Test Absolver (PC, PS4) : un jeu de baston qui retient trop ses coups ? sur PS4
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Absolver est un jeu singulier, spécial, à part, et définitivement pas comme les autres. Pourtant, on y retrouve du For Honor, du Dark Souls et du Journey. Autant dire qu'il part avec un capital sympathie fort élevé, ce qui s'avère d'ailleurs nécessaire pour que les joueurs persévèrent dans l'aventure, qui manque cruellement d'indications et d'explications. Certes, cet aspect mystérieux, dans l'univers comme dans le gameplay, fait également le charme du titre. Mais un peu plus de précisions et de clarté sur le système de combat si particulier n'aurait vraiment pas fait de mal. En l'état, le jeu de Soclap s'adresse à un public assez spécifique, donc potentiellement restreint, mais il ne fait nul doute que celui-ci saura apprécier le parcours qui mène d'Aspirant à Absolver.
- Direction artistique "low poly"
- Système de combats très riche
- La coop au fil des rencontres
- Le chat gestuel
- L'absence de carte
- Du contenu gratuit à venir
- Système de combats mal expliqué
- Scénario cryptique et peu développé
- Menus d'interface perfectibles
- Monde ouvert assez petit
- Problèmes de lag
- La partie PvE se boucle rapidement
Fondé en 2015 par d'anciens développeurs d'Ubisoft, le studio parisien Sloclap a signé un contrat d'édition avec Devolver Digital, connu notamment pour avoir soutenu Hotline Miami, The Talos Principle ou encore le reboot de Shadow Warrior. Des jeux qui ont incontestablement de la personnalité ! Pourtant, nous allons voir qu'Absolver est encore plus singulier que ces trois titres. Mais attention, vouloir à tout prix sortir du lot et ne jamais céder aux sirènes de l'accessibilité peut amener le meilleur comme le pire.
Tout commence par une brève et limitée phase de création de personnage (couleur de peau, genre, coiffure, et style de combat à choisir parmi trois). Puis le joueur se retrouve plongé dans un univers dont il ne connaît rien, et qui ne sera jamais vraiment présenté par la suite. Tout juste comprendrez-vous que, muni d'un masque magique sur la tête, vous devrez vous battre avec de nombreux ennemis et progresser ainsi dans l'apprentissage des arts martiaux, afin de devenir un Absolver, soit un maître de la disciple. Mais pour l'heure, vous n'êtes qu'un Aspirant, et il va d'abord falloir apprendre à maîtriser le système de combat. Un bref didacticiel vous en apprendra les bases, mais il vous faudra en réalité en découvrir toutes les subtilités par vous-mêmes, et à la dure. Cette volonté de ne pas détailler plus clairement les mécaniques de baston est assez incompréhensible étant donné qu'elles constituent le cœur, voire l'intégralité, du gameplay.
Votre combattant peut adopter quatre postures différentes, qui donnent chacune accès une attaque principale et une attaque alternative, la seconde ayant la particularité de vous faire automatiquement passer à la posture suivante. Autant dire qu'au début, on a juste tendance à frapper les boutons un peu au hasard. La clé se trouve en fait dans l'éditeur de Deck de combat, qui permet de sélectionner à l'avance les coups correspondant chaque posture, et donc de prévoir les enchaînements les plus efficaces possibles ou, du moins, ceux qui correspondent le plus à votre façon de jouer préférée. Mais avant de pouvoir sélectionner parmi toutes les attaques disponibles, il va falloir farmer ! En effet, les coups s'apprennent au fil des combats, à chaque fois que le joueur pare une attaque inconnue. Le but de l'aventure étant de vaincre une petite dizaine d'ennemis spéciaux, vous devrez combattre du "trash mob" en boucle pour à la fois monter en expérience et débloquer de nouvelles attaques.
