un comportement dénué de tout sens. On en voit d'ailleurs souvent se faire percuter par le trafic routier sans qu'il ne se passe grand-chose. Très utilitaire, la map ne sert finalement qu'a héberger les différentes quêtes et missions annexes qui forment l'essentiel de l'emploi du temps dans Agents of Mayhem. Le jeu propose donc une trame principale dotée d'un scénario qui marquera votre esprit aussi durablement qu'une tâche de confiture sur une toile cirée, tandis que les quêtes annexes ne brillent ni par leur réalisation, ni par le loot assez inutile qu'elles offrent. En effet, on ne s'est jamais trouvé en difficulté au point de devoir farmer l'équipement ou les points de compétence pour notre héros, dès lors pourquoi perdre du temps dans le système de recherche et développement proposé par l'organisation de Perséphone. Sorti des affrontements et de la manière de répondre dans les dialogues, le choix de votre personnage n'aura d'ailleurs que peu d'impact sur le déroulé du jeu. Après quelques heures à débloquer toute l'équipe on finit rapidement par sélectionner ses trois persos préférés avant de faire tout le jeu avec.
L'autre écueil de Néo-Séoul, c'est que la ville ne dispose pas de points de fast-travel, ce qui va obliger le joueur à passer de longues heures au volant de sa voiture ou d'une bagnole piquée à la hâte dans le trafic. Un passage obligé qui devient rapidement soûlant tant la conduite est mauvaise, plus rigide qu'une barre d'acier et avec une physique défiant tout ce qu'on a pu vous apprendre sur les forces mécaniques à l'école. Ces véhicules ne sont d'ailleurs qu'un prétexte pour nous faire goûter aux joies du combat routier qui se limite simplement à mettre des coups de pare-chocs dans les véhicules ennemis, tel un ersatz de Burnout qui aurait vu son développement délocalisé - non pas à Séoul mais plutôt à Pyongyang, compte-tenu des tombereaux de bugs rencontrés sur la route. Agents of Mayhem dispose d'une technique médiocre au mieux, avec un dessin cartoon et des effets graphiques assez pauvres, au point qu'on ne comprend toujours pas comment la GTX 1080Ti de notre machine de test a pu se retrouver à 98% de charge en jouant en 1080p. On passera sur les plantages à répétition du jeu (et même du PC avec un crash de Windows, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps) pour se focaliser sur ce qui aurait pu être une ville sympathique si le budget de développement avait suivi. Le pire symptôme reste finalement les innombrables tanières qu'on doit explorer pour saper l'influence de Legion à la racine, et qui ne sont qu'un seul et même lieu qu'on va devoir parcourir des dizaines de fois sans le moindre changement, si ce n'est l'emplacement de l'objectif. Ces derniers manquent eux aussi cruellement d'inspiration puisqu'il s'agira dans 80% des cas de pirater un terminal (un mini-jeu où l'on doit cliquer lorsqu'un curseur s'aligne avec une zone jaune), tandis que les 20% d'objectifs restants consisteront à activer une interface puis à zigouiller des vagues d'ennemis.
Le combat est la seule bouffée d'air donnée au joueur. Avec un système de triple saut et de dash, les affrontements sont enfin l'occasion de s'amuser franchement en fonçant d'un ennemi à l'autre et en passant d'un héros à l'autre pour essayer d'exterminer la vermine en un temps record.
Le combat est d'ailleurs la seule bouffée d'air donnée au joueur. Avec un système de triple saut et de dash, les affrontements sont enfin l'occasion de s'amuser franchement en fonçant d'un ennemi à l'autre et en passant d'un héros à l'autre pour essayer d'exterminer la vermine en un temps record. En plus de l'attaque de base, chaque agent dispose d'une attaque spéciale asservie à un cooldown de 10 sec et d'un coup ultime (le Mayhem) qui peut être envoyé une fois la jauge correspondante remplie. Là encore, chaque personnage dispose de sa spécialité avec une frappe orbitale pour Braddock, une scène d'action avec explosions pour Hollywood ou une super-tourelle pour Joule. Si les ennemis ne sont pas franchement des lumières, leur nombre permet toutefois de proposer un challenge intéressant, sans jamais devenir punitif. Pour tomber sur une IA respectable, il faudra attendre les combats contre les boss (un par chapitre) où les patterns seront variables. Néanmoins, là aussi on ne galèrera jamais, et pour illustrer ceci, sachez qu'en 18h de jeu on est mort (décès des trois membres de l'équipe) qu'une seule fois. Il faut aussi saluer la durée de vie du titre qui nous semble assez importante grâce aux nombreuses quêtes annexes. Reste à savoir si vous aurez vraiment envie de platiner Agents of Mayhem.