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- Enfin de la stratégie originale et abordable
- Le coup des ralentis
- Le brouillard de guerre un peu inutile
- L’intelligence toute relative des ennemis
Vous commencez à nous connaître, les jeux de guerre, on commence à en avoir ras la casquette. Mais de temps en temps, il y en a un qui se démarque du lot et nous rappelle à quel point la guerre, c’est vraiment super !
(Préambule)
Avec la sortie de Full Spectrum Warrior sur PC et compte tenu du peu de différences avec la version Xbox (2 missions bonus,maniabilité équivalente et graphismes plus léchés), nous vous reproposons le test qu'avait fait Bertrand Jouvray à l'époque. Une manière de rendre hommage à ce journaliste trop vite disparu dans la fleur de l'âge...
(Fin du préambule)
Pour ceux qui n’auraient pas eu le courage d’aller jeter un oeil à notre preview, commençons ce test par un petit rappel. A la différence des nombreux FPS de guerre qui envahissent nos rayons, Full Spectrum Warrior est d’un genre nouveau, une sorte de jeu de stratégie qui demande des réflexes, du sang froid et un peu d’adresse. Cela ressemble de loin à un jeu d’action à la SOCOM, mais il n’en est rien: le joueur ne rentre jamais dans la peau d’un des Marines, il donne juste les bons ordres afin de placer les deux équipes qu’il dirige de la manière la plus efficace sur le terrain. Voici le type de situation que vous allez être amené à rencontrer: on avance l’équipe Alpha, qui tombe nez à nez avec un Tango (nom de code donné aux ennemis, rien à voir avec la boisson rafraîchissante). On bouge alors l’équipe Bravo qui prendra cet ennemi à revers. Dès que ces derniers voient un tango, ils tirent. Après, de multiples ordres plus subtils sont disponibles, mais nous y reviendrons. Au moins vous êtes fixé: ce titre ne s’adresse pas aux bourrins de la gâchette, mais peut, a contrario, plaire aux habituels réfractaires des jeux de stratégie (j’en suis la preuve vivante).
MOUT!
Derrière ce drôle de titre ce cache la substance même de Full Spectrum Warrior: MOUT signifie Military Operations on Urbanized Terrain. Les combats en milieu urbain sont, d’après les spécialistes, les plus complexes à mettre en place. Les cachettes sont multiples, les snipers peuvent être partout et les situations inattendues sont légion. Les américains en savent quelque chose, il n’y a qu’à allumer la télé pour s’en rendre compte. Justement, les développeurs ont eu la bonne idée de créer un pays imaginaire pour leur jeu, plutôt que de mettre un peu plus d’huile sur le feu des conflits actuels. Bienvenue donc au Zakhastan, un pays qui ressemble tout de même beaucoup à ce que l’on trouve au Moyen Orient. Vous évoluerez donc systématiquement dans des villes à moitié dévastées, dans des entrepôts glauques et dans des ruelles confites de rebelles armés jusqu’aux dents. A propos des décors, la variété n’est pas exactement au rendez-vous mais le jeu est tellement accrocheur que n’importe quelle place devient un terrain délicat à aborder pour vos hommes. Certains niveaux sont vraiment beaux (les temples, par exemple), tandis que d’autres sont de toute manière balayés par des tempêtes de sable qui réduiront dramatiquement votre champ de vision. En bref, c’est la guerre, et c’est surtout l’ambiance du jeu qui fait que l’on s’y croit. On n’est pas là pour admirer le décor, mais pour mettre au point les meilleures tactiques. Le plus troublant restant cette caméra qui suit vos hommes d’une manière très réaliste, comme s’il s’agissait d’une caméra portée à l’épaule par un cadreur qui court sous les balles. Flippant.
