Reportage chez Re-7


Reportage chez Re-7Nous sommes allés faire une petite visite à Bertrand Amar sur le plateau de Re-7,son émission de jeux vidéo. Découverte et interview.

Tous les week-ends à 13h40, les jeunes téléspectateurs de Canal J, fans de jeux vidéo, se précipitent devant leur télé. Aujourd’hui, on peut affirmer sans crainte que Bertrand Amar est le seul présentateur capable de s’adresser à ce public sans parler comme un débile; ce qui est d’autant plus difficile vu le sujet. Le jeu vidéo à la télévision, c’est rare et ce n’est pas facile, et Bertrand a son opinion là dessus, qu’il nous fait partager dans l’interview qui suit.
Evidemment, tout l’aspect subversif et controversé de la violence dans le jeu vidéo est immédiatement éliminé, puisque Re-7 n’évoque jamais des jeux comme GTA ou Manhunt. L’horaire de diffusion ne le permettrait pas et ces jeux ne s’adressent clairement pas à la cible de Canal J. Mais peu importe, le reste de la production vidéoludique est traité avec sérieux et humour, ce qui n’est pas incompatible !

Comment ça marche ?
L’émission comprend des tests, des mini tests nommés « Rapido », des previews, des dossiers, des reportages et des interviewes. Les grands rendez-vous de l’année sont, bien entendu, couverts, comme les « XO » de Microsoft ou l’E3 qui bénéficie d’un traitement bien particulier, sur plusieurs semaines.
De même, la rédaction de Re-7 rencontre fréquemment des célébrités issues du monde de la musique, du cinéma ou des comiques pour leur faire essayer les dernières nouveautés.
Mais ce qui frappe au premier abord avec Re-7, c’est le soin apporté à la réalisation de l’émission. Les équipes de Re-7 ne voulaient surtout pas faire une émission « cheap », considérant que le jeu vidéo mérite une réalisation à la hauteur. D’ailleurs, combien sont-ils et comment font-ils Re-7 ? « C'est une émission hebdomadaire, » répond Bertrand, « ce qui veut dire que nous travaillons en permanence dessus du premier au dernier numéro de la saison. C'est une machine qui ne s'arrête jamais mais qui roule très bien. Nous sommes une trentaine de personnes sur l'émission en comptant les monteurs, les caméramans, les ingénieurs du son, les truquistes, etc. Mais pour l’éditorial, nous ne sommes que 3 en permanence et quelques journalistes pigistes pour certains sujets spécifiques (rencontres avec les stars ou tournages au japon). Alex Nassar (ex Game one) est le principal journaliste rédacteur de l'émission qui assure le suivi du contenu au jour le jour, afin d'alimenter les émissions dont je définis le contenu en tant que rédacteur en chef. Nous sommes donc 3 à faire les tests, avec Sébastien Magne en plus. »

Trucages
Une fois en plateau (une fois par mois, toutes les émissions sont enregistrées pour les 4 semaines à venir), Bertrand imagine des petites mises en scène avec son réalisateur, Fabrice Hourlier. Tout, ou presque, est permis, grâce au système d’incrustation sur fond vert : Bertrand : « En fait, la couleur du fond disparaît et tout ce qui est vert devant la caméra sera remplacé par le décor en images de synthèse. Je ne peux donc pas porter de fringues vertes au risque de devenir transparent. Ensuite nous avons pas mal de petites astuces pour nos plateaux truqués...c'est vraiment de la 'bricole' et ça nous amuse beaucoup de détourner les possibilités des machines pour essayer de toujours créer des trucages différents. »
Comme on peut le voir sur les photos qui accompagnent cet article, Bertrand joue avec cet artifice en se déguisant régulièrement et en s’incrustant deux fois sur les mêmes plans, afin de créer des dialogues marrants avec d’autres personnages. On aime particulièrement le baba cool, nous !

