Singularity
Alors que la crise économique et financière actuelle contraint la majorité des éditeurs à miser sur des valeurs sûres de l'industrie du jeu vidéo, Activision a décidé de lancer une nouvelle licence baptisée Singularity, avec les risques que cela comporte. Si le FPS développé par Raven Software n'est pas sans rappeler le TimeShift de Saber Interactive, la manipulation du temps semble ici nettement mieux exploitée que dans les aventures du Docteur Aider Krone, ce qui en fait une alliée précieuse pour combattre les ennemis et explorer chaque recoin des niveaux. Cela suffit-il pour autant à faire de Singularity un titre unique en son genre ? Voici nos premières impressions.
Comme nous l'ont parfaitement indiqué les représentants de Raven Software en préambule de la présentation de Singularity, l'atmosphère que dégage le jeu est un condensé des différentes influences qui ont inspiré les scénaristes de l'équipe de développement. La Seconde Guerre mondiale, la Guerre Froide (qui a longtemps opposé le bloc russe à la puissance américaine), les films de science-fiction des années 50, sont autant de sources qui ont permis l'élaboration du scénario de Singularity. Le joueur incarne Nate Ranco, un pilote d'essai américain qui s'est écrasé sur une île russe où sont menées d'étranges expériences scientifiques. L'échec de l'une d'entre elles va être à l'origine de la création d'un portail temporel qui va permettre de voyager entre 1950 et 2010. Les développeurs ont tenu à ce que la différence visuelle entre les deux époques soit très nette, quitte à ce que le joueur perde ses repères. Cela pourrait même être bénéfique à Singularity qui, du coup, éviterait de plonger dans un rythme linéaire et soporifique. Le titre de Raven Software n'éblouit pas la rétine au même titre que Gears of War 2 ou bien encore Resident Evil 5, mais dispose néanmoins d'une réalisation correcte qui devrait être peaufinée d'ici la sortie du jeu. Pour le moment, nous avons eu droit à des effets aquatiques sympathiques, à une distorsion des ombres convaincantes et à des textures qui essayaient de ne pas jouer à cache-cache. Pour ce qui est de la modélisation des personnages et des créatures que l'on croise en 2010, elle s'avère également de bonne facture même si la démonstration a été chiche dans ce domaine. On n'oubliera pas non plus de souligner la parfaite maîtrise du clair-obscur qui rend certains endroits assez angoissants, sans nécessairement verser dans l'effroi. La fracture entre les années 50 et le XXIème siècle est bien profonde, avec deux mondes qui n'ont pas le même look et les mêmes ennemis. Il faudra toutefois patienter encore un peu avant d'apercevoir des séquences beaucoup plus explosives, comme celle que les développeurs de Raven Software nous ont réservée à la toute fin de la démonstration. Nate Ranco était alors opposé à un golgoth aussi immense que la créature de Cloverfield, et devait se faufiler à travers les wagons d'un train afin de lui placer une attaque dévastatrice. Calme jusqu'à présent, Singularity s'énervait enfin avec ce combat qui affichait une impression de profondeur probante.
Tempus fugit
Le gameplay du jeu repose essentiellement sur l'utilisation du Time Manipulation Device (TMD pour les intimes), un appareil qui permet de contrôler le temps selon son bon vouloir, mais pas seulement. Les développeurs se sont en effet empressés de démontrer que Singularity n'était pas le frère présumé de Timeshift, en commençant par placer Nate Ranco près d'une porte verrouillée. De l'autre coté du passage, on pouvait apercevoir les débris d'un baril éparpillés un peu partout sur le sol. A l'aide du TMD, le héros a pu rassembler chaque morceau avant de les déposer à quelques centimètres du portail. Les caractéristiques temporelles du gant magique ont fait le reste : Rancon a reconstitué le fût tel qu'il était en 1950 - rempli d'essence naturellement - et l'a fait exploser pour faire sauter la porte. Sympathique. En plus de redonner vie à des objets pourris par le phénomène d'érosion, on peut également activer le cycle inverse et accélérer leur détérioration lorsque l'on évolue dans le passé. Certains puzzles devront même être résolus en surlignant par exemple des messages écrits sur les murs une cinquantaine d'années plus tôt. Les quelques phases de combat auxquelles nous avons pu assister ont démontré que le joueur pourra également s'appuyer sur le TMD pour terrasser les ennemis, surtout lorsque les munitions se feront de plus en plus rares. Toujours dans le même esprit que pour les objets, il sera possible d'épuiser l'adversaire d'en face en le "vieillissant" avant l'heure, ce qui aura pour effet de le réduire en un sac d'os. Raven Software promet que les morts pourront être ressuscités pour accomplir des tâches bien précises, comme affronter des créatures à la place de Nate. On attend de voir. Le Time Manipulation Device est également capable de remettre sur pied des objets beaucoup plus imposants, à l'image du paquebot dans lequel Rancon a pu se glisser après avoir navigué entre les deux époques pour activer un énorme engin. Une fois à l’intérieur, des echo events ont commencé à se manifester. Plus concrètement, il s’agit de réminiscences qui se traduisent par l’apparition de fantômes n’ayant pas encore trouvé le repos. Eux aussi leur mot à dire durant l’aventure. Singularity ne semble pas souffrir des mêmes maux que TimeShift, et propose une progression dans les niveaux beaucoup plus variée. Reste maintenant à savoir si le concept osé de Raven Software tiendra sur la longueur, car nombreux sont les exemples où les voyages dans le temps se sont montrés meurtriers. La sortie de Singularity est programmée pour l’automne prochain sur Xbox 360, PlayStation 3 et PC.