Band Of Brothers
Après le long programme d’entraînement, une belle introduction réalisée avec le moteur graphique du jeu vous présentera les 8 personnages que vous allez diriger. Séparés en deux groupes (Alpha et Bravo), ces braves gars sont de vrais clichés ambulants comme on les trouve dans chaque film de guerre. On a la grande gueule qui veut «botter le cul des Zakhastans», le séducteur qui a au moins trois minettes en attente aux USA, le black qui chambre, le musulman pour respecter l’équilibre des religions, etc. Heureusement, les dialogues sont très réalistes et bien écrits, et cela nous incite encore plus à prendre soin de ces hommes. Pendant vos opérations, ces derniers s’expriment couramment et commentent sans cesse l’action. Les vulgarités ne manquent pas, avec du «motherfucker» et du «son of a bitch» à gogo. C’est du brut de décoffrage en ce qui concerne la version américaine. Et dire que l’on craignait un jeu froid et sans âme… Chez nous, petits français, le jeu devrait rester tel quel, en V.O., avec des sous-titres. Maintenant, impossible de savoir comment vont être traduites ce genre d’expressions…
Sur le terrain, les hommes se placeront toujours d’une manière optimale afin de couvrir tous les angles. Lorsque vous déplacez le stick gauche, vous voyez un diagramme représentant vos 4 soldats, et ce diagramme changera de forme lorsque vous le plaquerez contre un mur ou derrière une voiture, par exemple. Là vous cliquez sur A et l’équipe se déplace seule pour venir se poster là où vous leur avez demandé. Ensuite, il suffit d’appuyer sur Y pour faire de même avec la seconde équipe sous vous ordre. Le but du jeu étant donc d’agir rapidement et de ne pas subir de pertes humaines. Parfois, un de vos hommes se fera toucher et tombera au sol, il faudra alors le récupérer. Cela vous fait donc deux hommes en moins dans l’équipe, car celui qui porte le blessé ne peut pas faire grand chose. C’est aussi la raison pour laquelle 2 soldats à terre sont synonymes de Game Over. Attention enfin à ramener rapidement le blessé vers un médecin, sans quoi sa mort arrêtera également la partie. On ne rigole pas avec les vies humaines chez les Marines…
«Bon boulot Charlie 90! Roger!» «Non moi c’est Régis…»
Tandis que dans la plupart des FPS, on avance d’abord et on réfléchit ensuite, ici, la tactique est primordiale. Vos équipes doivent absolument se couvrir l’une et l’autre en cas de pépin, et ne devront jamais prendre de gros risques. Chaque nouvelle rue, chaque petite place devra être analysée afin de découvrir les bonnes planques. Sachant que certains éléments de décors sont destructibles, vous éviterez de vous accroupir derrière une charrette en contre-plaqué (NDRC: en carton, tant qu’on y est!). Par contre, lorsque vos adversaires font de même, n’hésitez pas à balancer une grenade dans le tas, histoire d’exploser leur protection. La plupart du temps, vous naviguerez entre les angles des immeubles et des maisons afin de garder une bonne protection, tout en ayant un œil sur le terrain. Et lorsque une situation semble bloquée, vous pouvez balancer une grenade fumigène devant l’ennemi, et en profiter pour envoyer une équipe afin de le prendre à revers. Comme autres options, vous pouvez aussi tirer une roquette (inefficace si l’ennemi est planqué), faire un tir de couverture ou faire appel à une frappe aérienne, ce qui arrive assez rarement. Dans les déplacements, il est également possible de séparer temporairement votre équipe en deux, en leur demandant de couvrir une zone en particulier. Il n’y a pas non plus douze mille possibilités, mais cela suffit amplement pour en faire un jeu d’exception. Le joueur se doit d’être toujours attentif, les situations à priori anodines peuvent s’aggraver sur une décision prise à la va-vite, ou encore un de vos hommes peut se retrouver à terre si vous n’avez pas demandé à son équipe de se planquer après un tir de couverture. Les missions s’enchaînent de manière très scénarisée, sans temps mort, et vous enverront à la poursuite d’un tyran local type Saddam Hussein. Entre temps, vous vous retrouverez parfois avec une équipe en plus à diriger ou des tanks à escorter, mais la plupart du temps il s’agira de missions de nettoyage.
Réformé P4
Il faut savoir que ce jeu est à la base une vraie simulation destinée aux soldats américains, afin qu’ils s’occupent de manière plus utile pendant leurs pauses (quelle délicate attention!). La version que THQ propose est évidemment plus grand public, mais il existe un moyen de s’essayer à la version «pro» une fois le jeu terminé en mode difficile. En mode normal, vous en aurez pour environ 17 heures de jeu, ce qui est vraiment correct. Vous ne serez pas bloqués très souvent, la progression est souple et le système de points de sauvegarde couplé aux ralentis fonctionne à merveille. Les sauvegardes, vous connaissez, mais le coup des ralentis mérite une explication: Lorsque vous perdez, le jeu vous propose de reprendre au dernier point de sauvegarde, ou bien de lancer un ralenti à partir de ce même point. Vous revoyez ainsi vos actions en détail, avec la possibilité d’accélérer. Et à n’importe quel moment, vous faites Pause et hop, une option vous permet de reprendre le contrôle de l’action. C’est futé comme tout, ça évite de tout se retaper mais évidemment, on est là pour critiquer alors on critique: pourquoi est ce qu’on ne peut pas revenir en arrière depuis le Game Over au lieu de faire l’inverse depuis le point de sauvegarde? Et pourquoi pendant le ralenti, le joueur ne dispose pas de plus d’options de lecture (pause, retour, etc.)? Oui, on en demande toujours trop, mais l’idée est tellement bonne qu’on aurait aimé la voir mieux exploitée! Par contre, on s’incline devant les options disponibles sur Xbox Live: vous pourrez en effet jouer toute la campagne en coopératif, chaque joueur s’occupant d’une équipe (Alpha ou Bravo). De plus, vous pourrez poster vos ralentis sur un serveur spécial afin de montrer aux autres comment vous avez géré telle situation, ou demander de l’aide si vous êtes coincés quelque part. Un autre joueur télécharge ainsi votre ralenti, joue et passe le passage périlleux avant de vous le renvoyer. Tout simplement génial. La dimension tactique de Full Spectrum Warrior prend alors tout son sens, et bien que le service militaire n’existe plus, ce jeu risque de nous former toute une génération de petits généraux avec un sens aigu de la stratégie! Voilà donc le jeu à ne pas rater en ce début d’été sur Xbox, à condition de ne pas être allergique au kaki. C’est beau, c’est nouveau et terriblement accrocheur et cela nous réconcilie avec le jeu de stratégie sur console.