Les débuts

JeuxActu : Comment as-tu débuté ?

Bertrand Amar : « J’avais 10 ans quand les radios FM ont explosé, en 82, en même temps que les jeux vidéo (Atari 2600 et ZX 81 à la maison). J’ai donc fini par faire de la radio en même temps que mes études, puis un jour, un ami m’a conseillé d’aller faire un casting pour une émission, sachant que l’animateur devait être fan de jeux vidéo. C’est donc le seul casting que j’ai jamais passé ! J’étais chroniqueur et par la suite, j’ai proposé une émission qui est arrivée à l’antenne un an plus tard, en 1995, qui s’appelait Des Souris et des Roms, sur Canal J. Puis les consoles 32 Bits sont apparues et on a commencé à voir des jeux vidéo dont la qualité des images étaient quand même plus adaptées pour passer à la télé. »

JA : Pourquoi Canal J et pas les chaînes généralistes ?

BA : Re-7 est apparu en septembre 2001, et je pense que Canal J a bien compris l’importance du jeu vidéo. Les autres chaînes (notamment hertziennes) sont dirigées par des gens qui sont la dernière génération à avoir échappé aux jeux vidéo. Et autour d’eux, ils ne voient que des enfants qui jouent, alors que des trentenaires comme moi jouent aussi énormément et ont grandi avec.
Il y a des chiffres intéressants : en France, 60 % des joueurs ont plus de 25 ans ! Donc c’est fini l’idée reçue comme quoi seuls les enfants jouent. Et un foyer sur 2 est équipé pour le jeu, que ce soit via une console ou un ordinateur… Donc c’est absolument aberrant qu’il n’y ait rien sur le jeu vidéo à la télé, alors qu’on parle de littérature, de DVD, de cinéma, de musique…

JA : De quoi ont-ils peur, alors ?

BA : Je pense qu’ils n’ont pas conscience de l’ampleur du phénomène, tout simplement. Mais ils vont y venir, petit à petit…

JA : Et toi, cela te convient de t’adresser uniquement aux enfants ou tu aimerais maintenant en parler de façon plus mature ?

BA : Moi ça me convient d’autant plus que l’on ne s’adresse pas aux enfants comme à des enfants ! C’est d’ailleurs pour cela que l’émission va au delà de sa cible. La seule contrainte, c’est de ne pas parler de jeux trop violents, comme Vice City ou Silent Hill.

JA : Ca te frustre de passer à côté d’un phénomène comme GTA ?

BA : GTA oui… Visuellement il y a tellement de choses à faire, sans parler de la musique, l’ambiance… Vu qu’on aime bien créer des délires autour des jeux, là il y avait des trucs à faire avec le look, tout ça… Par contre Silent Hill, je m’en moque… je trouve que ce n’est pas très télévisuel. De même, je ne parle pas non plus des jeux pour les tous petits, type Adibou ou Hugo Délire !

JA : Comment tu vois l’avenir du jeu vidéo dans les médias ?

BA : Un jour, il y a une chaîne qui va oser. A partir de là, soit ça marche soit ça ne marche pas… Moi je pense que ça marcherait, à condition de ne pas la programmer n’importe quand ni la faire n’importe comment. Et si ça marche, il y en aura partout. Les autres vont suivre, c’est obligé. Souviens toi avant Loft Story, personne ne croyait à la télé réalité et depuis que M6 s’est lancé, tout le monde en fait.

JA : La télé, c’est le meilleur média pour parler de jeu ?

BA : Aujourd’hui, oui. Mais avec le développement du haut débit, Internet va devenir un bon concurrent de la télé, déjà que la presse spécialisée se fait bouffer… Parce que voir le test du jeu qu’on veut quand on veut, en haut débit et haute qualité, c’est bien ! Mais on a le temps…

JA : Merci Bertrand !

BA : De rien Bertrand !


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Bertrand Jouvray

le mardi 17 février 2004, 15:01




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