APPLAUDISSEMENTS LENTS
Très barbant sur le papier, ce concept se voit sauvé par un élément essentiel d'Absolver : le jeu en ligne. Il est possible de jouer purement en solo mais oubliez cela tout de suite, car l'aventure perd alors absolument tout intérêt. Une fois la connexion au serveur établie, vos premiers pas dans la partie risquent forts de ressembler à un bizutage. Il y a de fortes chances pour que le premier joueur que vous croisiez vous savate méchamment, sans aucune raison apparente. Mais il y a également de fortes chances pour que, une fois à terre, il décide de vous aider à vous relever. Car rappelez-vous, ce n'est qu'en combattant contre des ennemis connaissant plus d'attaques que vous que vous pourrez progresser. Chaque agression devient donc en vérité une leçon de combat, et il n'est pas rare qu'après s'être violemment combattus, des joueurs décident spontanément de coopérer afin de parcourir ensemble la zone dans laquelle ils se trouvent. Les rencontres avec les autres joueurs sont distillées au compte- gouttes par le système de serveur en pair à pair, mais cette parcimonie sied au rythme général de l'aventure. De manière très maligne, le jeu ne propose aucun chat textuel, qui viendrait clairement briser l'immersion. A la place, il faut faire avec un système de gestes volontairement limité à quelques expressions basiques : pouce en l'air, salut incliné, saut de victoire, haussement d'épaules et quelques gestes de la main pour dire "viens ici"', "non" ou "viens te battre". Les interactions muettes permises par ce système, associées à une demande de coop explicite, sont suffisamment riches pour que deux joueurs qui se croisent comprennent rapidement leurs intentions mutuelles et s'affrontent ou coopèrent en toute connaissance de cause.
Dans le même ordre d'idées, le jeu ose faire l'impasse sur toute véritable carte. On trouve bien ici ou là quelques autels pour nous indiquer la forme générale du monde et l'emplacement approximatif des ennemis principaux, mais c'est tout. Pas de boussole, pas de flèche vous indiquant la direction à suivre et pas de mini map ! Cette absence de carte oblige à s'intéresser aux décors, à se familiariser avec les différents endroits marquants et, au final, à retenir par cœur la géographie des lieux, ce qui renforce incontestablement le lien entre le joueur et le monde qu'il parcoure. Un pari osé mais réussi qui, hélas, ne fonctionne que parce que le monde ouvert du jeu est extrêmement petit. On en fait rapidement le tour, et d'ailleurs, la partie principale de l'aventure (qu'on pourrait appeler la partie PvE) se boucle en moins de cinq heures. Heureusement, les développeurs ont promis d'apporter régulièrement du nouveau contenu au jeu. Pour l'heure, le "end game" se résume à combattre des versions sans cesse plus fortes des boss précédemment vaincus ou à affronter d'autres joueurs en boucle jusqu'à ce que lassitude s'ensuive… Pour limiter ce problème, le jeu introduit le concept des écoles de combat. Une fois que vous serez devenu un Absolver, vous pourrez devenir le mentor des joueurs qui ne sont encore que des Aspirants. Vos disciples pourront alors utiliser votre deck de combat. Absolver n'est donc clairement pas un jeu comme les autres, et rien que pour cela il mérite le respect.
Pour autant, il souffre quand même de défauts non négligeables. Les menus ne sont par exemple pas toujours bien agencés, et utilisent une symbolique peu claire. Cela sied à l'ambiance mystérieuse de l'aventure mais nuit à son accessibilité. Encore plus embêtant : le jeu souffre de problèmes de lags assez importants dès lors qu'on rencontre d'autres joueurs. Pour un gameplay basé sur l'enchaînement rapide d'attaques, c'est particulièrement fâcheux. Très bon point en revanche pour la direction artistique, franchement séduisante. L'utilisation d'un nombre réduit de polygones lui assure un sacré caractère, et on parcourt avec grand plaisir les quelques ruines, prairies et villages de cet univers à part. Au final, le jeu se montre très attachant mais manque tout de même de finitions et de contenu. On espère que les développeurs sauront corriger ces problèmes au fil du temps !